Jour 18 : Bouquet de fleur


Je ne suis pas quand je ne suis née. Je me souviens que j'ai reçu beaucoup de chaleur. Je me nourris par les racines, frêles, mais vitale. Puis un jour, j'ai eu assez de force pour voir celui qui m'a donné autant de chaleur. C'était un disque jaune, d'une beauté et d'une uniformité divine. Je suis avec mes congénères, à attendre. Je donne à ce monde ma beauté éphémère et fragile. Le rouge de mes pétales est prisé des amis les bêtes, et aussi pour les grand deux-pattes qui nous donnes de l'eau tous les jours. Ils nous aspergent aussi d'eau verte, qui donne la mort à ceux qui nous approche. Quel infamie ! Pourquoi un tel génocide ? Je ne suis aussi belle que quand je suis utile. Ces deux-pattes ne comprennent rien, et préfèrent nous empoisonner encore plus avec leurs eaux vertes. Pire, ils nous retire de notre terre. C'est à mon tour de subir cette mutilation. Ils viennent avec des gants, ils viennent avec des cisailles, et en à peine un battement d'aile de papillon, me voila sans jambe. Je souffre le martyre, je me sens tellement inutile, tellement incomprise.
Je me retrouve dans une petite pièce de bois, avec d'autres de mes amis mutilées. Cette pièce bouge, je la sens vibrée, et il fait froid. Je ne comprends pas ce qui se passe, où se trouve ce beau disque divin ? Où se trouve ce large pâturage où je suis née ? Où se trouve les amis insectes que le liquide vert n'a pas tué ? Je me sens déjà vieillir, le rouge si éclatant de mes pétales sont bien ternes maintenant. Le toit s'ouvre maintenant, je revois le disque chaud, je suis maintenant un peu plus heureuse. Mais on me tripote, on me touche, on m'observe, comme si j'étais leur dieu. Quel dieu se ferait torturé de la sorte ? Ils m'aiment comme ils ne s'occupent pas de ce que j'ai à dire. Ces deux-pattes nous traitent toutes comme de vulgaires... je n'ai jamais connu cela auparavant, c'est un véritable déshonneur que d'être traitée comme le font les deux-pattes.
Je suis maintenant dans une grande pièce, avec beaucoup de mes congénères. Mais je suis tellement serrée avec elles que mes pétales touchent les leurs, se plient, se tordent, et commencent à se faner. Je ne suis plus fraîche, je ne sais pas pourquoi je suis là et quel est mon destin. Je n'ai pas vu le disque divin depuis longtemps, je suis là, voyant les deux-pattes aller et venir, m'approcher, me dévisager, me toucher, me donner de l'eau que mon corps peines à avaler maintenant privée de jambes. Et puis l'un d'entre eux est venu, il a regardée mes sœurs et moi, et m'a emportée avec elle. Je suis transportée, secouée, je suis mal à l'aise et je sens la vie disparaître en moi. Je suis donné en offrande à un autre deux-pattes, je suis oublié dans une pièce, le disque chaud ne m'offre que trop peu de sa chaleur pour espérer vivre. L'eau se raréfie, mes pétales se sèchent, tombent une a une. Ma beauté de naissance n'est plus, ma beauté artificielle n'est plus, seuls la douce mort me soulagera. Je suis alors jeté dans une grande pièce noire molle. Je ne revois plus ce disque divin qui m'a donné la vie, ni l'eau qui a nourrit. Je n'espère qu'une chose maintenant :

ne plus revivre en tant que rose

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