Chapitre 5 - Max

Chapitre Cinquième

Après leur retour d'Amsterdam, Magdalena s'était enfin décidée. Elle avait renvoyé les derniers papiers, qu'elle avait dû remplir avec madame Delmas, à l'Université d'Amsterdam. Une vraie partie de plaisir. Elle avait eu les résultats de ses partiels deux jours plus tôt, et comme elle le pensait, elle les avait réussi haut la main. Charlie l'avait emmenée faire la tournée des bars deux soirs de suite: une fois pour fêter les résultats et, le lendemain, pour fêter les dix-neuf ans de sa sœur qui arrivaient le lundi suivant.

    Le travail de Magdalena au club de voile avait commencé le matin même et avec la soirée qu'elle avait passée avec son frère, elle se sentait déjà au bout du rouleau. On était lundi, c'était l'anniversaire de Magdalena et il était seize heures.

« Je suis morte, soupira-t-elle en se laissant tomber dans le canapé à côté de son frère.

-Pas si fort..., murmura Charlie.

-Pas encore remis de notre soirée ?

-Si ! Aïe... ma tête... ça résonne...

-Ça, c'est parce que c'est vide.

-Tu sais quoi, je suis content de me barrer cette semaine, comme ça j'aurai plus à entendre tes remarques à la con.

-En fait, Prim' avait raison, t'es vraiment mauvais quand t'as la gueule de bois. »

    Charlie ouvrit un œil pour fixer sa sœur de l'air le plus mauvais qu'il pouvait prendre.

« Sinon t'as pas des trucs intéressants à faire dans la vie ?, demanda-t-il.

-Pas vraiment.

-Et t'as cru que t'allais camper à Amsterdam ? Parce que t'as pas de logement encore, à ce que je sache...

-Ouais. Enfin ça va c'est pas pressé.

-Magda, mets-y du tiens un peu.

-Oh ça va hein, ça doit pas être très compliqué de trouver un appart' dans une grande ville.

-Ah bon ? Bah vas-y. Je te regarde.

-Faudrait que t'arrives à ouvrir les yeux pour ça, rit Magda en partant chercher son ordinateur. »

    Elle tapa rapidement son code sur son clavier pour déverrouiller son ordinateur. Elle ouvrit ensuite une page internet et entreprit de commencer ses recherches. Elle s'attendait réellement à ce que ce soit facile, après tout elle n'était pas très exigeante dans ses recherches: un appartement pas trop petit, pas trop grand non plus, dernier étage de l'immeuble, en centre-ville mais en même temps pas trop loin de l'université. Après si ça pouvait être près des canaux et dans le quartier Jordaan ça serait vraiment un plus. D'un œil discret, Charlie observait les critères cochés par sa sœur sur les différents sites qu'elle consultait.

« Tu crois vraiment qu'il existe cet appart' ?, se moqua Charlie.

-Décuve en silence, s'il te plait. Laisse-moi faire. »

    Charlie laissa échapper un petit rire et ferma les yeux sur le canapé.

« Réveille-moi quand t'auras trouvé. »

X+X+X+X+X

« La dérive est abaissée mon capitaine, fit Magda en s'asseyant à côté de Garance. »

    On était vendredi et les deux collègues avaient fini de nettoyer les bateaux de leur club de voile un peu plus tôt que prévu ; alors, elles étaient rentrées au port et avaient préparé le bateau du père de Garance pour partir en mer voir le coucher de soleil. Comme à leur habitude, elles se mirent sur le bord du pont du bateau, laissant leurs pieds tremper dans l'eau.

« Tu te souviens de la première fois où mon frère nous a emmenées voir ça ?, demanda Garance.

-Oui, je crois que c'est à partir de ce jour-là que j'ai arrêté de pleurer le soir. C'était ma plus belle soirée depuis mon arrivée en France.

-C'est toujours les plus belles soirées. Dis Magda ?

-Ouais ?

-Promets-moi, qu'on emmènera jamais les autres ici.

-Pourquoi ?

-Parce que j'aimerais que ce truc reste notre truc. J'ai l'impression qu'il n'y a qu'ici qu'on prend vraiment le temps de parler ensemble. Et j'adore les filles, mais Clarisse n'arrêterait pas de râler, avec des « Le bateau arrête pas de bouger. » ou « De toute façon, on voit aussi bien de la plage ! », Julie dirait qu'il faudrait amener Marie, et si on amène Marie elle voudra amener le monde entier parce que « C'est juste trop magnifique les filles ! »

-Le monde entier et Bastien, rajouta Magda en souriant.

-Et Bastien. Ça va de soi. »

    Les deux filles laissèrent échapper un petit rire, et regardèrent en silence le ciel bouger avec le temps qui passait.

« Tu vas me manquer quand tu seras là-bas, avoua soudainement Garance.

-Je ne reste que quelques jours à Madrid.

-A Amsterdam, banane.

-Ah... Toi, aussi tu vas me manquer, Garance. Vous allez toutes me manquer.

-Et ça avance tes préparatifs ?

-Bah il me manque le logement.

-Tu veux te prendre un appart' ?

-Yep ! Je cherche depuis lundi, mais je trouve pas ce que je veux...

-Tu vas t'installer toute seule ?

-Bah oui. Pourquoi ?

-Parce que t'as jamais fait ça, souligna Garance comme s'il s'agissait d'une évidence. Vivre toute seule, je veux dire. A New York, tu vivais avec tes trois frères, quand t'es arrivée en France, il y avait Charlie. Et quand il est parti t'as tenu trois semaines avant de demander à tes parents pour aller à l'internat. Et maintenant tu vis avec Marie. Tout ça pour dire que tu ne sais pas vivre toute seule.

-Erika m'a dit pareil hier soir.

-Je sais pas si t'as remarqué mais Erika a souvent raison.

-Je sais. Toi aussi, t'as souvent raison.

-Ouais, je sais. En fait, je suis un peu ton Erika à la française. »

    Cette fois-ci, Magda rit franchement.

« C'est exactement ça. »

    Garance n'aborda de nouveau le sujet qu'une fois qu'elles étaient revenues au port.

« Tu sais quoi ? Pour ton appartement, demain après-midi, je viens chez toi et on trouve une solution.

-Tu viens avec des brownies ? Parce que mon frère est parti hier, donc on pourra les manger sans qu'il pique dedans.

-Je te ferai des brownies.

-Je t'attends déjà, rit Magda en jetant son sac à dos sur son épaule. Merci Garance, j'ai passé une super soirée.

-C'est chouette si ça t'a plu. On se voit demain ?

-Yep à demain, assura Magdalena en embrassant son amie en guise d'au revoir. »

    Les jeunes filles se séparèrent et Magda emprunta le petit chemin de terre qui menait à la plage de Sainte-Marguerite. Il était vingt-deux heures bien passées, et si elle ne voulait pas trop d'ennuis avec sa mère, il fallait qu'elle se dépêche de rentrer: elle n'avait pas prévenu qu'elle rentrerait aussi tard.

X+X+X+X+X

    Garance était arrivée à quatorze heures trente. C'est Agnès qui était venue lui ouvrir, elle lui avait indiqué que Magda était à l'étage dans sa chambre, avant de prendre les gâteaux au chocolat. Garance l'avait remerciée et avait emprunté les escaliers pour monter à la chambre de son amie. Elle trouva Magda assise sur son lit, un livre dans les mains.

« Coucou ma Magda !

-Salut !, répondit Magda en posant son bouquin sur la table de nuit.

-Bon, je te préviens j'ai tout prévu pour notre après-midi, avertit Garance en posant son sac sur le lit de son amie. Les gâteaux sont dans la cuisine, j'ai pris mon ordi avec chargeur. J'ai même commencé à regarder des sites.

-C'est à ton école militaire qu'on t'apprend autant d'organisation ?

-Exactement. Mais avoue au moins, que mon programme ressemble à un truc ?

-Je te l'accorde, rit Magdalena en faisant de la place à côte d'elle sur le lit.

-Alors regarde tout ce que je t'ai trouvé... »

    Garance commença a ouvrir les pages internet qui découleraient de sa première sélection. Rien n'allait à Magda. Le premier était trop loin de la fac, le second était juste au-dessus d'un bar, le troisième était trop petit,... Bref, rien n'allait.

« Euh... Magda... Va falloir que tu fasses un petit effort. Parce que là, on va pas s'en sortir.

-Mais c'est pas de ma faute, je vais pas choisir un truc qui me plait pas sous prétexte qu'il faut que j'ai quelque chose.

-C'est certain mais d'un autre côté il faut que t'aies quelque chose.

-Ouais, mais je trouve pas.

-Tu veux que je te dise ? Tu ne trouves pas parce que c'est pas ce qu'il te faut. T'as réfléchi à ce que je t'ai dit hier ?

-Ouais. Mais je m'y prends beaucoup trop tard pour les résidences universitaires. Et j'ai pas du tout envie de m'installer avec des gens que je connais pas parce que y aura trop d'histoire, comme à l'internat. »

    Garance écoutait d'une oreille son amie. Elle recherchait des colocations sur Amsterdam entre étudiants bénéficiant d'Erasmus. Elle avait fini par arriver sur un site de petite annonces.

« Hé, regarde Magda, c'est pas mal ça, fit Garance en lui montrant une petite annonce sur un site de chambres à louer. »

« Je vous propose une chambre de dix-neuf mètre carré entièrement meublée au sous-sol de ma maison familiale aux bords des canaux. Il y a une salle de bain attenante à la chambre que vous n'aurez pas à partager. Salon, salle à manger, cuisine à partager. Tramway: 3 minutes à pied - ligne 16. Université d'Amsterdam:15 minutes en vélo. Loyer 250€.»

« Deux-cent cinquante euros ? En plein Amsterdam ? C'est quoi l'arnaque ?

-Attend, on va aller voir son profil. Alors, c'est une dame qui s'appelle Maxima, elle a l'air très gentille sur la photo. Et... euh... elle a soixante-six ans...

-Quoi ?!

-En fait, elle explique qu'elle vient juste de partir à la retraite et qu'elle vit seule dans sa grande maison. Du coup, elle loue sa chambre pour avoir de la compagnie. Elle parle couramment l'anglais, et le français. C'est une ancienne prof de français au... Keizer-Truc-Chose-Machin College. Plus sérieusement Magda, ça peut être super sympa. Et tu l'as dit toi-même, niveau prix tu ne trouveras pas mieux. Et la maison a l'air très belle, regarde. »

    Magda se pencha sur les images que lui montrait Garance. Elle devait bien avouer que ce système de logement avait pas mal d'avantages, et avoir une ancienne professeure de français sous la main, pourrait toujours l'aider pour travailler son néerlandais.

« On en parle à ta mère ?

-Mmh...

-Pas de discussion. Pas de brownies.

-On en parle à ma mère !, affirma Magda en se levant. Allez debout ! »

    Les deux amies descendirent à la cuisine. Ne sachant pas où était sa mère, Magda lui envoya un SMS en lui demanda de venir prendre le goûter avec elle.

« Tu sais qu'il n'y a que chez vous où envoyer un SMS à quelqu'un qui est dans la même maison est tout à fait normal.

-Ouais, je sais, rit Magda. Et parfois même, j'envoie des SMS à mon frère alors qu'il est dans le même canapé que moi. »

    Agnès était arrivée quelques minutes plus tard, Garance et Magda s'étaient déjà installées sur les tabourets du comptoir de la cuisine. A peine était-elle arrivée que les deux filles l'avaient assaillie d'informations. Lui donnant tous les avantages de vivre directement chez l'habitant. Au bout de vingt bonnes minutes de discours continu, le flot de paroles des filles s'était enfin arrêté.

« Alors ?, demanda Magda.

-Alors, il faut en parler à ton père.

-Mais sur l'idée, t'es comment toi ?

-Oui. Sur l'idée, c'est oui. »

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