2| Dans l'antre secrète

Nous entrâmes dans cette vieille maison dont les murs extérieurs étaient couverts de lierre et de mousse, les parents d'Antoine nous saluant chaleureusement.

— Bonsoir Élio ! Comment vas-tu ? Oh ! qu'est-ce que tu as grandi ! enchaîna la mère dont je ne me souvenais plus du nom.

— Bonsoir. Je vais bien, merci.

Ce furent des salutations bien ordinaires. Quand on est encore ado, les adultes qui nous rencontrent nous disent sans cesse que l'on grandit. Or, je n'avais pas poussé de plus de deux millimètres depuis les vacances d'été. Peut-être avait-elle dit ça par habitude, ou bien parce qu'elle savait pertinemment que la taille de son fils me complexait au plus au point et qu'elle voulait me rassurer, vainement.

Ils avaient un intérieur vieux et rustique, à chaque fois que je faisais un pas, le parquet grinçait et il y avait de vieux objets dans tous les recoins. Toutefois, c'était joli et agréable. Deux autres personnes inconnues nous firent la bise et je me mis instinctivement à l'écart, ne me sentant pas à l'aise au milieu d'adultes. Mon frère lui, n'était pas mécontent puisqu'il pouvait jouer avec le frère d'Antoine. Ce gars-là était un fana de football, des ballons traînaient partout dans le salon.

Préventif que j'étais, j'avais pris le livre que je devais lire pour le collège, Les Misérables, afin de combler l'ennui. Personne de mon âge... Décidément, j'avais la poisse. Mes parents commencèrent à discuter d'une voix passionnée, comme chaque adulte le fait quand il parle avec ses amis. Alors que j'allais me mettre à la lecture près du poêle, je vis Ane, le chat blanc si mignon de la famille, allongé sur une couverture dans un panier d'osier non loin du poêle qui réchauffait la maison. Non, ce n'est pas Anne mais Ane, se prononçant Ané. Ce n'est pourtant pas bien compliqué ! Pourtant, quand j'écris son nom, tout le monde le lit Anne. C'est Antoine qui lui a donné ce nom-là : il m'avait expliqué qu'en japonais, cela signifiait ''sœur aînée''. Une sœur qui, secrètement, il aurait voulu avoir au lieu de son frère.

Je m'approchai lentement pour ne pas lui faire peur. Son poil doux et chaud entre mes doigts me fit sourire, mais il ne réagit et continua à me regarder d'un façon étrange. Je le caressai un moment avant que son frère Thibault vienne me dire :

— Si tu t'ennuies, tu peux aller dans la chambre d'Antoine s'tu veux !

Puis il repartit jouer avec mon frère comme si de rien n'était. Il n'avait pas réalisé à quel point il venait de me faire penser à quelque chose. J'avais beau être ami avec Antoine depuis plus de deux ans, j'étais entré dans sa chambre à quelques rares occasions, qui se comptaient sur les doigts d'une main. Ainsi, je poussai doucement la porte de sa chambre et allumai la lumière. Il faisait vraiment froid dans cette pièce.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top