8| Trop bourrés pour rentrer
Près d'une heure après les douze coups de minuit, on m'annonça que mes parents avaient trop bu pour être capable de faire trente minutes de route sans avoir un accident ou être arrêtés par la police. Je ne fus pas surpris, c'était prévisible. On allait donc dormir ici. Être dans la chambre d'Antoine pendant toute une nuit en sachant ce qu'il y avait d'écrit sur les post-it allait être difficile. Vraiment une bonne façon de commencer l'année.
Sandrine, - oui, je m'étais souvenu du nom ! - la mère de mon ami, me proposa de me prêter des affaires d'Antoine pour la nuit et une brosse à dents. J'acceptai le pyjama mais pas la brosse à dents. Même si je devais certainement sentir le chacal en décomposition, le flemme l'emportait sur mon hygiène dentaire.
Ce pyjama était beaucoup trop grand. Il y avait bien dix centimètres de tissu en plus aux manches alors le bas n'en parlons pas ! Le pantalon me faisait aussi office de chaussons.
- Désolée mon garçon, je n'ai que ça..., s'excusa Sandrine
- Pas grave, ça ira !
Et elle repartit tranquillement sans se douter que la chambre qu'elle venait de quitter demandait son aide. Non, elle partit juste s'occuper des draps pour mes parents alors que son fils l'appelait silencieusement.
Mes parents vinrent me dire bonne nuit. Chuchotant à mon oreille, ma mère dit qu'elle savait que j'avais passé une soirée pourrie, ça me fit sourire et elle aussi. Je refermai la porte quand elle s'éclipsa, morte de fatigue. Voilà que vint le silence que j'adorais et détestais à la fois. Celui que tu aimes parce que tu es enfin tranquille. Celui que tu détestes parce qu'il fait ressurgir ce sentiment de solitude insupportable.
J'étais exténué pourtant, je n'arrivais pas à dormir. Ça m'était impossible. J'essayai toutes les techniques : ne penser à rien, essayer de se détendre, écouter de l'ASMR - et finalement c'est vrai que c'est relaxant ce truc... - et pleins d'autres choses mais rien ne fonctionna. Le secret c'est de ne pas se dire qu'on veut dormir, être naturel dans son lit et ne pas penser à des choses qui encombrent trop le cerveau. Grâce à la faible lumière que faisait mon téléphone je distinguai un cadre photo posé sur la table de nuit
Je ne sais pas comment j'avais fait pour ne pas le remarquer mais j'y vis Antoine accompagné d'Arslan, heureux d'être ensemble et je souris à mon tour. J'allumai le flash de mon portable et éclairai la photo. Je n'arrivai pas à décrocher mon regard de leurs yeux pétillants, ils prenaient toute la place sur cette photo. Et, bêtement, je souris, m'endormant immédiatement.
Seulement, je me réveillai plusieurs fois. Des mots, des phrases s'étaient répétés dans ma tête.
Seul. Entouré. Dépression.
Se révéler. Confiance.
Ce n'était pas que ces mots me hantaient, c'était parce que je m'inquiétais pour Antoine. Ce n'était pas la première fois, ça m'était déjà arrivé de penser à comment il allait, s'il avait besoin d'aide. Et je n'avais jamais de réponses.
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Cette nouvelle touche bientôt à sa fin... C'était l'avant dernier chapitre!
J'espère que les quelques lecteurs auront apprécié ce petit moment de lecture :)
Au plaisir d'écrire,
_imaginarium
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