Chapitre huit
-Bonsoir, Lee.
-Hey, MiSeon ! Comment tu vas ?
-Ca va et vous ?
-Ca va mais ça irait beaucoup mieux si tu me tutoyais. On se connaît maintenant, non ?
C'est vrai. Cela faisait à présent deux mois que je faisais partie du club et je m'étais rapprochée de mon professeur mais aussi des autres membres, à force de travailler en groupe. J'avais fait la connaissance de AeCha, une fille qui était arrivée il n'y a pas longtemps et que j'avais aidé à intégrer le club. Nous étions devenues proches l'une de l'autre, que nous étions désormais amies. Elle avait été étonnée que j'étais seule alors qu'elle me trouvait gentille or, je lui avais expliqué que j'avais été associable pendant un temps. Elle comprit où je voulais en venir, devinant aisément ce que j'avais vécu, et n'avait pas plus insisté. Et c'était pour cela que je lui en était reconnaissante et que j'acceptais de passer du temps avec elle.
-Salut Mimi ! Comment vas-tu ?
-AeCha ! Je vais bien merci, et toi ?
-Je suis fatiguée. Je ne sais pas si je vais tenir le coup ce soir.
Elle fit la moue, ce qui me fit rire. Elle avait trois ans de moins que moi et était super mignonne. Certains hommes du club l'admiraient en cachette, je l'avais vu, mais je ne lui disais rien afin de ne pas la déconcentrer dans son travail. Elle donnait tout ce qu'elle avait, mais quand elle n'y arrivait pas, elle abandonnait vite. Alors je me chargeais de lui redonner du courage et des forces et elle repartait de plus belle en me donnant un bisou sur la joue et en me disant "merci Eonni !".
-MiSeon, tu peux venir ? J'ai besoin de toi.
Je rejoignis Lee après avoir donné quelques conseils à AeCha. Certains disaient qu'elle n'avait pas le gabarit pour faire de la boxe mais son agilité (grâce à son enfance passé dans la gymnastique), lui donnait un atout considérable.
-Qu'y-a-t-il ?
-Tu peux m'aider à porter le sac de frappe pour l'accrocher au plafond, s'il te plaît ?
-Oui, bien sûr.
-YongGuk, viens ici !
Celui-ci vint aussi nous aider dans la tâche. Pendant que Lee grimpait à l'échelle pour arriver à hauteur du plafond, YongGuk me demanda si ça n'allait pas être trop lourd. Je lui assurai que non et lui adressai un petit sourire.
-C'est pas comme si j'étais seule à le porter.
-Merci moi.
-Ca va les chevilles ?
-Et les tiennes ?
Mon sourire disparut. Comment savait-il que je m'étais foulée la cheville, même si cela datait d'il y a longtemps ? Je portai le sac avec YongGuk et quand celui-ci fut accroché au plafond par les soins de Lee, je rejoignis AeCha sans un mot.
-Tout va bien, MiSeon ?
Je lui fis part de ce qui me troublait mais elle me dit que ce n'était qu'une coïncidence puisque je ne l'avais pas croisé à cette période, étant restée chez moi. Perturbée, j'allais quand même demander directement à YongGuk.
-Tu peux venir, s'il te plaît ?
-Ouais, pas de soucis.
Il enleva ses gants puis me suivit dans le couloir. Adossé au mur, il me questionna du regard, les mains dans les poches.
-Ce que tu as dit toute à l'heure m'a interpellé... tu savais que je m'étais foulée la cheville il y a deux mois ?
-Je t'ai vu faire un footing et tu t'es arrêtée au parc pour souffler. Tu passais ta main sur une de tes chevilles à ce moment-là. Alors, ça va ?
-Oui, oui. Merci.
-Ne te néglige pas, MiSeon, c'est dangereux.
Il remit une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille et ouvrit la porte avant de se retourner vers moi.
-Ca te dit d'aller boire un verre ce soir ? AeCha serait la bienvenue également.
-Ca marche.
Il tendit sa main, je tapai dedans, puis nous rejoignîmes les autres pour continuer l'entraînement. Je vis Lee sourire, il a du nous voir tous les deux. Je repris mon entraînement et bientôt, le cours toucha à sa fin. Comme à notre habitude, AeCha, YongGuk et moi restions pour aider Lee à ranger le matériel. Nous discutions de tout et de rien, passant de la boxe à je ne sais quel autre sujet de conversation.
YongGuk nous emmena, AeCha et moi, dans un bar branché non loin du club. Je ne le connaissais que trop bien. Il s'agissait du bar où je m'étais soûlée comme une ivrogne avant de revenir chez moi par je ne sais quel miracle, grâce à un inconnu. Je soufflai cet anecdote à l'oreille de AeCha qui rigola : cette fille était très simple, elle ne jugeait pas, et était devenue ma confidente grâce à ça. YongGuk nous apporta nos consommations puis nous continuâmes notre conversation que nous avions débuté avant de rentrer ici.
-Tiens, tiens, tiens. Ne serait-ce pas MiSeon que voilà ?
-Qu'est-ce que tu lui veux, Cho ? s'interposa AeCha en se levant.
-Du calme, ma belle. Quand on est aussi fragile que toi, on devrait plutôt fermer sa jolie petite gueule.
-Parle-lui autrement.
-Tiens, YongGuk défend la gente féminine maintenant ? Tu es devenu un preux chevalier ? Laisse-moi rire, t'as jamais aimé quelqu-
En me levant, je lui fis un upercut bien placé dans le menton. Il se retint à la table de derrière mais la nappe glissa avec lui dans sa chute et tout lui tomba dessus : deux assiettes et leur contenu, ainsi que deux verres de bière. Ces deux cadres d'entreprise allaient être fâchés.
-Dégage de là ou je te jure que je te fais la misère, Cho.
-Tu te bats en-dehors du club, tu te crois plus forte que les autres ?
-Y'a pas de règles dans la vie, contrairement au club. Quand il s'agit de se défendre, je sais où taper pour qu'on me foute la paix.
Il planta son regard dans le mien, visiblement énervé, et s'en alla avec ses deux potes que l'on avait pas entendu du début jusqu'à la fin. J'observai la foule autour de nous.
-Y'a quoi ?!
Tous se remirent à leur occupation personnelle, le brouahah de la salle se refit entendre. Je repris place et enfouis mon visage dans les mains.
-J'aurais pas dû réagir comme ça.
AeCha plaça sa main dans mon dos, alors que YongGuk posa la sienne sur mon bras. C'est à ce moment-là que je me rendis compte que j'étais quand même bien entourée. J'avais attendu ce moment avec impatience, et c'était enfin venu. Alors je craquai. Pour ne pas perdre la face, je sortis pour aller verser quelques larmes. Ma carapace se fissurait encore un peu plus, alors que je ne le souhaitais pas. Des bras entourèrent ma taille, réchauffant mon cœur. Je me retournai et posai ma tête sur celle d'AeCha, tandis que YongGuk restait à côté de nous. Il me souriait, une lueur rassurante dans les yeux.
Je raccompagnai mes amis chez eux, comme j'avais une voiture. YongGuk avait porté AeCha jusque dans son lit comme elle s'était endormie à l'arrière dans ma voiture. Puis je l'avais raccompagné chez lui.
-Entre, j'ai quelque chose à te dire.
Je ne me fis pas prier, sentant qu'il y avait quelque chose de sérieux. Je verrouillai ma voiture et entrai chez lui : un appartement simple mais coquet, dans les tons gris et bleu. Je pris place dans le canapé blanc et attendis qu'il me parle. Il me servit un verre de jus d'orange tandis qu'il avait opté pour un verre de soda. Il tournait le verre dans ses mains, encore et encore, tout en fixant la table basse devant lui.
-Lee est malade.
Mon sang ne fit qu'un tour.
-Ses forces l'abandonnent petit à petit, ses muscles lui répondent de moins en moins. Tu as dû remarquer qu'il me sollicite beaucoup pour démontrer les gestes que les membres doivent faire, alors que c'était lui qui le faisait avant. Il a posé un choix : soit il ferme le club, soit il me lègue la responsabilité du club.
-Et qu'en penses-tu ?
-Je n'ai pas le morale pour diriger le club, ça ne fait pas parti de mes capacités de gérer cette structure, je ne le sens pas. Même s'il me fait confiance, et je l'en remercie, je ne peux pas.
-D'accord.
-Il a pensé à toi.
Je relevai le visage, YongGuk me fixait à présent.
-Non, je ne peux p-
-Il n'est pas question de gérer le club, MiSeon. Si je dis qu'il a pensé à toi, c'est parce qu'il s'inquiète. Le club, c'est ton échappatoire à ton quotidien, ton seul refuge où tu peux te défouler et où tu as rencontré des personnes qui t'ont changé. J'ai nettement vu ton changement d'attitude au fur et à mesure que tu venais au club. D'abord grâce à Lee, puis grâce à AeCha.
-Et toi.
-... si on veut.
-Lee m'a dit que tu avais le même caractère que moi, et qu'on pouvait s'entendre.
-J'en ai bien peur.
-Pour... pourquoi ?
-Tu pourrais devenir aussi dangereuse que moi.
Je ne comprenais pas où il voulait en venir mais ne cherchai pas à mieux comprendre. Je finis mon verre de jus d'orange et me levai pour m'en aller. Il m'attrapa le poignet et me serra dans ses bras.
-On a tous besoin de toi. Tu n'es plus seule, maintenant.
Il desserra lentement son étreinte et me laissa partir. Je lui adressai un dernier sourire puis rejoignis ma voiture pour rentrer chez moi. YongGuk avait sûrement dû vivre la même chose que moi pour tenir des propos pareils. Il était mon double masculin, mais lui, il s'en était sorti. Moi, je ne l'étais pas encore complétement. Il me faudrait encore du temps.
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