Chapitre 9 - Premier Café
Chapitre Neuvième
Comme Magdalena l'avait dit à Erda, elle n'était plus beaucoup retourner travailler à la bibliothèque avec eux. Elle avait essayé d'aller dans le café dont lui avait parler Maxima, peu après son arrivée, et elle avait eu raison: c'était un endroit où on se sentait bien.
De l'extérieur, on ne pouvait pas tellement se douter de l'intérieur. Le mur gris du bâtiment qui donnait sur la rue était seulement ouvert par une porte vitrée entourée de quelques baies vitrées en triangle. Quand le temps le permet, des tables de pic-nique en bois sont installées devant la vitrine. Mais Magda était tombée amoureuse du café quand elle avait vu l'intérieur. La boutique s'étalait sur trois étages avec des murs en briques rouges quelques peu abimées et un parquet en bois. Le rez-de-chaussé était déjà immense, on y trouvait le comptoir pour passer sa commande ainsi que plusieurs dizaines de table, occupées pour la plus part. A gauche de l'entrée se trouvait un escalier en bois avec des marches ouvertes, seule la rampe avait été peinte en blanc. Si l'on suivait cette envolée de marche, on arrivait sur une première mezzanine où se dressait un second comptoir. Devant avait été disposé plusieurs canapés gris, accompagnés de tables basses en bois, ainsi que quelques tables. Il fallait emprunter quelques marches en bois sur la droite, pour arriver à une deuxième mezzanine. Cette dernière avait été aménagée avec des chaises, des sofas et d'énormes poufs. Tous les murs du café étaient décorés par des tableaux représentant des formes géométriques dans des camaïeux de différentes teinte. Magda avait déjà trouvé sa place préférée. Elle montait les escaliers blancs pour arriver sur la seconde mezzanine. Au fond à gauche, le long de la barrière en bois blanc elle aussi, il y avait cette petite table pour quatre personnes. Magda pouvait s'y installer librement et ça lui allait bien: quand elle travaillait, elle aimait pouvoir s'étaler le plus possible. Les quelques jours où elle y était allée, il n'y avait pas grande foule alors elle était certaine de n'opportuner personne. Le bruit qui régnait ici n'était pas dérangeant, Magda le trouvait même plutôt rassurant. Et puis le plus important c'est qu'ils servaient ici les meilleurs cafés qu'elle n'avait jamais bu ; et il y en avais de toutes les sortes. La première fois où elle avait vu la carte, elle avait tout de suite pensé: « Il faut absolument que Clarisse voit ça ! ». Mais il n'était pas encore prévu que Clarisse vienne et la faire quitter Nantes pour aller dans le nord relevait de l'exploit: elle aimait trop le soleil pour ça.
Ce jour-là était un jeudi classique et pluvieux à Amsterdam. C'était le premier jeudi d'octobre, Magda avait des recherches à faire pour son cours de psychophysiologie. Elle voulait rentrer chez elle, mais Max l'avait prévenue que des amies viendraient passer l'après-midi à la maison. Et, si en un peu plus d'un mois de colocation avec Max, Magda avait appris quelque chose c'était que, quand Max était avec ses amies, il pouvait y avoir beaucoup beaucoup de bruit à la maison. Alors elle avait rapidement choisi d'aller travailler au café juste après avoir mangé avec Niels et Rika. Elle mis quinze minutes à arriver au café. Ce furent certainement les quinze minutes les plus longues de sa vie: pédaler sous la pluie était encore pire que pédaler tout court. A peine avait-elle passer la porte en verre qu'elle ôta son manteau dégoulinant en grognant dans son écharpe. Elle fila immédiatement vers le comptoir où attendaient déjà quatre personnes. Quand ce fut enfin son tour elle commanda un café latte et pris les escaliers jusqu'au second étage. Elle se faufila entre les tables bondées parce que, bien sûr, le jour où elle avait décidé de travailler sérieusement était aussi le jour où il y avait le plus de monde. Sa petite victoire de la journée fût quand même de trouver sa table libre. Elle posa son sac et déballa ses affaires: ordinateur, polycopiés, bloc-notes, lunettes,...
« Putain mais quelle journée de merde, fit Magda en plongeant de nouveau dans son sac. Elle est où cette trousse ? »
Elle entendit son téléphone vibrer sur la table.
De RIKA:
Je viens de trouver ta trousse dans mon sac. J'ai dû la prendre en rangeant rapidement mes affaires ce matin... Je suis désolée.
De MAGDA:
Pas grave.
De RIKA:
Je te la rapporte demain sans faute. Encore désolée. J'espère que ça ne vas pas trop te déranger pour travailler.
« Bah non. Penses-tu. C'est secondaire les crayons quand t'écris. », pensa Magda.
De MAGDA:
Non. Non. T'inquiètes pas.
Après avoir reposé relativement violemment son téléphone sur la table, elle plongea sa main dans son sac en espérant de tout cœur qu'elle n'avait pas fini par ranger ce Bic noir qui trainait au fond de son sac, allez savoir pourquoi, depuis deux semaines. Dieu merci, il y trainait toujours avec un autre Bic vide et un micro bout de crayon de bois. Ceux qui sont tellement petits qu'on n'ose plus les tailler de peur de les perdre à tout jamais dans le taille-crayon.
« Bon bah, on va faire avec ce qu'on a..., murmura Magda pour elle-même. »
Elle ouvrit son ordinateur et entrepris d'attacher rapidement ses cheveux qu'elle n'avais pas eu le temps de coiffer ce matin pendant que son Mac s'allumait. Elle enfouis son téléphone dans son sac et commença son travail avec sérieux.
X+X+X+X+X
Martijn ne supportait plus sa sœur. Il l'adorait mais quand elle se mettait à arriver dans sa chambre, le jeudi soir, pour savoir quelle robe elle devait mettre pour sa soirée, il ne la supportait plus. Il n'aimait pas non plus que Louis lui demande s'il voulait sortir ce même jeudi, et il n'aimait pas lui répondre non, à contre cœur, parce qu'il n'avait toujours pas fini le dessin qu'il devait rendre le lendemain à son professeur. A bien y réfléchir, Martijn avait juste un problème avec les jeudis en général. C'est ça. Martijn détestait les jeudis: ils le mettaient de mauvaise humeur. Et quand Martijn était de mauvaise humeur, seules deux choses pouvaient lui redonner le sourire: une pizza ou... une autre pizza.
Ce jeudi-là n'avait pas échappé à la règle. A vrai dire, ce jeudi était même pire que les autres parce que son dessin n'avançait pas. Il était quinze heures et le sol de sa chambre était jonché de feuille de papier en boule. Il devait dessiner sur le thème du travail, plus précisément, il devait faire un dessin en rapport avec la phrase « Le travail des autres est un trésor » ; et comme toute les semaines Martijn se voulait original. Il s'était renseigné auprès de ses camarades pour savoir ce qu'ils comptaient faire et toutes ses idées avaient déjà été prises.
« Martijn !, fit Suzanne en entrant dans la chambre de son frère.
-Sors !, répondit-il en jetant une nouvelle de feuille de papier vers la porte qui venait de s'ouvrir derrière lui.
-Je voulais juste de l'aide pour...
-Celle de droite.
-T'as même pas regarder !
-Si je te dit droite tu vas prendre celle de gauche. Si je te dis gauche tu vas prendre celle de droite. Donc pas vraiment la peine de regarder. Tu sais quoi ? Même pas la peine de venir en fait.
-Ohlala... T'es de mauvaise humeur ?, demanda Suzanne en s'approchant du bureau de son frère.
-J'y arrive pas. Pour ce dessin, je suis pas inspiré. Je dois le rendre demain et bien sûr celui de cette semaine compte pour la note du trimestre...
-C'est quoi le thème ?
-Le travail.
-Tu m'étonnes que tu sois pas inspiré, rit Suzanne.
-Si je te dis « Le travail des autres est un trésor », tu penses à quoi ?, continua Martijn en ignorant la remarque de sa sœur.
-Là, aucune idée. Je te rappel que j'ai pas de cours demain. Donc je suis en week-end, résultat, actuellement, je ne pense pas au travail. Mais d'un autre côté je me dis que c'est pas faux, comme phrase. C'est toujours mieux quand c'est les autres qui travaillent. Dis, pourquoi tu sors pas ?
-Je viens de te dire qu'il fallait que je bosse, souffla Martijn en laissant tomber sa tête contre son bureau. Mon prof est complètement barge, et sa phrase ne veut rien dire.
-T'y arrive pas parce que tu te mets la pression. Alors, sors. Vas voir des gens dans la rue. Je suis sûre que ça va t'inspirer. Vas voir les autres travailler. Et puis tu te ramènes une pizza pour arrêter de faire la tête.
-Mmh...
-Allez ! Dehors Gelderman !, fit Suzanne en tirant la chaise à roulette sur laquelle était assis son frère.
Martijn sourit à sa sœur. Il prit son sac qui trainait sous son lit, y ajouta sa pochette de feuille Canson et quelques crayons de bois. Il descendit les marches de l'escaliers deux par deux, comme à son habitude, et cria un « J'y vais ! » avant de claquer la porte de la maison familiale. Son vélo trainait toujours sur l'herbe devant la maison, Martijn le releva et essuya l'eau sur la selle avec la manche de son sweat. Son sac sur le dos et sa capuche rabattue sur sa tête, il prit le trajet pour le centre-ville. Il ne savait pas trop où il allait, pour l'instant, il se contentait de pédaler, les mains dans les poches, et d'observer le monde autour de lui. Il devait vagabonder depuis une bonne demi-heure dans la ville quand la pluie se remit à tomber. Martijn connaissait bien le temps d'Amsterdam et il savait qu'il avait peu de temps pour trouver un refuge au sec avant que ces quelques gouttes ne se transforment en un véritable déluge. Il aperçut le nom de la rue sur un panneau: Van Ostadestraat. Louis et lui avaient l'habitude d'aller dans ce café une rue plus loin, Martijn savait qu'il pourrais y prendre une boisson chaude et recommencer à se pencher sur son dessin. Le jeune homme tourna à droite sur Ceinturbaan, accrocha son vélo à l'abris de l'averse, et rentra dans le café alors que l'eau tombait de plus en plus ardemment. Martijn passa d'abord par le comptoir du bas pour prendre un Americano, il jeta un regard circulaire sur le rez-de-chaussée sans voir une seule table de libre. Il monta donc à l'étage sans plus de succès. Il ne lui restait plus que la dernière mezzanine, Martijn resta au bord de la dernière marche et regarda rapidement s'il restait une place.
« Excuseer me, entendit-il derrière lui. »
Martijn se décala pour laisser un passage à la personne qu'il gênait. Alors qu'il s'apprêtait à repartir parce qu'il n'y avait définitivement pas de place pour lui ici, Martijn remarqua une table de quatre au fond de la salle. Une jeune femme blonde y étais déjà installée mais il restait deux places de libre qui lui suffiraient largement. En s'approchant, Martijn s'arrêta. Il ne sut pas trop pourquoi. Il observa la jeune fille qui était assise à la table devant lui. Elle était penchée sur son ordinateur, et semblait être très assidue à son travail. Elle portait des écouteurs et battait, inconsciemment, le rythme de la musique avec son crayon. Elle avait accroché ses cheveux blonds en chignon et y avait glissé un autre crayon pour les faire tenir. De là, où il était, Martijn pouvait deviner ses yeux verts foncés et sa peau blanche qui ne semblait pas être sur-couverte de maquillage. En l'observant ainsi, il savait qu'il venait de trouver le sujet de son dessin.
X+X+X+X+X
Magda releva la tête de son écran d'ordinateur. Elle venait de lire un article de huit pages sur le béhaviorisme de Skinner, et la seule chose qu'elle était certaine d'avoir compris c'était le titre. Magda pris sa tasse entre ses mains et avala une gorgé de son café. Elle se sentait observée, alors elle releva la tête et croisa le regard de ce garçon debout au beau milieu de la pièce. Elle ne pouvait pas trop voir à quoi il ressemblait parce qu'il avait la capuche de son sweat noir rabattue sur ses cheveux qu'elle savait bruns par la mèche qui tombait sur son front. Elle haussa inconsciemment les sourcils en se demandant ce qu'il lui voulait et elle le vit sourire. Alors, soit il se foutait ouvertement d'elle, soit c'était un psychopathe et honnêtement elle ne savait ce qu'elle préférait entre les deux. Elle s'apprêtait à remettre ses écouteurs quand il s'approcha d'elle.
« Je suis désolé de te déranger mais euh... est-ce que tu accepterais que je te dessine ? »
Elle avait la réponse à ses questions: c'était un psychopathe.
« Pardon ?
-Ouais, c'est un peu bizarre... Voilà, je suis étudiant en école d'art et je dois rendre un dessin pour demain. Et je me demande depuis tout à l'heure, si tu accepterais que je te dessine. T'auras rien de particulier à faire, en fait tu fais tout comme si je n'étais pas là.
-Si je dis non, tu fais quoi ?
-Mais tu vas pas me dire non, n'est-ce pas ? »
Magda laissa échapper un petit rire.
« Tu sais que c'est très étrange ?
-Oui, je sais. Mais c'est la seule et unique fois où tu entendras parler de moi. S'il te plait ?
-Ok vas-y, abdiqua Magda. Je fais quoi alors ?
-Rien, fit le garçon en tirant une chaise vers lui. Remet toi à faire ce que tu faisais, et oublie moi. »
Magda l'observa sortir des feuilles et des crayons de bois de son sac.
« Au travail !, ordonna-t-il en souriant. »
La jeune étudiante secoua la tête en se demandant ce qu'elle était en train de faire. Elle remit ses écouteurs et recommença la lecture de son article. Ils durent rester deux heures assis à cette table, et Magda ne cessait de jeter des petits regards au dessinateur.
« Arrête de me regarder, sourit-il sans relever la tête. »
Assez gênée d'avoir été vue, Magda prétexta ne plus avoir de café pour quitter la table. Quand elle remonta à l'étage, le jeune homme qui avait partagé sa table rangeait ses affaires.
« Eh ! Tu ne me montres pas ce que t'as fait ?
-C'est pas tout à fait fini. Je préfère montrer mes travaux finis.
-T'es sérieux là ?
-Désolé. Mais en tout cas, tu as été un très bon modèle. Merci beaucoup.
-De rien, j'imagine...
-Et t'as oublié ton café en bas, remarqua le jeune homme en montrant d'un signe de tête les mains vides de Magda.
-Euh... je...
-C'est pas grave, je vais leur dire de te le monter, dit-il en s'éloignant. Salut.
-Salut... »
Magda se rassit à sa table et le regarda descendre les escaliers. Quelques minutes plus tard, une serveuse arriva à sa table avec un gobelet de café.
« Euh... J'avais rien commandé en fait.
-C'est de la part du jeune homme qui était assis ici, dit la serveuse en lui tendant un gobelet en carton.
-Ah. Merci alors, répondit Magda en prenant le gobelet qu'on lui tendait. »
En l'attrapant, elle remarqua des écritures au feutre dessus. Elle le remarqua parce qu'elle était certaine de ne pas lui avoir donner son prénom. Elle porta alors un peu plus d'attention aux écritures noires et remarqua qu'il ne s'agissait pas de lettres: c'était un numéro. Un numéro de téléphone.
--- NDA ---
Hallo ! :)
Juste un petit point pour vous aider dans la lecture. Pour la prononciation du prénom "Martijn" (parce qu'il va revenir encore un peu), je vous propose d'aller taper "Martijn" dans Google Traduction et d'écouter la voix néerlandaise. En réalité, avec l'accent les sons sont un peu plus fermés mais ça vous évitera de le lire à la française et d'imaginer un prénom horrible ;)
Voilà, c'était tout.
Merci de porter toujours de l'attention à Magda et à bientôt,
Uthopie.
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