[Jour 20]

L'injustice régnait réellement : les Fugi étaient retenus dans un métro bloqué dans les souterrains. Tout ça à cause d'Olive qui avait assommé le conducteur. Il s'était réveillé depuis mais refusait de redémarrer le train, argumentant qu'il avait une raison confidentielle.

Mais tous pensaient surtout qu'il avait peur d'Olive.

Du côté des Soli, ils logeaient chez une bande d'amis vivant dans une sucession de caravanes.

Fléau se reposait dans celle d'Izuku, d'Ochako et de Katsuki. Mikasa et Sally, elles repartaient souvent en exploration, confiant le noiraud à leurs alliés. Fléau était sûr d'être en sécurité. Mais depuis 19 jours, l'insécurité est partout.

Du côté des Seden (si on peut encore les appeler comme ça), l'ambiance autrefois tendue était maintenant inquiétante, si ce n'est pour dire terrifiante. La maladie de June s'intensifiait et Heather angoissait de plus en plus : et si la rousse y restait ? 

Elle avait maigri terriblement et son teint était constamment livide.

De grosses cernes apparaissaient sur le dessous de ses yeux.

[Métro]

[5:22]

Tess se réveilla en sursaut, à cause d'un grincement strident et bruyant. Elle regarda autour d'elle et constata qu'il n'y avait plus que Juleka, Camilo, Peter et elle dans le train.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?, s'enquit-elle en s'adressant à Juleka qui semblait de venir de se réveiller également.

- J'en sais rien.

- Moi je sais !, s'exclama Camilo.

- TA GUEULE !!!, s'énerva Tess en lui jetant un Happy Meal vide à la figure.

- Ok ok..

- En gros, le conducteur ne cédait pas, expliqua calmement Peter, alors Olive a décidé de conduire le train toute seule.

- QUOI ?!

- Elle a réussi ?, bailla Juleka en tentant de coiffer ses cheveux en pagaille.

- Pas vraiment mais au moins, les autres passagers sont descendus.

- Mais comment a t-elle fait ?, demanda Tess en ôtant la couverture qui recouvrait ses épaules, et qui m'a mis cette couverture ? 

- Pour info, c'est moi qui t'ai passé la couv', déclara Camilo d'un air méprisant, mais je suppose que tu vas me dire d'aller me faire foutre, non ?

- Effectivement, je vais te le dire, répliqua Tess en le toisant hautainement, mais pour ne pas passer pour une connasse, je vais te le dire gentiment. Vas te faire foutre, merci bien.

Camilo renifla avec dédain, peu satisfait mais Tess s'en fichait.

- Bon, et sinon, Olive a juste suivi le manuel d'apprentissage du conducteur, finit par conclure Peter en ignorant les soupirs de mécontentement du Madrigal, donc, elle n'est peut-être pas une pro mais elle a réussi à redémarrer le train pour faire descendre les passagers à la station précédente.

Tess hocha la tête, plutôt impressionée.

- Et donc ? On va où ?, demanda Juleka d'une voix toujours endormie.

- On continue le trajet jusqu'au dernier arrêt.

- Et Anne, elle est où ?, s'enquit Tess un peu inquiète.

- Aux toilettes, déclara Camilo d'un air mauvais.

- Va te faire foutre.

- Tess, il n'a rien dit de mal, là, tu exagères, tenta de les calmer Peter en prenant un ton serein.

La jeune femme s'étrangla de rage.

- T'as dit une connerie, Peter, murmura Juleka en se couchant sur les sièges pour se rendormir.

- T'ES VRAIMENT QU'UN PETIT CON TOI ! IL A INSULTE THRANDUIL, IL S'EST MOQUE DE MOI PARCE QUE JE PLEURAIS TOUS LES JOURS, IL A-

- STOOOOPPPPP !!!!, hurla Olive en apparaissant à l'entrée du poste de conduite, fermez vos gueules !! 

- Tais-toi !, lui cracha Tess, furieuse.

- Je rectifie, fermez tous vos gueules, sauf Juleka et Tess, se reprit Olive en incitant la compagne de Thranduil à s'asseoir.

- MAIS-

- CAMILO, TU FERMES TA BOUCHE !, crièrent Olive et Tess en même temps.

Le concerné marmonna quelques injures à l'égard des deux femmes et de Thranduil puis se tut.

- Je préfère ça, renifla Olive avec mépris, tu la fermes si c'est pour dire que des conneries.

- J'aurais vraiment dû le défoncer, se plaint Tess, t'aurais pas dû intervenir, Olive !

- Je sais, mais ça aurait été chiant de trimballer un cadavre dans le métro, et je te dis pas l'odeur.., gémit cette dernière en faisant signe que ça aurait sentit mauvais. 

- Bah, on l'aurait balancé par dessus bord, soupira Tess en jetant la couverture du bronzé au sol.

- Ah ouais, pas bête.

- J'ESPERE QUE KIDNA VOUS ENLEVERA TOUTES LEES DEUX !!!, cracha Camilo en envoyant un coup de poing dans le ventre d'Olive qui vola et se cogna contre la porte du poste de conduite.

- OLIVE !!, hurlèrent Peter et Tess avant de se précipiter sur la blessée.

Elle respirait avec peine, le souffle coupé.

- Je vais buter cet enfoiré..

- Non..

Olive ne répondit rien et s'évanouit.

- T'es content Camilo ?, rugit Peter en se tournant vers lui, on a perdu notre conductrice et notre seule espoir de rentrer à la maison !

- Et pense pas à elle que comme si c'était une machine !, s'indigna Tess, c'est aussi notre amie !

- VOTRE AMIE !, cracha Camilo.

- TA GUEULE !, gronda Juleka d'une voix rauque.

Le bronzé, un instant perdu, finit par hurler de rage et s'éloigna dans le wagon.

Juleka et Peter le regardèrent, impassibles même s'ils avaient le coeur gros.

- Pff, marmonna Tess, j'en ai marre de lui.

- Il est..particulier.., constata Peter en tentant de faire de l'humour.

- Et imprévisible, ajouta Juleka d'un ton las.

- Et con, gronda Tess toujours aussi rancunière.

- Oui, aussi, acquiesa la gothique en hochant la tête.

Olive perdait des couleurs. Les trois autres ne comprenaient pas pourquoi. C'est Peter qui, en plissant les yeux, remarqua une profonde entaille dans le ventre d'Olive.

Il écarquilla les yeux, horrifié.

- Oh mon dieu..

- Quoi ?, s'enquit Juleka en titubant jusqu'à eux.

- Camilo..il..il a poignardé Olive..

- QUOI ??

- Tess, calme toi, s'il te plaît..

La jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux tant la rage brûlait ses yeux.

- JE VAIS LE TUER !

Juleka semblait complétement paralysée. Camilo..il venait de..non, Olive ne pouvait pas mourir..PAS MAINTENANT !!

- VITE ! IL FAUT LA SAUVER !!, cracha Peter en se relevant d'un bond pour chercher une trousse de secours, LA TROUSSE DE SECOURS !! 

Aucune des deux filles de le suivit et il se retourna vers elles.

- TESS !? JULEKA ?!

Elles fixaient Olive, figées par la peur. La châtaine baignait dans une flaque de sang et avait les yeux entrouverts, visiblement mi-consciente.

- SI VOUS VOULEZ LA SAUVER, IL FAUT TROUVER LA TROUSSE DE SECOURS !!, répéta Peter en secouant leurs épaules, OU OLIVE MOURRA !!

Juleka se releva, les yeux débordant de larmes et elle hocha la tête, déterminée.

- Allons chercher la trousse de secours.

Les deux partirent, laissant Olive à une Tess épouvantée par la vue de la châtaine agonisant (peut-être) à ses côtés, le ventre pourpre et entaillé d'une blessure sûrement mortelle.

La compagne de Thranduil avait la gorge serrée : combien de temps restait-il à Olive ? Et si Peter et Juleka arrivaient trop tard ? Et si Camilo avait volé la trousse de secours ?

Olive hoqueta et son corps fut pris de spasmes d'agonie, ce qui affola Tess.

- Olive, chuchota t-elle d'une voix cassée, Peter et Juleka sont partis chercher une trousse de secours. Ils vont bientôt arriver.

Elle s'attendait à ce qu'Olive hoche la tête, compréhensive.

Mais non. Un filet de sang coula le long de son menton et ses yeux commencèrent à se fermer lentement.

- OLIVE !!!, paniqua Tess en tenant sa tête pour éviter que la châtaine s'étouffe avec son sang.

Des bruits de pas se firent entendre et Tess se retourna, horrifiée.

- PETER !! JULEKA !! JE CROIS QU'ELLE VA Y RESTER !!

- NON !, hurla Juleka en sortant un bandage de la trousse de secours.

La gothique demanda à Peter de lui passer une compresse et un désinfectant pour éviter que la plaie s'infecte. L'adolescent, pétrifié, lui tendit le matériel en tremblant.

- Bon, je vais essayer de la sauver, murmura Juleka le coeur gros, mais..il faut que vous gardiez à l'esprit qu'il y a de grosses chances qu'elle y reste..

Sur ces mots, elle s'agenouilla à côté de Tess qui tenait toujours la tête d'une Olive agonisante.

Elle mit du désinfectant sur la compresse et souffla un bon coup avant d'appliquer le tissu sur la plaie, angoissée. Olive semblait encore suffisamment vivante pour sentir que cela piquait car elle poussa un couinement de douleur.

- Peter, tente de la calmer en lui incitant à respirer et tiens lui la tête, ordonna Juleka d'un ton ferme, Tess, tu as déjà vu assez d'horreur, trouve un téléphone et appelle les secours. Tu sais ce que tu dois faire, non ?

Tess hocha la tête et à contrecoeur, elle lâcha la tête du corps et s'éloigna d'un pas pressé dans le wagon. Juleka finit de désinfecter l'entaille et ravala son envie de vomir.

- Olive ? Est-ce que ça va ?

La concernée ne répondit pas, les yeux entrouverts. Juleka soupira d'inquiétude et elle serra la compresse sur la blessure avec un bandage. Cela fit sursauter Olive et elle cracha du sang.

- C'est..mal parti ?, murmura Peter d'une voix brisée en contemplant Olive, les yeux écarquillés.

Juleka ne répondit pas. Elle n'en savait rien. Ou alors, elle savait déjà. Les chances qu'Olive survive étaient si minces, presque inexistantes..

- J'ai appelé, déclara Tess d'une voix fluette, ils devraient bientôt arriver.

- Ce sera trop tard, fit une voix neutre.

Camilo. 

- TA GROSSE GUEULE, ESPECE DE-

- TESS !! IGNORE LE, CE MEURTRIER !!

- ALORS LA QUE NON !!!, hurla Tess en se jetant sur le bronzé avec la première arme qu'elle avait trouvée, c'est à dire, une barre en métal.

Elle commença à lui donner des coups au visage et Camilo la suppliait d'arrêter.

- JAMAIS JE NE TE PARDONNERAI !! OLIVE..ELLE..PAR TA FAUTE !!!, cracha t-elle en joignant ses coups de barre à des coups de pied et des coups de poing.

- Elle..va mourir ?, fit Camilo, troublé.

- JE CROIS BIEN !!, rugit Peter à son tour, ET C'EST DE TA FAUTE !!

- TU TE RENDS PEUT-ETRE PAS COMPTE, HEIN ?!, ajouta Juleka en haussant le ton, MAIS ELLE EST ENTRE LA VIE ET LA MORT !!

- ELLE A PAS DISPARU COMME ANNE, AU MOINS !!, rétorqua furieusement Camilo.

Les trois beuguèrent en entendant ça.

- H-hein...?, articula Tess qui était devenue toute pâle.

Camilo éclata de rire, mais un rire de stress.

- Anne..ta meilleure amie..a disparu, enlevée par KIDNA, s'écria théâtralement le Madrigal en faisant une pose artistique.

Tess se mit à sangloter. Puis elle murmura :

- Je veux disparaître, s'il vous plaît..

Mais dans le wagon, personne ne l'entendit.

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