Chapitre 3


Les premiers cas du virus de Chine commençaient à arriver en Europe, certains pensaient qu'il y aurait une pandémie mondiale face à ce virus auquel on ne connaît pas de remède, d'autres avaient foi en la médecine. Ça commençait à devenir tendu dans les hôpitaux et tous les lieux de santé, la maison de retraite où Carine travaillait aussi. On conseillait à la population d'avoir une hygiène plus stricte et d'éviter les contacts avec les autres. Cela ne faisait que commencer...

Dans la maison l'atmosphère était beaucoup moins froide. Après cela fait déjà quelques jours qui se sont écoulés où j'ai eu le temps de réfléchir un peu. Je crois que j'arrivais enfin à me faire plus ou moins à l'idée. Je voyais bien que mon père culpabilisait et ça me faisait de la peine. Aujourd'hui c'était un peu le grand jour pour lui alors je me devais au moins de lui sourire, ne voulant pas l'empêcher d'être heureux même si moi ça me blessait un peu de savoir tout ça. J'avais le choix d'aller à ce dîner avec lui ou non et pourtant je n'ai toujours pas de réponse à apporter. Pourtant j'ai eu quasiment une semaine pour réfléchir...

Si j'y vais, il va falloir que je prenne sur moi en plus de risquer d'être déçu des personnes que je vais rencontrer. Après tout si je n'y vais pas je n'aurai pas de remords et puis je resterais dans ma zone de confort. De plus cette femme, Carine, ne serait jamais ma mère et si je vais à ce diner ça voudrait dire d'un coté que j'accepte que ma mère soit partie...

Mais si je n'y vais pas je n'aurai jamais de réponses à mes questions et je regretterais alors de ne pas y être allé et peut être que j'aurai raté quelque chose de formidable, qui sait... Je suis franchement perdu.

Mon père va rentrer d'une minute à l'autre vu l'heure et moi je ne sais toujours pas ce que je veux : il faut vite que je prenne une décision après ce sera trop tard.

Qu'est-ce qui va me rester le plus sur la conscience ? Me dire j'aurai dû y aller ou si j'avais su je n'y serais pas allé ?

Le claquement de la porte d'entrée me sort de mes réflexions mais hélas elle ne m'extirpe pas ce sentiment indéfinissable que j'éprouve à prendre une décision. J'entends mon père m'appeler, me faisant sortir de ma chambre.

- Ça va mon fils ? J'acquiesce rapidement en guise de réponse, le laissant continuer. Je t'ai laissé 20 euros là pour que tu te commandes à manger, je vais vite m'habiller et j'y vais, dit-il en s'éloignant en direction de la salle de bain. Mais si tu veux venir tu peux toujours ! crie-t-il de la petite pièce qui résonne pendant que moi je suis incapable de bouger du couloir.

- C'est bien mon problème Papa, dis-je pour moi-même.

- Alors c'est oui ou c'est non ? Si tu te décides maintenant, on ne sera pas en retard ! me dit-il toujours de l'autre côté de la maison. Et puis tu ne veux pas te rapprocher un peu, j'en ai marre de crier.

- Je ne sais pas, Papa... dis-je en me rapprochant.

- Alors prends une décision et la meilleure pour toi selon toi, moi je me douche maintenant. Mais dépêches toi je ne veux pas être en retard.

Ces derniers mots ont été engloutis par le bruit du jet d'eau. Aller faut que je me décide...Si j'y vais au moins j'aurai un avis alors que si je n'y vais pas je ne pourrais même pas donner mon avis dessus ni rien d'autre... Et puis ça ne coûte rien d'y aller une fois, pour savoir à quoi m'en tenir. Après, la vie est un enchaînement de prises de risques.

- Papa ! Je viens ! hurlé-je en me dirigeant vers ma chambre pour m'habiller un peu mieux.

Quelques minutes plus tard, je redescends, découvrant mon père avec une jolie chemise blanche, un style que je ne lui avais pas vu depuis longtemps. En fait, depuis le divorce. Il doit vraiment être bien avec cette femme pour en faire autant. Cette remarque silencieuse m'arrache un petit sourire en coin.

- T'en auras mis du temps à te décider, dit-il en riant. Bon, je vais chercher les clés de la voiture, je mets mes chaussures et on y va, continue-t-il en s'éloignant encore une fois.

J'en profite pour lacer mes chaussures et prendre une veste rapidement. Mon père enfile à son tour ses chaussures et nous voilà partis.

Nous grimpons dans la voiture et mon père m'adresse un rapide regard en enclenchant le contact de celle-ci. Au même moment, une question me vient en tête : quelle potentielle erreur suis-je en train de faire ?

Cela fait maintenant dix bonnes minutes que nous roulons quand nous sommes arrivés à l'entrée de la ville. A un feu rouge mon père se tourne vers moi :

- Tu sais Morgan je suis content que tu viennes ce soir. Vraiment très content. Pour moi,c'est une nouvelle vie qui commence.

- Je sais Papa, lui réponds-je. Tu n'arrêtes pas de sourire niaisement depuis tout à l'heure.

- J'espère que tu ne t'es pas senti obligé de venir pour moi ou je ne sais trop quoi, dit-il en redémarrant.

- Nan, t'en fais pas pour ça. Si je viens c'est pour moi en quelque sorte.

Il m'adresse un rapide hochement de tête et regarde devant lui. En même temps pour conduire, c'est plus pratique.

Je laisse ma tête tomber lourdement contre la vitre fraîche de ma portière. Mes yeux n'arrivent plus très bien à suivre la vitesse à laquelle on dépasse chaque lampe. Je commence à me sentir stressé, anxieux peut-être. Je me laisse griser par tout cela en essayant de ne pas trop penser. J'aime tellement ce sentiment, j'espère que cet appartement est encore loin.

Après plusieurs minutes appréciées au mieux, je sens que mon père ralentit. Nous nous engouffrons dans une rue plus petite qui débouche sur un parking. Une fois la voiture garée et le moteur coupé il se retourne vers moi et en me tapant la cuisse déclare joyeusement :

- Allez c'est parti mon kiki !

- Papa, je crois que ce sont tes expressions qui font ton charme, lui dis-je en souriant.

Il me répond par un sourire et nous descendons de la voiture direction la porte de ce fameux appartement...



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