Chapitre 12: Vesicae piscis
Béatrice rouvrit les yeux et prit une grande respiration.
— Béa ? Appela une voix qui lui était familière.
Elle tourna vaguement son regard vers l'intonation et essaya, au même moment, de reprendre conscience. Elle plissa les yeux et reconnut Quentin non loin d'elle, l'observant avec inquiétude. Combien de temps était-elle restée assise, là, à son point d'ancrage et inconsciente ? Elle ne savait guère, mais elle se sentait nauséeuse et vidé d'énergie comme si on l'avait mangé de l'intérieur. Elle était patraque.
Se tenant le ventre par automatisme, elle essayait de se reconnecter avec la réalité avec difficulté. Une question germait dans son esprit, une question capitale pour elle-même, ce n'était pas son tour, alors, comment pouvait-elle voir ou ressentir ces choses étranges qui se passait autour d'eux ? Comment était-ce seulement possible ? Était-ce juste réel ce qu'ils vivaient ? Elle secoua la tête, complètement perdue.
Levant les yeux au ciel, elle vit le panneau de Quentin disparaître avec le dernier chiffre qu'il avait fait : un deux. Quentin avait avancé de deux pas pendant sa léthargie arrêtant ainsi sa grande avancée et c'était, maintenant, à son tour, malheureusement, un goût amer lui assécha la gorge. Elle ne voulait pas revivre cette horreur. Comment savoir quand elle apparaîtra à nouveau ? Comment savoir si elle lui crierait après lui montrant ses crocs comme elle l'avait fait à l'instant ? Elle respira et se tourna afin de faire face au dé qui n'attendait plus qu'elle pour avancer.
Elle tendit, tremblotante, sa main vers le dé et le toucha pour qu'elle puisse tournoyer dans le sens des aiguilles d'une montre tandis que les anneaux de losange s'entrechoquaient l'un suivant le rythme du dé et l'autre suivant le sens contraire des aiguilles d'une montre.
Patiemment, elle vit le chiffre ralentir et s'accélérer à la dernière minute. Béatrice souffla de soulagement en voyant le dé s'arrêter sur un cinq. Elle leva les yeux au ciel, vit son panneau luminescent s'afficher et inscrire son nouveau chiffre. Elle se retourna pour croiser le regard azur de Quentin et hocha la tête.
— Ça va aller ! Ne t'inquiète pas ! Déclara-t-il.
Béa hocha la tête et traversa le dé géant afin de continuer son avancé. Elle déglutissait au fur et à mesure, sentant son corps trembler et des flashs qui revenaient dans son esprit, lui montrant ce qu'elle venait de vivre à l'instant, l'inquiétait au plus haut point, la rendant nerveuse et accélérant sa respiration progressivement. Elle s'attendait au pire.
Elle retient son souffle lorsqu'elle arriva au cinquième point, celui qui la rendait au bout de la colonne. Elle commençait à voir la haie verte qui la mènerait à Layla. Elle se tourna vers Quentin qui lui montra son pouce en l'air comme si tout allait bien, malgré qu'elle sût que c'était pour l'encourager.
Béatrice regarda l'horizon avec anxiété et elle attendit comme depuis le début de l'épreuve. Elle sentit son corps trembler et soupira de soulagement lorsqu'elle vit que rien ne se passa. Elle se tourna vers Quentin avec un fin sourire sur son visage et le jeune homme s'ébouriffa les cheveux, soulagé à son tour que rien ne se passait. Ils pouvaient enfin souffler et essayer de comprendre le système de ce cauchemar.
***
Layla attendait patiemment son tour et sourit en voyant le dé apparaître le dé comme un hologramme. Retenant sa respiration, elle tendit la main et toucha le dé qui tournoya. Son mouvement lui fit arrêter devant la marque qu'elle avait depuis le début, ne lui prêtant même pas attention, ne savant même pas comment elle était et en profita pour l'observer ; se demandant en même temps si c'était une brûlure importante, ce n'était quand même pas rien, si ?!
Elle écarquilla les yeux en reconnaissant le symbole, elle en avait déjà entendu parler dans un de ses cours puisqu'un de ses professeurs aimaient beaucoup le folklorique celte et elle ne devait pas se cacher qu'elle aussi, était passionnée par cet art. C'était bien étrange de retrouver ce Triquetra sur son poignet. Un Triquetra composé de trois vesicae piscis, c'est-à-dire une intersection formée de deux cercles égaux et elle était lié d'un troisième cercle en son centre. Cependant, elle ne se souvenait plus de ce qui symbolisait.
Layla sursauta en entendant un bruit métallique se frotter à un autre et releva la tête afin de voir que le dé s'était arrêté sur un quatre. Elle soupira et relâcha son poignet afin de se tourner pour regarder vers l'Ouest. Elle devait avancer. Elle prit son courage à deux mains et avança. Un sourire naissait sur son visage lorsqu'elle avança sur la colonne de Dylan, enfin, elle avait quitté sa nouvelle demeure temporaire. Layla releva les yeux vers le ciel comme par automatisme et vit son dernier chiffre se changer pour un quatre. Elle pencha sa tête en arrière afin de reprendre conscience et d'enlever la peur qui l'avait possédée à l'instant. Rien ne se passa d'autre. Elle avait terminé son tour, heureusement pour elle.
Elle se pencha vers l'avant, mettant ses mains sur ses cuisses et regarda le sol. Elle n'était même pas à la moitié du circuit qu'elle était déjà vidée d'énergie et qu'elle en avait marre. Fatiguée de tout ça, énervée qu'elle ne comprend rien et incrédule sur le fait qu'elle ne savait pas, exactement, où elle se trouvait. Bon sang, personne ne lui avait dit qu'un jour elle devrait se faire fasse à soi-même comme ça ! Où était passé le manuel l'égo de l'être humain ? Comment pouvait-elle faire face à elle-même ? Comment pouvait-elle le surmonter et le diriger ? Elle devait surtout survivre aux épreuves qui lui faisait face comme avec le minotaure. Elle n'était pas si bête à ce point-là. Elle savait qu'il y avait quelqu'un qui les surveillait de loin, certes, mais tout de même, comment il avait pu penser qu'elle ne remarquerait rien ?
Tout ces mécanismes qui se déclenchaient lorsque le dé géant apparaissait, c'était manuel et par automatisme. C'était dirigé, le labyrinthe était dominé et a été construit par la race humaine, mais comment l'arrêter ? Elle ne savait pas trop comment s'y prendre, ce n'était que dans les films peu importe que ce soit de science-fiction ou d'horreur, mais ce n'était que dans les films que ça se passait ce genre de chose, pas dans la réalité !
Réfléchissant à toute allure, elle releva subitement la tête et gémit de douleur. Elle se massa la nuque et grimaça. Un torticolis n'était pas le meilleur moment d'en avoir. Elle soupira en voyant que la douleur disparue et elle regarda devant elle. Elle devait avancer au plus vite, elle devait aller jusqu'au bout du circuit, à la rosace qu'elle avait aperçue au début lorsqu'elle était montée sur la haie de sa maison. C'était là où tout se déroulera. C'était le point commun, le centre, là où il y a toutes les réponses à ses questions. Elle devait s'y rendre le plus vite possible afin d'arrêter ce cinéma ! Cependant, elle sut qu'elle devait suivre les règles si, elle ne voulait pas y arriver blesser sur tout son corps, elle devait jouer prudemment et avec stratégie.
***
Dylan regarda le dé qui venait d'apparaître devant lui et par automatisme, il fit tourner le dé. Il entendit le bruit métallique et attendit, comme s'il attendait un châtiment. Il soupira de soulagement en voyant un six, il releva la tête et vit sur son panneau le chiffre apparaître avec scintillement. Il se massa la nuque, nerveux et avança, tout de même inquiet. Il tritura ses doigts et regarda le dé se déplacer devant lui, n'attendant plus que sa main pour qu'il la tourne. Il le fit et patienta à nouveau. Dylan n'était, originairement, pas quelqu'un qui aimait patienter, mais quand il le fallait, il savait comment s'y prendre.
Il inspira et expira, prenant une respiration régulière comme il en avait l'habitude. Le brun passa son doigt sous son nez, signe de nervosité chez lui et il renifla. Dylan soupira de soulagement et ouvrit à nouveau les yeux afin de regarder le nouveau chiffre qu'il venait de faire : un deux. Il se gratta la tête et passa ses mains sur son visage, las.
— Non, je devais faire plus que ça. Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?! Râla-t-il.
Il entrelaça ses doigts et les séparèrent. Il avança avec obligation et s'arrêta une fois le compte atteint. Retenant sa respiration, il attendit que quelque chose arrive, une vibration, un bruit métallique ou strident qu'il entendrait ou un mécanisme qui se déclencherait, bref, n'importe quoi, en vain. Rien ne se passait, il n'entendait rien ni voir ou ressentait quelque chose. Non, rien de tout cela comme si tout brusquement s'était arrêté.
Subitement, il vit des feuilles mortes valser à travers l'atmosphère, il sentit également l'air changé comme si une tension électrique diminuait d'intensité et il se retourna en entendant un grognement féroce. Sa respiration s'accéléra et ses yeux s'écarquillèrent d'ébahissement en voyant trois chiens montrer leurs crocs blancs comme un loup-garou ou comme s'ils avaient la rage vacillaient de flamme. Ils étaient tous trois recouvert d'une colle chimique, leur gueule crachait du feu et leur pupille luisaient comme des charbons d'argent. Un collier à pic était attaché à leur cou cachant une partie de leur poil hérissé et noir. Celui du milieu avança d'un pas, penchant la tête en avant et redressant son derrière auquel Dylan pouvait voir sa longue queue bouger dans tous les sens.
Effrayé, Dylan se mit soudainement à courir, peu importe s'il déclenchait un autre piège, tout ce qu'il importait à présent c'était sa vie. Dès qu'il commença à courir, il sentit les chiens enragés qu'il reconnaissait se mettre à aboyer à la mort et à le poursuivre.
— PUTAIN, MAIS C'EST QUOI CE BORDEL ?! Se demanda-t-il, oubliant sa vulgarité tellement qu'il sentait ses poils s'hérissés sur son corps.
Pourquoi les chiens de Baskerville étaient là ? Pourquoi ce mythe était devenu réel ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il n'en revenait pas. Il sentit les flammes des chiens se dégager et augmenter la chaleur autour de lui, faisant disparaître la froideur du labyrinthe. Dylan bifurqua tournant à gauche et vit au loin la couleur jaune. Subitement, trop pris dans son élan, il trébucha et se ratatina au sol de tout son long comme une crêpe. Il cria de douleur en sentant sa cheville se tordre.
Il se redressa, se mettant assis et recula du plus vite qu'il le put tout en voyant les chiens de Baskerville approcher au ralenti, montrant plus puissamment leurs crocs crachant des flammes et une odeur chimique se dégager d'eux tandis que des flammes s'en dégageait comme si leurs poils avaient pris feu. Leurs yeux phosphorescents transperçaient d'horreur Dylan qui avait la peine à reculer pour fuir et subitement, il vit l'un des chiens sauter pour le rejoindre. Il cria, à nouveau, de douleur en sentant la patte gauche du chien des enfers sur son torse et grimaça en voyant la bave de braise que le chien enragé faisait tomber sur lui.
Il était pris au piège. Il secoua la tête et s'entortilla essayant de se dégager de son emprise, en vain. Il cria, à nouveau, de douleur en sentant que la patte appuyait plus fortement sur son torse, lui écrasant sa cage thoracique. Les deux autres chiens de Baskerville se rapprochaient et aboyaient de plus en plus fort, faisant bourdonner ses oreilles. Peu à peu, il perdait connaissance, il avait du mal à respirer et une forte odeur de brûler lui donnait envie de vomir. Il vit le chien qui le retenait lui aboyer au visage et il mit ses avant-bras devant celui-ci comme un bouclier afin de se protéger bien qu'il savait que cela ne servait à rien. Il se faisait battre par un chien, c'était pathétique ! Il se trouvait ridicule !
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