Bonus 5 - The One
The One
Cela faisait trois mois qu'Erda avait ce crush pour ce garçon. Et selon elle, le crush c'est vraiment un truc à la con, parce qu'elle n'était pas vraiment amoureuse mais en même temps elle souriait bêtement quand elle tombait sur un selfie où il n'était pas trop mal, elle pensait à lui avant de dormir et au réveil. Bref. Erda avait un bon vieux béguin. Avec le temps, elle avait finit par trouver ça agréable et puis ça ne lui était pas arrivé depuis un long long moment. Elle aimait bien les papillons dans le ventre et les joues qui rougissent. Elle aimait encore plus le fait qu'il soit féministe, avec des fossettes, des tatouages et pas de chat. Pourquoi et comment devait-elle lui résister ? Sérieusement ?
Au début, elle ne voulait pas essayer quelque chose, parce que plus elle le regardait plus elle se disait que tout ça avait neuf chances sur dix de foirer. Parce que le timing était juste pourri. Et qu'une histoire d'amour c'est aussi une histoire de timing. En fait, quand Erda avait rencontré Will, à la soirée Halloween chez Niels, il était en couple. En couple et du genre monogame longue durée. Alors Erda était restée avec son béguin pendant trois mois. Et puis au moment de faire ses valises pour quatre mois de stage à Genève, le couple de Will est tombée à l'eau.
De WILL: C'est fini avec ma copine
Erda s'en souvenait très bien parce qu'elle était dans la voiture avec Magda quand elle avait reçu ce message. Dans la voiture qui l'emmenait à l'aéroport, pour prendre un avion qui l'emmenait à neuf cents kilomètres de Will. Et malgré ces kilomètres, Erda eut l'idée de continuer ce crush pour Will. Will qui était célibataire et à peine sorti d'une relation assez longue ; et qui n'était pas dans l'état d'esprit pour se lancer dans une nouvelle histoire d'amour. Mais les kilomètres et l'état d'esprit de Will n'était pas le plus grand problème d'Erda. Non. Le plus grand problème d'Erda était qu'elle avait un crush pour Will mais que Will ne semblait pas avoir de crush pour elle. Et puis c'est vite devenu clair pour Erda. Si elle voulait arriver à quelque chose, il fallait qu'elle prenne les choses en main. Mais ça, ça lui faisait un peu peur. Alors Erda avait failli renoncer. Failli.
Ça avait changé quand elle était revenu pour un weekend à Amsterdam.
« Où est Hitch quand on a besoin de lui ?, avait demandé Erda à ses amies après la fin du film.
-Pourquoi ?, demanda Rika.
-Pour Will.
-Tu veux pas changer de disque deux secondes ?, supplia Magda.
-Quoi ?!
-Bah quoi... Tu nous en parles vingt-sept heures sur vingt-quatre de Will.
-Mais pas du tout !
-Un peu quand même..., ajouta Rika avec un petite voix.
-Je sais pas quoi faire avec lui.
-Salut les filles !, s'exclama Martijn en arrivant dans le salon. Je peux venir ?
-Bah non, répondit Magda avec un air de surprise comme si Martijn venait de sortir la plus grosse aberration qu'elle n'avait jamais entendu. On est en discussion de filles, là.
-Ok... Je me fais virer de mon propre salon ?
-Ouais.
-Bon... Bah je vais retourner peindre un peu alors... Vous m'appelez si vous commandez des pizzas ?
-On fait ça, lui assura Magda avec un grand sourire. Bon Erda...
-Oui ?
-T'as quoi à perdre ? Tu le connais depuis genre trois mois ? Drague-le ! Vas-y, au pire du pire il te dit non et vous restez amis et puis même si vous restez pas amis... bah... tu t'en fous. C'est pas comme si vous vous connaissiez depuis la maternelle.
-Pourquoi tu me dis ça comme ça ?
-Parce que c'est exactement ce que tu me dirais si j'étais à ta place et que tu étais à la mienne.
-Ouais... Non... mais moi je donne les conseils. Je n'applique pas les conseils.
-Erda ! Bouge-toi ! On est en 2020, tu vas pas attendre au bar en faisant des regards par en-dessous. Tu vas allez draguer un mec que t'aime bien et tu vas prendre en main ton destin. »
Erda était rentrée à Genève décidée à prendre en main son destin. Magda lui avait dit d'y aller franco mais Erda s'était rendu compte qu'elle n'avait aucune idée de comment faire. Elle avait donc appelé Will pour lui proposer une soirée lors de son prochain retour sur Amsterdam.
« Salut Will !
-Salut !
-Dis... Tu te souvient quand tu m'as dit que t'étais pas habitué à la drague ?
-Euh... Ouais ?
-Bon bah... Là, je te drague en fait. Je sais pas si tu sais ? »
Erda se serait frappé la tête sur un mur. Elle savait qu'elle aurait dû demander des conseils à quelqu'un qui avait l'habitude de tout ça. Elle aurait dû appeler Louis avant de se lancer dans ce premier essai.
« Ouais, je m'en doutais.
-Ok ! Cool. On fait quoi du coup ?
-Je sais pas trop. C'est plutôt agréable mais je ne suis pas sûr de savoir où j'en suis dans ma vie là.
-Super. Je... Je reviens sur Amsterdam dans deux semaines. On se fait une soirée pyjama ? Genre je ramène un pyjama pour de vrai et c'est pas un piège.
-Ok. On fait ça. »
Erda avait raccroché un grand sourire sur les lèvres. Même pas besoin de Louis.
X+X+X+X+X
Erda avait mis son short Snoopy et son t-shirt du Roi Lion dans sa valise. C'était même la première chose qu'elle avait mis dedans. Elle avait mis tout ça dans sa valise parce qu'elle ne se mettrait pas nue chez un mec s'il n'en avais pas envie.
Bon... Will en avait eu envie. Et Erda avait trouvé qu'il était très fort en bisous dans le cou et qu'ils n'avaient pas beaucoup dormi.
Et puis Will avait dit à Erda qu'il passait près de la Suisse lors de ses futures vacances alors ils avaient eu un weekend bonus. Au final, Erda trouvait qu'ils n'étaient pas trop mal partis. Sauf qu'il y avais un « mais ». Parce qu'il y a toujours un « mais ».
Très vite, c'était devenu assez clair pour tout le monde. Erda était vachement plus à fond sur Will qu'il ne l'était sur elle. Elle prenait les initiatives et lui ne faisait que suivre. En fait, Erda avait l'impression d'être la Lavande Brown de Will et elle trouvait ça super chiant.
Erda était assez fière de s'être rendu compte de ça super vite. Parce que comme ça, elle en avait parlé à Will. Elle avait tout mis sur table, ce qui avait donné un truc du genre:
« Will ? Alors voilà... Et bien... Je t'aime bien mais genre beaucoup plus que prévu. Et je pense que je t'aime plus que toi tu m'aimes. Donc... C'est pas facile à gérer parce que... Bah parce que je t'aime bien... et je vois que toi moins, même si un peu quand même... Et alors... Qu'est-ce que je disais ? Oui ! Je sais ce qu'on pourrait faire par rapport à ça mais je pense qu'on devrait en parler... Je sais pas ce que tu en penses toi mais j'aimerais bien qu'on essaye... Genre vraiment un peu... Par exemple avec des weekends par-ci par-là... ou d'autres trucs comme ça... Mais je sais si t'en as envie... Après voilà quoi... Si t'en as pas envie c'est pas grave.
-Je me doutais qu'on allait parler de ça un jour. »
« Et tu pouvais pas aborder le sujet toi même, non ? », avait pensé Erda.
« Mais je peux rien te promettre. Je sais toujours pas où j'en suis. Je sais juste que j'aime bien passer du temps avec toi.
-Ok... On tente le coup alors ?
-Ouais. »
X+X+X+X+X
Erda était au téléphone avec Magda et honnêtement c'était pas la joie.
« On en est là. Un nuit et un weekend. Fort agréables, je te l'accorde. Mais juste une nuit et un weekend.
-Vous ne vous parlez pas ?
-On s'écrit un peu tout les jours. Mais on n'arrive pas à se voir. Quand l'un arrive l'autre se barre.
-C'était quand la dernière fois où vous vous êtes vu ?
-Deux mois. Et rien. RAS. Zéro plan. Zéro Invitation. Zéro proposition. Je l'ai appelé hier parce que je voulais rentrer à Amsterdam le weekend du 13. Et il m'a dit qu'il était pas libre. Et c'est tout. J'avais le seum ! Le seum intersidéral ! J'étais triste de voir qu'il avait pas autant envie qu'on se voit que moi. Et tu sais quoi ?
-Non.
-J'aimerais qu'il est les couilles de me dire « en fait je vais pas t'aimer comme tu m'aime ». Et je suis aussi triste de pas arriver à arrêter d'être amoureuse. Je veux pas que ça se termine comme ça...
-Erda ?, fit la voix de Martijn au téléphone.
-Elle est où Magda ?
-Toilettes. Viens passer le weekend du 13 avec nous à Amsterdam. Ça va te faire du bien. »
X+X+X+X+X
Martijn n'avait pas laissé le choix à Erda alors vendredi, en sortant de l'aéroport, elle était directement allé chez eux. Elle avait passé le weekend à écouter James Blunt et à se morfondre. Mais au moins, elle se morfondait avec ses amis.
A la base, elle voulait attendre de voir Will. Ils avaient prévu un truc inéchangeable dans un mois. Mais c'était trop loin pour elle. Alors elle avait voulu l'appeler mais elle se trouve nulle au téléphone: elle bafouille, perd ses mots, pleure et puis ils ne s'étaient jamais appelés. Trop bizarre. Du coup elle avait décidé de faire ce qu'ils faisaient le mieux: s'écrire. Le samedi soir, elle s'était installée dans le vieux rocking-chair de Magda, son ordinateur sur les genoux et elle lui avait écrit un très long mail. Elle lui avait parlé de ses angoisses, de ses peurs, de ses doutes, de sa peine, de sa tristesse de voir que ça ne marchait pas, de sa nécessité d'avoir une réponse claire pour arrêter d'espérer. Will avait un peu tourné autour du pot dans son mail de réponse. Erda avait remarqué depuis un moment qu'elle ne tombait jamais amoureuse des mecs courageux, alors pourquoi Will aurait été une exception. Franchement ? Il avait donc finit par lui réponse que si leur relation lui faisait autant de mal, il fallait mieux qu'ils s'arrêtent là. Il ne voulait pas forcer les choses. C'était ce qu'il avait écrit.
Erda avait un belle crise de larme. Une crise de quatre bonnes heures. Martijn avait apporté des Chamallow et des M&M's fondu ; Magda l'avait prise dans ses bras en lui disant que c'était pas grave de pleurer et Erda avait fait le deuil. Le deuil de tout ce dont elle avait rêvé, de toutes les idées qu'elle avait eu et qui auraient été super cool. Magda avait prit son ordinateur et avait viré Will de tout ses réseaux pour ne pas « se prendre de fossette au coin de la figure sans être prête. ». Erda avait trouvé ça bizarre comme fin parce que ça avait fini sans jamais vraiment commencer.
Le dimanche après-midi, ils s'étaient tous retrouvé au Vondelpark avant qu'Erda ne reparte. Avec sa délicatesse légendaire, Jan lui avait fait une remarque plus ou moins pertinente:
« Mieux vaut une plaie bien nette qu'une infection longue durée. »
Ouais, bah pour l'instant, Erda aurait peut-être préféré une infection longue durée.
X+X+X+X+X
Erda était rentrée à Genève et elle avait un pris de recul sur ce qu'elle avait vécu. Elle avait essayé. Et elle avait tiré plusieurs conclusions de cette histoire. Déjà qu'elle avait des amis comme ça. Y en a, ils ont des amis ; elle, elle avait des super-amis. Ceux qui ont le pouvoir de la convaincre que ça va aller de mieux en mieux. Et puis la deuxième conclusion c'est qu'elle était fière d'elle. Elle avait réussi à grandir. Terminer les histoires à étouffer ce qu'elle ressentait, à pleurer dans son oreiller parce qu'elle se faisait mener en bateau par des mecs qui ne valaient pas le coup. Alors oui, c'est pas facile de changer de situation. De passer d'un truc connu où on est bien à un truc où on prend le risque d'un vent monumental. Ça fait jamais plaisir d'entendre « on arrête » quand on voudrai entendre « on va trouver une solution pour ça marche entre nous ». Mais maintenant, elle savait qu'elle pouvait prendre sa vie en main et ne plus rester à attendre qu'un mec prenne une décision.
Et toute seule dans son petit appartement de Genève, avec des mouchoirs froissés partout sur le sol, de longs soupirs, des soirées emmitouflée dans un vieux hoodie que Niels lui a prêté pour ne pas qu'elle se sente trop seule là-bas et des oublis de repas, Erda est fière.
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