Béatrice soufflait, elle était pétrifiée et regardait devant elle le couloir sinistre du labyrinthe. Elle regardait le dos de sa main droite et exactement le chiffre qui y était inscrit comme un tatouage. Elle se pinça sa lèvre inférieure, ne se souvenant pas de s'être fait un tattoo, surtout comme celui-ci alors qu'un tatouage était important, significative. Elle ne trouvait rien ce que le tatouage qu'elle avait comme signification pour elle, c'était flou et elle détestait ça. Ne pas savoir et ne pas avoir de réponse à ses questions. Béatrice souffla et sursauta en voyant le dé apparaître devant elle comme par enchantement.

Elle sentit son corps trembler de peur et tendit sa main gauche afin de tourner le dé qui lui inscrit un nouveau chiffre sur son panneau lumineux : un cinq.

Prudemment, elle s'avança de cinq pas et retient sa respiration entre chaque pas. Elle était nerveuse. Nerveuse, inquiète et angoissée à l'idée de ce qui pourrait lui arriver si, elle faisait un mauvais pas. Béatrice souffla et se tritura les doigts. Elle avança d'un pas, puis un autre et arriva au cinquième pas s'arrêta. Elle leva les yeux et vit que dans le ciel son panneau disparaissait progressivement. Elle souffla de soulagement et Béatrice comprit simplement qu'elle n'était qu'un pion sur un énorme échiquier. Elle l'avait compris immédiatement lorsqu'elle l'avait vu le panneau luminescent scinder le ciel et disparaître.

C'était même évident. Elle baissa les yeux et regarda ses pieds nus.

Soudain, elle sursauta en entendant un cri lointain et regarda ce qui l'entourait. C'était quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Elle voulait bouger, mais c'est comme si son corps ne lui répondait pas. Elle était bloquée.

Béatrice se pinça sa lèvre inférieure et déglutit. Elle ne voulait pas mourir, non, pas si jeune. Elle déglutit et attendit. Elle ne pouvait faire que ça, après tout.

***

Layla souffla et regarda sa jambe gauche ou elle pouvait voir une plaie saignée, tâchant son pantalon de pyjama. Elle avait bougé sans le faire exprès et une flèche l'avait traversé, déchirant le tissu qui protégeait sa jambe du froid. Elle s'agenouilla et essaya d'arrêter le saignement, en vain. De toute façon, ça allait sécher et elle n'aura qu'à le nettoyer par la suite. Se relevant difficilement, elle tangua et se reprit de justesse pour ne pas retomber encore afin de ne pas avoir une autre flèche transpercer son corps.

Elle se pinça les lèvres et se tendit en voyant le dé tourner encore devant elle. Qui avait bien pu organiser tout ça ? Qui était le bienfaiteur de ce cauchemar pour qu'elle le réduise en pièce ?! Elle avait fait du karaté durant son enfance et elle en avait gardé encore ses bases d'entraînement. Elle était la plus douée de son dojo.

Triturant ses doigts afin d'enlever l'humidité autour d'elle et son stress qui lui faisait faire n'importe quoi, elle tendit la main vers le dé pour le tourner. Celui-ci tourna et son regard se plongea sur les points noirs qui valsaient à un rythme ordonné fendant l'air des anneaux de losange qui tournaient dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. Subitement, le dé s'arrêta et un chiffre s'exposa. Elle releva les yeux et les fronça en ne voyant pas son chiffre changé.

Pourtant, un chiffre était bien inscrit sur le dé, devait-elle bouger ? Et ce n'était qu'après que le chiffre changeait ? Non, c'était bien avant, mais alors pourquoi ? Les règles du jeu avait-elles changées, elles-aussi ? Elle se pinça l'arrête du nez et attendit, ne sachant quoi faire. Layla souffla et sentit son corps trembler de peur. Elle ne faisait que ça : attendre et avoir peur. Elle commençait à en avoir marre bien que la partie ne fît que commencer.

C'était insupportable comme situation !

Soudainement, un bruit strident la paralysa et elle écarquilla les yeux en voyant que le chiffre cinq avait changé pour un symbole. C'était une arabesque qui mélangeait le trèfle, le lotus et la clé de sol, c'était-à-dire que trois piques qui formaient la base du lotus représentaient trois points cardinaux, le trèfle représentait les formes et la clé de sol la base du symbole en forme de queue. Brusquement, Layla tangua en sentant une vibration provenant du symbole se répandre à travers le labyrinthe comme le vent qui fouettait les arbres ou comme si on avait déclenché un mécanisme qui ne fallait pas. Elle sentit des picotements au bout de ses doigts et déglutit. Qu'avait-elle déclenché ? En quoi ce symbole avait-il une signification ? Était-ce dangereux ou même grave ?

Layla sentie sa respiration se saccadée et attendit impatiemment que quelque chose se passait, mais rien, elle entendit juste un cri. Un cri immonde et effrayant. Son corps frissonna et trembla lorsqu'elle sentie une vibration dans l'air changer l'atmosphère. Brusquement, elle se retourna et écarquilla les yeux en voyant une bête devant elle.

C'était une bête féroce avec deux cornes sur la tête, une longe barbe, une fourrure sur le torse qui accompagnait son visage de taureau et ses jambes étaient transformés par des pattes de taureau. C'était un minotaure. Comment était-ce possible ? Ce n'était pas censé être un mythe ?

Layla sursauta en voyant l'homme-taureau commencer à se rapprocher d'elle et déglutit. Que devait-elle faire ? Pouvait-elle bouger pour fuir ou tout simplement oser fuir jusqu'à en recevoir des conséquences ? Elle était indécise dans ce moment étrange qu'elle vivait alors qu'un simple humain aurait eu l'intelligence de fuir sans se poser de question. Les événements précédents ayant chambouler sa façon de penser et l'ayant paralysée, elle ne pouvait qu'être indécise.

Lorsqu'elle vit le minotaure accélérer sa course, elle arrêta de réfléchir et se mit à courir, traversant le dé géant qui n'avait pas disparu. Layla ne fit pas attention à la forme hologramme du dé, nouvelle forme naissante et s'enfuit. Elle parcourra le reste du terrain et bifurqua à droite, tout droit, terminant sur sa couleur et vit l'entrée du labyrinthe de Dylan.

Cependant, arrivant presque devant la nouvelle zone, Layla cria en trébuchant et regarda derrière elle. Une racine avait enveloppé ses chevilles et elle releva la tête en voyant le minotaure se rapprocher plus lentement d'elle. La jeune fille se releva après s'être débarrassé de la racine qui l'empêchait de bouger et elle croisa le regard meurtrier de l'homme-taureau. Le silence imprégna l'atmosphère, le vent se levait et fouettait ses cheveux bruns, c'était comme un face à face.

Déglutissant, elle essaya de reculer, mais la paralysie avait, à nouveau, envahie son corps. Pourquoi maintenant ? Layla sentait la rage monter en elle. Le minotaure s'approchait dangereusement et l'adolescente sentait sa respiration se saccadé. Elle était effrayée !

Layla regardait le minotaure se rapprocher et expirer laissant deux anneaux de fumée sortir de son nez. Ses gros sabots frappaient le sol qui tremblait à chaque rebondissement et Layla sentie de la sueur dégouliner de front. Le minotaure se rapprochait et se mit à courir tandis que Layla ne pouvait pas bouger, ni reculer ni avancer. Alors que le minotaure fonçait sur elle, Layla ne sentit rien. Elle avait fermé les yeux et avait mit ses bras devant son visage pour faire blocage. Elle avait juste senti une vibration caresser son visage et son cœur avait fait un bon dans sa poitrine.

Elle releva les yeux et hoqueta en ne voyant plus le minotaure. C'était fini ? Elle espérait qu'oui. Elle n'en revenait pas de ce qui venait de se passer ! Comment était seulement possible qu'un mythe soit réel ? N'était-ce juste pas un fait tiré de son imagination à cause de la peur qui la possédait depuis le début ? Non, ce n'était pas ça... Elle devrait plutôt arrêter d'accuser quoi que ce soit et plutôt d'affronter ces choses. Elle devait arrêter d'avoir peur pour rien et d'avoir plutôt du courage. Elle en avait besoin.

Layla souffla et secoua la tête. Qu'est-ce qui se passait ? Elle ne comprenait pas. Au début, ce n'était rien qu'un jeu, rien qu'un jeu qui ne comportait pas de mettre sa vie en puéril pour gagner et ils ne faisaient que dormir après avoir arrêté de jouer pendant un moment. Mais en ce moment même, Layla devait s'avouer que ce n'était pas rien qu'un jeu, ils devaient mettre leur vie en puéril pour gagner et sortir d'ici. C'était une évidence énorme et irréprochable auquel ils ne pouvaient pas se lasser ! Le minotaure en était la preuve de ce qu'elle avançait. Ce n'était même pas censé être réel ! C'était qu'un mythe, une légende grecque !

Layla sursauta en entendant un bruit strident qui parvenait à ses oreilles et releva les yeux vers le ciel par automatisme. Elle écarquilla les yeux en voyant son panneau luminescent scintiller de mille feux dans le ciel noir et vit son chiffre changé par le symbole qu'elle avait déclenché. Le symbole avait, également, changé de couleur pour représenter sa maison : vert. Puis, après un long moment d'attente, elle vit le panneau de Dylan apparaître et le chiffre disparaître pour en laisser un autre : deux. Dylan n'aura qu'à avancer de deux pas.

Subitement, elle se demandait si ses ami(e)s avaient vécu la même chose qu'elle ? Avaient-ils dû s'échapper et courir d'un minotaure ? Devaient-ils faire attention à ne pas déclencher de piège et ainsi, respecter les chiffres donnés par le dé géant ? Elle espérait qu'oui et qu'elle ne soit pas la seule folle ici dans cette prison bien que ce soit égoïste de sa part, cette pensée immonde.

Layla se mordit les lèvres et regarda ses pieds nus qui commençaient à s'abîmer à force de marcher sur le sol froid et herbeux du plateau de jeu et de courir à en perdre haleine, elle commençait à avoir des égratignures.