"Je t'aime, idiot!"
Joyeux Noël, @AmbreChandra !
La cérémonie de fin d'année approchait à Yuei, et les fleurs de cerisier les plus tardives tombaient encore sur le sol alors que s'avançait le mois de mars et que la classe 1-A toute entière attendait avec impatience et une certaine appréhension leurs premières vacances transitoires en tant qu'apprentis héros.
Dans un coin de la classe devenue au cours des mois si familière aux vingt élèves, un jeune garçon aux grands yeux rouges fixait un bureau près de la fenêtre qui, si les regards pouvaient éroder, se serait retrouvé complètement usé à force d'avoir trop vrillé ses yeux dessus, sur lui et surtout son occupant. Passant une main dans ses cheveux écarlates se dressant en piques au dessus de son visage doux, l'élève soupira, avec une certaine anxiété.
Au cours de l'année, de nombreux couples s'étaient formés au sein de la classe, même si pour la plupart ils étaient assez peu visibles. Aizawa-sensei surveillait avec attention ses vingt protégés, tel un père de substitution, et contrairement à ce qu'on pouvait penser il mettait du cœur dans son travail. Mais malgré sa garde imperturbable, Tsuyu avait fini par embrasser Fumikage un jour de décembre, Momo avait finalement réuni le courage nécessaire pour révéler ses sentiments à Shoto et Denki et Kyoka se promenaient main dans la main dans les couloirs dès qu'ils le pouvaient, d'immenses sourires sur leurs visages. Et de nombreuses autres personnes souriaient, au grand dam d'Eijiro Kirishima, toujours célibataire, toujours amoureux, toujours seul.
Bien sûr, ce n'était pas visible. Même quand l'apprenti héros croisait Shoto et Momo dans la rue, la seule chose indiquant une relation profonde entre ces deux-là était le sourire de l'adolescent aux cheveux rouges et blancs, et l'excitation de son amie à chaque mot qu'elle prononçait. Mais pour d'autres, c'était nettement plus flagrant. Ochaco, l'adorable Ochaco, rayonnait de bonheur à chaque fois qu'elle se tenait à côté d'Izuku, et il n'était pas rare de les retrouver devant chez lui, serrés l'un contre l'autre dans une étreinte d'ours qui faisait sourire avec regret le jeune homme. Katsuki avait même commencé à les charrier, avec une attitude qui ne semblait au premier abord pas si amicale que ça. Mais c'était Katsuki, et il y avait bien longtemps que plus personne dans la classe ne prenait au sérieux ses brimades.
Eijiro soupira. Son principal problème à lui, c'était justement Katsuki Bakugo, l'adolescent au caractère le plus explosif de Yuei, et celui dont on penserait le moins tomber amoureux. Surtout lorsqu'on était un homme qui jusque là n'avait eu aucun crush quelconque pour déterminer sa sexualité.
Découvrir qu'il était gay avait déjà été un sacré choc pour Eijiro. Mais en plus, qu'il était gay pour Katsuki, son meilleur ami, ç'avait été la cerise sur le gâteau. Qui pouvait savoir comment il prendrait une quelconque confession de sa part? Bien? Mal? Avec une de ses explosions habituelles? En l'outant à toute la classe? Un secret espoir dans son petit cœur envisageait même l'hypothèse qu'il ne réponde positivement. Mais c'était déjà un trop faible espoir pour le prendre en compte. Surtout lorsque Katsuki avait commencer à fixer Ochaco d'une manière qui éveillait la jalousie du garçon aux cheveux rouges.
Eijiro soupira et sortit de la salle. Les cours étaient finis, et comme d'habitude Katsuki était parti dès la sonnerie, prétextant ne plus pouvoir voir un cours un peinture. Il était donc inutile de rester là, et de se sentir de plus en plus déprimé à la vue des rires ravis d'Izuku et d'Ochaco qui parlaient de leurs futures carrières, de Denki et Kyoka qui envahissaient la classe de termes musicaux impossible à comprendre, et de Shoto qui posait sur la table de Momo une pâtisserie. Se promenant dans les couloirs, il repensa à sa résolution de tout dire à Katsuki avant la fin de l'année. Une promesse qu'il s'était faite il y a cinq mois, et qui lui faisait de plus en plus peur au fur et à mesure que les mois avançaient.
Nous étions en mars. La date butoir approchait.
Plongé dans ses pensées, Eijiro ne vit pas qu'il traversait à grand renfort de coups d'épaules involontaires la foule d'élèves de plus en plus indignée. Ce n'est que lorsqu'on l'attrapa par l'épaule avec une réprimande dite d'une voix rauque qu'il ne connaissait que trop bien que le jeune homme sortit de sa rêverie et se tourna vers le propriétaire de la main, à savoir un Katsuki crispé aux yeux rouges fixés sur lui avec agacement.
« – Oh, Kirishima! Tu vois pas que tu gênes là? »
Son interlocuteur sourit et haussa les épaules. Bien sur qu'il le voyait. Il n'y pensait simplement pas. Après un sourire et un haussement d'épaules d'excuses à l'adresse de ses quelques victimes encore présentes, le jeune homme se tourna vers son camarade, un peu étonné d'encore le voir alors qu'il avait quitté la classe il y a un quart d'heure.
« – Qu'est-ce que tu fais encore là, Bakugo? Je te croyais en train de rentrer...
– J'voulais te parler. Ramène ton cul. »
Le blondinet aux cheveux hérissés n'attendit même pas une réponse de son ami pour lui attraper le poignet et le traîner plus loin, à travers les arbres du parc de Yuei, jusqu'à un bosquet plus tranquille, dont seul le bruit du vent brisait le silence. Avant de se tourner vers lui et de sortir de sa poche une feuille de papier rose, sur laquelle on pouvait discerner quelques mots, et de l'agiter sous le nez d'Eijiro.
« – C'est à toi ça? »
Le jeune homme écarquilla les yeux. C'était une lettre d'amour, anonyme, dans une écriture qui était tout sauf la sienne. Il n'avait jamais écrit de lettre. Il considérait révéler ses sentiments de vive voie ou ne pas le faire du tout. Quoi de plus viril que de porter ses couilles pour demander à son crush de sortir avec lui? Mais cette lettre... Cette lettre révélait beaucoup de choses. Premièrement, quelqu'un d'autre en voulait au cœur de Katsuki, quelqu'un d'une autre classe vu le manque de détails et la façon de raconter ses aventures. Et deuxièmement, en voyant cette lettre, la cible avait cru qu'elle venait de lui.
Eijiro secoua la tête avec étonnement et une pointe de tristesse, se demandant qui d'autre aurait pu remarquer le charme secret de Katsuki. Après tout, il n'était pas le plus populaire à Yuei, et de loin. Son caractère explosif repoussait beaucoup de monde et Shoto était bien plus la cible des groupies. Mais bon... Si lui avait pu tomber amoureux, pourquoi pas d'autres?
« – Non, ce n'est pas la mienne, soupira le garçon aux cheveux rouges. Probablement une fille d'une autre classe. Pourquoi tu croyais que c'était moi? »
A l'énoncé de cette phrase, l'explosif blond se crispa et des petites explosions retentirent dans ses paumes alors qu'il reculait de deux pas. Malgré son recul, l'autre remarqua qu'il restait proche, très proche. À moins d'un mètre de lui. Était-il près à ce point? Eijiro rougit en pensant à leur éventuelle proximité. Il était peut être juste à côté de son visage, s'étant rapproché sans bruit alors qu'il était absorbé par la lettre, à distance idéale pour un baiser...
Il y avait autre chose cependant, qui sautait aux yeux du futur héros. Les pommettes de Katsuki avait, elles aussi, pris une couleur rosée, et sa voix tremblait alors qu'il marmonnait que ça lui était venu comme ça. En temps normal, Eijiro aurait laissé couler. Les affaires de son ami ne le regardaient pas. Sauf que là, il voulait tirer cette affaire au clair. L'espoir lui rongeait le ventre, ne pas mettre un terme à cette sensation était insupportable. Il devait savoir.
« – Rien ne te vient jamais comme ça Katsuki, tu es plus intelligent que ça. Alors, tu m'expliques, dis ? »
Son camarade prit une profonde inspiration, notant l'emploi du prénom par Eijiro. Ce qu'il ne faisait pas souvent, juste dans des cas où il ressentait le besoin de confirmer son amitié. Le jeune homme le savait. Il réfléchit quelques instants, puis débita le plus vite possible, criant presque, avec sa colère habituelle :
« – Parce que j'espérais que c'était toi idiot! »
Le garçon se figea. Qu'est-ce que venait de dire son ami? Alors que ce dernier se mordait violemment la lèvre inférieure, semblant réaliser ses paroles, l'apprenti héros le fixait avec de grands yeux brillants, l'espoir assouvi envahissant son cœur de joie. Il n'y avait qu'un seul sens possible à ses paroles et ce dernier faisait s'évanouir toutes ses peurs, tous ses doutes, toute sa tristesse.
Se jetant dans les bras de Katsuki le jeune homme s'exclama avec toute la joie qu'il pouvait :
« – Moi aussi je t'aime mec! »
D'abord surpris, le jeune homme se figea. Mais cela ne dura qu'une demi-seconde. Un temps suffisant pour qu'Eijiro ne se rende même pas compte qu'il avait hésité avant d'enrouler se bras autour de son corps et de l'étreindre avec force, l'immobilisant contre son torse. Pour lui ce soudain câlin lui suffisait à connaître les sentiments de son ami, qui devenait bien plus que ça désormais.
Katsuki sourit, un sourire invisible au jeune homme dans ses bras, mais un vrai sourire heureux, le premier jamais vu sur son visage de toute l'année.
« – Tant mieux, le contraire m'aurait bien fait chier. »
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J'ai pas du tout l'habitude d'écrire du KiriBaku et encore moins du fluff entre ces deux-là, donc j'espère être restée in-character...
N'empêche, je trouve ça mignon.
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