Les flocons tombaient drus, cette nuit. J'avais toujours cru que c'étaient des morceaux de nuage trop lourds pour flotter qui venaient se déposer sur terre. Tout était blanc, une couette immaculée recouvrait toits et trottoirs, cheminées et chapeaux, branches et bras. Quelques passants, dont le souffle s'élevait comme de la fumée, fonçaient à travers les rues ou dansaient dans la neige encore jeune. Derrière ma fenêtre, j'appréciais la quiétude et la douce chaleur du feu de bois qui craquait dans l'âtre. Tous les sons semblaient étouffés, la vie comme en suspend devant l'infini éphémère des flocons. Mon cœur battait en silence, j'appréciais le moment avec douceur, sans savoir que ce serait la dernière fois que les nuages viendraient se poser à nos côtés.