Chapitre Vingt-Quatrième

    On était le 3 janvier, Clarisse, Marie et Julie devaient toutes les trois retourner sur Nantes le lendemain pour préparer la rentrée ; Garance ne repartait dans son école que la semaine suivante ; tandis que Magda ne rentrait sur Amsterdam qu'en fin de semaine, cinq jours plus tard. Les cinq amies décidèrent donc de profiter de leur dernière soirée ensemble sur la côte et avaient organisé une soirée chez Magda. Ses parents avaient été difficiles à convaincre mais Magda leur avait dit qu'elle se sentait seule depuis le départ de ses trois frères et qu'elle avait besoin de voir du monde. Ça avait marché: ses parents avaient dit oui.

    Magda et Clarisse s'étaient installées dans le canapé du salon, chez les Valencourt, pour un après-midi série. Elles n'avaient pas bougé de tout l'après-midi et quand Julie et Marie arrivèrent, elles en étaient au milieu du septième épisode de The Young Pope. Les deux nouvelles arrivantes s'installèrent, elles aussi, dans le salon en attendant que l'épisode se termine. Au générique, Magda éteignit la télévision et les quatre filles se dirigèrent dans la cuisine pour préparer leur dîner en attendant Garance. Pour Magda, préparer le dîner, consistait a être assise sur le comptoir de la cuisine, téléphone à la main, à regarder ses amies cuisiner pour elles.

« Ça va Magda ?, demanda Clarisse. C'est pas trop dure la vie ?

-Bah écoute... Ça va, ça va.

-Et vous, vous ne dîtes rien ? Ça fait une heure qu'elle est sur son téléphone alors qu'on est là, à se plier en quatre pour un dîner qui vaut le coup, et vous vous ne dites rien ?

-Ce soir, Martijn rentre du ski.

-Et ? Il doit être dans l'avion là, non ? Donc il peut pas lui répondre. Zéro excuse.

-Elle vérifie où est l'avion.

-Marie ! Arrête, elle va se foutre de ma gueule toute la soirée... Et vous êtes pas obligées de parler de moi comme si je n'étais pas là.

-Comment tu fais pour suivre son avion ?

-Elle a téléchargé l'application.

-Julie !

-Parce qu'il y a une application pour ça ?

-Y a une application pour tout, rit Julie en mettant les petites pizzas qu'elles avaient faites dans le four. »

    Magda lui tira la langue et descendit de son perchoir: la sonnette venait de retentir. Il s'agissait de Garance qui arrivait pile à l'heure, comme à son habitude.

« Et j'ai ramené des gâteaux !, s'exclama Garance en secouant une boîte en plastique sous le nez de Magda.

-Garance, je t'aime.

-T'es tellement achetable, rit Garance. Ça sent super bon, ici ! Vous avez prévu quoi ?

-Marie a prévu des pizzas, elles sont au four, là.

-Super ! »

    Garance et Magda allèrent alors rejoindre les trois autres filles dans la cuisine.

« Il est arrivé ton petit Marty ?

-Ju'... T'es un peu lourde là...

-T'avais qu'à nous dire tout de suite que t'étais avec lui et on t'embêterait pas autant maintenant. T'as attendu le 31 pour nous le dire ! Et encore... Je suis sûre que si Bastien n'avait pas fait de remarque sur ta bonne humeur tu ne nous aurais rien dit !

-Elle va pas s'en remettre.

-Je savais pas à laquelle de vous le dire en premier. Alors j'ai préféré attendre qu'on soit toutes les cinq.

-Bah t'aurais dû organiser une soirée chez toi, pour nous le dire !

-Avec mes trois frères à la maison ? T'en as d'autres des idées pourries comme ça ?

-Je vois pas pourquoi tu veux jamais faire des soirées ici quand y a tes frères ? On les connait et ils sont plutôt cool.

-Quand y a que Prim' ou Baptiste ça irait, mais quand y a Charlie... Il serait tellement relou...

-Il est drôle Charlie. Enfin, je trouve qu'il est drôle, Charlie.

-Ah oui, j'ai oublié de vous dire que Marie a un faible pour mon frère.

-Mais non !, se défendit Marie en cachant son visage dans ses mains ce qui fit rire les quatre autres. »

    Marie échappa à d'autres remarques car le minuteur du four retentit dans la cuisine.

« On se met dans la salle à manger ?

-Où on peut aller au troisième, direct. J'ai tout rangé et j'ai mis des matelas sur le sol pour qu'on dorme ensemble.

-Magda, t'es trop parfaite, fit Garance en attrapant le saladier de bonbon qui trainait sur la table de cuisine. On va être trop bien là-haut ! J'adore ta maison, je te l'ai déjà dit ?

-Je crois que tu le dis à chaque fois que tu viens, sourit Magda en suivant son amie dans les escaliers. »

X+X+X+X+X

    Marie remontait les marches de l'escalier en colimaçon avec beaucoup de prudence pour ne pas renverser une seule goute de son verre. Elle avait dû trop manger ou manger trop vite parce qu'elle se sentait un peu barbouillée, elle était donc descendue à la cuisine prendre un médicament. Quand elle arriva enfin en haut de l'escalier, au dernier étage de la maison, elle remarqua que le visage de Magda était illuminé d'une lumière bleue. Sans bruit, Marie se réinstalla, sur le matelas, à côté de son amie.

« Il est bien rentré ? »

    Elle aperçut un sourire se dessiner sur le visage de Magda et cette dernière approuva de la tête.

« Tu vois, je t'avais dit qu'il se passerait un truc avant Noël, sourit Marie.

-Je tiens à préciser que c'est lui qui m'a embrassée.

-Enfin t'as pas dit non, rit doucement Marie pour ne pas réveiller les trois autres qui dormaient. Et Magda, je peux t'avouer un truc ?

-Vas-y.

-Je le préfère à Augustin. J'avais peur que tu retombes sur un... un mec comme lui. Mais je pense que Martijn est très loin d'Augustin. Ça a l'air d'être un mec bien.

-Je pense aussi, sourit Magda. Mais je suis pas amoureuse de lui, ok ?

-Ah bon ?, sourit Marie.

-Peut-être un jour. Mais, là, non.

-Il te manque ?

-Oui. J'ai envie de le voir. J'ai envie de lui raconter ma vie ici.

-Tu le fais pas déjà ?

-Si, mais je veux le voir sourire quand je lui raconte. J'ai envie de prendre mon petit-déjeuner avec lui et qu'il me mette de bonne humeur pour toute la journée. J'ai envie de passer ma soirée avec lui et qu'on se ballade jusqu'au Rijksmuseum, qu'on y passe la soirée en se fichant des touristes perdus jusqu'à ce qu'il fasse trop froid pour rester dehors. Je... Ouais, il me manque. Beaucoup.

-Mais à part ça, t'es pas amoureuse, murmura Garance qui visiblement écoutait tout ce que se disait les filles.

-Tu dors pas toi ?

-Vous m'avez réveillée, continua Garance les yeux toujours fermés. Continuez. Je vous écoute.

-Et du coup t'as dormi chez lui le vingt-quatre..., repris Marie.

-Chez lui ou avec lui ?, coupa Garance en riant.

-Tu veux pas te rendormir ?, grogna gentiment Magda. Avec. Mais je vous arrête: il ne s'est rien passé.

-Quoi ? Pourquoi ? Marie, il est moche ?

-Non, on peut pas dire qu'il soit moche, non. C'est pas le terme.

-Bah alors Magda ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez vingt ans, faut profiter un peu.

-Je... Je le sentais pas de le faire, c'est tout.

-Et il a rien dit ?

-Non. Enfin, je pense qu'il était un peu...

-Frustré ?

-Déçu, corrigea Magda. Mais il a rien dit. On est juste restés à parler un peu ; et s'embrasser beaucoup.

-Marie a raison.

-Je sais pas sur quoi, mais je suis d'accord avec Garance.

-Sur le fait que Martijn est très loin d'Augustin. Je pense pas que Gus faisait ce genre de truc. Rester avec toi à discuter toute la nuit, j'ai toujours trouvé que vous discutiez pas beaucoup. Enfin je sais pas, mais je pense pas. Il avait pas l'air d'être le genre de personne à se poser pour parler. Il était plutôt du genre: « Hé ! On va faire ça. » et t'avais pas trop le choix. Vous vous souvenez du weekend qu'on avait organisé tous ensemble à Paris ? Il avait tout géré et on avait pas eu grand chose à dire... Après, il était cool ce weekend mais bon... Vous voyez ce que je veux dire ? »

    Garance sentit alors un petit coup de pied sur son épaule. Elle se retourna vers Marie qui la regardait avec de gros yeux.

« Je vais me coucher, moi. Je m'endors, fit Magda en éteignant son téléphone. A demain les filles. »

    Magda se coucha sur le matelas et rabattit la couette sur ses épaules. Alors qu'elle sentait le sommeil arriver, elle entendit la voix de Marie.

« T'étais vraiment obligée de lui dire ça ? Sérieux. Parfois tu devrais vraiment garder tes réflexions pour toi. Je te jure. »

X+X+X+X+X

     Magda ralluma son téléphone dès qu'elle eut un pied posé sur le sol hollandais. Martijn lui avait dit dans la matinée, qu'il essayerait d'être là à son arrivée mais il n'était pas certain de pouvoir se libérer.

De DIEU:

Je suis désolé, Louis va rentrer plus tard que prévu de Groningen. Du coup, je peux pas venir. Et ma mère veut qu'on passe la soirée en famille.

Je suis vraiment désolé...

De MAGDA:

C'est pas très grave :) Je vais prendre un taxi et passer la soirée avec Max.

Par contre je vois pas le rapport avec Louis et toi à l'aéroport

De DIEU:

C'est pas aussi bien qu'une soirée avec moi :p

Je peux pas venir à pied jusqu'à l'aéroport...

De MAGDA:

Effectivement, c'est pas aussi bien. Mais je vais faire avec ;)

Tu peux pas prendre la voiture de tes parents ?

De DIEU:

Je pourrais. Si j'avais mon permis. Mais j'ai pas mon permis...

De MAGDA:

Pourquoi tu le passes pas ?

De DIEU:

Je le passe. C'est le monsieur qui veut pas me le donner à la fin.

De MAGDA:

Tu lui a demandé combien de fois au monsieur ?

De DIEU:

Quatre fois.

Peut être cinq...

De MAGDA:

Quatre ou cinq ?

De DIEU:

Cinq.

Mais je conduis bien ! C'est juste que je suis stressé quand le mec est à côté et je panique. Du coup je sais même plus comment on démarre la voiture.

Tu veux qu'on se voit demain midi ?

De MAGDA:

Oui :)

Mais je croyais que le lundi tu mangeais avec ton père...

De DIEU:

Je vais essayer de m'arranger ;D

Je te rappelle après le dîner, ma mère vient de m'appeler

De MAGDA:

D'acc :)

X+X+X+X+X

    A l'appel de sa mère, Martijn était rapidement descendu de sa chambre pour aller s'installer à la table familiale. Comme à son habitude, il s'assit face à son père. Sa mère remplit toutes les assiettes de la famille et le repas commença dans la bonne humeur. Martijn ne disait rien, il attendait le bon moment pour pouvoir parler à son père.

« Tout va bien Marty ?

-Oui, oui. C'est juste que... Pa ?

-Oui ?

-Est-ce que tu penses qu'on pourrait reporter notre déjeuner de demain ? »

    Gregor posa ses couverts et regarda son fils.

« C'est la première fois que tu me demandes ça. Qu'est-ce qui se passe ?

-C'est juste que j'ai une amie qui est rentrée à Amsterdam et on s'est pas vu depuis deux semaines et on voulait manger ensemble demain.

-Et vous pouvez peut-être manger ensemble mardi ?

-Ou nous, on peut manger ensemble mardi ?, tenta Martijn en jetant un regard vers sa sœur qui se retenait de rire.

-C'est qui cette amie ?, demanda Anouk. On la connait ?

-Euh... C'est Magda.

-Magda ?

-La fille dont je vous ai un peu parlée pendant les vacances.

-Magdalena ?

-Ouais c'est ça, sourit Martijn content que ses parents se souviennent d'elle.

-Donc tu abandonnes ton vieux père pour aller avec ton amie.

-Mais je suis là ce soir, alors qu'elle est déjà rentrée, souligna Martijn.

-Ça, c'est juste parce que Louis doit toujours être chez ses parents. »

    Martijn ne répondit pas à sa sœur et continua de regarder ses parents.

« Ne me regarde pas comme ça, Marty, sourit Anouk. Ce n'est pas avec moi que tu déjeunes.

-Pa ?

-On mange ensemble mercredi à la place si tu veux.

-Merci. »

    Gregor regarda son fils qui avait un immense sourire sur le visage. Il ne savait pas qui était cette Magda mais visiblement, la simple idée de la voir rendait Martijn très heureux.

    Une fois le repas terminé, Martijn aida sa mère à débarrasser la table. Alors qu'il rangeait les dernières assiettes dans le lave-vaisselle, sa mère qui terminait de laver la dernière casserole pris la parole:

« C'est qui cette Magdalena ?

-Je vous ai dit, c'est la fille dont je vous ai parlé.

-Tu nous as parlé d'elle sans vraiment nous dire qui elle était.

-Ah... Bah, c'est une française qui fait un Erasmus à l'université d'Amsterdam. Elle est étudiante  en psychologie. Tu sais, c'est avec elle que je suis allé au gala de Noël. Et puis... bah, on s'entend bien, quoi.

-On s'entend bien ?, répéta Anouk en se tournant vers son fils.

-Ouais. Je l'apprécie vraiment beaucoup. J'aime bien passer du temps avec elle, on parle de tout, on rit beaucoup mais en même temps on peut parler de trucs très sérieux aussi. Elle me fait découvrir plein de trucs. Genre des auteurs que je ne connaissais même pas, tu sais ? Elle regarde des séries que je lui conseille ou des BD que je lui passe alors que je suis à peu près sûr que c'est pas ce qu'elle regarde ou ce qu'elle lit d'habitude. Tu vois ce que je veux te dire ? Et puis elle... enfin je... Je me sens bien avec elle.

-Marty, est-ce que c'est ta nouvelle petite-amie ?

-Euh... Oui...

-Et elle vaut le coup d'annuler un déjeuner avec ton père ?

-Reporter un repas, mam. Reporter. Mais sinon, oui. Oui, je pense qu'elle vaut le coup. »

    Anouk sourit à son fils en passant sa main dans ses cheveux.

« Mam ! Arrête !, se plaignit Martijn en remettant ses cheveux en place. J'aime pas qu'on touche mes cheveux.

-Tu ne disais rien quand tu étais petit.

-Ouais, bah c'est fini. Je suis plus petit. Bon, je fais me coucher. A demain, mam. »

    Martijn colla un bisou sur la joue de sa mère et monta dans sa chambre. Sur le chemin, il envoya un message à Magdalena.

De MARTIJN:

C'est réglé pour demain midi :)

Je passe te chercher à la fac ? Tu finis à midi trente ?

--- NDA ---

Coucou les pioupious (il est trop ridicule ce surnom, je l'adore)

Bon alors... Merci ! Plus de 1000 vues j'arrive pas à y croire... C'est trop cool. Je suis tellement contente que la vie de Magda vous plaise... Vous n'avez même pas idée... Merci aussi pour tout vos commentaires adorables, ça me met le sourire pour toute la journée à chaque fois, alors pour ça aussi merci !!

Pour les mille vues, j'ai décidé de publier 3 chapitres cette semaine: y en aura un en plus dimanche. C'est pas génial, ça ? Ne me remerciez pas, c'est normal :p

On commence à parler un peu plus d'Augustin dans ce chapitre... Des théories sur la personnalité de cet odieux personnage ? Dîtes moi tout :)

Et ! J'ai pas trouvé de titre qui me plaise pour ce chapitre, alors si vous avez une meilleure idée, et je suis sûre que vous en avez, partagez-la ! :)

Encore merci les pioupious et à vendredi !!

Uthopie, qui vous aime gros comme ça.