Chapitre 2

Pendant ce temps là du côté de Morgan...

*driinng* Enfin la fin des cours, la journée était incroyablement longue, j'en pouvais plus... Entre les biographies et les formules de maths, ça commençait à faire trop. Je range mes affaires, je check mes potes et marche en direction de mon arrêt de bus. D'habitude je reste un peu avec eux mais là je n'ai pas très envie, je suis tellement fatigué... En plus il pleut c'est vraiment le starterpack de la journée de merde. Je ne vais pas passer ma soirée à me plaindre mais ce n'était pas ma meilleure journée aujourd'hui...

Je mets mes écouteurs et essaye de trouver une musique moins déprimante que le temps d'aujourd'hui. Durant le trajet je pense à mon passé et mon futur, ma mère et comment sera ma vie. Après tout ça fait partie du sens de la vie de penser à ça et comme ça. Si on ne pense pas au futur on reste bloqué dans le passé et si on reste bloqué dans le passé on ne va pas de l'avant. Le plus dur ce n'est pas de ne plus penser à l'un ou à l'autre mais c'est de rester dans ce que l'on appelle le présent. C'est ce temps où l'on vit et on construit des choses, où l'on rencontre des gens, où l'on pleure, où l'on rit.

On arrive déjà au village, au bout de la rue j'aperçois la maison. Le bus s'arrête et je descends. En voyant la voiture, je devine que mon père est déjà là. Ça ne doit pas faire longtemps qu'il est rentré au vu de ses horaires. Je rentre et pose mes affaires dans l'entrée. Je vois qu'il est assis sur le canapé et n'arrête pas de se passer les mains sur le visage. Il ne m'a franchement pas l'air en forme... Je m'approche de lui pour être à sa hauteur et le questionne alors qu'ilrelève son visage encore plus blanc que le cuir du sofa

- Ça va Papa ? Tu n'as vraiment pas l'air bien là...

- Ce n'est rien mon fils, il faut juste que je trouve un peu de courage.

- Du courage pourquoi ? S'il y a un problème tu peux me le dire tu sais, on est à deux ici, dis-je pour le rassurer.

- S'il te plait promets moi que tu n'auras pas de réaction excessive, me demande-t-il d'un ton un peu trop calme. S'il me demande ça, c'est qu'il y'a un souci...

- C'est si grave que ça ?

- Non ça ne l'est pas mais j'ai peur que ça le devienne et que tu m'en veuilles.

- Promis pas de réaction excessive, répondis-je ne sachant pas encore si j'allais m'y tenir.

- Bien alors voilà... commence-t-il avec un profond soupir. Tu te souviens quand on a emménagé, j'ai rapidement trouvé ce travail de cuisinier que j'ai commencé un peu plus tard. Et bien il m'a permis de rencontrer de nouvelles personnes et parmi celles-ci j'ai rencontré une femme, Carine. Cela fait un mois que nous sommes ensemble et que tout va bien.

Il a dit ça très vite, d'une voix pleine d'angoisse.. Je trouve qu'il est allé un peu trop droit au but pour le coup. J'ai vaguement entendu la dernière phrase, mais mon cerveau s'est arrêté sur « j'ai rencontré une femme, Carine. »

Je ne dis rien le temps de digérer chaque mot que mon père a prononcé : je ne m'attendais pas le moins du monde à cela. Quelque part au fond de moi il y avait une chose qui me demandait de tout casser mais je ne l'écoutai plus ayant promis de rester tranquille. Je voyais bien le regard inquiet de mon père et j'essayais de trouver quelque chose à lui répondre. Mais les mots mirent du temps à arriver.

- D'accord. Je marque une pause, avant de continuer :Tu te remets bien vite de la mort de maman quand même. Je trouve ça rapide, dis-je d'une voix rauque.

- C'est ta mère qui avait demandé le divorce, pas moi. Elle ne m'aimait plus alors je ne crois pas que je la blesse ou la déshonore en faisant ça, tu comprends ? Ces dernières années ont été quand même quelque peu difficiles je trouve et Carine me fait vraiment vivre autre chose, je suis heureux tu comprends. Après si cela peut te faire du bien, sache qu'elle n'est absolument pas pressée et qu'elle veut que les choses se passent doucement.

- Je comprends mais quand même, ce n'est pas facile à avaler, répondis-je en le regardant droit dans les yeux. J'essaie vraiment de rester calme et de me trouver toutes les raisons du monde pour être avec toi mais ça fait quand même mal. Je vais monter dans ma chambre, on se voit demain matin. Bonne nuit Papa.

- Je comprends, bonne nuit mon fils, me salua-t-il calmement.

Je sais que mon père n'a quasiment pas dormi de la nuit parce que moi non plus je n'ai pas réussi et je ne l'ai pas vu aller se coucher. J'ai écouté de la musique toute la nuit pour essayer de trouver une quelconque réponse aux questions floues de mon esprit. Bizarrement je ne voyais pas mon père comme quelqu'un de mauvais mais j'avais mal. Je crois que c'est ce soir-là que j'ai compris qu'elle était vraiment morte et qu'elle ne reviendrait plus jamais. On se sent tellement vide dans ces moments-là, le néant. Je n'ai pas honte de le dire, j'ai pleuré. Toute la nuit jusqu'à ce que je réussisse à dormir.

On dit que la nuit porte conseil, je l'espère. J'espère qu'elle m'aidera à prendre un peu de recul sur la situation, qu'elle m'apportera quelques réponses.

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Nous sommes mercredi dans la petite maison de Frank et Morgan.

Les relations avec mon père n'étaient pas tendues, il y avait juste une ambiance générale triste, nostalgique et négative. A part pour se passer le sel nous n'échangeons plus beaucoup de peur de blesser l'autre ou de faire démarrer une discussion à laquelle on ne voudrait pas participer.

Ça me rendait un peu triste et puis j'avais franchement peur que mon père croie que je lui en voulais. Je finis par me lancer :

-Tu sais Papa je ne te fais pas la gueule et je ne t'en veux pas.

- Je sais... me sourit-il, pensif.

- C'est juste que ça me fait ressasser un passé que je n'ai pas encore eu le temps d'accepter, continuai-je une expression maussade greffée au visage.

- De te l'avoir annoncé ça m'a fait le même effet et ce n'est pas vraiment joyeux.

- Je suis bien placé pour le savoir... Tu es vraiment bien avec cette femme ? commençai-je à le questionner. Il fallait bien que je sache même si cette discussion me faisait du mal.

- Oui, vraiment.

- Est-ce qu'elle te sert de relation pansement ?

- Pas du tout, elle m'apprend une autre façon de vivre.

- Elle a quel âge ?

- Le même que moi.

- D'accord alors tant mieux. Ça m'a l'air de quelque chose de bien, dis-je plus détaché que je ne le voulais.

- Ça l'est mon fils.

Mon père faisait de son mieux, mais je voyais bien qu'il était content qu'on ait eu cette discussion. Un vrai gamin...

J'ai passé mon après-midi à faire mes devoirs parce que les profs abusent vraiment là-dessus.

Plus tard dans la soirée je me suis décidé à poser d'autres questions sur cette femme à mon père : je commençais à devenir un peu curieux. Je sors donc de ma tanière et rejoins mon père dans le salon.

- Parle-moi un peu de Carine... demandai-je en m'asseyant à côté de lui dans le canapé.

- C'est une femme très dynamique, blonde, qui travaille à la maison de retraite auprès des résidents mais également à l'accueil. Elle est en plein divorce avec son mari avec qui elle a eu deux filles. Elles habitent en ville dans un appartement, me répondit mon père un peu surpris de ma demande.

- D'accord. Et ce sont des petites filles ?

- Pas du tout. La plus grande a 16 ans il me semble et l'autre 13.

- Ah d'accord.

Ça me surprenait un peu, mais ça me rassurait d'une certaine manière de savoir que de l'autre côté il y'avait quelqu'un de mon âge. De nouvelles rencontres à faire... ou pas. Enfin je verrais bien le moment venu.

Un téléphone sonna, celui de mon père, et je ne pus m'empêcher d'y jeter un œil. Je lus :

Carine :

"Coucou j'ai oublié de te demander si le dîner chez moi samedi soir tient toujours ? "

- Ah ouais petit dîner en amoureux, dis-je pour plaisanter.

- Pas vraiment... Je vais faire la rencontre de ses filles. Comme j'avais peur de ta réaction je ne te l'ai pas dit tout de suite... Si jamais tu as envie de venir tu es le bienvenu tu sais, me répondit-il un peu gêné.

Pour le coup c'était vraiment la décadence. Ça commençait à aller un peu mieux, je commençais seulement à me faire à l'idée et là j'apprends encore quelque chose de nouveau. J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle là.

- Je n'aime pas vraiment quand tu me dis les choses à moitié... Je vais y réfléchir, dis-je un brin blessé. A peine ces mots sortirent de ma bouche que mon esprit se mit à divaguer, loin dans un autre monde plus doux à mes pensées. Je me prends deux grosses claques en deux jours, franchement ça fait beaucoup.

- Je sais excuse-moi. Y'a pas de soucis fais comme tu veux, me répondit-il les yeux au sol.

On dina en silence et je partis rapidement me coucher. Bizarrement mon sommeil ne fut pas aussi agité que je le préconisais.

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