Chapitre Trente-Et-Unième - Partie I

Dix mois et demi. Cela faisait dix mois et demi que Magda n'avait pas posé le pied sur le sol américain. Elle n'avait encore jamais passé autant de temps sans revenir ici, et New York lui avait manqué. New York en famille, lui avait manqué encore plus. En effet, cette semaine, toute la famille Valencourt se retrouvait ici et ce n'était pas arrivé depuis trois bonnes années. Des six membres de la famille, Magda était l'avant dernière à arriver. On était dimanche matin. Elle avait cru comprendre que ses parents avaient atterri la veille et que Charlie n'arriverait que le lendemain matin. Mais ce dont elle était sûre, c'était que tout le monde serait réuni le lundi soir, pour la première du nouveau spectacle produit par Baptiste et Charlie.

    Quand Magdalena débarqua dans le hall des arrivées de l'aéroport de Newark, elle s'attendait à ce que ses parents viennent la chercher. Après tout, ils ne s'étaient pas vus depuis presque un mois et demi. Mais non, la personne qui vient la chercher était beaucoup plus surprenante:

« Erika ?!

-Holà !

-Mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu venais ?

-Baptiste m'a proposé de venir, mais jusqu'à vendredi, je n'étais pas sûre de pouvoir être là. Et puis quand je suis arrivée, je me suis dit que ce serait une bonne surprise.

-Oui, ça, c'est une bonne surprise ! Je suis trop heureuse de te voir ! J'ai tellement de trucs à te raconter...

-Tu me racontes tout ça ce soir ? Ta mère est dans la voiture et tout le monde nous attend pour le déjeuner, Camille et Baptiste nous invitent tous au restaurant.

-On va les ruiner... Ils se sont déjà occupés de mes billets, de ceux de mes parents, les tiens aussi, j'imagine, et ceux de ta mère.

-Oui, les miens aussi. Mais pas ceux de mamà, elle n'a pas pu venir. Et t'en fais pas pour les comptes de ton frère, je suis persuadée que Camille gère ça d'une main de maitre. T'as tout ce qu'il te faut. On peut y aller ?

-Oui, c'est bon. On peut y aller. Par contre, on peut faire un petit selfie toutes les deux ? C'est juste pour dire à Martijn que je suis bien arrivée. »

X+X+X+X+X

    Ils avaient mangé au restaurant tous les huit. Magda était heureuse d'avoir sa famille autour d'elle. Camille avait réservé dans un restaurant français qu'il connaissait pour avoir écrit un article sur le chef. Ils avaient été servis comme des rois et avaient pu rester une bonne partie de l'après-midi dans la salle du restaurant. A la fin du repas, Camille ainsi que Baptiste, Primaël et leur père avaient voulu voir le match de basket entre les Pacers et les Hawks et étaient donc rentrés, au chaud, à l'appartement de Camille et Baptiste. Les quatre filles, n'ayant pas le même intérêt pour le basket avaient préféré faire une marche digestive sur l'esplanade de Battery Park. Magda en avait profité pour beaucoup discuter avec sa mère, elles ne se voyaient plus autant qu'avant et n'avaient donc plus de moment à elles, de moment à partager. Bien sûr, elles se parlaient toujours avec Skype, mais rarement seules et puis ce n'était jamais pareil que de se parler en vrai. Elles s'étaient mises à marcher derrière Erika et Annabeth et avaient donc longuement discuté.

    Le soir, les quatre filles avaient fini par rentrer chez Camille et Baptiste. Ils avaient dîné tous ensemble puis Primaël et Annabeth étaient rentrés chez eux. Erika et Magda, qui dormaient dans le petit studio que Charlie avait acheté comme pied-à-terre à New York, décidèrent également de rentrer. Agnès et Matthieu, eux, restaient dormir chez leur fils. Tout le monde souhaita une bonne fin de soirée aux autres en se promettant de se retrouver, pour ceux qui le pouvaient, pour le déjeuner du lendemain midi.

    Erika et Magda n'avaient qu'un petit quart d'heure de marche pour arriver chez Charlie. Une fois dans l'appartement, Magda put enfin prendre le temps de sortir de sa valise toutes les petites affaires dont elle allait avoir besoin pour la semaine. Alors qu'elle était assise sur le sol devant sa valise, Erika rentra dans la chambre qu'elles allaient partager pour la nuit.

« Elle est à Martijn cette veste ? »

    Magda releva la tête vers son amie qui avait la veste kaki qu'elle avait portée toute la journée.

« Comment tu le sais ?

-T'as dit à ta mère qu'elle était à un ami. Et d'après les quelques photos que j'ai pu voir de lui, ce genre de veste, c'est son style, non ?

-Oui. T'as raison, elle est à lui. J'ai oublié la mienne chez Maxima. Du coup, il m'a dit de prendre la sienne. »

    Erika sourit et s'assit face à Magda de l'autre côté de la valise.

« Pourquoi t'as pas dit à ta mère que vous étiez ensemble ?

-Tu l'as dit à ta mère que tu étais avec Antonio ?

-Oui. En fait, j'ai l'impression que tu ne veux le dire à personne, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi...

-Tu veux quoi, qu'en plein milieu de la conversation je sorte: « Au fait, maman, je sors avec un gars que tu connais ni d'Eve ni d'Adam, mais je te jure que c'est un mec bien. T'inquiètes pas.». La dernière fois que je lui ai dit ça, c'était pour Gus. On sait comment ça s'est fini.

-T'as peur qu'elle ne te croie pas ? Sur Martijn ? Que c'est quelqu'un de bien ?

-Ouais, je crois. Je crois que j'ai aussi peur qu'elle les compare tous les deux. Maman idéalisait beaucoup Augustin et...

-T'as peur qu'elle préfère Augustin à Martijn. Et qu'elle ne l'accepte pas.

-Oui.

-Moi, je ne pense pas que ta mère fera ça. A mon avis, personne ne fera ça. Si t'es heureuse avec lui y a aucune raison pour que ça se passe mal.

-Pour mes frères, je ne m'en fais pas. Mais maman, c'est pas pareil. Je ne lui ai pas vraiment raconté la fin de l'histoire avec Gus. Je ne voulais pas qu'elle tombe de haut.

-Tu m'avais dit que tu l'avais fait, Magda... Qu'est-ce que tu lui as dit ?

-Qu'on s'était pris la tête à la soirée de Mathis et qu'on avait fini par arrêter notre relation. D'un commun accord. En gros. Ne me regarde pas comme ça, s'il te plaît. Je ne voulais pas qu'elle voie que sa fille était le genre de personne à suivre bien docilement tout ce que lui disait son copain. Et que, même elle s'était faite avoir. Je ne voulais pas qu'elle culpabilise d'avoir rien fait. D'avoir rien vu. L'histoire que je lui ai racontée ne faisait de mal à personne et la réconfortait elle: sa fille n'avait qu'une simple peine de cœur qui allait passer. C'est beaucoup mieux comme ça.

-Magda... Est-ce qu'il y a au moins une personne qui est au courant de toute l'histoire ?

-Vous: Batou, Prim', Charlie, toi. Et puis Marie et Ga...

-Arrête. Je sais que tu ne nous as pas tout raconté. Je le sais. Tes frères le savent. Les filles le savent. On le sait tous. »

    Magda releva doucement les yeux vers Erika toujours en face d'elle. Elle avait dit ça très calmement, mais en même temps avec un ton très ferme.

« Magda, est-ce que tu as tout raconté à au moins une personne ?

-Oui.

-Martijn ?

-Oui. »

    Erika ne rajouta rien et sortit quelques habits supplémentaires de la valise de son amie. Elle trouva un très grand t-shirt blanc avec un dessin de Snoopy.

« C'est à toi ça ?

-Non, répondit Magda en prenant le t-shirt dans ses mains. »

    Elle le déplia et en fit tomber un petit bout de papier.

« Qu'est-ce qu'il t'a écrit ?, demanda Erika en souriant.

-Que si un soir je me sens trop seule, j'aurai toujours Snoopy pour me consoler, sourit Magda.

-C'est mignon. Il a l'air vraiment adorable avec toi.

-Et je t'ai même pas raconté ce qu'il m'a organisé pour la Saint-Valentin, dit Magda en lançant le t-shirt sur le lit. »

    Magda commença à raconter à Erika la journée de mardi dernier, dans les moindres détails. La jeune espagnole souriait au récit de son amie, elle souriait car voir Magda aussi bien dans sa peau, aussi souriante, aussi heureuse en général, n'était pas arrivé depuis très longtemps. Alors que Magda terminait son petit récit, Erika se leva pour se diriger vers la salle de bain.

« Et tu penses que ta mère ne va pas l'aimer ? Personnellement, je l'ai pas encore vu, mais je l'aime déjà beaucoup.

-Je crois que je l'idéalise encore un peu..., confia Magda.

-C'est possible, oui, rit Erika. Mais il n'empêche qu'il a fait tout ça pour toi.

-Il m'a accompagnée à l'aéroport hier. Et... il m'a dit qu'il m'aimait.

-Et tu lui as dit quoi ?

-Rien. J'ai pas réussi à lui répondre. Il ne m'a pas blâmée, au contraire, mais... J'ai peur de ne jamais réussir à lui dire.

-Tu l'aimes ?

-Je sais pas... Peut-être... Je crois... J'en sais rien. Mais dans tous les cas, y a un fossé entre le savoir et réussir à lui dire, non ?

-Ça va venir ma Magda, tu verras. Ça viendra. »

--- NDA ---

Petit point culture américaine ^^ : les Pacers c'est l'équipe de basket d'Indianapolis et les Hawks c'est celle d'Atlanta.

Bon, tout petit point et je vous poste à suivre, les vacances de Martijn à Groningen :p