C'est ainsi, au milieu de la solitude et des bourrasques
Que je crée mon ombre
Que je crève mon corps
Il n'y a plus de moi
Mais un simple nous
Qui me lie aux autres
Par leur regard moqueur ou haineux
Par une main sur mon épaule ou
Simplement : un sourire

Et moi, là, alors que les pleurs me viennent
Les pleurs qui ne me sont jamais venus de ces vingt-quatre dernières années
Alors que les pleurs me viennent, donc
Je me sens vivre

Je me sens vivre parce que ma voix est là – je ne sais pas, je l'ai aujourd'hui
Parce que j'ai
Mon corps qui est là aussi – finalement
Il est épuisé, il est
Suant, il n'en peut plus mais
Il est là et il m'accompagne, pour une fois
Pourquoi pas ?
Et je passe devant un cadavre de pigeon

Je vole
Encore
Je vole parce qu'il le faut bien, et parce que je ne sais faire que ça
Voler dans les plumes de ceux qui voudraient me taire
Alors j'avance
Encore
Je rentre chez moi, parce que je ne sais pas où aller d'autre
Et je sais très bien où aller
Mais ces personnes sont loin
Ce n'est pas par un regard
Que je pourrais les serrer dans mes bras

C'est ainsi que je termine
Ma nuit