C'est une jeune femme qui commence la vie adulte. Depuis bientôt trois ans, elle n'a plus de « home ». Elle se sent vagabond. Elle se sent seule. Ses amis les plus proches sont inaccessibles à pieds. Elle est en dépression. Elle est en quête de son identité. Elle a peur de son corps. Elle passe ses journées trop fatiguée pour agir, ou à s'interroger sur elle et le monde, ou à voir des gens, ou à créer. C'est une artiste. Le genre pas très joyeux, même si ça lui arrive.

Ces derniers temps, elle a été amoureuse. Elle l'est peut-être encore, elle n'est pas sûre. Ça l'a rendue heureuse, puis très triste. Elle s'est rendu compte que la solitude affectait trop ses relations, ses émotions. Elle farfouille. Elle voit sa vie sur ses paupières, elle cherche des connexions. Elle cherche des solutions. Elle veut vivre heureuse.

Parfois, ses sentiments sont trop forts et ils l'étouffent. Parfois, ses sentiments sont trop endormis et elle s'affaisse. Parfois, elle se sent bien, mais elle ne sait pas pourquoi. Elle voit bien que sa vie pourrait être mieux, mais elle ne sait pas trop comment faire. Alors elle tâtonne, et chaque rencontre l'aide à avancer, un peu.

Mais le pire, c'est quand elle n'a envie de rien. Ça la tue. Elle voudrait toujours virevolter mentalement ; elle déteste quand elle attend simplement que le temps passe. Elle ne sait pas comment lutter contre l'extinction de ses envies.

Elle déteste les routines. Elle angoisse quand elle pense à tous les repas qu'il lui reste à faire, à toutes les douches à prendre, à toutes ces heures à passer aux toilettes. Elle voudrait recréer en permanence sa vie. Toujours muer, muter. Elle n'a trouvé qu'une solution : créer. Mais même là, tout est toujours à reprendre de zéro, tout le temps. Au moins, ça l'amuse.

Elle est une jeune femme qui se sent incomplète et qui cherche sa moitié, yeux grands ouverts ballotés d'une ligne haute tension à une fissure dans le goudron, d'une bouche qui l'embrasse à tous ces passants qui la laissent indifférents, de son écriture vague à son cerveau toile d'araignée.

C'est si fatiguant d'exister, elle voudrait se reposer, mais elle a encore envie de chercher.