9| Les murs transpiraient les appels au secours
Treize heures.
Il était treize heures.
Moi qui dormais jusqu'à tard dans l'après-midi d'habitude, je ne me sentis même pas fatigué.
Je me levai difficilement, bataillant avec moi-même pour poser un pied à terre. Quand je fus prêt à prendre un petit déjeuner, je m'aperçus que mon ventre pesait le poids d'une boule de bowling. Ça craignait grave.
Maintenant que j'étais levé, je n'allais pas me remettre dans le lit. Je me traînai donc jusqu'à la salle de bain, examiner mes jolies cernes de trois kilomètres. Je remarquai même que le coussin avait gentiment fait une grosse trace sur toute la longueur de mon visage. J'étais littéralement à tomber. Une bombe je vous dis !
Dans la chambre d'Antoine, je m'habillai avec les ignobles vêtements de la veille — il faut dire que mes parents m'avaient obligé à mettre une chemise, chose que je détestais —. J'enviais Arslan et Antoine sur la photo où ils portaient des vêtements décontractés, tout autant que leurs sourires. La qualité était pourrie, certainement due au vieux Wiko datant de la période préhistorique qu'avait Antoine. Comme hier soir, et tant que cette photo existera, ils paraissaient heureux. Et même si je n'appréciais pas Arslan, j'avais comme l'intime impression que lui, pourrait sortir Antoine de la poudreuse.
Et, en ce moment précis, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et la présence inconnue s'adressa aux hôtes de la maison qui se trouvaient dans la cuisine :
— Oh ! vous êtes réveillés ! Salut p'pa, salut m'man !
Je reconnus de suite cette voix et cette étrange façon d'écorcher ''papa'' et ''maman''. Je voulus courir vers lui mais je préfèrai ranger la chambre en vitesse. Je ne voulais pas qu'il sache que j'avais fouillé là où je n'aurais pas dû mettre mon nez.
— Hé ! J'ai aussi emmené Arslan à la maison, ajouta-t-il.
— Bien mon chéri ! acquiesça le père.
Allez dans ta chambre.
Il n'avait pas dû préciser que j'y étais puisqu'en poussant la porte, Antoine et Arslan furent surpris par ma présence. Toutefois, ils gardèrent ce sourire avec lequel ils étaient arrivés, n'échangeant qu'un regard perplexe.
Les yeux de mon ami qui, d'habitude, étaient éteints et ne semblaient s'intéresser à rien, aujourd'hui, ils étincelaient. Ça me perturbait d'autant plus que son teint pâle paraissait maintenant éclatant. Il avait l'air comme... changé.
Arslan qui, chaque jour, ne me lançait que des regards pleins de reproches ne sembla pas comprendre qui j'étais puisqu'il demeura souriant.
Alors que je crus que les regarder ne m'avait pris qu'une seconde, Antoine me lança, impatient :
— Hum... Antoine ? On peut rentrer ?
— Bien sûr ! C'est ta chambre après tout, fis-je en sortant de mes pensées.
Puis, quand ils rentrèrent le temps s'arrêta, mes yeux ne regardèrent plus qu'une seule chose. Et là, je compris. Je compris qu'en les voyant main dans la main, Arslan serait celui qui remettrait Antoine sur ses skis et l'accompagnerait dans sa descente. Je compris cela alors que la chambre était étouffée par la tristesse tandis que les murs transpiraient les appels au secours.
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Et voilà, le voyage dans la chambre d'Antoine s'achève! C'était bien le dernier chapitre...
Je remercie les quelques personnes ayant lu cette nouvelle, je vous retrouve pour les mots de la fin :)
Au plaisir d'écrire,
_imaginarium
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