chapitre huitième
Maman est une traînée. Maman m'a obligé à l'appeler comme ça : et comme c'est ma maman, je pense que je dois l'écouter. Mais je ne la respecte pas. Chaque soir, j'entends des bruits provenir de sa chambre séparée de la mienne par un mur fin. Et chaque soir, son lit grince et elle crie. Elle crie – hurle même –, et quelqu'un d'autre crie aussi : parfois, c'est un blond, un grand garçon musclé, d'autres fois c'est un petit brun avec de la barbe ou un roux aux yeux clairs. Mais jamais le même homme qui crie ; pourtant elle, elle crie tous les soirs.
— Beverly, va acheter du pain, tu veux ! Je t'ai laissé l'argent sur le comptoir de la cuisine.
Elle feint une vie routinière et une famille heureuse. Mais personne n'est heureux entre ces murs moisis. Elle ment. Maman est une traînée menteuse.
Le billet plié en quatre étouffé dans la paume de ma main, j'avance doucement. Ma jupe m'énerve. Elle me gratte. Les vieux me lancent un regard furtif ; le chien du voisin me fuit. Je lui tire la langue. Pourquoi est-ce qu'il me fixe ?
Je suis au sol. Je viens de tomber. Devant les vieux, devant le chien, devant tout le monde. L'ascenseur se referme derrière moi, mes sourcils se froncent. Ma jupe m'énerve et celui qui m'a bousculé encore plus. « Enfoiré », aurait craché Maman.
— Oups, désolée, je t'avais pas vue.
Une blonde à peine plus grande que moi se tient debout face à moi, noyée sous un jean délavé et un pull rouge effiloché. Ce sourire narquois me dit vaguement quelque chose.
— Eh, mais ! T'es la gosse de la voisine toi, non ?
— Beverly, marmonné-je en me relevant.
— Moi, c'est Thereza et lui, dit-elle en désignant le caniche, c'est Rufus.
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