Happy family reunion | Sherlock BBC | Chapitres 3 & 4 | 2015
Chapitre 3 : M. et Mrs Holmes
Mycroft avait passé une bonne partie de la journée à chercher du wi-fi, dans tout le manoir, sans succès. De sa propre chambre aux toilettes, pas le moindre petit signe de la grande civilisation qu'était Internet. La soirée était déjà bien entamée quand Mary Holmes appela les deux frères pour manger. Le roux descendit les marches qui menaient de l'étage au rez-de-chaussée, en traînant des pieds, droit vers le salon. Sherlock était déjà installé, visiblement plongé dans son palais mental, à en croire son mutisme et son regard vide, posé sur un vieux vase de famille à l'autre bout de la pièce. Mycroft s'assit à ses côtés, sortant son petit frère de sa rêverie. Il lui lança un regard agacé, probablement à cause du bruit monstrueux qu'il venait de faire avec sa chaise. A moins qu'il ne lui en voulait encore, ce qui était tout aussi plausible.
Les parents étaient encore dans la cuisine, occupés à cuire les pâtes. Un silence gêné s'était installé entre les deux frères, que Sherlock brisa après quelques minutes.
« Tu aurais pu me le dire avant. Avant qu'on parte, je veux dire.
- Maman voulait vraiment que tu viennes. Elle croit encore à « l'amour fraternel », figure-toi.
- Il est un peu tard pour ça, non ? »
Mycroft baissa les yeux, gêné. Il reprit, un peu nerveux.
« Sherlock, tu te souviens de ce que je t'ai dit, quand tu étais petit ?
- Bien sûr.
- Ne l'oublie pas. »
Sherlock hocha la tête, juste au moment où Mary et Gary Holmes entraient, un plat impressionnant de spaghettis bolognaises qu'ils étaient obligés de porter à deux. A croire qu'ils étaient tout un régiment.
« J'espère que tu n'es pas encore au régime Mikey, dit la génitrice des deux frères, en posant le plat sur la table, j'ai fait du gâteau au chocolat pour le dessert. Ton préféré. »
Mycroft leva les yeux au ciel, agacé. Il détestait que sa mère lui rappelle son embonpoint, en particulier quand l'intéressé était persuadé d'avoir maigri. Il croisa les bras et fit la moue, un tout petit peu vexé.
« Ce n'est pas de sa faute, ne put s'empêcher Sherlock. A chaque fois, les gâteaux l'appellent. Ou Anthéa le tue s'il ne mange pas ses « petits plats ».
- Sherlock ! gronda Mary, un petit sourire aux lèvres. Tu vas encore le vexer.
- Ce n'est qu'une constatation. »
Mary commença à servir les assiettes, alors que le père des garçons, Gary, une cravate ridicule avec des bonhommes de neige autour du cou, s'installa sur sa chaise, à l'autre bout de la table. Le dîner débuta calmement, quand le père, fatigué du silence et de la tension évidente dans la pièce, décida de converser.
« Alors Mycroft ? Le travail ? Tu as réussis à trouver ta place ?
- Je n'ai qu'une place mineure dans le gouvernement, mais elle me suffit. »
Sherlock pouffa de rire, s'attirant des regards sombres des trois personnes présentes.
« Et toi ? demanda sa mère, à son attention. John s'est remis de ton saut ? Il avait l'air bien secoué la dernière fois que je l'ai vu. Pauvre garçon.
- John va bien. Il a Mary maintenant.
- Et... tu es toujours détective privé ? interrogea son père, soudainement nerveux.
- Consultant. Oui. »
Son père soupira. Ses parents n'avaient toujours pas compris ses choix, et surtout, pourquoi, après l'affaire Moriarty, il continuait de se mettre dans le pétrin et à risquer sa vie. Pour Gary, ce n'était plus qu'une question de quelques années avant qu'ils reçoivent une lettre de Mycroft leur annonçant sa mort.
« Sherlock, déclara Gary d'un ton grave. Ca ne peut plus continuer. Tu n'arrives même pas à subvenir à tes besoins tout seul, si Mycroft n'était pas là...
- Je n'ai aucun problème avec la drogue actuellement, si c'est ce que tu insinues.
- Non ! Non. Je me disais juste, puisque vous êtes tous les deux célibataires et que c'est Mycroft qui paye le loyer, vous pourriez cohabiter. Ca coûterait moins cher. »
Mycroft manqua de s'étouffer avec ses pâtes, dont la sauce avait déjà coloré le contour de sa bouche.
« Hors de question, grogna le politicien. Laissez-le avec John, dans sa grotte, je ne le veux pas dans mes pattes dans mes rares moments de repos.
- Mycroft ! S'exclamèrent les deux parents, en même temps.
- C'est mon appartement, j'ai aussi le droit de choisir avec qui je veux vivre ou non. Sherlock n'en fait pas partie. Tu ne veux pas perdre un autre de tes fils pas vrai Maman ? »
Il était debout, provoquant ses géniteurs du regard. Sherlock fixait intensément son assiette, alors qu'une dispute éclatait autour de lui. Il y eut beaucoup d'insultes, puis Mycroft partit se réfugier dans sa chambre, pour se calmer, alors que le silence retombait enfin sur la pièce.
**********
Sherlock était recroquevillé sous son bureau, en larmes, incapable de s'arrêter. Il n'arrivait pas à encaisser le fait que son meilleur ami était parti, définitivement. Personne ne savait ce qu'il représentait pour lui, personne. « C'est qu'un clebs » avait dit Stamford deux heures plus tôt, avant de disparaître dans la nature Dieu seul sait où, à cause de la police. Ce n'était peut être qu'un chien, mais c'était aussi son seul et unique ami, et il avait l'impression que le monde entier venait de s'effondrer.
Il y eut quelques pas dans la pièce, puis la tête de Mycroft apparut dans l'ouverture du bureau.
« Sherlock... Ecoute-moi. »
Le garçon ne leva pas la tête, se contentant de s'enfoncer un peu plus sous le meuble, se collant au mur. Il refusait de parler de nouveau à un être humain, quel qu'il soit. Il se recroquevilla sur lui-même, tandis que Mycroft, à plat ventre, finit par le rejoindre. Il était plié d'une façon assez étrange, sa taille imposante l'empêchant de trouver une meilleure position.
« Sherlock, je sais que tu es mal.
- Alors fous-moi la paix. »
Le roux soupira. Il fallait se l'avouer, « consoler » n'était pas dans son vocabulaire. Il se gratta nerveusement la joue. Le regard de Sherlock était vide, fixé sur le mur derrière lui, ce qui serra le cœur du grand frère, qui avait peur de le voir encore s'éloigner, lui qui n'était déjà pas sociable de nature. Le cadet finit par lui lancer un regard, agacé qu'il soit toujours là.
« Ecoute Sherlock, tenta une dernière fois Mycroft, tu vis une période difficile, mais tu en vivras d'autres. Ce n'est qu'un sale moment à passer. Ca fait mal au début, puis on guérit, on oublie, c'est comme ça qu'est la vie. Et c'est pour ça que le concept de famille a été inventé. Lorsque plus rien ne va, tu as toujours quelqu'un sur qui tu peux réellement compter, et c'est en trouvant ce quelqu'un que tout finit par... »
Sherlock venait de se jeter dans ses bras, puis il éclata une nouvelle fois en sanglots. Son grand frère serra son emprise sur lui. Ils parlèrent très longtemps ce soir là, et le roux comprit alors qu'il était ce quelqu'un sur qui Sherlock comptait, celui qui devrait le soutenir coûte que coûte, dans tous les problèmes.
********
Sherlock lâcha son assiette des yeux, écarta sa chaise de la table et se leva, sous les yeux visiblement choqués de ses parents. Il avait pris une décision.
« Où est-ce que tu vas ? demanda sa mère, une pointe de colère toujours présente dans sa voix.
- Parler à Mycroft. »
Et il les laissa là, pour remonter les escaliers et se diriger vers la chambre de son frère.
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