Chapitre 6 - Départ

Chapitre Sixième

Magda était arrivée à Madrid quelques jours plutôt. Elle passait toutes ses journées avec Erika, qui ne cessait de lui parler d'Antonio, ce petit barcelonais qui n'arrêtait pas de la draguer. Ça avait beaucoup fait rire Magda qui, au bout de cinq jours, avait enfin réussi à lui faire avouer qu'elle l'aimait bien.

« T'es vraiment obligée de partir demain ?, demanda Erika en passant son bras sur les épaules de son amie.

-Oui, vraiment. J'aurais déjà dû partir il y a quatre jours, ça fait trois fois qu'on repousse mon départ. J'ai encore les derniers préparatifs à terminer, et puis je vais aussi profiter de mes amis en France.

-Et à partir de quand, tu seras une amsterdamoise ?

-Vingt-cinq août. La rentrée c'est le vingt-six.

-Donc, comme ça, tu vas habiter avec une grand-mère ?

-Ouais ! Et ça fait un mois et demi qu'on communique par mail. Elle a l'air vraiment adorable.

-Ça va te changer de Marie.

-Ça c'est sûr, mais je serai plus obligée de sortir le vendredi soir, pour que ma coloc' ai l'appartement pour elle et son copain.

-Effectivement tu vas changer de problèmes, fit Erika en riant. Elle s'appelle comment déjà ta grand-mère ?

-Maxima Zijnen. Et elle est pas si grand-mère que ça: elle a l'esprit jeune, tu vois ?

-« L'esprit jeune » ?

-Oui, elle cherche à louer une chambre de sa maison pour ne pas devenir une vieille retraité trop chiante. Ma grand-mère à moi, elle n'a pas loué de chambre et elle est devenue une vieille retraitée trop chiante. Et puis elle a des petits-enfants, donc j'ai déjà un job de baby-sitter d'assuré.

-Tu t'y vois déjà quoi.

-Ah vrai dire, j'ai eu un peu de mal...

-Non ? C'est vrai ? C'est surprenant ça !

-Un peu de mal, disais-je donc. Mais grâce au voyage avec Marie, je me suis rendue compte que je me voyais carrément vivre dans là-bas. L'ambiance est tellement cool, ils sont super sympa et accueillant. Tu peux être qui tu veux, tu peux faire ce que tu veux. Et j'aime bien cette idée.

-Je comprends.

-Et Erika ?

-Sì ?

-Pendant ces trois jours, j'ai pas pensé à Augustin une seule minute. »

    Erika sourit et posa un baiser dans les cheveux de son amie.

« Tu vas te plaire là-bas, j'en suis certaine.

-Je pense aussi.

-Et peut-être même que tu rencontreras quelqu'un et que tu finiras par nous ramener un Helmut ou un Olaf.

-Le cliché des prénoms trop moches, rit Magda. Mais t'emballe pas trop sur le sujet, hein ? Je suis pas certaine d'être prête pour ça.

-Ça fait plus d'un an, maintenant.

-Je sais, mais... Je crois que je ne suis pas prête. C'est tout.

-Je te parle pas de grande histoire d'amour, je te parle juste d'un copain comme ça. Si tu veux je peux te montrer les garçons mignons sur la plage cet après-midi ?

-Parce que tu regardes d'autre garçons que « Antoniooooooo » ?, rit Magda.

-Parfois tu ressembles à Charlie. Et souvent, ça m'énerve. »

X+X+X+X+X

    Erika avait finit par accepter que Magda s'en aille. Elle l'avait tout de même accompagnée jusqu'au portique de l'aéroport. Elles se promirent de s'appeler toutes les semaines sans faute. C'était la première fois qu'elles ne se verraient pas de l'été, habituellement Erika et Carmen venaient passer deux semaines en août chez les Valencourt ; mais cette année, avec l'organisation du départ de Magda, c'était impossible.

    A son arrivée à l'aéroport de Nantes, Magda avait eu un véritable comité d'accueil. Ses quatre amies étaient venues toutes ensemble la récupérer. A partir de ce moment là, elles ne se quittèrent plus. De tout l'été. Les sorties plages, les sorties ciné, les sorties shopping, les soirées pyjamas chez Magda, les soirées tout court chez Mathis, les marathons séries,... tout. Elles faisaient absolument tout toutes les cinq.

    Magda avait continué de communiquer avec Maxima durant tout l'été. Elle l'appréciait déjà beaucoup, alors même qu'elle n'avait pas encore eu la chance de la rencontrer. Ces quelques mails échangés lui avaient déjà permis d'améliorer sa pratique du néerlandais. Elle avait demandé à Maxima si elle acceptait de faire un Skype lorsque toute sa famille serait présente à Pornichet. Ainsi, elle allait pouvoir lui présenter son petit clan. Ces quelques minutes de Skype avaient eu le mérite de beaucoup rassurer Agnès. En effet, elle n'était pas très emballée à l'idée de laisser partir sa fille dans un pays qu'elle ne connaissait pas vraiment, chez quelqu'un qu'elle ne connaissait pas du tout. Mais cette Maxima lui inspirait toute confiance. Sa fille allait être entre de bonnes mains. Elle le savait.

X+X+X+X+X

    Aujourd'hui, on était le vingt-cinq août. C'était le grand jour. Toute la famille était présente, à l'exception de Primaël. Le deuxième de la fratrie n'avait pas pu se libérer et avait donc fait ses au revoir à sa « petite sœur chérie » le semaine précédente. Les amies les plus proches de Magda s'étaient aussi libérées pour le départ de la jeune fille: Marie, Julie et Clarisse. Garance avait dû repartir dans son école militaire la veille, elles avaient passé leur dernière soirée ensemble sur le bateau du père de Garance. Elles étaient bien sûr allées voir le coucher de soleil avant d'aller manger au restaurant toutes les deux. Magda avait pleuré, Garance l'avait prise dans ses bras et elle avait pleuré aussi. Un peu. Mais Magda savait que ce n'était que le début des pleurs d'au revoir.

« Bon Magda, t'as pensé à tout ?

-Oui, maman.

-Tu as bien le numéro de Maxima.

-Oui, maman.

-Tu as...

-Maman, j'ai tout ce qu'il me faut. Ça fait six fois que tu refais la liste. Tout va bien se passer. Maxima m'attend à Schiphol, et tout va bien aller.

-Oui. Je sais, fit Agnès en prenant sa fille dans ses bras. Tu vas me manquer ma chérie.

-Tu vas me manquer aussi maman. Je t'aime. »

    Agnès commença à pleurer et refusait de lâcher sa fille.

« Maman, je voudrais bien dire au revoir aux autres aussi.

-Oui. Oui, bien sûr. »

    Magda s'approcha alors de son père, il ne dit rien et prit sa fille dans ses bras. Il lui embrassa le front. Magda alla ensuite voir Baptiste.

« Bon voyage ma petite Magda. Et profite à fond ! Promis ?

-Promis.

-A moi !, fit Charlie. »

    Ce dernier tira sa sœur par le bras et la serra le plus fort possible contre lui.

« Charlie... Je peux plus respirer là.

-T'auras le temps de respirer quand je serai plus là.

-Pas faux.

-Je t'aime Magda. Je t'aime fort fort fort. Et je veux que tu sois heureuse. Tu seras heureuse hein ?

-Je vais faire tout mon possible.

-Tu ne m'oublieras pas ?

-Mais non, ne t'inquiètes pas. Je t'aime aussi mon Charlie. Ça va aller. »

    Une fois le câlin familial terminé, Magda passa à ses amies. Ce ne fut que des câlins ensemble, des « tu vas me manquer », des bisous et puis le vol de Magda finit par être affiché. La jeune fille jeta son sac à dos sur son épaule. Elle reprit une dernière fois ses parents dans ses bras et partit vers le hall d'embarquement. Elle ne se retourna pas, elle ne voulait pas pleurer devant eux. Elle ne voulait pas prendre le risque de changer d'avis sur ce voyage.

X+X+X+X+X

    Magda attendait sa valise qui, bien entendu, était la dernière à arriver sur le tapis roulant. Elle avait fait exprès de prendre une valise rose très colorée pour ne pas perdre de temps à la chercher parmi les autres, mais c'était sans compter sur les compagnies aériennes. Magda était certaine qu'en voyant son nom sur le bagage, la personne qui gérait les tapis faisait exprès de mettre la sienne en dernière. Parce que la sienne était toujours la dernière.

    Sa fameuse valise rose finit tout de même par arriver et elle prit la direction de la zone publique de l'aéroport. Maxima l'attendait, elle avait pris une petite pancarte où elle avait inscrit le nom de Magdalena. Mais la jeune étudiante n'en avait peu eu besoin, elle l'avait reconnu immédiatement avec ses cheveux blonds permanentés et sa tenue colorée, elle était aussi petite que Magda l'avait imaginée. Elle s'approcha d'elle, Maxima sourit en l'apercevant et la prit dans ses bras.

« Welkom in Amsterdam ! »

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