Chapitre 36 - Conversation Nocturne
Chapitre Trente-Sixième
Magda était dans la chambre de Martijn, assise sur son lit, ses polycopiés et notes de cours étalés tout autour d'elle. Martijn, lui, était assis à son bureau et travaillait sur son ordinateur, son casque sur les oreilles.
« Ça me saoule comme cours, je te jure, finit par dire Magda en se laissant tomber en arrière sur le lit. Qu'est-ce que je m'en fous de savoir comment fait mon cerveau pour résoudre un problème. Du moment que j'ai la réponse. »
Martijn ne réagit pas, il n'avait pas l'air de l'avoir entendue. Alors pour attirer son attention, Magdalena lança sa gomme qui rebondit sur le bureau. Martijn sursauta de surprise et retira son casque pour se tourner vers Magda.
« Tu m'as parlé ?
-J'étais en train de te dire à quel point ce cours me fais chier.
-Depuis que t'es arrivée, j'ai l'impression qu'il n'y a pas un cours que t'as bossé qui ne t'as pas fait chier.
-Je fais des études chiantes. C'est pas de ma faute...
-Pourquoi t'as fais psycho si t'aimes pas ?
-C'est une bonne question ça. Je sais pas. J'imagine que j'aimais bien l'idée. Et puis y a bien un ou deux cours que j'aime bien, genre l'épistémologie historique. Ça, j'aime bien.
-C'est quoi ce truc ?
-Les connexions entre la psychologie et les autres disciplines, et comment tout s'est lié dans l'histoire. Ça, j'aime bien.
-Pourquoi t'as pas fait histoire direct ? Si tout ce qui te plait c'est l'histoire de la psycho ?
-Martijn... On est samedi soir, tu m'en poses des questions... J'en sais rien moi. C'est comme ça.
-Ok, ok, capitula Martijn. Pour t'occuper, j'ai écrit un mail à M. Van Rijneveld, tu veux bien le lire et me dire ce que t'en penses ?
-C'est qui M. Van Richgnangnan ?
-L'ami de mon prof.
-Ah ouais. Mais je pensais que ton prof allait parler de toi à quelqu'un d'autre.
-Ouais, c'est ce qu'il m'a dit hier, mais au pire je peux toujours contacter le premier non ?
-Oui, bien sûr. Mais dis moi, on ne t'arrête plus. A quel moment de mon discours je t'ai convaincu ?
-Qu'est-ce qui te fait dire que c'est toi qui m'a convaincu ?
-Parce que ça fait des années que tous tes proches t'en parlent et qu'en toute modestie, il a suffi que je t'en parle pour que tu commences à te bouger.
-En toute modestie, bien sûr, rit Martijn.
-Bien sûr. Alors ?
-Tu m'as dit que tu serais fière de moi. Ça m'a suffit. »
Magda regarda Martijn en souriant. Elle mettait cette phrase dans son top trois des phrases les plus mignonnes qu'il avait pu lui dire. Elle tendit sa main vers Martijn.
« Donne voir ton mail. »
Martijn attrapa son ordinateur sur son bureau et alla rejoindre Magdalena sur son lit après avoir pris soin de pousser les feuilles. Magdalena attrapa l'ordinateur et jeta un premier coup d'œil au mail.
« Je ne suis pas garante de l'orthographe. Je te fais confiance sur ce point. Mais Marty, tu peux pas présenter ça comme ça.
-Bah quoi ?
-Y a une touche Entrée sur ton clavier qui sert à revenir à la ligne de temps en temps. Et c'est pas mal comme touche. Parce qu'un gros pâté comme ça, on n'a pas envie de le lire... »
Magda remit ses lunettes devant ses yeux et commença la lecture de l'écrit de Martijn en refaisant toute la mise en pages. Après vingt bonnes minutes de discussion, ils finirent par tomber sur quelque chose qui les mettait tous les deux d'accord. Martijn relut une dernière fois leur texte et cliqua sur le logo du petit avion en papier pour envoyer son e-mail.
« Ça va marcher. Celui-là, je le sens bien. Tu vas voir. »
Martijn regarda Magdalena avec une petite tête de chien battu avant de laisser tomber sa tête sur son épaule. Magdalena posa un baiser dans ses cheveux et le prit dans ses bras.
« Ça va aller mon Marty.
-Mmmh... Tu viens avec moi à l'atelier ? J'ai pas envie d'être tout seul.
-Vas-y. Je prends mes affaires et je te rejoins. »
X+X+X+X+X
Magda travaillait à la table de la cuisine. Elle voulait surveiller l'arrivée de Martijn. Elle savait qu'il avait réussi à décrocher deux rendez-vous dans des galeries aujourd'hui. Sauf que cette fois-ci, il n'avait rien dit à personne ; donc même par Suzanne, Magdalena n'avait eu aucune information sur l'adresse des dîtes galeries. Elle s'était installée sur la table de la cuisine, juste à côté de la fenêtre, parce que Martijn lui avait dit qu'il passerait la voir en rentrant ; alors pour l'instant, elle guettait.
Elle l'aperçu arriver alors qu'il était encore au bout de la rue, elle se leva d'un coup et sorti de la maison pour aller à sa rencontre. Il avait un sourire sur le visage, un sourire encore plus grand et plus beau que d'habitude. Il avait aussi un bouquet de fleurs dans les mains. Il ne dit rien, mais Magda savait que cette fois-ci, contrairement à la dizaine d'autres fois, ça avait été positif. Il lui sauta au cou en riant, Martijn la souleva pour la faire tourner.
« Je savais que t'allais y arriver. Je suis tellement heureuse pour toi.
-Moi aussi, je trop heureux, dit Martijn en la reposant sur le sol. J'ai encore un peu de mal à réaliser.
-T'as appelé tes parents pour leur dire ?
-Oui, c'est fait. Et je suis aussi passé te prendre ça, dit il en lui tendant le bouquet qu'il avait dans les mains. Merci Magdalena. Merci pour tout.
-T'es fou. Merci, Martijn. Mais tout ça, c'est grâce à ton talent. Moi, j'y suis pas pour grand chose.
-Si. Sans toi, j'aurais jamais fait tout ce que j'ai fait depuis des semaines. Il te plaît, mon bouquet ? J'ai passé du temps à choisir chaque fleur. C'est pour ça que c'est sûrement le bouquet le plus étrange qu'on pourras t'offrir.
-T'as choisi chaque fleur ? Une à une ?
-Ouais, bien sûr. L'amaryllis, c'est pour notre victoire. Parce que c'est notre victoire à nous deux. La fleur blanche, je ne sais plus comme elle s'appelle, c'est parce que je te trouve belle. Même en jogging au beau milieu de la rue avec un unique crayon de bois pour attacher tes cheveux.
-C'est un gardénia, lui souffla Magda.
-C'est ça. Le gardénia. L'iris, c'est ma promesse qu'on sera heureux. La pivoine, c'est parce que je veille sur toi. Et puis la rose rose, c'est juste parce que je t'aime.
-Et les deux autres ?
-La tulipe, c'est pour Amsterdam et l'arum, c'est juste parce que tu adores cette fleur ; rien à voir avec sa signification.
-Pourquoi ? Ça veut dire quoi l'arum ?
-T'iras voir..., répondit le jeune homme en souriant.
-Merci Martijn. C'est le bouquet le plus étrange que j'ai jamais vu ; mais je l'adore. Il est parfait. Merci, répéta Magda en l'embrassant.
-Et il en manque une, indiqua Martijn en lui tendant une dernière fleur. Ça, c'est parce que tu n'as pas le droit de refuser.
-De refuser quoi ?
-Mon invitation à dîner pour ce soir. »
Magdalena saisit la fleur d'hibiscus du bout des doigts et la passa derrière son oreille.
« Je propose que j'aille me changer avant, parce que le restaurant en jogging c'est pas ce qu'il y a de mieux. Et puis faut mettre tout ce petit monde dans l'eau. Tu rentres deux minutes ?
-Ça marche. Et Magda ? T'es fière de moi ?
-Extrêmement fière de toi, mon Marty. T'as même pas idée. »
X+X+X+X+X
Magda n'arrivait pas à dormir. A quatre heures trente du matin, elle n'arrêtait pas de se tourner et se retourner dans le lit. Elle savait que si elle continuait comme ça, elle allait finir par réveiller Martijn. Or, elle ne voulait pas le réveiller parce qu'il avait l'air de vraiment bien dormir. Magda n'arrivait pas à trouver le sommeil parce qu'une phrase n'arrêtais pas de lui trotter dans la tête ; cette question que Martijn lui avait posée il y a quelques jours: « Pourquoi t'as fais psycho si t'aimes pas ça ? ». Magda s'était rapidement aperçue qu'elle n'avait pas la réponse à cette question et elle trouvait ça assez inquiétant. Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle avait choisi cette filière alors elle cherchait obstinément une réponse depuis des jours sans succès. Enfin, ce n'était pas tout à fait exact. Elle avait bien une idée. Une toute petite idée qui lui était apparue deux jours au paravant. Une toute petite idée qu'elle préférait garder au plus profond de son esprit. Parce qu'elle ne voulait pas se l'avouer. Mais ça allait bien devoir finir par arriver.
Elle sentit le matelas bouger et le bras se Martijn se poser sur sa taille. Il se colla dans son dos, elle pouvait sentir son souffle dans son cou.
« Marty ? Je peux te parler ?
-Non, grogna Martijn complètement endormi.
-Faut vraiment que je te parle. Je sais pourquoi j'ai fait psycho.
-Non.
-Si. C'est à cause d'Augustin. Il voulait tellement que je ressemble à Erika, et je voulais tellement lui plaire que je me suis dit que si je faisais tout comme elle, j'allais finir par lui plaire autant qu'elle lui plaisait. C'est pour lui que j'ai fait ça, mais en réalité, c'est pas moi. C'est pas ce que je veux faire de ma vie. Et je ne peux pas te demander de te bouger pour ton avenir alors que moi, je me bouche la vue sur le mien. Je ne peux pas passer ma vie à faire quelque chose que je n'aime pas. Il faut que, moi aussi, je me bouge.
-Ouais.
-Je vais arrêter la fac à la fin de l'année. Je vais trouver ce que je veux vraiment faire et m'inscrire dans une nouvelle fac. Ou faire autre chose. Il faut juste que je prenne le temps de trouver ce qui me plaît. J'aurais pas le droit de me planter et il faudra que je convainque ma mère et mon père ; mais je sais que c'est ce qu'il faut que je le fasse. Il faut que je casse absolument tout ce qui me rattache à lui. Directement ou indirectement. Je ne dois rien garder de ce qui me le rappel. T'en pense quoi ?
-Ouais.
-Tu m'écoutes un peu ?
-Non. Magda, dors. On en parlera demain matin. J'ai rien compris. »
Martijn se rapprocha encore plus de Magda et se rendormit très rapidement. Magda, elle mit plus de temps. Dans son esprit, elle montait déjà la liste des arguments qui pourraient convaincre ses parents. Et plus la liste se dressait dans sa tête, plus elle se convainquait elle-même que ce serai très facile de montrer à ses parents que changer de filière était ce qu'il y avait de mieux pour elle. Et puis elle en reparlerait avec Martijn ; elle savait que lui la soutiendrait. Ils en reparleraient demain matin.
Sauf qu'ils n'en reparlèrent pas le lendemain matin, ni le jour d'après, ni aucun autre jour. Ils n'en reparlèrent plus du tout. Parce que Magda était persuadée que Martijn allait la soutenir dans son projet. Parce que Martijn pensait que, ce que Magda lui avait dit cette nuit-là, ce n'était qu'une idée un peu folle qui était vite sortie de son esprit.
--- NDA ---
Chapitre tout court mais assez important. Petit doute sur la fin alors dîtes moi ce que vous en avez pensé :)
Bon ce coup-ci, on se dit à vendredi avec un chapitre plus long, c'est promis.
Plein de bonnes choses pour cette semaine à venir,
Uthopie <3
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