Chapitre 60 - L'étoile et la Lune

Chapitre Soixantième

Martijn se leva de sa chaise, laissant toutes ses affaires sur la table et sortit du jardin sans se retourner vers Garance.

« Martijn ! Tu vas où là !? Martijn ! »

Il ouvrit le haut portillon, traversa le chemin sablonneux et se pencha par-dessus la rambarde. Il aperçut deux formes au loin ; il pouvait dire qu'il s'agissait de Magda, mais il était incapable de mettre un nom sur la deuxième personne.

« Tu vois, elle est là-bas. Pas la peine de paniquer.

-Elle est avec qui ?

-J'en sais rien. D'ici, je dirais... Mathis ? »

Ce n'était pas Mathis. Ça, Martijn en était certain. Il décida alors de descendre sur la plage voir par lui-même. Il ne s'arrêta que quand il fut suffisamment près pour les reconnaitre.

X+X+X+X+X

« C'est fini. »

En disant cela, Magda avait réussi à regarder Augustin. Elle l'avait regardé droit dans les yeux, elle voulait lui montrer qu'elle pensait chaque mot qu'elle venait de lui dire. Elle reporta son attention sur l'horizon. Elle ne pensait pas que ça allait être aussi facile de tout lui déballer comme ça. Sur son côté, elle cru apercevoir quelqu'un arriver. Elle tourna la tête et reconnu immédiatement la silhouette qui s'approchait et qui finit par s'arrêter non loin d'eux.

« Magda... Qu'est-ce que tu fais ? »

Etonnamment c'est à ce moment-là qu'elle ne trouva plus rien à dire. Elle aurait voulu. Sincèrement. Mais elle en était incapable. Elle resta là, assise sur son rocher, à fixer ces yeux bleus qu'elle ne connaissait que trop bien. Ces yeux bleus qui finirent par quitter les siens, pour faire demi-tour.

« Merde ! »

Magdalena se leva du rocher, sans un dernier regard pour Augustin. Elle se mit à courir derrière Martijn. Sauf qu'elle courait dans le sable sec et qu'elle s'enfonçait. Elle savait qu'elle avait l'air ridicule mais tant pis.

« Attends !, cria-t-elle alors qu'ils arrivaient à la fin de la plage. Martijn ! S'il te plait, attends !

-Quoi ?!, finit-il par crier en se retournant vers elle.

-Il m'a envoyé un message tout à l'heure.

-Toi, il t'envoie un message et t'accours ?!

-Non. Non, mais... Ecoute, je voulais savoir ce qu'il avait à me dire.

-Et alors ?!

-Alors rien. Je crois que j'en avais besoin pour comprendre certaines choses.

-Comme quoi ?! Putain ! Magda, tu m'as menti !

-Je sais... Je suis désolée...

-Je ne t'ai jamais menti, moi, Magda ! Je t'ai toujours tout dit ! Tout ! Et toi, le premier message que t'envoie ton ex, tu me mens pour aller le voir !

-Arrête. C'est plus compliqué que ça et tu le sais. Si je te l'avais dit, tu m'en aurais empêchée.

-Bien sûr que je t'en aurai empêchée ! Putain ! J'arrive pas à y croire... Magda, ce mec t'as v...

-Tais-toi ! »

Cette fois, c'est Magda qui haussa le ton ; et ça, Martijn ne s'y attendait pas. Mais quand il aperçut Garance qui les observait depuis le muret, il comprit pourquoi Magda lui avait demandé de se taire. Il savait aussi qu'il avait peut-être été trop loin. Mais pour l'instant il était trop en colère, et un peu trop fier pour s'excuser.

« Tu sais quoi ?! T'as que retourner le voir ! Je crois qu'il t'attend là.

-Martijn... Ne le prend pas comme ça...

-Tu veux que je le prenne comment ?! »

Magda ne savait pas quoi lui répondre, parce qu'en y repensant un peu plus, elle ne savait pas comment elle aurait réagi.

« Très bien... Je crois que je vais allez faire un tour. Et puis toi, bah fais ce que tu veux puisque, visiblement, tu te fous pas mal de mon avis.

-Martijn..., appela une dernière fois Magda alors que le garçon s'éloignait déjà. »

X+X+X+X+X

Magda avait essayé de rattraper Martijn, mais Garance l'en avait empêchée. Elle l'avait ramenée à la maison. Magda avait voulu attendre Martijn dehors, elle s'était assise sur les marches de la terrasse et avait attendu. Elle avait attendu tout l'après-midi. Garance était restée aussi, elle ne voulait pas laisser son amie toute seule. Vers dix-huit heures, elle lui avait proposé qu'elles aillent faire un tour en bateau, mais Magda avait refusé de bouger. Quand Agnès et Matthieu étaient rentrés, elle était toujours sur ces mêmes marches. Agnès avait proposé à Garance de rester manger avec eux.

« Magda, tu viens manger ?

-Il est quelle heure ?

-Vingt heures trente.

-Il est pas rentré.

-Il va arriver. Viens manger.

-J'ai pas très faim là.

-Tu ne veux pas venir du tout ?

-Non, c'est bon. Allez-y. »

Après le dîner, Garance avait dû rentrer chez elle. Elle était partie dire au revoir à Magda et était sortie par le portillon du fond du jardin. Primaël avait fini par aller s'assoir à côté de sa sœur après le dîner.

« Tiens, on est allé acheter un fondant Baulois avec Annabeth. Je t'ai gardé une part.

-J'ai pas faim, Prim'.

-Même pour le meilleur gâteau au chocolat de l'univers ?, demanda le premier cadet des Valencourt en mettant l'assiette sous le nez de Magda.

-Ouais, même pour ça.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?, demanda Prim' en prenant une bouchée de la part qu'il avait apportée à sa sœur.

-Rien.

-Je vais avaler ça, t'as raison. T'es assise sur cette marche depuis près de sept heures à attendre ton mec qui a déserté le paysage mais il ne s'est rien passé. Tu vas me faire croire qu'il est parti faire du tourisme en solitaire et que toi, tu adores te faire mal au cul sur cette marche ?

-Bah peut-être, ouais.

-Magda. Si tu ne me dis pas ce qui se passe, j'appelle Charlie. Il est arrivé à Los Angeles, là. Alors fais gaffe.

-Augustin m'a appelée en début d'après-midi. Il voulait qu'on se voit. Et moi, comme une conne, j'y suis allée.

-Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Gus.

-Qu'il m'aimait encore. Il m'a ressorti ce qu'il me disait quand on se prenait la tête: que j'étais son grand amour, que ceci et que cela. Bref, tout le blabla auquel j'avais le droit quand on s'engueulait ou qu'il me bousculait un peu.

-Ça arrivait souvent qu'il te bouscule ?

-Ça arrivait, ouais. Et puis deux heures après, il revenait en me disant qu'il était désolé, qu'il m'aimait, que j'étais l'amour de sa vie, qu'il ne voulait pas vivre si j'étais pas à côté de lui, et j'en passe. En gros, ce qu'il m'a dit cet après-midi. Tu comptes manger toute ma part ?

-T'en veux pas.

-Donne, répondit Magda en arrachant la petite assiette des mains de son frère. »

Primaël sourit. Magda ne pouvait pas résister à ce gâteau. Puis son sourire se dissipa quelque peu quand il repensa à ce que venait de lui dire sa sœur.

« Magdalena ? Est-ce que... Il t'a déjà frappée ?

-C'est arrivé, avoua-t-elle plus facilement qu'elle ne l'avait pensé.

-Quand ?

-Quand on était allé voir un match de foot dans un bar avec toute la bande. J'avais du rire avec Pierre et ça lui avait pas plu. Quand on était rentré chez lui, il m'avait balancée contre le mur après une claque pour me dire que j'avais fait la pute devant ses amis et qu'il avait honte de moi.

-Je suis désolé, dit Prim' après avoir pris le temps d'assimiler ce que venait de lui avouer sa sœur.

-De quoi ?, fit Magda vraiment surprise de la réponse de son frère.

-De ne pas avoir réussi à voir tout le mal qu'il t'a fait ; et de ne pas t'avoir protégée aussi. C'était notre boulot et on n'a rien vu, rien fait. Je suis vraiment désolé, Magda.

-Prim'... Vous habitiez tous les trois aux Etats-Unis. Qu'est-ce que vous auriez bien pu voir ou faire ? Ne t'en veux pas d'accord. Vous n'y êtes pour rien. Aucun de vous. Allez... Prends un bout du gâteau, ordonna Magdalena en tendant l'assiette à son frère.

-Martijn ne voulait pas que t'ailles le voir ?

-Non, c'est pas ça. C'est que... en partant, je lui ai dit que j'allais voir Garance. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai dit ça. Je suis vraiment trop conne, sérieux. »

Magda laissa tomber sa tête sur ses genoux. Primaël frotta son dos, avec sa main de libre, pour la rassurer.

« Ça va aller Magda.

-Non, ça va pas aller. Ça va pas aller du tout. Prim', j'ai tout fait merder. Il est plus de vingt-deux heures et il est toujours pas là.

-Mais si. Lève la tête. Il est revenu. Tu vois, pas la peine de trop t'inquiéter. »

Magda avait immédiatement relevé la tête pour apercevoir Martijn qui fermait le portillon derrière-lui.

« Je vais vous laisser, fit Prim' en se levant. »

Martijn se rapprocha de Magda pour prendre la place que Primaël laissait vacante.

« T'étais où ?

-Je suis allé marcher et puis je me suis posé. Pour me calmer un peu.

-Je suis désolée Martijn. Si tu savais comme je suis désolée...

-Pourquoi tu m'as menti ?

-Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être que je ne voulais pas que tu m'empêches d'aller le voir.

-J'étais en colère tout à l'heure, je ne pense pas que je t'aurais empêché d'y aller. Je ne dis pas que j'aurais sauté de joie, mais j'aurais pu essayer de comprendre pourquoi. Tu aurais pu m'expliquer. Je pensais qu'on était ce genre de couple.

-On l'est, Martijn. Je crois qu'on l'est. J'espère qu'on l'est. Mais j'ai juste déconné. C'est moi.

-Pourquoi t'es allée le voir ?

-Parce que j'avais besoin d'entendre ce qu'il avait à me dire.

-Je ne te comprends plus Magda. Tu passes ton année à me dire que tu veux l'oublier et il suffit qu'il réapparaisse trois secondes pour que tu cours le voir. Franchement, qu'est-ce ça t'as apporté ?

-Je ne ressens plus rien pour lui. J'ai pris conscience de ça.

-Super. Parce que jusqu'ici tu n'en étais pas sûre ? Ravi de le savoir.

-Non, Marty... Tu comprends pas.

-C'est le terme. Exactement. Je ne comprends pas.

-Je ne ressens plus rien du tout. Plus d'amour, plus de haine, plus de colère, plus de peur. Plus rien. Et j'avais besoin de l'entendre me dire ce qu'il avait à me dire, j'avais besoin qu'il soit à côté de moi pour m'en rendre compte. J'avais besoin d'être à côté de lui et de me rendre compte que tout ce dont j'avais envie c'était d'être avec toi.

-Il t'a dis quoi au juste ?

-Rien qui soit très important. Crois-moi. Juste des choses qui m'ont permis de me rendre compte que... bah que je t'aime. Toi. Et juste toi.

-Et ça, tu ne le savais pas avant ?

-Et bien disons, qu'avant, je pensais t'aimer jusqu'à la lune, commença Magda en regardant le ciel étoilé au-dessus d'eux. Et maintenant... tu vois la toute petite étoile à gauche de la lune ?

-Ouais, je crois, fit Martijn en suivant le doigt tendu de Magda.

-Et bien je t'aime jusqu'à cette étoile. Je t'aime jusqu'à l'étoile à gauche de la Lune.

-Pourquoi tu prends la plus petite ?

-Parce que si c'est la plus petite, c'est celle qui est la plus loin.

-Bonne réponse, sourit Martijn pour la première fois. Tu sais Magda, si j'étais autant en colère, c'était parce que j'ai eu peur pour toi. Et pour moi aussi.

-Je sais.

-J'ai peur de te perdre. A vrai dire, je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de perdre quelqu'un que de te perdre toi. Quand je te vois, je repense à une phrase que disait toujours mon grand-père. Quand on lui demandait, il aimait nous expliquer comment il avait su qu'il était tombé amoureux de ma grand-mère ; il nous disait qu'il voyait son futur dans ses yeux. J'avais jamais compris cette phrase jusqu'à ce que je croise ton regard. Je sais pas si tu te rends compte Magda, mais... tu es dans tous mes projets. Quand je pense à où je serai dans deux semaines, dans un mois, dans deux ans, tu es là. Et j'ai aussi peur qu'un matin, tu te réveilles à côté de moi en te disant que je ne suis plus celui qu'il te faut. Parce que personnellement, quand je me réveille le matin et que je te vois, je sais que c'est toi.

-T'as pas à avoir peur Martijn. Je sais que c'est hyper facile à dire comme ça, mais je te le promets. J'ai pas du tout envie de me réveiller à côté de quelqu'un d'autre le matin. T'es beaucoup trop mignon quand tu dors. »

Martijn regarda Magda. Elle pouvait voir qu'elle n'avait pas réussi à pleinement le convaincre, elle comprit que ça allait prendre du temps mais que ça viendrait. Avec le temps. Elle leur faisait confiance, il fallait qu'elle leur fasse confiance.




--- NDA ---

Hello les pioupious (ColineReynier il est 9:04, et on est toujours dimanche 😏😚😚)

Des avis ? Des envies (autres que tuer Gus...) ? Des commentaires particuliers ?

Bonne nouvelle: jusqu'à mercredi, ça sera un chapitre par jour ! Popopopopo ! Du coup demain: back in Amsterdam !! 🇳🇱

Je vous souhaite un merveilleux réveillon, et vous dis: à l'année prochaine (je suis sûre que vous la connaissiez pas cette blague 😇)


Uthopie qui est pleine d'humour.

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