after three.

TykenaProduction.©




À ta recherche - Rafaël







Je regardais la photo avec minutie.

Genre je regardais tout. Sa carrure, son visage, son sourire, sa position, ses tatouages, tout.

C'est une dinguerie. J'ai l'impression que c'est moi en un peu plus baraqué.

Je défile la photo pour en voir une autre.

Ma mère était toujours avec son ancien uniforme de gardienne.

Oh oui avant elle était gardienne de prison, en chef bien sûr, c'est ma mère quand même, mais depuis elle s'est réorientée vers un poste assez bien placée après certaines formations : directrice de sécurité de la présidence de la République.

Elle s'occupe du groupe de sécurité du président, des personnalités d'État, etc. Au plus grand plaisir de mon père qui préfère la savoir en sécurité tout en étant en charge de la sécurité présidentielle à l'Élysée que de la savoir dans une prison.

Il est très protecteur avec elle, il l'aime trop. C'est plus sa meilleure amie que sa femme.

Mais bref je m'égare.

Je continue à regarder la photo toujours en le détaillant.

C'est fou, on est des beaugosses comme ça ?

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir en même temps et j'entends les rires de mes parents.

Ça m'a un peu sorti de mon rêve.

Maman - Hey toi, tu dors pas encore ?

Elle me fait un bisou sur la tempe et mon père pose sa main sur ma tête pour ensuite prendre une bouteille d'eau dans le frigo. C'est sa manière à lui de dire bonjour, me demandez pas pourquoi.

Je hoche la tête négativement et elle regarde l'ordinateur.

Maman - Ohw.

Je la regarde.

Maman - C'est lui.

Elle me le désigne même si je le savais déjà.

Mon père se met de l'autre côté et regarde aussi l'ordinateur en posant sa main sur ma nuque.

Papa - Tu me ressembles quand même.

Je le regarde et rigole.

Je suis resté quelques secondes silencieux en regardant l'ordinateur.

- Il était en prison alors ?

Je regarde ma mère qui prends la chaise haute pour la tirer à côté de moi et s'y asseoir.

Papa - Je monte déjà.

Il lui fait un bisou sur la tempe et monte.

Maman - Je l'ai rencontré là-bas.

- Comment vous avez pu familiariser déjà ? Fin.. c'est un détenu et toi t'étais gardienne. De base vous êtes ennemis.

Maman - Je n'ai jamais voulu avoir des ennemis en prison. La société était déjà leurs pires ennemis et moi je dois ajouter une couche ? Hors de question. Travailler en tant que gardienne de prison était l'une de mes plus belles réussites.

- Pourquoi tu as arrêté ?

Elle me regarde quelques secondes et regarde l'ordinateur.

Maman - Tu devais avoir 6-7 mois quand je me suis faite agressé et séquestré dans ma propre maison.

Je fronce les sourcils.

Maman - C'est une longue histoire. C'était un autre prisonnier de Marseille qui devait terminer sa peine à Paris. C'était un psychopathe mais je l'ai compris beaucoup trop tard.

- Comment il connaissait ton adresse ?

Maman - *rire* Ta mère était attiré par l'interdit. C'était mon "petit-copain".

Je la regarde et hausse un sourcil.

- Mais attends tu t'es tapé combien de prisonniers toi ?

Elle rigole en me tapant faiblement sur le bras.

Elle a vraiment un beau sourire cette femme.

- Comment ça s'est terminé avec lui ?

Maman - Il est décédé.

- En prison ?

Elle hoche la tête négativement en regardant l'ordinateur.

Maman - Je l'ai tué.

Je m'y attendais pas à ça.

Maman - ...et crois-moi que la seule chose qui m'a donné la force de le faire c'était de te revoir un jour, de te serrer encore une fois dans mes bras, sinon lui m'aurait tué.

Elle me regarde et caresse ma main.

Maman - Ça m'a traumatisé. Complètement traumatisé. Les gens banalisent l'impact d'une agression sur une personne. Le fait que ça soit une personne en qui j'avais confiance, à qui j'ai tout donné, en qui j'étais follement attiré m'a encore plus détruite. J'avais l'impression que tous les détenus autour de moi me trahissaient alors j'ai commencé à devenir invivable.

- Plus que maintenant ?

Maman - Si tu refais une intervention comme ça, je te punis.

Je souris. Je kiff la déranger.

Maman - Je devenais invivable et les détenus le remarquaient. Je créais une barrière pour me défendre d'eux.. parce que j'avais peur, je commençais à avoir peur d'eux et je ne voulais pas. J'essayais de faire des thérapies. J'ai fait un long moment d'arrêt maladie, une "dépression", croyant que ça allait m'aider à me reposer mais rien..

Elle aimait vraiment son métier et ça se voyait.

Maman - Alors après des années où je me suis débattue avec moi même j'ai démissionné de mon poste de gardienne en chef. Je ne pouvais plus me détruire, détruire ma famille, et détruire les détenus.

Je n'ai jamais connu ce côté là de l'histoire de ma mère. Jamais.

Maman - J'ai quitté le métier de mes rêves parce que je voulais avoir une vie normale.. comme je l'ai toujours eu.

- ...donc ce que tu fais maintenant.. t'aimes pas ?

Maman - Si, j'aime ce que je fais. Je gère tous les hommes qui protègent personnellement le président de la République, c'est pas rien. Je ne porte peut-être plus mon uniforme préféré mais au moins je me sens bien. On doit toujours être bien là.

Elle pointe mon front.

Maman - Pour toutes les décisions qui seront prises, tu dois être bien là dedans.

Je hoche la tête.

Maman - Et ça ton père ne l'a jamais compris. Il n'a jamais été bien mentalement. Il n'était prêt à rien, il n'a jamais rien assumé et tout ça malgré lui je pense. Parce que Saïf aurait pu être quelqu'un de bien.

- Si il ne t'avais pas quitté.. tu serais encore avec lui tu crois ?

Maman - Non je pense pas.. j'aimais toujours Tarek pour ça. Je me le suis caché parce que j'étais énervé contre lui mais je l'aimais toujours autant.

- Enervé pourquoi ? Il a fait quoi ?

Maman - *rire* Ça c'est une histoire qu'il te racontera lui-même en portant ses couilles.

Je hausse un sourcil.

Maman - Écoute.. Je t'avais promis de te raconter tout ce tu voulais savoir sur lui. Absolument tout.

Je regarde l'ordinateur pendant quelques secondes.

Maman - Qu'est-ce que tu veux savoir ? Tu veux me dire quelque chose..

Je la regarde et regarde sa main qui caressait la mienne.

- ...pourquoi il ne veut pas de moi ?

Je la regarde dans les yeux et elle aussi.

C'est la seule question qui me dérange, la seule.

Elle n'avait pas de réponse et je le voyais. Ou bien elle me cache quelque chose.

- Dis-moi la vérité.. je sais qu'il y a quelque chose derrière tout ça.

Elle soupire.

- Pourquoi maman ?

Maman - Tu...- il ne veut pas d'enfant d'une autre femme. Pour lui c'est une honte d'avoir eu un enfant.. avec moi.

Je la regarde et fronce les sourcils.

- Je suis une honte pour lui ?

Elle regarde ma main et en la caressant.

- Il a honte de moi alors que c'est lui qui m'a voulu ?

Maman - Je t'ai voulue aussi et je t'ai eu, je n'ai jamais eu honte.

- Je sais maman mais...-

Je souffle et me lève en mettant mes mains sur mon visage. Je regarde la fenêtre pendant quelques secondes.

Je lâche un rire nerveux.

- J'suis une honte..

Maman - Rafaël..

Je ferme mon ordinateur en soufflant de rage, de haine, de tristesse bref tout ce que vous voulez.

- Je vais dormir, demain j'ai cours.

Alors que j'ai pas cours demain, je voulais juste m'éclipser. Par humiliation ? Peut-être.

Je sors en prenant mon ordinateur et monte à l'étage sous le soupirement de ma mère.

Je rentre dans ma chambre et souffle en m'asseyant sur le lit.

Peut-être que t'avais raison.

Démon - J'ai toujours raison.

Si je suis sa honte pourquoi il voudrait de moi ?

Ange - Voyons.. c'est des propos qu'il a tenu il y a 21 ans.. il a sûrement changé. Ne baisse pas les bras, va le voir.

Je me lève et ouvre ma porte vitrée donnant sur mon balcon.

Démon - Tu crois que si Saïf aurait changé d'idée il lui aurait raccroché à la gueule et bloqué ?

Je m'accoude a la rambarde et soupire en regardant la piscine en-bas.

Démon - Nous ne sommes pas des pigeons, nous ne courrons pas derrière les gens, on a pas que ça à foutre.

Ange - T'es plutôt culotté de dire "nous" t'es juste un subconscient dém's, ne fait pas le fou.

Démon - Je suis peut-être un subconscient mais je donne des bons conseils.

Ange - Des bons c-

Putain fermez vos gueule vous deux !

Je suis déjà sous les nerfs, je sais pas quoi faire et vous vous ouvrez gueules comme ça. Putain.

Je regarde la piscine et toutes les lanternes encore allumées.

Je réfléchissais.

Demain j'avais prévu d'aller chez lui mais après tout ça.. je n'étais même plus sûr.

J'hésite, j'hésite..

...

Putain.

[...]

Je me suis réveillé tôt.

Vers 8h j'étais déjà debout.. fin j'ai plutôt pas dormi en vrai.

J'étais assis sur la chaise haute de la cuisine avec un bol de céréales lion, ma couverture autour de moi et mon ordinateur devant moi avec un film devant moi. Mission impossible 2 plus précisément, mais bon c'est qu'un détail.

J'entends des pas et les voix de mes parents.

Une fois au seuil de la porte, j'ai tourné ma tête vers eux et j'ai souris.

Maman - Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Ça ne se voit vraiment pas Taynara ?

Elle me regarde mal et me met une claque sur la tête.

Maman - Tu commences à quelle heure ?

- J'ai pas cours.

Mon père regarde sa montre.

Papa - 7h50 et t'es debout alors que t'as pas cours à l'univ' ? T'es malade ?

- J'arrivais pas à dormir.

Je regarde sa montre et fronce les sourcils.

- Orh je t'avais pas volé cette montre ?

Papa - Je l'ai reprise et au passage je t'ai pris la coque de ton téléphone. La bleue et le bracelet en or.

- Anh c'est toi qui me l'a pris ?!

Maman - *soupire* Au lieu de demander gentiment... ils se volent entre eux.

Je met pause à mon film parce que j'arrivais pas à suivre.

Maman - Bon moi j'y vais. Dans 10 minutes si les jumeaux sont pas en-bas, tu les presses.

- Pourquoi moi ?

Papa - Parce que comme t'es debout, tu vas les déposer à l'école.

- Mais pourquoi mooooi ?!

Ma mère me fait un bisou sur le front et met ses talons. J'avoue que le petit ensemble tailleur-pantalon lui va mieux que l'uniforme.

- Maman nooon !

Maman - Non Rafaël.

- Papaaaa !

Papa - Qui t'a envoyé faire le permis ?

Je le regarde mal et souffle.

Ma mère fait un bisou sur les lèvres de son mari et je fais la grimace.

Maman - Joyeux anniversaire mon amour..

Il sourit de sa sale bouche et lui fait un autre sale bisou.

- Bah vas-y, un lit aussi non ?!

Ma mère rigole et prends ses affaires avant de s'en aller.

Les jumeaux débarquent avec leurs visages fermés.

Le réveil c'est compliqué chez eux mais dormir à 3 heures du matin c'est facile.

Papa - *rire*

Je les regarde et rigole aussi. C'est vraiment des jumeaux eux deux. Toujours fâché au même moment.

Amir - C'est drôle hein.

Comme d'habitude Ameya se blottit contre mon père.

Amir - Azi câlin aussi Rafaël ?

- Touche moi et je te frappe.

Il râle en sautillant et croise les bras.

Amir - J'ai envie de pleurer tellement je suis fatigué.

Ameya - Joyeux anniversaire papa.

- Ah mais oui c'est ton anniversaire !

Il me regarde mal et fais un bisou à sa fille préférée. Bon c'est la seule aussi.

Amir - Eh vas-y toi, 50 ans mais jusqu'à aujourd'hui je vois pas tes rides batard.

Papa - Tu sais pourquoi ? Parce que je râle pas du gros matin comme toi gamin d'merde. Mange vite maintenant, vous allez être en retard.

Amir - Je vais dire à maman que tu m'as insulté.

Mon père roule des yeux et lui met une claque derrière la tête.

Il regarde sa montre.

Papa - Bon je vais y aller moi. Raf' tu les déposes et tu vas les chercher.

Je le regarde.

Papa - Quoi ?

- Les chercher a quelle heure ? Parce que j'ai un truc à faire moi l'aprèm.

Ameya - On termine à 13 heures aujourd'hui.

Amir - Moi à 15 heures.

Papa - Pourquoi 15 heures ?

Amir le regarde.

Amir - Tu sais que t'es un beaugosse papa ?

Je rigole en hochant la tête et mon père souffle.

Papa - Pas envie de savoir en vrai. Rafaël ira chercher Meya' et toi Ilies viendra te chercher ou j'enverrai quelqu'un. Bon j'y vais, vous me mettez toujours en retard.

Ameya - Je pensais que c'était les autres qui étaient en avance ?

Mon père sourit avec fierté et lui fait un clin d'œil.

Papa - Toujours.

Et il s'en va en prenant sa veste.

Ameya se tourne vers nous avec un sourire.

Amir - M'en fou maman elle m'aime moi.

Je rigole et me lève.

- On y va.

[...]

Je me suis arrêté au McDo pour un petit-déjeuner après avoir fait un tour à l'université pour prendre 2-3 bidule.

Fin je dis déjeuner mais c'est plutôt pour un jus de fruit et un donut en vrai.

Mon père m'aurait tué si il m'avait vu manger au McDo. Il déteste qu'on mange au fast-food. Pour lui c'est une usine qui rends malade les gens et si ils détestent un truc : c'est que ces enfants soient malades.

Fun fact : il m'avait dit ça en ayant des nuggets du McDo en main. Bref.

J'étais assis à une table solo en attendant l'autre idiot.

Je sens une claque derrière ma tête.

- Putain batard, tu m'as fait peur.

Il s'assoit devant moi en déposant son sac de sport sur la table et il me tchek. Il fait toujours son sport tôt le matin, il a le courage hein. Sachant que hier il était en boîte. Il persévère avec son sport matinal.

Yassin - Bien bébé ?

Je verrouille mon téléphone et hoche la tête.

- Et toi ?

Yassin - Ouais, quel bail à 11 heures t'es dehors ?

- Flemme de rentrer à la maison puis bientôt je dois aller chercher Meya' à l'école.

Yassin - Et puis tu vas faire quoi ?

Je regarde mon téléphone et soupire.

- Puis je vais aller voir Saïf Sylla.

Juste à le dire mon cœur s'est resserré de stress.

Yassin - T'es sûr d'être prêt ?

- *rire* Absolument pas.

Je lève les yeux.

- Mais si je ne le fais pas, personne le fera pour moi.

_

After - Rafaël M.

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