Chapitre 10 - "La Parisienne"
Chapitre Dixième
Magda arriva essoufflée en cours ce vendredi. Elle se glissa sur la chaise à côté d'Erda en faisant le moins de bruit possible pour ne pas déranger les autres élèves qui suivaient déjà le cours.
« Salut, murmura-t-elle.
-T'es en retard !
-Ouais je sais...
-Mais Magda t'es jamais en retard, fit Erda en attrapant la trousse que lui tendait Niels.
-Merci Rika. Je sais, mais aujourd'hui, je suis en retard c'est tout. Allez, écoute le cours. »
Erda ne croyait pas son amie. Il y avait quelque chose qui n'était pas comme d'habitude dans l'attitude de Magda. Mais elle n'arrivait pas à savoir quoi. Elle chercha toute la journée, mais ce n'est que lorsqu'elle quitta Magda vers seize heures, sur le parking à vélo de l'université, qu'elle réussit à mettre un mot sur ce qu'elle cherchait.
« Tu rentres chez toi, ou tu vas aller dans ton petit café ?, demanda Erda en allumant sa cigarette.
-Il est pas petit mon café, rit Magda. Et oui, je pense que je vais y aller.
-D'acc'. Alors il vient d'où ton petit retard de ce matin ?
-J'en sais rien ! Pourquoi tu veux absolument avoir une explication ?
-T'es maquillée aujourd'hui. Et t'as une manucure toute neuve. Et tu t'es coiffée ce matin. Genre vraiment coiffée.
-Parce que d'habitude je suis pas coiffée ?
-D'habitude, on remarque que t'as trop trainé au lit et qu'il a fallu gagner du temps à un moment ou un autre.
-Je plaide coupable effectivement.
-Alors c'est pour Niels tout ça ?
-Non, j'ai bien compris ce que tu m'as dit la semaine dernière. Et puis, je pense que Niels c'était pour me rassurer sur ma capacité à plaire ? C'est prétentieux de dire ça ?
-Non, ça va, sourit Erda. Alors c'est pour qui ?
-Personne de particulier. Pour moi.
-Bien sûr. »
Erda porta sa cigarette à sa bouche sans quitter Magda du regard.
« Il s'appelle comment ?, finit par demander Erda. »
Magda évita le regard de son amie et laissa échapper un rire un peu nerveux.
« Il ne s'appelle pas.
-Allez Magda !
-Non !
-Donc y a quelqu'un, fit Erda en la pointant du doigt.
-Tu me saoule Erda !
-Mais donne son nom, au moins... S'il te plait...
-Je sais pas.
-Allez !
-Non, mais je connais pas son nom.
-Faut que t'ailles lui parler !
-Mais je lui ai parlé.
-Quoi ? Je comprends rien à ton histoire. »
Magda laissa échapper un long soupir et s'assit sur la rambarde du parc à vélo.
« Je sens que ça va être long, fit Erda en s'asseyant sur le sol face à Magda. »
Et là, Magda se mit à lui raconter sa rencontre quelque peu lunaire avec l'étudiant en art de la veille. Au fur et à mesure que l'histoire avançait les yeux d'Erda s'ouvraient de plus en plus grand, et son sourire s'élargissait, lui aussi, de plus en plus.
« Et il était beau ?
-J'ai pas regardé. De toute façon il avait sa capuche alors j'ai pas bien vu.
-Menteuse. Il était beau ?
-Oui ?, fit Magda d'une petite voix.
-Pourquoi ce genre de truc ne m'arrive pas à moi ?, fit Erda en regardant le ciel. Hein, les gars là-haut ! Ça serait sympa de penser à moi parfois.
-T'es con, rit Magda toujours juchée sur la rambarde.
-Bon, plus sérieusement. Tu l'as appelé ?
-Bah non !
-Comment ça « Bah non ». Un mec passe une après-midi à te dessiner et te laisse son numéro ; et toi, tu ne le rappel pas ?
-Pas sûr que ce soit son numéro...
-Ouais t'as raison, ça doit être celui de sa grand-mère. Non mais sérieux ! Magda !
-Mais qu'est-ce que tu veux que je lui dise ?
-Un truc genre « Salut. Je m'appelle Magdalena. Je suis française et je me sent très très seule à Amsterdam. », rit Erda. Avec des smileys, ça peut le faire.
-Mais ça va pas bien !
-Ouais t'as raison, un peu trop provocateur pour toi. Plus sérieusement, vu que t'as envie de le revoir tu vas trouver quoi lui écrire, t'inquiète pas pour ça.
-Qui t'as dit que j'avais envie de le revoir ?
-Ton maquillage et ta manucure de la veille.
-J'ai fait ça pour moi, je t'ai dit !
-Mais oui, c'est ça. Allez, passe-moi ton téléphone. Je vais me mettre à ta place et je vais trouver quoi lui écrire à ton artiste.
-J'ai pas son numéro. Je l'ai laissé sur le gobelet.
-Magdaaa ? T'as pas jeté le gobelet quand même ?
-Je l'ai laissé trainer dans la cuisine.
-Trainer ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ? Allez hop, sur ton vélo et rentre chez toi. »
Erda s'était redressée en disant cela et elle avait tiré Magda de son perchoir. Elle avait attrapé le sac à dos de la française et l'avait trainé jusqu'à son vélo.
« File ! Et je veux un rapport toute les douze heures de ton weekend. Ainsi qu'un rapport complet lundi. »
X+X+X+X+X
Magda était arrivée chez elle avec le même sourire que quand elle avait quitté Erda à l'université. Elle avait posé son sac au pied de l'escalier et avait entreprit de retrouver le gobelet en carton de la veille. Après cinq minutes de recherche, elle en avait déjà marre. La cuisine était loin d'être immense et elle ne mettait pas la main dessus ; Max descendit l'escalier au même moment et elle aperçut Magda retourner littéralement toute la cuisine.
« Tu cherches quelque chose ?
-Non, non. C'est bon.
-D'accord. Je vais regarder la télévision, si tu as besoin d'aide, fit Maxima en s'éloignant de la cuisine. Ah et Magda ça serait bien de ne pas laisser trainer tes affaires sales dans la cuisine.
-Comment ça ? Je fais attention...
-Tu as laissé une tasse en carton trainée hier. Je l'ai jeté pour cette fois, mais fait plus att...
-Vous avez quoi ?!, s'exclama Magda en se tournant vers Maxima.
-Je l'ai jeté. Il ne fallait pas ?
-Euh... Si, si. Enfin non, mais c'est pas grave. Euh... Juste comme ça, vous avez sorti les poubelles ce matin ?
-Oui.
-D'accord. C'est super. C'est pas grave.
-Tu es sûre que tout va bien Magdalena ?
-Oui, oui. Je vais allez bosser dans ma chambre. Merci Max. »
Magda attrapa son sac au pied de l'escalier et descendit dans sa chambre. Elle s'apprêtait à lancer de la musique avec son téléphone quand elle remarqua un nouveau message.
De ERDA:
J'espère que tu lui as déjà envoyé un SMS.
De MAGDA:
Ça se complique: Max a jeté le gobelet.
De ERDA:
...
De MAGDA:
Je ne ferais pas ce à quoi tu penses.
De ERDA:
Donc t'entendra plus jamais parler de lui.
C'est dommage...
De MAGDA:
J'ai fait ma manucure HIER.
De ERDA:
Et ?
Magda lança son téléphone sur son lit et étouffa un cri dans ses mains. Elle refit ensuite le trajet qu'elle venait de faire, en sens inverse. Elle alla jusqu'à la porte d'entrée le plus discrètement possible et passa la porte sans faire de bruit, comme lui avait appris Charlie pour pouvoir rentrer de soirée sans se faire repérer. Elle se retrouva à l'extérieur face à la poubelle.
« J'arrive pas à croire que je vais faire ça. »
Alors qu'elle s'apprêtait à soulever le couvercle de la poubelle, elle entendit Max l'appeler à la fenêtre de la cuisine.
« Oui ?, répondit-elle l'air de rien.
-Si tu cherches le gobelet, il est dans la poubelle pour les cartons.
-Pour les cartons, bien sûr, sourit-elle. Je... J'y vais du coup... A la poubelle à carton. »
Magda recula sans regarder derrière elle, ce qui la fit buter dans son vélo qu'elle avait seulement reposé contre les quelques marches extérieures. Elle vit Max se moquer gentiment d'elle avant de fermer la fenêtre de la cuisine.
« Mais c'est pas possible, qu'est-ce que je suis en train de faire ?, jura-t-elle. Si Charlie apprend ça, j'en entend parler jusqu'à ma mort. »
Magda souleva le couvercle de la poubelle et remercia le ciel de ne pas avoir à retourner tous les papiers présent car le fameux gobelet était là ; sur le dessus. Elle l'attrapa et retourna rapidement dans la maison. Magda traversa la pièce principale aussi vite qu'elle le put avant de redescendre dans la chambre. Son téléphone ne cessait de vibrer sur son lit, sur l'écran verrouillé elle pouvait compter dix messages d'Erda ; le dernier étant:
De ERDA:
La seule excuse valable pour avoir arrêté de m'écrire et que tu as retourné toutes les poubelles d'Amsterdam.
De MAGDA:
Alors j'ai juste été à celle de la maison. Mais je crois que j'ai eu la honte de ma vie quand Max m'a vue.
De ERDA:
J'aurai payé cher pour voir ça. Très cher.
De MAGDA:
Je crois que je pourrais payer tout aussi cher pour oublier ce moment.
De ERDA:
Tu me fais tellement rire. Merci Magda.
De MAGDA:
Je t'en prie ?
De ERDA:
Bon aller, oublie moi et écris lui !!
De MAGDA:
Non mais je peux pas faire ça Erda. J'ai jamais fait ça !!
De ERDA:
Bien sûr que tu peux: tu prends ton téléphone, tu entres son numéro et tu lui écris un petit message pas agressif.
Magda s'était allongée sur le ventre son lit. Elle se leva afin de noter les chiffres inscrit sur le carton. Elle les rentra dans son téléphone associé au nom « Inconnu ». Elle ouvrit son application de SMS et commença à écrire un message. Elle n'avait aucune idée de quoi écrire, alors opta pour un message des plus classique.
De MAGDA:
Hallo :)
X+X+X+X+X
Martijn s'était avachi dans le fauteuil qui faisait dos à la fenêtre du salon. Sa mère lui avait demandé trente fois minimum de se redresser, parce qu'il allait finir par déformer les coussins. Martijn avait dit « Oui, oui. » mais il n'en avait rien fait. Il était en train de parler par message avec Louis, son meilleur ami. Alors que ce dernier lui vantait actuellement toutes les qualités de la soirée à laquelle il allait se rendre ce soir, espérant ainsi convaincre Martijn de s'y rendre également, une petite banderole d'un numéro inconnu s'afficha sur le haut de l'écran de son téléphone. C'était un simple « Hallo :)» d'un numéro inconnu. Martijn souleva ses sourcils d'incompréhension.
« Louis dit des conneries au point que même toi, tu es surpris ?, rit Suzanne qui regardait la télévision, assise près de son frère.
-Suzanne ! Ton langage s'il te plait !, réprima leur mère depuis la cuisine. »
Martijn abandonna du regard son téléphone pour fixer sa sœur en lui tirant la langue, ce qui eut le mérite de faire redoubler les rires de Suzanne. Martijn reporta son regard sur son téléphone alors qu'une nouvelle bannière apparaissait: « C'est ton modèle d'hier ». A la lecture de ce nouveau message, Martijn se redressa enfin dans son fauteuil, il enregistra immédiatement le numéro dans son téléphone, avant même de répondre à son interlocutrice.
De MARTIJN:
Salut ! :)
Je me demandais si tu allais finir par m'envoyer un message.
De MON MODELE DU JEUDI:
J'ai hésité, je dois l'avouer.
De MARTIJN:
Content que tu aies finalement décidé de m'écrire.
De MON MODELE DU JEUDI:
Pour tout te dire, je voulais juste des nouvelles de mon portrait. Tu dois l'avoir fini non ?
De MARTIJN:
Effectivement. Je l'ai fini.
De MON MODELE DU JEUDI:
J'attends des photos !
De MARTIJN:
Je l'ai pas sur moi, là. Mais je t'envoie une photo dès que je peux. Soit pas trop impatiente non plus, c'est pas fou fou.
De MON MODELE DU JEUDI:
Tu lui a trouvé un titre ?
De MARTIJN:
Pas encore...
Dis, je me demande depuis hier, tu viens d'où ?
De MON MODELE DU JEUDI:
Qu'est-ce qui te fais dire que je ne suis pas d'Amsterdam ?
De MARTIJN:
Ton accent.
De MON MODELE DU JEUDI:
J'ai pas d'accent !
De MARTIJN:
Crois moi, tu as un accent. Mais c'est pas grave, c'est marrant.
De MON MODELE DU JEUDI:
France. Je viens de France.
De MARTIJN:
Ah ouais ? J'aurais dit Londres...
Le dessin, ça sera « La parisienne ». Simple, précis, et assez poétique. J'aime bien.
De MON MODELE DU JEUDI:
Tu sais qu'il n'y a pas que Paris en France ?
Je dis ça parce que je ne viens pas de Paris... Désolée :p
De MARTIJN:
Tu pourrais pas faire un effort pour moi ?
De MON MODELE DU JEUDI:
Je pourrais mais je ne le ferais pas ;p « La nantaise », ça ne te vas pas ?
De MARTIJN:
« La Parisienne » c'est mieux, je trouve. Je vais réfléchir.
Et du coup tu viens de... Nant...
De MON MODELE DU JEUDI:
Nantes.
De MARTIJN:
Tu me donnes deux secondes ? Je vais faire un tour sur Google Maps... (je ne sais absolument pas où c'est...)
De MON MODELE DU JEUDI:
Je te donne deux secondes.
Et maintenant que tu sais d'où je viens, est-ce que je peux au moins connaitre ton prénom ?
De MARTIJN:
Martijn.
De MON MODELE DU JEUDI:
Enchantée Martijn. Moi c'est Magdalena, ou juste Magda :)
De LOUIS:
MARTIJN !!! Tu pourrais me répondre s'il te plait ?????????????
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