Une œillade à ma montre, un doigt faufilé entre mes mèches blondes, un coup de langue habillant mes lèvres, et un froissement de jupe éliminé plus tard, je relève enfin la tête. Deux minutes. Deux longues minutes à patienter dans le brouhaha incessant d'un café aux breuvages fichtrement onéreux.

Ma jambe bascule frénétiquement de haut en bas au rythme des secondes qui peinent à s'écouler d'un tempo plus rapide. Je me hais de ne pas pouvoir les pousser à accélérer ; la vie dans l'attente passe d'une lenteur à en faire rougir d'éréthisme.

─ Vous désirez quelque chose ?

Mes tympans se froissent de plaisir. Mon cœur accélère au rythme que les secondes se refusent de céder. Mes mains se mettent à danser, à trembler, à défaillir à l'image de mon souffle que quelques tremblements entrecoupent. Mes cordes vocales semblent inatteignables, comme hors d'utilité. Pourtant je ressens, plus que jamais, le besoin d'en user des plus belles sonorités.

─ Vous êtes muette ?

Jamais pour toi.

─ Un- un café noir...

Un sourire vient tortiller le coin de ses lèvres. Je déteste ça ; mais elle aime ça. Et pour elle, j'aimerais même le pire de mes détracteurs.

Elle fait volte-face, me laissant à ma guise admirer son dos creusé qui semble n'attendre que mes lèvres pour y semer une vallée de baisers fiévreux.

En la voyant quitter mon champ de vision pour retrouver son contoir délabré, une sensation étrangement plaisante naît dans mon estomac vide, remonte le long de mon œsophage et s'échoue dans ma voix.

─ Avec toi.