Chapitre 12 - Deuxième Café

Chapitre Douzième

« J'y vais !, cria Martijn à la cantonade en enfilant ses baskets grises dans l'entrée de la maison familiale.

-Tu vois, je savais que sortir c'était une bonne idée pour t'inspirer, fit Suzanne qui était assise dans les escaliers. Sache que j'ai toujours de bonnes idées.

-Je dirais plutôt que parfois, il t'arrive d'avoir des idées qui sont moins pires que les autres. Tu diras à mam que je mange avec les gars ce soir ?

-Tu sors ? Un jeudi soir ?

-Je suis un peu fou dans ma tête, tu vois.

-Mais t'as pas du boulot ? Et puis t'es pas cool parce que moi, j'ai pas le droit de sortir ce soir...

-T'inquiète pas pour mon boulot, demain c'est les vacances, je pense que je vais assez bien m'en sortir si je prends du retard. Et si t'avais pas déconné la semaine dernière, t'aurais pu sortir ce soir. Tu diras à mam ?

-Ouais, ouais...

-Cool. Allez, bonne soirée, mongole. »

Et Martijn claqua la porte d'entrée. Vingt minutes plus tard, il était de retour dans le même café que la semaine précédente. Il ne savait pas si Magdalena serait là. Il l'espérait. Il avait envie de la voire, aussi irrationnel que cela pouvait paraître. Pourtant ils n'avaient pas échangé de messages depuis le weekend dernier. Martijn savait qu'il avait été un peu étrange quand il avait abordé la jeune française, et il ne voulait pas paraître encore plus étrange ; donc il n'avait pas renvoyé de message à Magdalena de toute la semaine. Il en avait bien écrit mais il ne les avait pas envoyé. Quand il arriva à destination, Martijn alla commander deux cafés pour commencer. Sait-on jamais. Peut-être que Magda était effectivement là. Il monta au troisième étage sans hésiter, une fois les deux tasses en main, et regarda immédiatement si Magdalena était à la même place que la semaine dernière. Elle y était. Martijn sourit sans savoir pourquoi et se dirigea vers la table.

« Salut ! »

Surprise, Magdalena releva la tête vers lui, elle avait le même air assez sérieux que la première fois qu'il l'avait vue.

« Je t'avais pas reconnu sans ta capuche, sourit-elle enfin à Martijn. Tu vas bien ?

-Super. J'espère que t'as plus de café, parce que je t'en ai pris un, fit Martijn en lui tendant une tasse fumante.

-Oh... Merci, c'est gentil. T'as quelque chose à me demander ?

-Non, pas cette semaine. A la place, je t'ai apporté un truc, dit Martijn en cherchant quelque chose dans son sac à dos. Tiens. »

Magda attrapa l'enveloppe qui lui tendait le jeune homme tout sourire. En l'ouvrant, elle y découvrit un dessin.

« C'est ce que j'ai fait la semaine dernière, expliqua-t-il.

-Je ressemble pas à ça quand je travail, si ?

-Bah si. Enfin, je crois... La tête penchée, les sourcils légèrement froncés, le crayon sur le bout du nez. Y a tout. Mais pourquoi ? T'aimes pas ?

-Si ! Si, si. Il est très beau !, le rassura Magda. Mais je ne me voyais pas comme ça, c'est tout.

-S'il te plait, tu peux le garder. Je te l'offre, sourit Martijn.

-C'est vrai ? Merci ! Merci beaucoup.

-Tu fais quoi là ?

-Je bosse, tranquillement. Je veux pas trop ramener de travail chez moi pour les vacances.

-Tu rentres en France ?

-Oui, je prends l'avion samedi après-midi.

-T'as l'air super heureuse de rentrer, ça fait peur.

-Bah je vais passer deux semaines chez mes parents alors qu'ils travaillent. Et mes frères ne seront là que pour mes trois derniers jours... Du coup, on va dire que j'ai un peu peur de... de m'emmerder.

-Arrête, c'est les vacances. Tu peux pas t'emmerder ! Tu peux déjà t'occuper une semaine avec un marathon série. Tu vas voir tes amis, tu vas retrouver tes parents, tes grands-parents, tes frères. Je suis sûr que ça va être génial.

-T'es toujours aussi optimiste ?

-Toujours, sourit Martijn. Et pour ton marathon série je te conseille Shooter. C'est tiré du film et c'est génial.

-Tu me conseil carrément.

-J'ai trouvé personne pour parler de cette série, avec moi.

-Ah ok. En fait t'as demandé à tous tes potes et ils ont tous dit que c'était nul.

-Ils ont pas dit que c'était nul !, se défendit Martijn.

-Je regarderais, promis Magda. Mais ça va m'occuper deux semaines ça ?

-Non. Mais tu peux compléter avec Dexter ou American Horror Story.

-Ohla ! Ça se voit que tu connais pas la maison de mes parents: une grande et vieille maison en pierre où toute les portes couinent, et le vent qui se fracasse contre les volets. Jamais de ma vie je regarde des trucs comme ça toute seule. Je crois même que jamais de ma vie je regarde ça tout court, en fait.

-Bon bah à la limite comme tu vas retrouver tes amis là-bas, tu vas aussi faire des soirées.

-J'ai l'impression que t'as plus envie d'aller chez moi que moi. Tu veux venir ? »

Martijn leva ses sourcils de surprise face à la proposition de Magdalena. Il finit par rire et se laissa tomber dans le fond de sa chaise.

« Désolé, mais je suis pas le genre de mec à partir en vacances avec de parfaites inconnues. Et puis personnellement, j'ai plein de trucs de prévus.

-Tant pis.

-De toute façon, je pense pas que ton copain aurait été pour.

-Mon copain ?

-Bah oui, ton copain, ton mec, ton amoureux, ton...

-Oui, j'ai bien compris la définition du mot. C'est gentil. Mais... J'ai pas de copain.

-Tu peux me le dire, tu sais ? Je vous ai vus lundi.

-Lundi ? Mais de quoi tu me parles ?

-Bah j'ai été à la pizzeria avec mon père et t'y étais aussi, avec une fille assez jolie et ton copain.

-Ah Niels ! Mais c'est pas mon copain, c'est juste un ami.

-Qui t'appelle « chérie » ?

-En vrai, tu m'espionnes quoi, rit Magda. Mais c'est juste un ami qui devait manger avec sa cousine et comme il voulait pas y aller seul j'ai accepté de l'accompagner. Et il a fait croire à sa cousine que j'étais sa copine.

-Bien sûr, oui.

-Mais c'est vrai !

-Tu sais quoi ? Si tu t'ennuies trop pendant tes vacances tu peux toujours écrire un roman, fit Martijn en riant.

-Mais arrête je te jure que c'est vrai. »

Martijn et Magda continuèrent de discuter pendant encore un long moment. Au fil de la discussion, Martijn apprenait à connaitre Magdalena. Il se surprit à remarquer que tout était assez naturel avec elle, ils se racontaient des bouts de leur vie sans que cela paraisse étrange ou quoi que ce soit d'autre. Non, tout était juste normal. Ce qui les coupa dans leur discussion ce fut un message sur le portable de Martijn.

De LOUIS:
Ça fait vingt minutes qu'on t'attend. Tu fous quoi ?

« T'es attendu ?, demanda Magda.

-Je dois rejoindre des amis au fast-food pour dîner.

-Ah ok. Et tu dois y être pour quelle heure ?

-Y a vingt minutes.

-Ah merde... Je t'ai mis en retard...

-Non, non. T'inquiètes. Tu ne pouvais pas savoir et j'ai pas tellement vu l'heure passer, justifia Martijn en se levant. J'aimerais te dire qu'on se revoit la semaine prochaine, mais bon...

-C'est pas grave, sourit Magda. On se revoit la semaine de la rentrée.

-Ça marche. Et bien, je te dis, à bientôt, Magdalena. »

Martijn passa ses bras dans les anses de son sac à dos et parti vers les escaliers pour quitter la mezzanine. Alors qu'il s'apprêtait à emprunter la première marche, Martijn se retourna une dernière fois sur Magdalena. La jeune femme était en train de rassembler ses affaires sûrement pour rentrer chez elle. Martijn fit alors demi-tour et retourna à la table à laquelle ils venaient de passer quelques heures.

« Est-ce que, à défaut de passer des vacances avec moi, tu passerais un dîner avec moi et mes potes ?

-Euh... Ouais. Pourquoi pas.

-Super !, s'exclama Martijn avec un sourire encore plus grand qu'à l'habitude.»

X+X+X+X+X

« Martijn, je te jure que je peux rentrer toute seule, assura Magda en enfilant son manteau.

-Et moi, je te jure qu'on peut te raccompagner jusqu'à chez toi. Il est tard, ça ne nous dérange pas, et je préfère.

-Mais je vous promets que c'est pas nécessaire.

-Ça ne nous dérange vraiment pas, Magda, affirma Louis après avoir reçu un coup de coude de Martijn.

-Mais...

-Magda, s'il te plait dis oui. Il ne lâchera pas l'affaire, ajouta Jan.

-Je vais pas vous imposer à vous quatre de m'accompagner jusqu'à chez moi. J'en ai pour dix minutes d'ici. A peine.

-Et bah si le problème c'est nous quatre. Moi, je te raccompagne, fit Martijn en se levant à son tour. »

Magda regarda Martijn en secouant la tête. Elle n'ajouta rien, voyant que ça ne servait pas à grand-chose, et alla saluer les trois autres garçons avec qui elle avait passé la soirée avant de rejoindre Martijn à l'extérieur du fast-food. Elle commença à marcher sans vérifier que le garçon la suivait.

« Mais attend-moi !

-Je vois pas pourquoi t'étais aussi insistant. Tu ne me dois rien.

-Tu me fais pas la gueule parce que je suis gentil quand même ?

-Non, mais Martijn, je suis une grande fille et j'ai besoin de personne.

-C'est pas parce que t'es une grande fille que t'as besoin de personne, fit remarquer Martijn avant de reprendre la parole plusieurs secondes plus tard. Ma sœur a aussi dit ça à ses amis après une soirée et elle s'est faite abordée par des mecs dans une rue moins fréquentée que les autres. Elle a eu de la chance: un groupe est arrivé dans cette rue quasi au même moment et il ne lui ait rien arrivée. Mais elle a eu peur et... enfin voilà quoi.

-Je savais pas...

-Dieu merci, tu ne connais pas tout de moi, fit Martijn en retrouvant son traditionnel sourire. C'est pour ça que je voulais pas te laisser rentrer toute seule.

-Je comprends, répondit Magda en enfonçant ses mains dans ses poches. Désolée...

-C'est pas grave. »

Après cette confidence de Martijn, Magda n'osa plus dire quoi que ce soit. Les deux jeunes continuèrent leur chemin en silence. Dix minutes plus tard, ils arrivèrent devant les quelques marches qui menaient à la porte d'entrée de la maison de Maxima.

« C'est là, murmura Magda comme si elle craignait de briser le silence entre elle et Martijn.

-Bon... Et bah je te laisse alors...

-Ouais, je devrais m'en sortir pour aller jusqu'à ma chambre. T'inquiète pas.

-Te moques pas de moi... »

Magda regarda Martijn avec un petit sourire aux lèvres. Au final, elle devait bien avouer qu'elle trouvait assez adorable son insistance pour la ramener jusqu'à chez elle. En fait, elle le trouvait adorable tout court, avec ses cheveux bruns foncés qu'il ne cessait de remettre en place en passant ses doigts dedans. Magda avait remarqué que la mèche de cheveux qui lui barrait parfois le front ondulait légèrement et elle ne savait pas pourquoi elle trouvait ce détail particulièrement mignon. Ses yeux étaient grands, bleus et remplis de malice. Son visage était plutôt carré avec des contours bien dessinés et une peau blanche où Magda n'avait encore vu aucune imperfection, mis à part, peut-être, un tout petit grain de beauté au-dessus de sa lèvre. Et puis il y avait son sourire. Un sourire qu'il arborait en permanence. Un sourire contagieux. Un sourire naturel. Un sourire qui faisait du bien.

« Merci pour cette soirée, c'était très sympa. J'avais pas fait de soirée comme ça depuis mon arrivée à Amsterdam, donc merci.

-Même pas avec ton copain ?

-Martijn !

-Je ne vois pas pourquoi tu veux pas m'en parler.

-Je t'ai dit que c'était pas mon copain.

-Je ne te crois pas, rit-il devant la mine boudeuse de Magdalena.

-Tant pis. Allez, à bientôt Martijn, fit Magda en montant les quelques marches du perron.

-Hé ! Je peux pas avoir un bisou d'au revoir ? Les gars en ont eu, eux...

-Bonne fin de soirée Gelderman !, dit-elle en insérant ses clefs dans la serrure et en entendant Martijn rire derrière elle. »

Elle jeta un petit coup d'œil par-dessus son épaule et sourit à Martijn avant de fermer la porte d'entrée derrière elle.

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