C'est toi que j'aime

Joyeux Noël, Le_Corbeau_Noir!

Il se faisait tard dans la bibliothèque, la lumière commençait à baisser et il n'y avait plus que les bougies pour éclairer l'immense pièce, remplie de livres du sol au plafond. Véritable paradis pour Nru qui y passait des heures lorsque son travail et Jiro l'y autorisaient.

La bibliothèque du palais royal de la Nouvelle-Wattpadia était une pièce occupée à toute heure de l'année. En se levant et rangeant son livre, Nru pouvait voir le chevalier Corbeau observer la couverture d'un traité sur le niveau élément des sorts de cryomancie, tandis que plus loin un Mairù étonnamment calme était plongé dans le déchiffrage d'une partition d'apparence très complexe. Shera se faisait éjecter de la bibliothèque avec de grands cris de la part de celui qui la gérait, laissant une traînée de miettes derrière elle, tandis qu'un Baku qui pouvait difficilement retenir ses rires la suivait en dehors en courant. Et, assise sur une armoire avec sa dignité habituelle, Asura triait des romans pour les ranger aux bons endroits, un sourire sur son visage devant tant d'animation.

La fille de la Mort se dirigea vers elle en souriant avant de se hisser à sa hauteur et de poser doucement sa main sur sa cuisse, attirant l'attention de la jolie démoniste qui posa sa pile de livres pour se tourner vers elle. Les yeux brillant de la plus sincère affection, Nru remit en place une de ses mèches derrière son oreille avec un joli sourire, et chuchota :

« – Il serait peut-être temps de repartir non? »

Asura acquiesça, une lueur aimante dans le regard.

« – Sans doute. Le bibliothécaire ne va probablement pas apprécier que nous passions la nuit ici, aussi attrayants que soient ces livres. »

D'un geste fluide, elle sauta à bas de l'armoire, avant de prendre Nru dans ses bras pour la reposer au sol, faisant fi de ses protestations amusées. Une fois les deux pieds au sol, cette dernière lui prit la main, et l'entraîna doucement vers la sortie, sous le regard amusé des autres et celui, envahi par la douleur, de Mairù. Mais aucune des deux ne le remarqua, trop occupées qu'elles étaient à se raconter leurs histoires.

De retour dans leur chambre, les deux femmes, assises nonchalamment sur le lit, firent dériver la discussion sur des sujets plus vastes, et plus ou moins tristes. Jiro qui devenait de plus en plus cassant au fur et à mesure qu'il grandissait. Korrin et Aélie qui sortaient désormais ensemble et se faisaient charrier de toutes parts par les autres enfants. Baku qui avait fait une méchante blague à son frère en mettant de la confiture partout sur son lit, et le cri de colère qui avait suivi, si puissant que Lina en avait éclaté de rire dans la salle du trône, sachant pertinemment la cause de cet accès de rage. Asura aurait aimé continué en racontant à quel point elle était contente d'avoir entendu ce rire, devenu tellement rare durant ces douze dernières années, mais Nru avait autre chose en tête. Un nom était apparu dans la conversation, un nom qu'elle aurait préféré ne pas voir, car il lui rappelait de trop horribles souvenirs, et à quel point son couple ne lui semblait tenir qu'à un fil. Mais elle se devait de poser une question.

« – Dis, Asura. Je t'ai vue, avec Mairù, dans le rayon des livres de science. Tu sais, lorsque vous aviez tous les deux ce livre fermé dans les mains. Vous faisiez quoi? »

La démoniste soupira, sachant très bien ce à quoi menait la conversation.

« – Il avait vu le livre, moi aussi, nous voulions tous les deux le lire en même temps. Je lui ai laissé. c'est tout. qu'est ce qui t'inquiète? »

Un long silence envahit la pièce. Avant que Nru ne reprenne, d'une voix un peu tremblante.

« – Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de penser... Que tu l'aimais, avant. Et on comprend pourquoi, dans un certain sens. Lina m'a expliqué votre proximité, les intérêts que vous partagiez, votre amitié depuis l'enfance, tout le reste... Alors... Maintenant qu'il a perdu la mémoire, qu'il a l'air d'être devenu l'homme idéal...

– Alors tu t'inquiétais de ce que je pouvais bien penser? »

Le visage grave, la démoniste soupira et serra les poings sur sa jupe.

« Il a peut-être perdu la mémoire mais c'est loin d'être mon cas. Et cette scène, ce moment où je l'ai surpris après t'avoir tranché la gorge, ça me hante toujours. »

Un fin sourire apparut sur son visage alors qu'elle le tournait vers Nru, ses yeux bleus brillant de cet amour qui ne pouvait être confondu avec une quelconque autre émotion. Et sa main se porta sur la joue de la fille de la Mort, qu'elle caressa avec douceur et décontraction. Cette dernière se laissa faire, avide du contact de celle qu'elle aimait, appréciant le moment et la douceur du geste.

« Notre amitié était profonde et nos liens ne sont sans doute pas totalement tranchés, de son côté comme du mien. Mais c'est toi que j'aime. C'est toi que j'ai épousée, c'est toi qui élève mon fils à mes côtés. Si cela ne te suffit plus comme preuve d'amour je suis prête à ce que tu veux, mais sache que lorsque tu m'as passé cette bague au doigt j'ai su qu'elle y resterait. »

Son sourire s'élargir, dissipant du même coup les derniers doutes dans le cerveau de Nru. Sa femme avait raison. Elles étaient ensemble, et heureuses, quelle que soit la source de leurs sentiments l'une envers l'autre. Leur bonheur resterait, à tout jamais, une réalité.

Et il n'y avait pas de plus grand bonheur que d'entendre la jeune femme lui chuchoter à l'oreille de la plus douce voix dont elle était capable qu'elle l'aimait, avant de raffermir sa prise sur son visage et de poser ses lèvres sur les siennes.

Le long baiser ne se rompit uniquement pour que la tête de Nru rejoigne la place qui lui était toute désignée, sur le buste de sa femme adorée, pour s'y endormir, envahie d'un profond sentiment de paix.

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Ouh là, j'étais pas inspirée du tout pour celui-là, nom de Dieu. Seulement mille mots, c'est mon OS le plus court depuis très longtemps. J'espère qu'il plaira quand même.

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