3| Tourments

Un frisson me parcourut l'échine lorsque la brise froide m'embauma. Ses murs étaient aussi blancs que le poil d'Ane. Mais contrairement à son chat, cette couleur donnait à la chambre un aspect triste et vide. Au-dessus de son bureau était tapissé une quinzaine de dessins de mangas qu'il avait faits. Antoine adorait les mangas et tout ce qui touchait à l'univers du Japon. Moi, je n'ai jamais compris cette passion. Tous les ados adorent ce pays, surtout pour les mangas, mais la plupart ne s'intéressent pas aux paysages ni à leur culture. S'ils savaient... Les japonais sont peut-être respectueux — voire même trop — et propres, ils ont cet aspect de la hiérarchie que je déteste, j'ai l'impression qu'ils sont tous enfermés et doivent se contenter d'être comme on leur demande d'être. Peut-être que je dis des choses fausses puisque je ne suis pas japonais mais dans tous les cas, je ne suis pas du tout dans le délire d'Antoine et de milliers d'autres.

Ses étagères bien rangées, bien que remplies de figurines japonaises avec des filles à gros seins et des gars aux couleurs de cheveux plutôt étranges, contrastaient avec le bureau complètement en bordel. Traînaient des stylos, des fils électriques, une pile astronomique de livres qui manquaient de tomber et tout un tas de trucs inutiles. Lentement, je posai mon livre, mon téléphone et mon manteau sur son lit au milieu de sa petite chambre. Je scrutai sans but tous les pans de sa piaule qui donnait des frissons. Comment pouvait-il vivre là-dedans ? Ses dessins accrochés au mur représentaient des gens tristes, torturés par la douleur mentale ou du sang. Ça aussi je le savais, qu'il aimait le sang et tout le bazar. Au collège on dit que c'est le fils de Satan parce qu'il dessine toujours des choses du genre et qu'il est content. Et à chaque fois, j'ai l'impression qu'il joue un rôle, je pense sincèrement qu'en réalité il n'aime pas tant que ça les trucs glauques. Personne ne le sait mais je crois, et ça se voit, qu'il est triste, à l'intérieur de lui. Je le sais, j'ai traversé ça aussi.

M'allongeant sur la couette grise, je plongeai mon regard au plafond blanc, pour changer. Je ne me sentais pas bien dans cette chambre, ça me rappelait trop l'année dernière quand je m'étais retrouvé au fond du gouffre, sans vraiment savoir pourquoi. Ça m'effrayait mais je voulais en savoir plus sur Antoine — il faut avouer que je ne le connaissais pas tellement — et sur ce qu'il ressentait vraiment.

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