40. À point nommé

Précédemment : Aaron dépose Livie au bord de la route et la roue de coups. Alors qu'il s'apprêtait à l'achever, il y renonce et part, la laissant pour morte au beau milieu du Mexique. Livie s'évanoui et se réveille sous le choc.

Garett

J'entendais enfin la porte d'entrée qui m'indiquait le retour de Kane.

- Tu es tout seul ? Demandais-je

- Mêle toi de ton cul, répondait-il froidement Je suis pas d'humeur.

Kane semblait bien trop fuyard, pour ne pas avoir commis l'irréparable.

- Elle est ou bordel ?! Haussais-je le ton d'une voix inquiète.

- Sortie de nos vies, maintenant barre toi de la avant que j'te bute je suis pas d'humeur. Lançait-il accompagné d'un regard noir.

- Ta pas... commençais-je

- Elle est en vie, soupirait-il nonchalamment avant de poursuivre son chemin en direction de la cuisine.

- Alors quoi c'est tout ? Elle a essayé de te sauver la vie et toi tu la laisse être là proie du premier venu. Lançais-je de manière plutôt directe

Kane s'arrêtait net. Serra les poings, la mâchoire et se retourna pour me fixer sévèrement du regard avant de poursuivre :

- Elle a mis ma sœur en danger.

Je ne cherchais pas à me justifier. Si il ne comptait pas la défendre, j'allais le faire. Nous restions quelques minutes immobiles, le regard fixé dans les yeux l'un de l'autre comme si une rivalité était en train de naître. Ça n'était jamais arrivé. Depuis que je le connais, nous n'avions jamais eu de désaccord de cet ampleur.

- Si tu ne fais rien, moi je la retrouverai. Brisais-je le silence tout en me retournant en direction de la porte d'entrée. Et je m'occuperai d'elle.

- Pose une seule main sur elle et je te tue sans la moindre hésitation.

Touché. Il était amoureux et je le savais. Sinon Livie serait morte depuis bien longtemps a force de le défier. Il est rarement aussi clément avec quelqu'un.
Mais l'imaginer toute seule en plein milieu du Mexique, je ne peux pas. Qui sait ce qui pourrait bien lui arriver de grave. Entre les narcos et la mise à prix sur sa tête, on avait du souci à se faire pour elle. Ce que je ne comprenais pas, en revanche, c'est pourquoi il l'avait abandonné après s'être occupé d'elle durant autant de temps.

- Elle ne t'appartiens plus depuis la minute où tu la laissé pour morte. Rétorquais-je en faisant un pas dehors.

Avant même de refermer la porte derrière moi, le poing de Kane avait atterris dans le mur le plus proche. Encore.
Il finira par la chercher tôt ou tard, en attendant c'est moi qui vais m'en charger.

Livie

Je continuais de marcher péniblement sur les routes sinueuses et mal éclairées du Mexique.
Je me sentais épuisée, mes plaies me faisaient un mal de chien et je n'avais rien croisé d'autre que quelques voitures qui n'avaient même pas daigné s'arrêter. Combien de temps vais-je devoir encore me battre ainsi ?
La portée de sa violence me tenait encore sous le choc. Sa colère ses propos et mêmes ses coups, rien n'avait d'égal à l'abandon que je subissais actuellement.

Ce manque, comme si une partie de moi venait de m'être enlevée, comme si plus rien n'avait de sens alors qu'à peine quelques mois auparavant je vivais une vie paisible.
Mon coeur me brûlait plus que mes plaies, face à son ignorance et à son insensibilité. Je l'avais connu sous bien des angles, j'avais subi ses coups, ses mots, sa douleur et sa peine, j'avais ressenti ses étreintes, sa douceur, ses joies, j'avais même perçu une once de quelque chose que je qualifiais comme étant de l'amour... A présent, tout ne me semblait être qu'illusion.

Mes pensées continuaient de m'emporter et je ne sais depuis combien de temps je marche.
Soudain, une voiture se met sur le bas côté de la route et baisse sa vitre. Par réflexe, je reculais. Même si je ne reconnaissais pas le véhicule, Kane aurait très bien pu envoyer quelqu'un pour m'achever.
L'inconnu m'adressait alors la parole :

- Holà chica ! Est ce que tout va bien ?

Un homme blond, les yeux clairs et l'allure chaleureuse se tenait devant moi. C'était un homme très souriant que je n'avais encore jamais vu.

- Euh bonjour, oui je vais bien je vous remercie je cherchais juste-

Je n'eus pas le temps de terminer que l'homme renchérit.

- Un endroit pour te reposer ? J'habite pas très loin monte et puis tu pourras repartir quand tu veux, me proposait-il d'un air chaleureux et complètement insouciant.

Je ne savais pas si cet homme m'inspirait confiance ou non, mais il était ma seule option et de loin.

Sans la moindre hésitation je fis le tour du véhicule et vint m'asseoir côté passager.

- Je m'appelle Livie, merci beaucoup pour ta proposition je-

- Y'a pas de quoi ! Répondait il en souriant Moi c'est Sergio !

Décidément, il avait ce don de couper la parole. Cela dit, je n'allais pas m'arrêter sur ça au regard de la situation...

Le reste du chemin se passait dans le silence, mais Sergio ne perdait pas sa bonne humeur. Il m'inspirait confiance. Il semblait assez jeunes, à peines quelques années de plus que moi je dirai.

- Tu n'as pas l'accent d'ici ? Le questionnais-je maladroitement pour engager la discussion.

- Non je suis originaire des États-Unis je suis simplement ici pour me ressourcer un peu, en fait je rend visite à ma sœur. Répondait-il toujours aussi souriant.

Ça change d'Aaron ça c'est clair... lui qui tire tout le temps la gueule, je passe d'un extrême à l'autre.

Nous arrivions dans un petit manoir, bien plus petit que celui dans lequel je vivais, mais il semblait tout à fait confortable.

- C'est chez moi ! Je te fais visiter ? Me proposait-il

- Avec plaisir, lui répondais-je souriante à mon tour.

L'entrée donne immédiatement sur un salon vitré, laissant place à beaucoup de clarté dans la pièce. Un peu plus à droite, dans une pièce séparée, se trouve la cuisine. Plutôt moderne comme décoration. Mais ça n'était pas aussi beau que ma précédente demeure..
A l'étage plusieurs portes se suivent, tout au fond se trouve la salle de bain, tandis que Sergio m'indique ma nouvelle chambre, non loin de la sienne.

- Et ça c'est ton espace, tu peux rester ici autant que tu le souhaite.

Son geste me touchait du fond du cœur. Alors qu'il me connaissait à peine, il m'accueillait sous son toit.

- Merci pour tout Sergio, chuchotais-je presque inaudiblement.

- Y'a pas de quoi ! J'ignore ce qui t'es arrivé mais à ta place j'aurai aimé qu'on m'aide aussi.

Puis il tournait les talons aussitôt en direction du long couloir.

- Bon, à nous deux, chuchotais-je à vois basse.

Il m'était difficile de prendre mes marques dans ce nouvel endroit, qui m'était totalement inconnu, rempli de nouveau de personnes peu familières.

La chambre était assez spacieuse, mais bien moins moderne que le reste de la maison. Au contraire je trouvais la décoration très baroque. De grands rideaux pourpres arboraient les larges fenêtres à carreaux tandis qu'un fauteuil en cuir maronné faisait angle.
Une petite commode en bois faisait face au lit. Petite oui, mais ce n'est pas comme si j'avais eu le temps d'emporter des affaires.
Le lit quant à lui était très spacieux et occupait une bonne partie de la pièce. Des draps pourpres assortis aux rideaux contrastaient parfaitement avec la couleur vert sapin des murs de ma nouvelle chambre.

Alors que je tentais de faire connaissance avec cette pièce relativement à mon goût, Sergio traversait silencieusement le pas de ma porte en tenant une grande boîte rouge.

- Tu t'installes ? Demandait-il

M'installer ? Je ne cernais pas immédiatement l'idée qu'il avait derrière la tête.

- Je vais panser tes blessures, si tu me le permets bien entendu. Me dit-il avec un large sourire

Mes blessures. J'avais presque oublié leur existence tellement j'étais perturbée de la situation dans laquelle je me trouvais.
J'eu un moment d'hésitation, et après ce qui me paraissait une éternité, je finis par acquiescer.

- Bien sur, oui.

- Fais comme chez toi, je t'en prie, m'indiquait poliment Sergio

Puis il me montrait le lit de sa main, lit sur lequel je m'empressais de m'asseoir.
Alors qu'il commençait par désinfecter les parties de mon corps écorchées, nous prirent le temps de discuter un peu plus.
Il fallait bien que je sociabilise, après tout, il était mon nouvel hôte pour une durée qui était encore indéterminée.

- Et si tu m'expliquait enfin ce qui t'es arrivé ?

- Eh bien...

J'hésitais un moment, et si Aaron apprenait tout ce que je racontais et qu'il revenait pour m'achever ? Ou pire, si il décidait de me torturer comme il aime tant le faire ?
Je préférais ne pas y penser

- J'ai été amené ici et puis je cherchais à rentrer chez moi et je suis tombée sur une bande de malfaiteur-

- La vraie raison, j'aimerai mieux savoir qui j'accueille sous mon toit, dit-il d'un ton plus sévère

J'avais moins de trente secondes pour inventer le meilleur mensonge de toute ma vie. Je ne voulais certainement pas en payer les conséquences, je ne suis jamais trop prudente.

- Je fuis mon mari. Lançais-je en tenant de paraître plus sèche

Dis moi que tu y crois, dis moi que tu y crois ! Pensais-je
Je tentais de le convaincre un peu plus

- Il me battait alors je me suis enfuie.. dis-je honteusement en baissant le regard.

Non ça n'était pas mon mari, et non il ne me battait pas régulièrement, mais dans le fond il y avait une part de vérité, d'après moi.

- Tu n'as pas l'air du coin pourtant, rétorquait-il d'un air suspicieux

- Non en effet, je suis américaine.

- Qu'est ce qu'une américaine et son gringo viennent faire au Mexique ?

Il fallait que je noie le poisson et rapidement avant qu'il ne se doute de quoi que ce soit.

- Tu en poses beaucoup des questions dit moi, riais-je nerveusement.

Puis il laissait un silence, qui m'engouffrait encore plus dans mon mal être.

- Tu as raison, je suis très curieux, répondait-il de nouveau en souriant.

C'était un curieux personnage, il y a quelques secondes à peine l'atmosphère était pesante, il se montrait très insistant même du regard et maintenant il sourit l'air de rien.

- J'ai terminé de te soigner, je vais te laisser te reposer un peu, dit-il en rangeant son matériel.

Il s'empressa de tout remettre dans sa mallette à la vitesse de l'éclair. Puis il se retira de la pièce avant même que je n'eu le temps de le remercier en bonne et due forme.

- Merci Sergio, m'exprimais-je sincèrement.

Puis il claquait légèrement la porte en sortant.
L'avais-je vexé ? Avait-il deviné que je ne lui disait pas la vérité ?

Mes pensées m'emportaient un moment avant que je ne réussisse à m'endormir. Au moins, je suis en sécurité.

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Hello Everyone,

Nouveau chapitre, nouvelle aventure !
J'adore faire planer le doute à chaque fin d'épisode hihi !! 😇

By the way, je suis en vacances cette semaine. 😁
Ce qui signifie que je vais essayer d'écrire un peu !!! 🥳

Portez vous bien,

Xoxo .D 💋

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