Torture | Doctor Who | 2014

Je n'ai jamais osé poster ce texte en ligne, alors qu'il est plutôt ok. C'est un de mes premiers textes vraiment sombres, et comme ce n'était pas ce qu'avait l'habitude de lire mes lecteurs, je crois que je n'ai pas osé.

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Le Docteur ouvrit difficilement les yeux. Ses deux cœurs se soulevèrent à l'odeur épouvantable régnant dans la pièce. Un nuage blanc sortit soudain d'un des tubes rouillés face à lui. Il toussa violemment, tentant de résister contre l'envie de dormir. Mais c'était trop tard pour lui, il s'effondra sur le sol, inconscient.

Tout avait commencé la veille, dans le Tardis. Il était en train de trafiquer la console, tranquillement, profitant du calme du vaisseau, en orbite autour d'une supernova. Il venait de déposer Amy et Rory, pour un week-end en amoureux sur une planète en guimauve. Littéralement. Le sol était une énorme guimauve et les habitants ressemblaient à peu de choses prêtes à des chamallows. Rory avait demandé une planète où le guimauve et l'amour était autorisé. C'était chose faite maintenant. Le Seigneur du Temps sursauta soudain. Une explosion venait de retentir au dessus de sa tête. Il sauta sur ses jambes, remontant à l'étage, quand quelque chose l'agrippa par derrière. Il sentit à peine l'aiguille se plantant dans son cou, plantant ses dents dans le bras de son aggresseur dans un dernier acte désespéré, avant de sombrer dans les doux méandres de l'inconscience.

Il se réveilla avec un fort bourdonnement dans la tête. Cette fois, il réussit à garder les yeux ouverts et le tuyeau resta silencieux. Il ignorait si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Une chose sûre, il n'était plus dans son Tardis, mais dans une espèce de cellule poussièreuse. Il eut le malheur de bouger sa jambe, lui arrachant un hurlement de douleur. Il chercha à en voir l'origine et découvrit deux mâchoires en acier, profondément enfoncées dans sa chair, semblables aux pièges à animaux sauvages terriens.

Un rire retentit dans la pièce. Le Docteur observa les environs, méfiant et un tantinet effrayé. Dans l'ombre se tenait un homme, le dévisageant, de l'autre côté de la porte grillagée. Il n'arrivait pas à voir son visage. L'homme qui semblait être son aggresseur sortit un trousseau de clés et ouvrit la porte. Le Seigneur du Temps ne réussit pas à cacher le coup d'œil désespéré vers la porte ouverte. Il pourrait l'atteindre, si sa cheville droite était libre... Là, il était faible et à la merci de cet étranger. Le Docteur recula lentement contre le mur, une étrange boule se formant dans son estomac.

« Qui êtes vous ? demanda le Docteur, toujours sur ses gardes.

- L'Assassin. Retiens ça, c'est certainement le dernier nom dont tu te souviendras. »

Un long frisson parcourut l'échine du Docteur. Quelque chose dans sa voix lui faisait peur.

Elle lui semblait familière. L'avait-il déjà rencontré ? Il écarquilla les yeux. Un Seigneur du Temps. C'était un Seigneur du Temps. Et s'il l'avait amené ici, ce n'était certainement pas pour lui faire des câlins. La vérité, c'était que l'Assassin avait assisté à la disparition de Gallifrey, depuis son Tardis, impuissant. Il avait longtemps traqué le Docteur, préparant sa vengeance dans l'ombre. Il allait payer son acte de sa vie.

Le Docteur tentait de rester calme. Ne surtout pas montrer qu'il avait peur devant un Seigneur du Temps en colère. Il aurait voulu lui dire qu'il était désolé, qu'il ne recommencerai plus, que ce n'était pas de sa faute, de venir voyager avec lui, n'importe quoi qui aurait pu le sauver. Cette situation lui fit repenser au Maître, mourrant dans ses bras, lors de la fin de la fin du monde. Ses cœurs se serrèrent à ce souvenir. C'était peut-être son Nemesis, mais il aurait tellement voulu qu'il l'accompagne. Et il l'avait cru jusqu'à la dernière minute. Il revint à l'instant présent. Le moindre signe de faiblesse et il était mort. Il avait peur, il était même terrorisé. L'autre Seigneur du Temps continuait à avancer, lentement, un sourire carnassier figé sur les lèvres. Il se stoppa face à lui, yeux dans les yeux. Il n'y avait aucune issue cette fois. Coincé entre le mur et un membre de sa propre espèce.

L'Assassin lui attrapa les cheveux violemment, le faisant tressauter. Il gémit, de crainte et de terreur à la fois. C'était trop tard, il avait montré qu'il était faible. Et soumis. Son bourreau le fit se lever à son insu. Il serra les dents, sa cheville le faisait énormément souffrir. Il le vit sortir une dague de l'intérieur de son blouson en cuir. L'homme caressa doucement le visage de sa victime avec, lui écorchant toute la joue. Le Docteur avait envie de fuir, de hurler, de se débattre. Mais il se doutait bien que s'il faisait un geste de travers, il était mort. Son genou cogna soudain dans son entrejambe. C'était le moment ou jamais. Il envoya sa jambe de toutes ses forces dans les parties intimes de son agresseur, le faisant se plier en deux et lâcher son arme. Le Docteur, paniqué, se mit à tirer sur les mâchoires, tentant en vain de se libérer. L'autre récupéra son arme, tranquillement. Il rattrapa sa proie par le cou, le relevant. L'objet s'enfonça dans son ventre, le faisant hurler de douleur. Le Docteur sentit du sang couler le long de son pantalon. L'Assassin le lâcha, le Docteur s'effondra sur lui-même, se repliant comme une huître.

« Je suis désolé » murmura t-il faiblement, les larmes dévalant ses joues sans qu'il ne puisse les retenir. Le douleur ne faisait que s'accentuer de secondes en secondes. L'Assassin le toisa de toute sa hauteur, le regard mauvais. Il s'accroupit près de lui, agitant le couteau devant son visage. « Tu va passer un très mauvais quart d'heure. » Il se releva, reculant légèrement, méprisant le Seigneur du Temps qui le suppliait de l'épargner.

Le Docteur ne comprenait pas ce qu'il se passait. Qu'est ce qu'il avait bien pu faire pour mériter une telle punition ? Certes, il avait fait explosé sa planète, mais il fallait tourner la page un jour ou l'autre. La plaie béante de son ventre lui interdisait le moindre mouvement. Le Docteur, le grand Docteur était complètement seul cette fois-ci. Personne ne viendrait à son secours. Il eut une pensée pour Amy et Rory, sur leur planète guimauve à tout jamais. Est-ce qu'ils lui pardonneraient d'être mort ? Sa vie défilait devant ses yeux, toutes ses erreurs semblaient amplifiées. C'était un raté. Tout simplement.

L'Assassin était ravi, jubilant presque. Il venait de se rendre compte que le Docteur était totalement impuissant, rien au monde ne pourrait le sauver. Il l'attrapa par les cheveux, lui arrachant un gémissement de douleur et le retourna sur le dos. Il lâcha son couteau et appuya

de toutes ses forces sur la plaie, ce qui eut pour effet de provoquer des spasmes au Docteur. Il hurlait à s'en décrocher les cordes vocales et lui n'en avait strictement rien à faire. C'était de sa faute. Il avait deux filles, sur Gallifrey. Elles sont mortes. Sous la main de ce Docteur qui se prenait pour un Dieu. Il se rendit compte qu'il avait les mains couvertes du sang de sa victime. Il vit soudain ses filles à la place de cet homme et il recula, tétanisé, sous le regard d'incompréhention totale du Docteur.

Le Seigneur du Temps se sentait vide, faible, incapable du moindre mouvement. L'Assassin lui lança un dernier regard avant de sortir, visiblement mal à l'aise, l'abandonnant à son sort. Le Docteur s'accrocha à un des barreaux de sa prison et se mit à vomir, au bord de l'exténuation. Sa jambe était totalement paralysée désormais. Il se laissa tomber sur le sol. Il voulait mourir. De toute manière, il n'avait plus de régénérations, il ne lui restait que ça à faire. Il releva se chemise. Il fallait qu'il trouve un moyen d'en finir rapidement, sous peine de longues heures d'agonie encore. Mais il n'en avait pas le courage. Il ferma juste les yeux, s'abandonnant à la douleur.

Dans la cellule cent-trente-trois, à Stormcage, River tournait en rond. Il avait trois heures de retard. C'était inquiétant. Il n'arrivait jamais en retard lorsque c'était pour elle qu'il venait. Il lui avait promis un rendez-vous en tête à tête, sur une planète romantique. Elle observa son manipulateur de vortex. Elle ne pouvait pas attendre d'avantage et se téléporta dans le Tardis. Le vaisseau était désert. Elle localisa facilement Amy et Rory, amenant la machine temporelle près d'eux. Les amoureux rentrèrent, inquiets. Apparement, le Docteur aurait dû venir les chercher deux jours auparavant. Tous les trois étaient au bord de la panique, cherchant à retrouver le Docteur grâce au scanner. Il détectèrent sa présence sur un vaisseau prison abandonné depuis des années. Téléportation.

Les forces du Docteur faiblissaient de minutes en minutes. Il nageait dans son propre sang. Il ne voulait plus vivre, il en avait assez. Il faisait désormais des efforts surhumains pour garder les yeux ouverts. La porte de la cellule s'ouvrit violemment, laissant entrer Amy, Rory et River. Tous trois restèrent figés devant la scène d'horreur se déroulant sous leurs yeux. Amy s'approcha doucement du Seigneurs du Temps et le souleva, collant sa tête sur ses genoux. River scannait le piège encerclant le pied du Docteur, et, aidée de Rory, délivrèrent le pied meurtri du Docteur. Amy regarda son mari, les larmes coulant à flots.

« Il est en très piteux état, dit doucement River. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé, mais il est grièvement blessé.

- River, dit Amy. Il va mourir ? »

River soupira bruyamment et s'accroupit près de son mari, lui carressant doucement les cheveux. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais c'était le cas. Il mourrait, et elle ne pouvait rien y faire. Mais il ne serait pas tout seul pour passer cette étape.

Cette nuit-là, le Docteur cessa de courir. Il ferma les yeux pour la toute dernière fois et s'endormit tranquillement, prononçant un simple « merci » à l'égard de ses compagnons, la main sur la joue d'Amélia. Le dernier visage que ce visage a vu.

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