Bonus 14 - Domino
Domino
Laura travaillait actuellement à Eindhoven. Et ce week-end, elle n'avait rien de prévu, ce qui égayait encore plus son vendredi. En plus, elle avait prévu d'aller à un concert le soir-même donc ça s'annonçait vraiment comme un super week-end.
À sa pause de midi, elle avait été manger avec des collègues dans un tout petit resto de la ville. Après le repas, elle avait été fumer une cigarette juste devant le restaurant. Et elle était là, à fumer une cigarette quand elle remarqua un très bel homme qui passait pas très loin d'elle.
Laura n'avait pas de vraie vie sentimentale. Elle était ce qu'on appelle une éternelle célibataire, et avait pour habitude d'enchaîner des histoires sans lendemain. Non pas que Laura n'était pas capable de tomber amoureuse - la preuve, elle avait passée trois ans avec le même garçon à Amsterdam -, c'est juste que depuis lui, elle avait la désagréable habitude de tomber amoureuse de garçons déjà engagées.
Alors en voyant passer ce garçon, elle se dit qu'elle n'avait rien à perdre même si elle n'avait encore jamais dragué qui que ce soit dans la rue. C'est quand il arriva à sa hauteur qu'elle lança un « Salut » accompagné de son plus beau sourire. Il lui avait rendu son sourire jute avant de baisser les yeux vers le noir du bitume à ses pieds et poursuivre son chemin sans un mot.
Laura avait scruté sa silhouette qui s'éloignait étant persuadée qu'il allait se retourner. Mais non. Non, il avait tourné au coin de la rue. Laura avait fini sa cigarette ; et sûrement parce qu'elle était un peu folle, elle avait décidé de le suivre. Okay, c'était complètement taré et il pourrait la prendre pour une déséquilibré. Mais la démarche de Laura n'avait rien de menaçante. S'il n'était pas intéressé, elle lâcherait l'affaire. C'était aussi simple que ça.
Elle était arrivée en quelques pas au coin de la rue et elle avait retrouvé son bel inconnu. Il s'était arrêtée quelques mètres plus tard pour consulter son téléphone et ne l'avait même pas remarqué. Okay. Ça y est, elle se sentait trop ridicule et hyper flippante à attendre comme ça derrière son dos qu'il la remarque. Mais il était un peu trop tard pour faire demi-tour, il s'agissait maintenant d'attirer son attention. Pas le temps de faire dans la dentelle :
« Tu cherches la bonne manière de me demander mon numéro de téléphone ? »
« I don't speak dutch.»
Ok. Bon s'était loupé pour la bonne phrase d'approche, mais au moins, elle avait son attention.
« Euh... Ouais, je... Non, c'est... C'est pas très important, reprit-elle en anglais. »
Il avait souri et Laura avait profité de ces quelques phrases pour engager la conversation. Il lui expliqua rapidement ce qu'il faisait ici. Il s'appelait Michele, il habitait Malte, ils avaient le même âge et surtout, il émanait de lui une gentillesse qu'elle n'avait pas vue depuis très longtemps. Le courant passait bien entre eux ; et encore plus quand elle lui avait parlé du concert de samedi. Il adorait ce groupe lui aussi. Le hasard de la vie, il parait. Honnêtement, quelle était la probabilité que cela arrive ? Nulle. Ou pas très haute en tous cas. Laura se remercia intérieurement d'avoir trouvé le courage de l'aborder et lui laissa son numéro.
« Je te promets rien, mais... J'essayerais de faire un tour à ce concert ? »
La joie de Laura n'avait pas été à ce niveau depuis longtemps. Ils s'étaient séparés et Laura avait pris la route du rendez-vous qu'elle avait cette après-midi.
X+X+X+X+X
Laura avait passé l'après-midi avec des papillons dans le ventre. Le soir-même, elle avait été à son concert et Michele ne lui avait pas envoyé de message. Mais il était quand même venu parce qu'en fait, il l'attendait à l'entrée de la salle. Il était là. Ils étaient allés au concert ensemble et en sortant, ils s'étaient posés à une terrasse pour boire une bière et puis apprendre à se connaître un peu plus.
Michele avait de la conversation, de l'humour et Laura le trouvait même plutôt brillant. Laura avait l'impression qu'ils s'étaient donnés rendez-vous là depuis toujours.
« Et ça te dirait qu'on aille manger ensemble ? Je... J'ai des amies qui viennent manger à mon appart' ce soir.
— Ouais... Ouais. Okay. Pourquoi pas. Mais juste... Laura... Je suis en couple. Je préfère être honnête dès le début. »
Okay. Laura ne s'attendait pas vraiment à ça, alors elle avait tenté le tout pour le tout :
« Et est-ce que par hasard, c'est une relation ouverte ?
— Ça l'était. Ma copine a récemment voulu redéfinir notre relation sur un truc beaucoup plus exclusif. Alors... Tout ce que j'ai à te proposer, c'est de l'amitié.
— Et bien... Va pour l'amitié, alors. »
Laura savait qu'elle lui plaisait. Elle savait que dans une autre situation, il aurait pu se passer quelque chose, et ça contentait son égo.
X+X+X+X+X
Dans le petit appartement que Laura louait à Eindhoven, il y avait une petite terrasse. Michele se mêlait parfaitement à son groupe d'amies et tout le monde avait passé une excellente soirée. Laura, elle, elle l'avait dévoré des yeux tout autant qu'elle avait bu ses paroles puisque c'était tout ce que le code d'honneur entre femmes lui autorisait.
À la nuit tombée, Michele avait dû rentré dans la chambre qu'il louait pour les quelques jours qu'il passait aux Pays-Bas. Il lui avait proposé qu'ils se revoient le lendemain matin.
C'est pour ça qu'en ce samedi ensoleillé du mois de mars, Laura partageait son petit-déjeuner avec un mec qu'elle avait l'impression de connaître depuis dix ans. Ils parlaient parents, passions, spiritualité, ... Tout paraissait simple et agréable. Mais il restait entre eux une tension palpable. La conversation était enjouée et les avait rapprochés physiquement.
« Tu sais quoi Laura ? Je pense que ce week-end pourra bénéficier d'une dérogation pour un baiser.
— Et ta copine ?
— Je lui en parlerais. Ça posera pas de problème. »
Laura en rêvait depuis qu'elle avait croisé son regard dans la rue. Il s'était penché vers elle et lui avait donné un baiser d'une tendresse absolue. Laura avec ses mains dans les siennes. En vrai, c'est dans quel compte de fée que le prince arrive comme ça ?
Après leur petit-déjeuner, Laura lui avait proposé une balade au Anne Frankplantsoen ; depuis qu'elle était arrivée ici, il était devenu l'un de ses endroits préférés en ville. Ils avaient poursuivi leurs conversations en marchant main dans la main.
Peut-être parce que Michele était en voyage ou peut-être parce qu'elle avait l'impression qu'il sortait d'une faille cosmique, Laura avait la sensation de vivre soudainement dans un autre espace temps.
De retour de leur promenade, ils étaient rentrés chez Laura. Ils s'étaient installés sur son lit pour une « sieste » qu'ils avaient dit. Il y avait eut des baisers, des câlins et Laura avait finit par sentir son érection contre elle ; et au fond d'elle, il y avait la tentation immense, égoïste et immorale de faire voler son caleçon. Tout ça paraissait beaucoup trop bon pour rester dans les clous. Et pourtant, ça n'avait été plus loin. En fait, ça le rendait encore plus sexy de respecter cet interdit et Laura n'avait pas non plus envie de le pousser au vice.
Alors Laura savait que finalement le mal était déjà fait, mais elle voulait tout de même souligner qu'ils avaient résisté à cette ultime envie. Elle rêvait - et sûrement que lui aussi - d'un univers parallèle dans lequel il était libre comme l'air. Et Laura savait aussi que le fait de rester fidèle n'est pas un fait de gloire à marquer dans les livres historiques, mais... Laura avait eut une relation d'un soir avec un homme marié qui avait lâchement caché son alliance quelques semaines plus tôt et c'est le sérieux de Michele qui le rendait tellement plus désirable, pus respectable aux yeux de Laura. En début de soirée, Michele devait partir prendre un avion pour renter à Malte. Fin.
Ils s'étaient dit au revoir sur le pallier de l'appartement de Laura, tous les deux encore sonnés par l'intensité d'une sorte de coup de foudre interdit, et des moment partagés qu'aucun des deux n'aurait pu prévoir. Ils s'étaient dits au revoir comme s'ils allaient se revoir le lendemain. C'était surtout pour ne pas faire monter les larmes.
Elle avait fini par recevoir un message alors qu'il devait attendre son avion.
De MICHELE :
Merci de ne pas m'avoir laissé filer dans la rue. Je me souviendrais de ces deux jours pour toujours.
Laura lui avait répondu alors qu'elle était encore shooté aux hormones du bonheur et lui aussi. Ils s'étaient dit qu'ils pourraient bien finir par tomber amoureux l'un de l'autre, et ça leur faisait un peu beaucoup peur. Ils avaient aussi décidé de ne pas penser à la connexion folle qu'ils avaient expérimenté, de reprendre leur vie, de ne plus s'écrire. À quoi ça servait de se torturer ? Et puis, la vie était loin d'être finie.
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