Chapitre 6

Je peine à me réveiller ce matin. En plus, le matelas n'est pas comme d'habitude... Il y a quelqu'un à côté de moi, euh comment ça y'a quelqu'un à côté de moi ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ? me demandé-je à moi-même en me frottant les yeux.

Ça y est... Le dîner, le confinement, le lit, je me souviens. La journée risque d'être compliquée si je ne me souviens de rien comme ça à chaque fois.

Je n'ose pas trop bouger, ne voulant pas réveiller Anissa. J'ai donc préféré attendre trente minutes qu'elle se réveille pour me lever. Un jour ma bonté me perdra...

Je me dirige vers la cuisine où Carine me propose des céréales et un jus de fruit comme petit déjeuner. Quelques minutes après, Anissa nous rejoint.

Après quelques temps plongée dans son bol, elle se décide à parler :

- On va rester comme ça combien de temps ? demande-t-elle, visiblement aussi un peu déboussolée. mais j'apprécie moyennement sa remarque à croire qu'on la fait chier.

- Sympa pour nous, réponds-je la voix rauque et pleine de sommeil.

- Je ne dis pas ça dans cette intention-là, répond-t-elle.

- Le président a dit deux semaines, nous apprend Carine, en pleine forme.

- Mais vu l'ampleur du virus ça peut être plus, complète mon père, bien moins énergique.

Cette dernière phrase plonge la pièce dans un silence profond. Mon père, politique dans l'âme, reprend :

- Ça ne sera peut-être pas simple de vivre les uns sur les autres mais nous ferons au mieux. Et si vous avez l'impression que notre présence s'impose à vous ou inversement et bien rappelez-vous qu'ici personne n'est responsable de cela et que nous devons agir en conséquence pour que tout se déroule bien.

- Bravo Papa, très beau discours. Présente-toi aux prochaines élections, on votera pour toi, rétorqué-je sur un ton mi-ironique mi-sérieux.

- Nan mais je suis sérieux, au début on va tous trouver ça cool mais après on risque d'être un peu moins détendus, me répond-t-il plus insistant.

- L'important est de faire en sorte que tout se passe bien et ça va aller, tranche Carine. Bon, qui m'aide à faire la vaisselle ? demande-t-elle.

- Moi ! s'exclame Carla en même temps que moi.

- Venez alors, nous répond-t-elle en indiquant l'évier.

Je commence à m'atteler à ma tâche lorsque je me rends compte que l'ambiance me paraissait bonne jusqu'à ce que j'observe tout le monde. Là je me suis rendu compte que ce n'était pas forcément le cas. Papa est affalé sur une chaise, totalement dans les vapes, sûrement inquiété par cette histoire de confinement. Anissa m'a l'air dépressive mais je pense plutôt qu'elle réfléchit. Elle pense trop, elle va s'en rendre malade. Enfin je dis ça mais ça ne fait pas vingt-quatre heures que je la connais.

- Tu ne nous fais pas une dépression ? m'enquis-je en rigolant, espérant la détendre un peu.

- Nan je pense juste, dit-elle,complètement détachée, A croire qu'elle est possédée par une force mystérieuse.

- Alors arrête de penser parce que tu tires une de ces têtes... Je m'en veux immédiatement d'avoir balancé ça comme ça- On en parle de la tienne ? dit-elle sur un ton incisif. Nan je ne crois pas, alors t'occupes pas de la mienne.

- Tu peux en parler, après tout je suis le plus beau gosse de la planète, réponds-je en essayant (inutilement) de rattraper le coup.

Je n'obtiens aucune réponse de sa part, alors que je l'observe se lever et s'enfermer dans sa chambre.

Une fois qu'elle s'est éloignée, Carine me rassure en me demandant de ne pas lui en vouloir car ce n'était pas de ma faute si elle est partie. Elle m'a dit qu'elle est sûrement dépassée par la situation, d'où sa réaction, et que ce que ma réplique n'a pas induit son départ. Elle a aussi murmuré pour elle-même des choses que j'ai cru deviner. « Si seulement il n'y avait que ça dans sa tête.. »

Les jours ont passé et Papa et Carine rentraient tous les soirs de leur travail. Je savais bien que ça ne durerait pas mais je ne préférais pas y penser. La journée j'étais avec les deux sœurs et ça se passait plutôt bien. J'aime bien Carla, sa façon de parler et tout, ça me fait rire. Anissa elle est plus réservée et moins tranchante dans ses paroles pourtant elle m'intrigue. Je ne sais pas encore comment mais je vais percer le mystère autour d'elle, que je puisse un jour la comprendre. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que tous les deux on se ressemble beaucoup.

Les repas du soir, je crois que c'est le meilleur moment de la journée. On est tous ensemble et on rit, on déstresse, on discute, on vit normalement. Il y aussi un côté rassurant dans tout ça car les parents sont là, enfin je pense que ça leur fait plus de bien à eux qu'à nous mais soit. A presque tous les repas Carine nous dit ô combien elle est fière du personnel de la maison de retraite car ils respectent bien le protocole et que pour le moment personne n'a eu le virus là-bas.

Les journées sont assez routinières dans le petit appartement mais on y vit plutôt bien. En même temps on est confinés c'est sûr qu'à force les journées ne peuvent que se ressembler. Mais bon ce petit changement m'aère l'âme et l'esprit, j'avoue que ça ne me fait pas de mal. Au moins j'arrête de ne penser qu'à la même chose tout le temps, cet accident de merde, ça me permet de souffler un peu.


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