Chapitre Trente-Troisième

    Le groupe des sept amis marchait dans les rues d'Amsterdam en direction d'un bar dont Staas avait entendu parler et qu'ils voulaient tester par eux même. C'était le troisième dans lequel ils allaient ce soir et Magda commençait enfin à trouver cette soirée sympa. Peut-être que les quelques gorgées qu'elle avait prise dans chaque verre que Martijn avait commandés y étaient pour quelque chose. Magda n'avait pas voulu commander elle-même de l'alcool, parce qu'elle avait promis à Louis qu'elle ne boirait pas non plus.

« Tu sais que t'es pas cool, Magda... Tu m'avais dit que t'allais pas boire... Moi, si je ne bois pas, c'est pour votre bien.

-C'est vrai ça ! Je suis désolée mon Loulou, dit Magda en passant son bras autour des épaules de Louis et en collant un bisou sur sa joue. C'est bien ce que tu fais: ne pas boire parce que tu conduis, c'est bien. T'es sérieux. Je suis fière de toi.

-Merci Magda, rit Louis. Hé Marty ! Faut que t'arrêtes de la faire boire, ta meuf. Elle va pas finir la soirée si tu la laisses continuer comme ça...

-Chuuut ! Dis pas ça, je vais très bien. J'ai un peu bu, mais je vais finir cette soirée. C'est même moi qui vais vous coucher, vous allez voir. Faites pas les malins, jeunes hollandais, prévient Magda en partant soudain en avant d'un pas décidé.

-Hop là, reste avec moi, ma petite Magda. Visiblement le truc qui te sert de copain n'est pas capable de prendre soin de toi et de te surveiller. Donc je vais te surveiller personnellement. Pas un verre de plus, la française. C'est moi qui te le dis.

-T'es pas drôle, Louis.

-Je ne suis pas drôle ? Moi ? Je suis l'humour incarné, je te signale. »

    Cette dernière phrase fit beaucoup rire Magda.

« Tu sais ce qui serait bien ?, demanda Louis.

-Dis-moi.

-Faudrait que tu convainques Martijn de repasser son permis.

-C'est peut-être pas plus mal qu'il ne l'ait pas. Il l'a loupé cinq fois quand même...

-Ouais... C'est vrai que le fait qu'il ait l'autorisation de circuler avec un véhicule motorisé n'est pas rassurant pour mes concitoyens, mais pour mon bien-être personnel, il faut vraiment qu'il ait ce putain de permis. Tu vois, là il aurait son permis et sa voiture, j'aurai pu boire.

-Ok... Bon argument. Je vais y travailler.

-Merci Magda. Moi et mes futures gueules de bois te remercions.

-Je vous en prie, rit Magda. Et Louis, ça a rien à voir, mais... Est-ce que Martijn t'as déjà montré ses toiles ?

-Bah y en a plusieurs chez ses parents.

-Ouais, mais celles qui trainent dans son atelier, là-haut.

-Ah non. Ça jamais. Personne ne rentre jamais dans son atelier. Mise à part pour monter son vieux fauteuil, je n'y suis jamais allé. Je m'en souviens parce qu'il était lourd ce putain de fauteuil. J'ai cru qu'on n'arriverait jamais en haut de l'escalier.

-Jamais personne ?

-Non, même ses parents ne vont jamais plus loin que le seuil de la porte. Pourquoi ? T'y as été ?

-Je me suis trompée de porte et je me suis retrouvée là-bas. Où m'a surprise sa mère, d'ailleurs.

-Anouk ? Elle est trop gentille ! Je l'adore.

-Elle a l'air sympa, c'est vrai. Mais c'est pas de ça dont je veux te parler. Martijn est venu nous rejoindre après, et il m'a montré certaines de ses toiles quand sa mère est partie. Il est doué.

-Très. Il a vraiment beaucoup de talent et depuis tout petit. Bon, je suis pas en train de te dire qu'il dessinait La Joconde à quatre ans. Mais à partir du moment où il était possible de deviner ce qu'il dessinait, tout le monde s'est accordé à dire qu'il avait du talent.

-Et il a déjà exposé ?

-Non, rit Louis. Et c'est pas faute de lui avoir proposé. Y a même un prof de notre école qui lui a proposé de lui présenter un galeriste qui voulait lancer un nouvel artiste. C'est très dur de se faire exposer parce que les galeristes ont beaucoup beaucoup de demandes et pas beaucoup de places. Donc quand tu peux te faire pistonner, c'est quand même beaucoup plus pratique. Y a aussi un des clients de son père qui avait remarqué un tableau à l'agence immobilière.

-Et il a dit non ? Aux deux ?

-Bien sûr qu'il a dit non. Il ne croit pas du tout dans son boulot. Il pense que ça suffit pour l'école mais il est persuadé qu'il ne pourra pas en vendre. Et quand on lui dit que sa toile est pas mal, il est persuadé qu'on dit ça parce qu'on veut pas lui faire de peine.

-Pourquoi il croit ça ? Si c'était moche, je te fais confiance, tu lui aurais dit que c'était moche.

-Oui, rit Louis. Je lui aurais dit. Je ne sais pas pourquoi il croit ça. En tout cas, il refuse obstinément d'exposer. Et ça, c'est comme le permis, si t'arrives à le convaincre... »

    Magda ne répondit pas à Louis, elle resta à côté de lui à regarder Martijn qui semblait en grande conversation avec Jan.

« Je pense tout de même que pour mes concitoyens c'est moins dangereux d'avoir un Martijn qui expose, qu'un Martijn qui conduit. »

X+X+X+X+X

    On tambourinait à la porte de la salle de bain.

« Martijn ! Bouge ! Je vais être en retard !

-Ouais, ouais, c'est bon pas la peine de t'énerver..., grogna Martijn en daignant sortir de la salle de bain.

-Si je suis à la bourre ça sera de ta faute.

-Depuis quand t'en as quelque chose à faire d'être en retard ?

-Ta gueule et bouge. Et t'as oublié ça, fit Suzanne en lançant une serviette de bain à son frère. »

    Après avoir fait son lit et mis sa serviette à sécher, Martijn descendit dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. Comme d'habitude, le repas avait déjà été préparé par Anouk. Martijn s'installa à la table de cuisine et commença à se servir un jus de fruit. Peu de temps après, sa mère vient s'assoir en face de lui.

« C'est Louis qui t'a ramené ?

-Oui. Et il n'avait pas bu. T'inquiètes pas.

-Je ne m'en fais pas. Je vous fais confiance les garçons. Et comment s'est passée votre soirée ?

-C'était très cool, répondit simplement Martijn en mordant dans sa tartine.

-J'ai été ravie de rencontrer Magdalena hier. Elle a l'air d'être une jeune femme très gentille. Je pense que c'est quelqu'un de bien, je suis contente que tu aies trouvé une fille comme elle. Tu as l'air vraiment heureux avec elle.

-T'en fais un peu trop là.

-Pourquoi ? Je ne peux pas dire ce que je pense de la petite-amie de mon fils.

-Si, mais tu l'as vue deux minutes et ça fait un peu trop..., sourit Martijn.

-J'en ai parlé à ton père au dîner.

-Donc t'en as parlé à Suzanne aussi...

-Ne fais pas cette tête Marty, rit Anouk. Ils ont tous les deux envie de la rencontrer, tu sais.

-J'ai aussi envie que vous la rencontriez, mais... j'ai juste jamais trouvé le bon moment.

-Pourquoi elle ne viendrait pas dîner ici ? Ce weekend ? Samedi soir, par exemple.

-Ouais, pourquoi pas. Je lui en parlerai.

-Dis-lui de ne pas s'inquiéter, avec tout ce que tu nous as dit sur elle, on est persuadé que c'est quelqu'un de formidable. Elle avait l'air extrêmement gênée hier, et il ne faut pas.

-Ouais... Je lui dirai. Peut-être pas comme ça mais je lui dirai. Je vais lui en parler. Promis. »

    Martijn avala la fin de son verre de jus de fruit d'un trait et se leva de table.

« Bon, je file.

-Tu commences dans une heure...

-Ouais mais je fini tard ce soir et...

-Tu vas passer chez Magdalena ce matin, dit Anouk avec un sourire en coin sur le visage. »

    Martijn sourit à sa mère et l'embrassa sur la joue.

« A ce soir mam. Bonne journée.

-Bonne journée Marty. »

X+X+X+X+X

    Martijn était arrivé chez Magda et comme à son habitude il avait frappé au carreau de la cuisine. Magda qui finissait son petit-déjeuner avec Max lui adressa un signe de la main et il la vit se lever de table et quelques secondes plus tard, elle était sortie de la maison. Martijn était descendu de son vélo et ils commencèrent la partie de chemin qu'ils faisaient ensemble

« Ça va ta tête ?

-Je m'attendais à pire donc on peut dire que ça va. Mais j'espère qu'Erda va être calme aujourd'hui. Si elle parle trop fort je risque d'avoir effectivement un gros mal de tête. Enfin... Complètement sur autre chose mais tu fais quoi samedi ? Y a un film qui sort cette semaine et que je voulais allez voir.

-Samedi ?

-T'as un truc ? On peut y aller dimanche sinon. Ou si ça te dit pas, j'y vais avec Rika. C'est pas grave.

-Non, c'est pas ça mais... J'ai vu ma mère ce matin.

-Ok... Je vois pas trop le rapport entre ta mère et mon film. Sauf si ta mère veut venir avec nous.

-C'est presque ça... Elle m'a demandé si tu voulais venir diner samedi soir à la maison.

-Ta mère veut que je vienne manger chez vous ?

-Ma mère et mon père. Et moi aussi. J'aimerais bien que tu les rencontres.

-J'ai déjà rencontré ta mère, fit remarquer Magda.

-Magdalena... S'il te plait. Fais pas semblant de pas comprendre. Hier, tu m'as dit que tu n'étais pas prête. Eh bien là, t'as quatre jours pour te préparer.

-Deux. Aujourd'hui, je vais déjà essayer de me faire à l'idée. Et samedi, je serais trop en panique. Ce qui me laisse deux jours. Tu leur as parlé de moi ?

-Un peu, ouais.

-Tu leur as dit quoi ?

-Juste que tu étais à l'université, en psychologie. Que tu étais française. Que tu me trouvais formidable.

-Martijn...

-Ok, je leur ai peut-être pas dit le dernier point. Mais t'en fais pas, mes parents ne sont pas hyper stricts. Ils ne veulent pas te rencontrer pour valider notre relation ; c'est juste parce qu'ils veulent apprendre à te connaitre.

-Tu penses qu'ils vont bien m'aimer ?

-Bah oui, bien sûr. T'es intelligente, cultivée, travailleuse, gentille, drôle, charmante...

-C'est bon. C'est bon. J'ai compris l'idée...

-T'es quelqu'un à qui on peut faire confiance aussi. Je pourrais te suivre au bout du monde les yeux fermés. Je suis sûr qu'ils vont t'aimer. De toute façon, ils savent que je t'aime alors ils ne peuvent pas ne pas t'aimer. »

    Magda regardait Martijn avec un air pas convaincu. Lui, il arborait son traditionnel sourire. Celui avec lequel elle ne pouvait rien lui refuser.

« Je lui dis que tu viens ?

-Mouais... dis-lui ça... »

    Magda avait peur de regretter ce qu'elle venait de faire. Et puis elle vit un vrai sourire fendre le visage de Martijn, alors elle se dit qu'elle avait peu de chance de regretter cette future soirée.

--- NDA ---

Coucou les pioupious !

Petit chapitre pour vous remercier, il ne se passe pas grand chose et j'en suis désolée. C'est un chapitre qui annonce un nouveau virage assez important dans l'histoire de nos amoureux. Je sais que comme ça, on dirait pas mais je vous jure que c'est vrai ! ^^

Pour me faire pardonner ce chapitre aussi plat que les Pays-Bas je vous donne rendez vous pour un petit chapitre bonus (vous pouvez le trouver entre le chapitre 25 et 26). C'est cadeau, c'est pour moi.

Avec tout mon amour,

Uthopie.