Happy family reunion | Sherlock BBC | Chapitres 7 & 8 | 2015
Chapitre 7 : Deux cuillères à soupe de sucre blanc
L'horloge du salon sonna minuit. Les deux frères étaient toujours au travail, répertoriant tous les lieux, étages, égouts de la ville. Les parents avaient décidé de les laisser tranquilles,ils étaient partis à une soirée, pour une oeuvre de charité, à la mairie. Sherlock essayait de mémoriser tous les plans, afin de retrouver plus facilement les routes quand il serait à l'extérieur. Actuellement, Mycroft et lui éliminaient les lieux impossibles où Brise-Tonnerre pouvait se trouver, puisqu'ils étaient des lieux publics assez fréquentés, et que tout criminel sait qu'il est difficile d'accéder à quelque chose quand il y a du monde.
« Il y en a trop, ça prendrait des semaines pour tout visiter ! Se plaignit une énième fois Mycroft, qui commençait clairement à en avoir marre de jouer les détectives.
- Tu dis ça parce que tu vas devoir courir. On peut fouiller facilement dix à quinze lieux en une journée, si on couvre chacun une partie de la ville. En deux jours, c'est fini.
- Sauf que Stamford arrive demain, et qu'il va probablement découvrir ce que l'on est en train de faire. Et si c'est lui le coupable, il ne lui faudras pas longtemps pour prendre la poudre d'escampette avec le diamant.
- Pas faux. On va devoir monter à trente lieux par jour. »
Mycroft soupira. Il n'avait pas envie de sortir, et encore moins de courir après un stupide diamant mythologique qui, de plus, allait les pousser tous deux à parler aux gens, exercice dans lequel Mycroft n'était pas forcément doué. Chez les Holmes, la sociopathie se transmet de génération en génération. Le politicien se leva et baîlla, à s'en décrocher la machoîre.
« Je vais me coucher moi. Fais ce que tu veux. Ne reste pas trop tard, garde ta mauvaise humeur pour demain, tu as tout mon soutien petit frère. »
Sherlock lui offrit un sourire de coin, vaguement amusé par l'encouragement à combattre Stamford. Si le détective et son grand frère ne se sautait pas au cou après dix secondes, ce serait déjà un exploit, c'est certain. Le sociopathe resta encore une heure à travailler sur les plans, puis gagna à son tour son lit. Demain serait un grand jour.
*********
Stamford, Mycroft et Sherlock étaient en vacances à la plage. Enfin « vacances », c'était vite dit. Sherlock jetait du sable un peu partout sur les serviettes, avec Red Beard aboyant joyeusement à sa suite. Il allait même jusqu'à se baigner avec son chien, ce qui attendrissait Mycroft. Le rouquin était d'ailleur en train de se tartiner de crème solaire, pour au moins la dixième fois en deux heures.C'était un toc nerveux, il avait peur de se prendre un coup de solaire. Quand à Stamford, il se contentait d'observer la scène d'un sale oeil, le seul désir lui nouant l'estomac étant celui de perdre Sherlock et son stupide clebs malencontreusement, et si possible, avec une mort prématurée. Les parents étaient à l'hôtel, il avait donc champ libre pour faire tout ce qu'il voulait. Le plus drôle, c'est qu'il leur avait promis de les surveiller. Stamford se leva, s'attirant un regard méfiant de Mycroft, qui avait bien vu son regard depuis tout à l'heure.
« Je vais me baigner, relax Poil de Carotte, dit-il simplement, alors que Mycroft fronçait les sourcils face à ce surnom stupide. J'ai pas besoin de baby-sitter.
- Fais attention, l'avertit Mycroft. Ne t'éloigne pas trop, Sherlock va te suivre, il a un peu de mal à nager. »
Quelle bonne nouvelle pensa Stamford. Un plan malsain était déjà en train de germer dans son esprit. Il sauta dans l'eau, donnant « accidentellement » un coup de pied dans le chien, et s'éloigna, provoquant ouvertement Sherlock du regard. Le plus jeune l'observa, il savait que son frère allait le traiter de lâche pendant longtemps s'il n'acceptait pas son défi. Il ramena Red Beard sur la plage, et tendit la laisse à Mycroft, et courrut dans l'eau à son tour. Il commença à rejoindre Stamford, en quelques brassées, mais ce dernier continuait de s'enfonçer dans l'eau, si bien que, bientôt, Sherlock n'avait plus pied. Le cadet commença à lancer des regards affolés à son grand frère, croyant presque à un miracle quand il le vit s'approcher de lui. Il allait l'aider ? Non. Bien sûr que non. Stamford lui plongea la tête sous l'eau, profitant du fait que Mycroft était occupé à jouer avec le chien, puis monta sur lui, l'empêchant de remonter à la surface.
Le roux commençait visiblement à s'inquiéter, ne trouvant pas son précieux petit frère des yeux. Sous Stamford, Sherlock continuait de se débattre, donnant des coups de pieds et de poings dans les jambes de son frère, des coups qui s'affaiblissaient de seconde en seconde. Le grand frère jubilait, et c'est certainement ce qui fit réagir Mycroft. Le roux se focalisa tout d'abord sur les bulles autour de Stamford, beaucoup trop présente, puis sur un bras, qui dépassa un instant de l'eau. Son coeur rata un battement quand il comprit ce qu'il se passait. Mycroft plongea dans l'eau et nagea vers eux plus vite qu'il ne l'avait jamais fait, Red Beard sur les talons.
Stamford sentit sa proie ralentir. Il tenait fermement Sherlock par les cheveux, l'empêchant de bouger. Puis son petit frère cessa finalement de bouger. Il recula en voyant Mycroft arriver, le corps de Sherlock, inconscient, remonta à la surface. Le rouquin attrapa son petit frère et le retourna, ses lèvres avaient pris une couleur bleue, et une chose marqua à jamais le futur politicien qu'il deviendrait quelques années plus tard, il ne respirait plus. La suite se déroula très vite. Mycroft regagna la plage, posa son petit frère à terre, et commença un massage cardiaque. Il ne voyait plus que ça, alors qu'un groupe de touristes les encerclaient déjà, certains hurlant d'appeler une ambulance, d'autre tentant de faire reculer le groupe qui étouffait Mycroft. Ce dernier pleurait, suppliant son frère de revenir. Puis il y eut ce bruit, et le corps de Sherlock se leva, alors qu'il crachait et vomissait de l'eau.
Mycroft le serra contre lui, trop soulagé pour en vouloir à Stamford pour le moment. Sherlock éclata en sanglots dans les bras de son frère, tremblant comme une feuille. Red Beard se tenait entre eux et Stamford, le poil hérissé, un grondement sourd émanant de sa gorge. Une ambulance arriva rapidement, Mycroft appela les parents, qui arrivèrent rapidement et partirent avec lui, laissant les deux aînés et le chien rentrer à l'hôtel tousseuls. Arrivés dans le bâtiment, un silence pesant s'était installé entre les deux aînés, qui se toisait du regard, chacun dans un coin de la pièce. Ce fut Mycroft qui brisa le silence le premier.
« Pourquoi tu as fait ça ?! Cracha t-il. Il ne t'as rien fait. Rien du tout ! Il n'a que sept ans Stamford !
- Il aurait dû y rester. Tout aurait été plus simple.
- Tu... »
La voix de Mycroft se fit soudain très menaçante.
« Je t'interdis de t'approcher encore une fois de Sherlock. Ne pose plus ne serait-ce qu'un doigt sur lui, ou je peux t'assurer, et c'est une promesse, que tu ne t'en sortiras pas vivant Stamford. »
Ce jour-là, deux choses changèrent. Sherlock ne s'approcha plus d'une flaque d'eau pendant presque deux ans sans hurler de peur, et Mycroft découvrit à quel point il tenait à son petit frère.
*********
Le réveil de Sherlock bipa à six heures du matin. Le sociopathe grogna, et d'un coup de pied, envoya l'objet à terre, l'explosant dans un bruit de vaisselle cassée. Il ouvrit un oeil, puis le referma, avant d'enfoncer sa tête dans son oreiller. Il ne voulait pas se lever aujourd'hui, surtout avec l'épreuve qui l'attendait en fin d'après-midi. Dans la chambre d'à côté, ce n'était pas beaucoup mieux. Mycroft n'avait pas dormi de la nuit, et depuis plus de deux heures maintenant, il suivait une araignée des yeux, sur son plafond. Jusqu'à ce que quelque chose explose dans la chambre d'à côté, le sortant de sa rêverie. Le roux descendit de son lit en soupirant, et traîna des pieds dans les escaliers qui menaient à la cuisine. Il trouva son père devant la télé, et sa mère en train de préparer le petit-déjeuner. Elle sourit à son fils.
« Eh bien Mikey. Tu avais faim à ce point pour te lever à six heures ?
- Mycroft, rectifia le politicien, agacé. Et je n'ai pas dormi.
- Il ne faut pas vous mettre dans un état pareil pour Stam' les garçons. Il ne restera probablement même pas une semaine. Noël, Nouvel An et il sera parti. Tu sais comment il est, non ?
- C'est pour Sherlock que je m'inquiète. »
Mary se crispa sur le manche de sa casserole.
« Il ira bien, non ? Je ne vois pas pourquoi il s'en prendrait encore à lui. Ils ont grandi et mûri tous les deux. Enfin... Je l'espère.
- Brise-Tonnerre a disparu, Sherlock pense que c'est Stamford qui a fait le coup.
- Je vois que vous êtes déjà au courant, dit Mary, génêé. C'est ce que vous cherchiez hier ? Ne vous tracassez pas pour ça, c'est juste un bibelot inutile.
- Un bibelot qui vaut deux millions et demi de livres, rectifia Mycroft.
- Vu sous cet angle... »
Sherlock entra dans la pièce, encore plus décoiffé qu'à l'habituelle. Il se laissa tomber sur une chaise, et se servit une tasse de thé. Un silence gêné était tombé sur la pièce.
« Vous parliez encore de moi ? Grogna le sociopathe, de mauvaise humeur. Ou de Stamford ? Je ne suis pas en sucre, foutez-moi la paix.
- Sherlock... tenta sa mère. On s'inquiétait juste. Avec ce qu'il s'est passé...
- Je le tuerai avant même qu'il ne pose un doigt sur moi, Maman. Je suis assez grand pour me défendre tout seul. »
Sherlock versa deux cuillères de sucre blanc dans son thé, puis porta la tasse à sa bouche. Puis il se leva d'un coup. Mycroft remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas, il connaissait cette tête par coeur.
« Sherlock, ça va ? S'inquiéta Mycroft. Tu es tout pâle. Assis-toi.
- Tête... Tourne... »
Et le brun s'effondra sur le carrelage de la cuisine.
Chapitre 8 : Quand ça commence mal, ça ne peut qu'empirer.
Lorsque Sherlock porta la tasse à ses lèvres, il se rendit compte presque instantanément que quelque chose n'allait pas. Il y eut comme une alarme, dans son palais mental, lui hurlant que ça n'allait pas. Il ne comprit pas comment il se retrouva au sol, il entendit sa mère hurler, et il sentit les bras de Mycroft tentant de le plaquer au sol. Il convulsait violemment, se claquant contre les meubles en bois noir de la cuisine. Son frère reprit le contrôle. Il l'attrapa sous les bras et le traîna dans le couloir, moins meublé, là où il ne risquait pas de se faire mal.
« Maman ! Appelle une ambulance au lieu de hurler ! » hurla le roux, essayant de garder le contrôle sur ses émotions. « Et ne touche pas au sucre ! »
Il se retourna vers son petit frère et lui plaqua les bras au sol, pour qu'il évite de se blesser d'avantage. Sherlock semblait encore conscient, Mycroft pouvait voir ses yeux bouger, il semblait effrayé.
« Sherlock. Sherlock, tu m'entends ? Il faut que tu essayes de te maîtriser, tu te fais du mal tout seul. Sherlock ! »
Il était en train de tourner de l'œil, l'inconscience le gagnant progressivement, l'appelant. Les ambulanciers arrivèrent cinq minutes plus tard et l'emmenèrent, laissant Mycroft seul à la maison, avec une tasse de thé brisée sur le sol et du sucre empoisonné.
*********
Stamford était à l'extérieur, enfin libéré des obligations familiales. Il était même étonné que personne ne l'ait encore retrouvé. A croire qu'il avait un certain don pour le cache-cache. Il avait pris un bus pour Londres, et traînait désormais dans les banlieues mal-fréquentées, où il était presque certain que personne n'irait le chercher. La police avait bien d'autres chats à fouetter actuellement. Il savait se battre, il excellait dans les courses d'endurance et il pourrait facilement échapper une voiture de police avec un peu de parkour. Cependant, s'il y avait une chose dont il n'était pas sûr, c'était de sa survie dans les prochains jours. Il tenait aux barres de céréales, piquées à un SDF à son arrivée. Il n'avait même pas de quoi se changer. Son T-Shirt était couvert du sang du chien de Sherlock. Saleté de clebs. Il l'avait mordu violemment au bras, et la marque, violacée, était clairement visible.
Il marchait depuis vingt minutes environ, quand il repéra un homme du coin de l'œil, qui le suivait depuis quelques temps. Il était grand, blond, une capuche sur la tête. De loin, on pouvait clairement voir une grande cicatrice qui partait de sa tempe et descendait jusqu'à sa joue, striant son œil de manière effrayante. Il essaya de le distancer, en trottinant, mais il avait beau tourner aux coins de rues, l'homme continuait de le suivre. Il semblait même presque s'amuser de la situation, puisqu'il devait, depuis un moment déjà, avoir compris que sa proie essayait de lui échapper. Puis soudain, son poursuivant tourna dans une ruelle.
Stamford, intrigué, fit demi-tour pour voir ce qu'il fabriquait, sans vraiment savoir pourquoi il en ressentait le besoin. C'était stupide. Il arriva dans la rue. Personne. Et un truc se planta dans son cou. Il s'effondra au sol. Avec le peu de conscience restante, il put voir l'homme qui le suivait descendre tranquillement de l'escalier de secours, un fusil de sniper dans une main, une radio dans l'autre.
« Boss ? dit-il à son attention.
- Oui ?
- J'ai le paquet, je rentre.
- Génial. Met le directement à la cave. »
Le blond à capuche lui mit un sac sur la tête, et, dans un grognement, le souleva et le porta jusqu'à une voiture noire aux vitres teintées qui venait d'apparaître à l'entrée de la rue.
********
Sherlock était dans un lit, à l'hôpital de la ville d'à côté, relié à des dizaines et des dizaines de sondes, vérifiant ses constantes. Les médecins l'avaient plongé dans un coma artificiel, pour stopper l'avancée du poison et avoir le temps de l'extraire. Quelques heures s'étaient écoulées depuis l'accident, Mycroft était au chevet de son frère. Comme par hasard, Stamford avait reporté son arrivée à la soirée, soi-disant pour ne pas « déranger ». Le grand frère de Sherlock, tout du moins celui que ce dernier considérait comme « de sang » s'était rendu directement à l'hôpital après avoir lancé les analyses de poison au commissariat.
Il tremblait légèrement, faisant un effort surhumain pour garder le contrôle sur ses sentiments. Le truc, c'est qu'il n'avait aucune idée de comment il devait réagir. Il se sentait impuissant. Son frère avait été empoisonné sous ses yeux et il avait été incapable de s'en rendre compte. Il n'osait même pas parler, craignant que Sherlock l'entende et le lui reproche plus tard. Il restait là, silencieux, à tenir la main de son petit frère, encore plus pâle qu'à l'habituel. Il espérait que quelque chose se passe, n'importe quoi. Toute cette histoire l'obsédait. Une infirmière toqua doucement à la porte, et rentra timidement.
« Monsieur Holmes ? L'heure des visites est terminée, je vais être obligée de vous faire sortir.
- Très bien, dit-il en soupirant, tout en reposant doucement la main de son frère sur le matelas blanc.
- Nous vous appellerons si quoique ce soit se passe, ne vous inquiétez pas. »
Mycroft se leva, puis passa devant l'infirmière, son parapluie au bras, non sans un regard sur la chambre de son petit frère, que l'infirmière plongea dans l'obscurité. Il rentra chez lui en bus alors que la nuit tombait doucement.
Lorsqu'il gravit l'allée rocailleuse qui menait au manoir, il repéra immédiatement la nouvelle voiture, qui, quand il arriva, éteignit ses phares. La porte de celle-ci s'ouvrit sur un homme assez imposant, presque aussi roux que lui étant enfant, à croire qu'il l'avait fait exprès pour attirer son attention. Mycroft accéléra le pas pour le rejoindre. Avant même qu'il n'est le temps d'appuyer sur la sonnette, le politicien le tira en arrière et le plaqua contre le mur.
« Eh bien, petit frère, en voilà un accueil.
- La ferme Stam'. Si c'est toi qui as fait ça à Sherlock, je t'assure que je te ferais enfermer pour le restant de tes jours, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?!
- Je viens d'arriver, je ne sais même pas ce qu'il s'est passé. Promis. »
La porte d'entrée s'ouvrit. Mary Holmes les dévisagea tous deux, surprise. Elle avait revêtu une de ses robes de bals, horrible, avec des plumes et des froufrous qu'elle semait partout dans la maison. Elle se reprit bien vite et vint serrer son troisième fils dans ses bras. Contrairement aux deux autres, Stamford ne se fit pas prier, la joie de retrouver ses parents était presque trop réelle pour Mycroft, qui observait la scène, à l'écart.
« Mycroft, tu veux bien porter les valises de ton frère ? »
Elle ne lui laissa même pas le temps de répondre, laissant le politicien avec quatre valises imposantes. Quatre ? Pour quelques jours ? Il résista à la tentation de les fouiller tout de suite. Il se réservait ce plaisir pour quand Sherlock sera tiré d'affaire, puisqu'il était évident pour lui qu'il allait s'en tirer. Il soupira en attrapant deux des valises. L'arrivée de Stamford n'annonçait rien de bon.
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