Chapitre 26 - Premières Révélations

Chapitre Vingt-Sixième

   

    Magda se sentait bien et ce pour plusieurs raisons. Pour commencer, la fac se passait bien, les cours l'ennuyaient toujours un peu, mais elle n'avait pas à se plaindre de ses notes, donc elle pouvait dire que ses cours se passaient bien. Mais ce qui rendait Magda vraiment heureuse, c'est qu'on était au mois de février et que l'hiver ne voulait toujours pas quitter Amsterdam. Magda aimait beaucoup l'hiver et donc elle aimait beaucoup l'idée que, même en ce début de février, il neige toujours sur la ville. Et puis ces après-midis et soirées enneigés, lui donnaient de bonnes raisons pour passer des soirées avec Martijn. Quand il ne faisait pas trop froid, ils allaient passer une soirée en ville et allaient jusqu'au Rijksmuseum pour se moquer des touristes. Quand il faisait trop froid, Max les laissait tranquilles dans la maison et ils trainaient dans le salon devant un film ou une série accompagnés des pizzas qu'ils commandaient. Mais lors de ces soirées-là, Martijn restait rarement dormir, il préférait rentrer chez lui. Magda ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais elle n'osait pas lui faire de remarques. Elle avait peur d'avoir fait quelque chose de mal et elle avait aussi peur qu'aborder le sujet donne l'occasion à Martijn de la quitter. Alors Magda ne disait rien et le laissait partir.

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« Attend Martijn, t'es en train de nous dire que, depuis Noël, vous...

-Ils n'ont toujours pas fait crac-crac, coupa Jan en mordant dans son hamburger.

-Jan, t'as pas d'autre image encore plus ringarde ?, demanda Louis en levant les yeux au ciel.

-Qu'est-ce que tu voulais dire ? Qu'ils n'ont toujours pas rempli leur devoir conjugal ?

-Ça c'est encore plus ringard, Sam. Non, moi, je voulais simplement dire: « vous n'avez toujours pas baisé ?! ».

-Louis !, s'insurgèrent Jan et Sam d'une même voix alors que Martijn cachait sa tête dans ses mains.

-J'arrive pas à croire qu'il vient de crier ça au beau milieu d'un fast-food avec des enfants. T'as vraiment un problème.

-Moi, j'arrive pas à croire que je suis en train de parler de ça avec vous...

-On est tes meilleurs potes. Si t'en parles pas avec nous, t'en parleras avec personne. Bon, avant de continuer et qu'on se mette bien d'accord: depuis tout ce temps vous n'avez rien fait. Nada.

-A t'entendre ça fait trente ans qu'ils sont comme ça, le défendit Sam. Ça fait quoi...

-Un mois et demi qu'on est ensemble et ça ne fait que trois semaine que je compte toutes les fois où elle m'a donné de faux espoirs. Enfin vingt-trois jours pour être précis. Et Louis, on n'a pas rien fait. On a fait des trucs, mais... c'est juste que... au moment de... enfin, vous voyez ? J'espère que vous voyez parce que je crois que la dame de la table d'en face nous entend et  elle me regarde. Ça me gêne un peu.

-Bonjour madame !, fit Louis en faisant un petit signe de la main.

-Ta gueule, souffla Jan. Excusez-le madame.

-Je disais donc qu'au moment d'aller un peu plus loin, elle me demande d'arrêter.

-Et tu fais quoi ?

-Bah je m'arrête. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je vais pas la forcer.

-Et tu restes ?

-La plupart de temps je me débrouille pour rentrer chez moi parce...

-Non, mais tu restes en couple avec elle ?

-Je suis bien avec elle. J'ai pas envie de partir, moi.

-Louis, y a que toi qui reste avec une fille juste pour le sexe, soupira Jan. Tu la revois quand ?

-Déjà, non, y a pas que moi. Et je dis ça parce qu'il me parle d'elle depuis le premier jour où il l'a vue. Donc j'imagine qu'il en a envie depuis longtemps. Et lui faire croire que oui et puis en fait non, je trouve que c'est pas cool de la part de Magda.

-On se revoit demain, répondit Martijn en ignorant Louis. Et vendredi aussi.

-Pourquoi tu lui demandes pas directement ?, demanda Sam en prenant un nuggets dans la boite de Louis. Je veux dire, la prochaine fois qu'elle te refait ça, tu lui demandes le problème.

-Parce que tu crois qu'elle va me répondre ? Moi, je pense pas.

-Bah t'en sais rien, tant que tu lui demandes pas.

-C'est pas faux ce qu'il dit, l'asiat'. Par contre, s'il pouvait aussi éviter de manger mes nuggets, ça serait parfait. Et j'insiste sur « mes nuggets».

-J'ai faim.

-Bah vas t'en acheter.

-Vous pensez vraiment que je dois faire ça ?

-Moi, je te l'ai dit, je trouve que Magda est un peu compliquée comme fille. Sympa mais compliquée. Alors tu fais comme tu le sens, je veux pas avoir ta peine de coeur sur la conscience.

-Merci Louis. Ça m'aide beaucoup, soupira Martijn en prenant à son tour un nuggets dans la boite de son meilleur ami.

-Lui, tu lui dis rien, souligna Sam.

-Non, lui il a des circonstances atténuantes actuellement.

-Je vais peut-être pas parler à Magda si je peux te piquer ta bouffe, dit Martijn en reprenant un nuggets.

-Ouais, enfin calme-toi un peu, quand même. »

X+X+X+X+X

    Martijn lâcha un long soupir de fatigue en ébouriffant ses cheveux. C'était vendredi et, avec Magda, ils avaient décidé de regarder Sense8. Enfin, Martijn avait décidé Sense8 parce que Magda n'était pas très fan de la science-fiction. Ils avaient commandé à manger et s'étaient installés dans la chambre de la jeune étudiante. A la fin de l'épisode, Martijn avait commencé à l'embrasser et à la déshabiller. Magda n'avait rien dit et s'était laissée faire. Et cette fois-ci, comme les autres fois, elle avait demandé à Martijn de s'arrêter.

« Magda, c'est quoi le souci ? Je veux bien être patient et tout ça, mais... Mais je voudrais qu'on aille plus loin et à chaque fois c'est pareil: tu arrêtes tout sans explication. Mais ce soir, je veux des explications. C'est quoi le souci ?

-Y a pas de soucis, répondit Magda toujours dos à Martijn.

-Magda, arrête s'il te plait. Ne me mens pas. C'est quoi le problème ? Je ne partirai pas tant que je n'aurai pas de réponse.

-C'est moi le problème. Ça te va ?

-Non. Non, ça ne me vas pas du tout. Pourquoi tu dis ça ? »

    Tout en disant cela, Martijn avait approché sa main du corps de Magda. Il voulait la pousser à se retourner vers lui. Il voulait qu'elle le regarde. Mais au simple frôlement de leurs peaux, le corps de Magda se contracta.

« Magda, est-ce que tu es vierge ?

-Non.

-Tu peux me le dire. C'est pas grave si c'est le cas. On n'en a jamais parlé et...

-Je ne suis pas vierge, Martijn.

-Alors qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu vas t'énerver. Je ne veux pas que tu t'énerves.

-Mais non, je ne vais pas m'énerver. Je te le promets. Explique-moi.

-C'est pas arrivé souvent..., murmura Magda. »

    Martijn remarqua que les épaules de la jeune femme étaient secouées de petits tremblements. Elle pleurait. Martijn voulait la prendre dans ses bras pour arrêter ses larmes mais il sentait qu'il ne devait pas l'interrompre parce que ce que s'apprêtait à lui dire Magda était grave. Il avait peur d'avoir compris.

« Et il... Enfin je..., reprit-elle après quelques minutes de silence.

-Magda, est-ce qu'il t'a obligée à coucher avec lui ? »

    La jeune femme ne répondit pas mais les tremblements de ses épaules redoublèrent. Martijn ne savait pas quoi dire, il ne savait pas comment réagir à ce qu'elle venait de lui confier.

« C'est pas arrivé souvent, répéta Magda en larmes. C'est juste que... il disait que je... que je le lui devais... que pour tout ce qu'il faisait pour moi... c'était pas grand-chose... Il disait aussi que si je... je n'acceptais pas... il finirait par aller ailleurs et... moi, je l'aimais... je ne voulais pas le perdre. »

    A la fin de sa petite tirade, entrecoupée de sanglot, les pleurs de Magda reprirent de plus belle.

« Regarde-moi, Magda. »

    Martijn tira doucement sur l'épaule de la jeune femme pour qu'elle se retourne vers lui et qu'il puisse la prendre dans ses bras ; parce qu'à ce moment-là, il ne savait pas quoi faire d'autre.

« Il n'était pas toujours comme ça, tu sais... Il était gentil la plupart du temps.

-Qui d'autre est au courant de ça ?

-Personne. Juste toi.

-Viens, dit Martijn en ouvrant ses bras. »

    Magda alla se réfugier dans les bras de Martijn et cessa de retenir ses sanglots. Elle se laissa aller et pleurer. Elle se vidait de toutes les larmes qui n'avaient encore jamais coulées. De toutes les larmes qu'elle n'avait jamais laissées sortir. Toutes les larmes qu'elle avait réprimées pendant deux ans. Les seuls mots qui passaient ses lèvres n'étaient que des excuses. Encore et encore.

« Pleure, Magda. Pleure, murmura Martijn à son oreille. Ne t'excuse pas. Ce n'est pas de ta faute. Ce n'est pas de ta faute, je te le jure. Tu n'y es pour rien.

-Je ne veux pas que tu partes ce soir.

-Je ne pars pas. Je reste avec toi. Et s'il te plait, arrête de minimiser ce que ce salaud t'as fait. Regarde dans quel état il t'a laissée. C'est de sa faute à lui, Magda. Pas de la tienne. Ce n'est pas de ta faute. »

    Magda se blottit encore plus contre Martijn et continua de pleurer alors que Martijn resserrait son étreinte. Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que Magda s'endorme fatiguée de ses pleurs.

X+X+X+X+X

    Magdalena ouvrit doucement les yeux. Elle grogna, elle se sentait agressée par la lumière du soleil. Elle se tourna dans son lit pour essayer de se rendormir mais sans succès. Elle décida alors de se lever et de retrouver Martijn qui devait déjà être à l'étage s'il n'était pas ici. Elle l'espérait. Elle espérait qu'il n'était pas parti. Elle attrapa son short qui trainait par terre puis aperçu le sweat rouge de Martijn posé sur la chaise de son bureau. Il n'était pas parti. Magda enfila ce sweat qui lui arrivait à mi-cuisse et se dirigea vers l'escalier.

    Au rez-de-chaussée, elle trouva Martijn assis à la table de la cuisine. Il était plongé dans la lecture d'un article de journal, une tasse encore fumante à côté de lui.

« Hey..., murmura Magdalena en passant ses bras autour de ses épaules. Tu lis quoi ?

-Salut. Un article sur les prochaines élections. Sarah nous a pris la tête parce qu'elle trouve qu'on ne s'y intéresse pas assez...

-Et tu lis ça dès le matin ?

-Je m'occupais en t'attendant.

-T'aurais dû me réveiller.

-T'avais besoin de dormir: tu t'es endormie tard dans la nuit. Et puis Max m'a servi un café et tout le petit déjeuner qui va avec pour patienter, ajouta-t-il en désignant son assiette vide.

-Elle est où Max, d'ailleurs ?

-Elle m'a dit qu'elle donnait des cours de soutien le samedi matin. Elle a précisé qu'elle ne mangeait pas ici ce midi, que si on voulait rester déjeuner, y avait tout ce qu'il fallait dans le frigo ; et qu'elle serait de retour à dix-huit heures, récita Martijn.

-Mais il est quelle heure ?

-Onze heures et demies.

-C'est pour ça que j'ai faim, rit Magda.

-Installe-toi, je vais te faire un café.

-Non, bouge pas. Je me débrouille.

-Magda. Assis-toi. Je m'en occupe. »

    Devant l'air extrêmement sérieux de Martijn, Magda obéit et s'assit à la place que le jeune homme libérait. Devant elle, Martijn s'activait, il sortit une tasse qu'il remplit de café avant de la mettre à chauffer, puis il ouvrit le tiroir sous la gazinière pour prendre une casserole   ; il entreprit alors de cuisiner des œufs de brouillés à Magda.

« T'es sûr pour les œufs ?

-Tu m'as dit que t'aimais bien ça, le matin.

-Oui, c'est vrai. C'est vrai, mais...

-Tu doutes de mes talents culinaires ?

-Bah disons que ta dernière démonstration n'a pas été très convaincante.

-Non, mais les cookies, c'est de l'histoire ancienne. Je sais pourquoi je les ai foirés.

-Ah ouais ?, s'enquit Magda dans un sourire

-Ouais, répondit Martijn en s'appuyant contre le plan de travail, une spatule à la main. J'ai étudié le truc, parce que c'était pas normal quand même. J'avais tout lu et fait tout comme ce qu'ils disaient. Donc j'ai repris la recette et en fait, je me suis planté dans les doses de vanille. Y avait écrit dix millilitres et j'ai mis dix centilitres. Du coup y avait un peu trop de vanille. D'où le goût dégueu. Et, oui, je sais. Tu m'avais dit que tu trouvais que c'était beaucoup, mais à ce moment-là, je te jure que j'étais sûr de moi.

-T'as juste des problèmes de lecture en fait, rit Magda.

-Roooh ça va, hein, lui répondit Martijn en lui jetant le torchon. Arrête de rire, c'est pas drôle.

-Toi aussi, tu rigoles, fit remarquer Magda. Et Marty ?

-Yep ?

-Je crois que tes œufs crament...

-Putain ! Merde ! »

    Martijn reporta brutalement son attention sur ce qu'il cuisinait.

« Je crois que c'est mort pour ceux-là..., soupira-t-il.

-Non, mais laisse tomber, je vais prendre de la brioche. C'est très bien la brioche, tu sais.

-Non. Je vais réussir à te faire deux œufs brouillés. Je suis pas complètement débile, non plus. »

    Martijn ressortit deux oeufs du frigo et les cassa de nouveau dans la casserole. Il versa le lait et rajouta un peu de beurre et de poivre. Il restait très attentif à ce qu'il faisait. De sa place, Magda portait un regard bienveillant sur lui et attendit qu'il ait fini pour lui parler.

« Tahdah !, s'exclama Martijn en poussant vers Magda une assiette pleine. Normalement là, c'est bon. Normalement...

-Merci, Marty. »

    Martijn s'assit sur la chaise face à Magda et la regarda manger ses œufs en guettant sa réaction.

« Je t'accorde que ta deuxième démonstration culinaire est beaucoup plus convaincante que la première. Ils sont très bons.

-Ah ! Super !

-Tu dois rentrer à quelle heure chez toi ?, demanda Magda en avalant une deuxième bouché.

-J'ai pas d'heure. Ma mère est au boulot et mon père m'a dit qu'il allait au restaurant avec ma sœur, et comme je crois qu'il veut lui parler de ses résultats à la fac, je ne me sens pas obligé de rentrer de suite, de suite.

-Ils sont pas terribles ses résultats ?

-Elle a mélangé les définitions de fac et vacances. Donc forcément c'est pas top, et ça exaspère mes parents.

-Heureusement qu'ils ont un fils modèle, alors.

-Oui, je trouve aussi, rit Martijn en piquant la fourchette de Magda. C'est vrai qu'ils sont bons mes œufs. Et il est où ton café ?

-Tu l'as laissé dans le micro-onde, rit Magda. »

    Martijn laissa échapper un juron et se leva pour aller chercher la tasse oubliée. Il rajouta du miel dans le liquide noir avant de tendre la tasse à Magdalena. Il reprit place à la table de cuisine et regarda Magda terminer son petit-déjeuner.

    Ce matin-là, Magdalena n'était pas très loquace. Quand ils prenaient un petit-déjeuner ensemble, Martijn avait pris l'habitude de faire rire Magda ; il trouvait toujours un bon moyen. Mais aujourd'hui, il sentait qu'il ne fallait pas. Il avait un drôle de sentiment face au silence de la jeune femme. C'était comme si elle n'avait pas fini son histoire ; comme si elle s'apprêtait encore à lui confier cette partie de là de sa vie. Et il ne voulait pas l'empêcher de parler en racontant n'importe quoi. Ils restèrent un long moment en silence, l'un en face de l'autre. Magda avait fini son petit déjeuner et regardait distraitement le canal qui était face à la maison. Voyant, qu'elle ne rajouterait rien ce matin, Martijn se leva.

« Je vais aller prendre un douche.

-Y des serviettes propres sous les vasques.

-Ok. A tout de suite. »

    Martijn l'embrassa avant de descendre l'escalier. Ce baiser, c'était comme pour dire « Va à ton rythme. Je t'attendrais. »


--- NDA ---

Bonjour !

Alors il est actuellement 6h du mat' et là, je pars me coucher... Du coup, je me suis dit que j'allais vous publier ça de bonne heure pour que vous ayez une bonne surprise à votre réveil. :)

Je vous souhaite un très très bon dernier dimanche d'août. Même si ce jour signifie "fin des vacances" et "fin de l'été", ne soyez pas trop nostalgique. La rentrée c'est cool aussi, plein de nouvelles têtes et de nouvelles amitiés que vous garderez peut-être toute votre vie. Vous allez voir c'est sympas tout ça ;)

Pour la suite, parce que j'imagine que vous voulez la suite, promis, elle arrive vite !

Belle journée à vous les pioupious 🐤❤️

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