Chapitre 8


- Dis, Tetsu, c'est qui c'type qui t'suit partout ? Il fout les jetons.

- C'est Kiryū-san, le garde du corps que m'a assigné Seijūrō-kun.

- Ben dis donc, il rigole pas. Il a vraiment peur pour toi, on dirait. Tu lui as raconté ?

- Oui, mais seulement pour "lui". Déjà que je voulais attendre pour lui raconter cet épisode de ma vie, c'est pas pour tout lui déballer depuis ma naissance. J'ai déjà bien de la chance qu'il ne m'ait pas laissé tomber après ça. S'il vient à savoir le reste, je risque de ne plus jamais le revoir.

- Moi, je crois que tu sous-estimes ses sentiments pour toi.

- Et moi, je ne crois pas. On ne sort ensemble que depuis peu de temps. Je ne voudrais pas lui faire peur ou pire, lui faire pitié.

- Ce n'est pas le genre d'homme à avoir peur et encore moins pitié, crois-moi. En tout cas, d'après Byakuya.

- Hmm. Je préfère quand même rester prudent. J'ai appris que le bonheur était fragile.

Ichigo ne répondit rien. Il se contenta d'un hochement de tête. Il savait bien à quoi il faisait allusion. La vie n'avait pas été tendre avec lui et cela n'incluait pas seulement l'épisode avec son ex. Il était sans doute le seul à être au courant de toute l'histoire de la vie de son ami, puisqu'il était son confident depuis près de vingt ans. Il espérait sincèrement qu'il arrive à exorciser ses démons et qu'il accède enfin au vrai bonheur, celui qui n'est ni fragile ni éphémère, mais construit sur des bases solides avec la personne qui partagera sa vie entière.

Les deux étudiants se rendirent dans l'amphithéâtre où devait se dérouler leur premier cours et la matinée se déroula au rythme des changements de salles et de cours.

À la pause déjeuner, Kurosaki assista aux habituels échanges de messages de son ami avec Akashi, un tendre sourire sur les lèvres, mais une lueur d'inquiétude dans le fond des yeux.

L'après-midi, ainsi que les trois jours suivants se déroulèrent sur le même schéma de routine, le garde du corps aux cheveux argentés collé aux basques du jeune homme aux cheveux bleus. Bien sûr, Ichigo Kurosaki ne manquait pas une occasion de se moquer gentiment de son meilleur ami, tout en étant conscient de l'indispensabilité d'une protection rapprochée.

Cependant, ce fut complètement paniqué qu'il téléphona à Byakuya Kuchiki le vendredi matin. Le brun fut surpris et surtout inquiet de voir le nom de son amant s'afficher sur l'écran de son téléphone. Ce dernier ne l'appelait jamais quand il était au travail, surtout pendant ses heures de cours.

- Ichigo ? Y a-t-il un problème ?

Sa voix ne trahissait aucunement l'angoisse qui l'étreignait, pourtant elle était belle et bien présente.

- Tu pourrais me donner le numéro d'Akashi ?

- Ichi, calme-toi et dis-moi pourquoi tu cherches à le joindre.

Il avait bien entendu la peur dans la voix de son petit ami et se demandait ce qu'il s'était passé pour qu'il soit dans cet état.

- Tetsu est pas en cours. Il ne répond pas au téléphone et son garde du corps est tout autant injoignable. Je suis vraiment très inquiet, Bya. Alors s'il y a la moindre petite chance pour qu'Akashi ait de ses nouvelles, je dois tenter le coup.

- Bien, je viens te chercher et nous l'appellerons ensemble.

- D'accord, mais fais vite.

Dix minutes plus tard, une berline noire s'arrêtait devant l'université et Ichigo grimpa rapidement à l'intérieur.

Une fois arrivés à l'appartement du plus vieux, ils appelèrent Akashi.

- Akashi Seijūrō.

- Akashi-sama, Kuchiki Byakuya.

- Kuchiki-sama. Que puis-je pour vous ?

- Vous rappelez-vous de mon ami, Kurosaki Ichigo, que je vous ai présenté lors de notre dîner d'affaires ?

- Je m'en rappelle parfaitement bien. Le meilleur ami de Kuroko Tetsuya.

- C'est cela. Il est à mes côtés actuellement et désirerait vous parler.

- Ce sera avec plaisir.

- Dans ce cas, je vous le passe.

- Akashi-sama. Je suis désolé de vous appeler comme ça à l'improviste, mais auriez-vous des nouvelles de Tetsu, je veux dire Tetsuya ?

- Pas depuis hier midi, mais je pense que vous deviez être avec lui, à ce moment, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sûr. On déjeune toujours ensemble quand on a cours. Dans ce cas, auriez-vous des nouvelles de Kiryū-san ?

- J'avoue ne pas encore avoir essayé de le joindre, aujourd'hui. Puis-je savoir le pourquoi de toutes ces questions ?

- Tetsu est pas venu en cours, aujourd'hui, et j'arrive pas à le joindre. Et Kiryū-san non plus. Je pensais que vous, peut-être, vous aviez eu de leurs nouvelles. Je vous avoue être très inquiet. Il m'a dit qu'il vous avait raconté, alors vous comprenez, n'est-ce pas ?

- Évidemment. Si vous pouviez patienter un instant, je vais moi-même essayer de joindre Kiryū.

- Entendu, je ne quitte pas.

Akashi ne le montrait pas, mais il était nerveux et inquiet. Le téléphone sonnait dans le vide. Le garde du corps ne répondait pas. Il renouvela l'appel deux fois. L'argenté finit par décrocher, la voix mal assurée.

- Kiryu.

- Puis-je savoir ce qui vous a empêché de répondre au téléphone ?

- Akashi-sama. J'étais inconscient.

- Comment cela, inconscient ?

- Un gaz soporifique. Il a été introduit par l'interstice en dessous de la porte d'entrée, mais je ne sais pas encore par quel dispositif. Je ne suis réveillé que depuis peu de temps.

- Et comment va Tetsuya ?

L'homme regarda autour de lui, tout en se levant. Il fit rapidement le tour de l'appartement, mais ne trouva personne.

- J'ai bien peur qu'il ne se soit fait kidnapper, Akashi-sama.

- Les ravisseurs ont-ils laissé un indice quelconque ? Une lettre ou quoi que ce soit d'utile ?

- Non. Ils ont juste emmené Kuroko-san.

- Je vois. Rejoignez-moi à mon bureau le plus vite possible.

- Bien, Akashi-sama.

Le rouge raccrocha et reprit la conversation téléphonique avec Ichigo.

- Kurosaki-san ?

- Oui ! Je suis toujours là ! Alors ? Vous avez réussi à joindre Kiryū-san ?

- Oui. Mais malheureusement, il semblerait que Tetsuya se soit fait enlever.

- Quoi ?! C'est lui, je suis sûr que c'est lui. Oh mon dieu ! Qu'est-ce qu'il va lui faire ?!

- Calmez-vous, Kurosaki-san. Céder à la panique n'aidera en rien Tetsuya.

- Oui, vous avez raison. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ?!

- Kuchiki-sama et vous-même allez venir me rejoindre ici, à mon bureau. Kiryū ne devrait pas tarder. Il pourra nous raconter plus en détail ce qu'il s'est passé. Ensuite, je donnerai mes ordres en conséquence et mes hommes partiront à la recherche de Tetsuya.

- Nous arrivons au plus vite, Akashi-sama. Répondit la voix de Byakuya qui avait repris le téléphone des mains d'Ichigo, voyant que ce dernier perdait les pédales.

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Pendant ce temps, Kuroko revenait doucement à lui. Il cligna plusieurs fois des yeux, la lumière faisant souffrir ses rétines. Il était allongé et ne reconnaissait absolument pas son environnement. Il essaya de se relever, mais ses mains étaient entravées. Il était attaché, ses mains relevées au-dessus de sa tête et reliées aux barreaux de la tête du lit. Ses pieds étaient également attachés de la même manière aux barreaux du pied du lit. Il ne pouvait pas du tout bouger.

Il commençait sérieusement à paniquer quand il entendit des bruits de pas se rapprocher de la porte de la pièce où il se trouvait. Ladite porte s'ouvrit sur un jeune homme brun, plutôt grand, environ 1m80 à vue de nez, et au sourire sadique.

- Bonjour, Tetsuya.

- Makoto...

Le prénom fut soufflé dans un murmure à peine audible. Une peur tenace s'installa dans ses entrailles.

- Que me veux-tu ? Pourquoi m'as-tu enlevé ?

- Tout de suite les questions. Tu pourrais dire bonjour, quand même.

- ...

- Comme tu voudras. Eh bien, pour répondre à tes questions, disons que je voulais te remercier pour ces cinq dernières années. Elles ont été véritablement délicieuses. Si, si, je t'assure.

La voix du brun était ironique au possible, mais elle se fit plus sincère, bien que froide et sèche.

- Et puis tu es à moi, pas à cette espèce de punk millionnaire.

- Je n'appartiens à personne. Je ne suis pas un objet, Makoto.

- Oh que si, tu m'appartiens. Et je te le prouverai.

- La police a sûrement déjà été prévenue. On me retrouvera.

- Mais je ne fais rien de mal, pourtant. Je ne fais que récupérer ce qui est à moi et que l'on m'a outrageusement volé, profitant d'une absence... involontaire de ma part. Tu es à moi, Tetsuya, et rien qu'à moi. Soit tu es à mes côtés, soit tu meurs. C'est aussi simple que ça.

Et sans laisser le temps au bleuté de répondre, il fit demi-tour et sortit de la pièce, refermant la porte derrière lui.

Kuroko, qui avait fait bonne figure devant son ravisseur, se sentit faiblir et les larmes coulèrent silencieusement le long de ses joues. Il savait qu'Hanamiya lui en voudrait, mais entre savoir quelque chose et le vivre, il se rendit compte que ce n'était pas du tout la même chose. La peur ne le quittait plus et il se surprit à prier pour qu'on le retrouve avant qu'il ne soit trop tard. Il voulait tant avoir confiance en Ichigo, en Akashi et en tous ses amis. Même s'il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur, il voulait vraiment croire en eux. Il ne fallait pas qu'il perde espoir, sinon Makoto aurait gagné.

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Ichigo et Byakuya venaient d'arriver au bureau d'Akashi. La secrétaire personnelle du rouge, Yuki Cross, les annonça et les fit entrer à la demande de son patron.

Les deux hommes n'en crurent pas leurs yeux. Ce n'était pas le bureau d'un businessman qu'ils avaient devant eux, mais une base stratégique, un véritable quartier général d'où partent les ordres de missions. Akashi avait déjà pris toutes les dispositions possibles pour pouvoir retrouver son amant.

- Bonjour, Kuchiki-sama, Kurosaki-san.

- Bonjour, Akashi-sama.

- Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous ne perdez pas de temps. Murmura Byakuya.

- Bien sûr. La moindre minute perdue est une minute où la vie de Tetsuya est en danger. Il est donc impératif de ne pas perdre une seconde.

Des techniciens essayaient de tracer le portable de Kuroko et des hommes de terrain étaient en train de se répartir différents secteurs, debout devant une carte de la ville, prêts à partir. Un "informaticien" s'était branché sur les caméras de surveillance de la municipalité. Ichigo n'était pas sûr que ce soit complètement légal de hacker le système public de surveillance, mais si ça pouvait les aider à retrouver son ami, alors il s'en foutait.

La secrétaire vint leur apporter du thé et du café et le chef de l'équipe de terrain 1 vint lui poser un tas de questions, afin d'en apprendre le plus possible sur Makoto Hanamiya. Ichigo répondit à autant de questions qu'il le put et le plus précisément possible.

Une fois l'interrogatoire terminé, les hommes partirent s'équiper et chaque équipe se rendit dans le secteur qui lui était attribué.

Ce fut à ce moment que Zero Kiryū entra dans le bureau de son patron, revenant enfin de sa consultation médicale, avant laquelle il avait dû raconter ce qu'il s'était passé au chef d'équipe.

- Zero, qu'a dit le médecin ?

- Il a dit que tout allait pour le mieux, Akashi-sama.

- Bien. Allez vous reposer une heure ou deux dans la salle de repos et revenez nous aider ensuite.

- Je peux vous aider tout de suite, Akashi-sama.

- Je connais les effets de ce genre de substances. Ne m'obligez pas à me répéter.

- Bien, Akashi-sama. Je vous vois plus tard.

Sur ces mots, l'argenté quitta le bureau et se rendit en salle de repos.

Entre-temps, Kuchiki avait contacté ses propres hommes pour qu'ils se joignent aux recherches. Certains avaient rejoint les équipes sur le terrain, d'autres étaient venus directement dans le bureau du rouge, afin d'aider les techniciens. La vie de Hanamiya et celles de tous les membres de sa famille, proche ou éloignée, étaient passées au peigne fin, afin qu'aucun détail ne leur échappe. Connaissant l'intelligence de ce type, il était certain qu'il ne se trouverait pas dans un endroit facile à trouver. Il ne fallait donc rien laisser au hasard.

Le portable d'Ichigo sonna, attirant l'attention de toutes les personnes présentes.

- Allo ?

- Ichigo, dis-moi que c'est pas vrai.

- Daiki ? Tu veux bien te calmer et me dire de quoi tu parles.

- Satsu vient de m'appeler. Elle m'a dit qu'il était sorti de prison et qu'il cherchait Tetsu. Et là, comme par hasard, il est injoignable. Dis-moi qu'il ne l'a pas trouvé.

- ...

- Ichi, dis quelque chose !

- Tetsu a été enlevé. Il y a toutes les chances que ce soit lui. Akashi-sama et Byakuya ont tout mis en œuvre pour le retrouver et moi, j'aide comme je peux.

- C'est qui ça, Akashi ?

- Le petit ami de Tetsu.

- Oh merde. S'il est au courant... Je préfère même pas y penser. Il faut le retrouver le plus vite possible.

- Tu crois qu'on l'sait pas, pt'être ?! Tu crois que j'ai oublié dans quel état il était y a cinq ans ?! J'te rappelle quand même que c'est moi qui l'ai trouvé dans son appart presque mort !

- Ouais, c'est vrai. J'suis désolé. J'peux aider ?

- Ben, si tu connais des endroits où il pourrait s'cacher et que moi, j'connais pas, ouais.

- File-moi l'adresse. J'arrive avec une liste.

- Ok.

Le roux donna l'adresse du bureau où il se trouvait à son ami et raccrocha. Ensuite, il expliqua aux deux hommes d'affaires que Daiki Aomine était en chemin et que c'était un ami très proche de Kuroko et qu'il avait pas mal côtoyé le couple, à l'époque. Ichigo, lui, n'avait jamais pu encadrer Hanamiya et ne voyait Kuroko que quand il était sans son petit ami.

En moins d'un quart d'heure, le métis arriva et commença tout de suite à donner les informations en sa possession. Elles furent immédiatement transmises aux équipes sur le terrain, afin de compléter celles d'Ichigo, ainsi que celles réunies par leur propre soin.

Pour Ichigo et Aomine commença une attente insupportable. Alors que les deux hommes d'affaires consultaient sans cesse les informations que leur transmettaient leurs employés, eux n'étaient pas sollicités et n'avaient, par conséquent, rien d'autre à faire que d'attendre. Et comme bien souvent dans ces cas-là, leurs pensées dérivèrent vers leur ami et les pires scénarios se mirent à se dérouler dans leurs cerveaux stressés et la culpabilité de ne pas avoir pu le protéger s'insinua comme le pire des poisons.

Au bout de quatre heures à se torturer, le roux explosa.

- Ah ! J'en peux plus d'attendre sans rien faire ! C'est ma faute. J'aurais dû mieux protéger Tetsu, surtout quand j'ai su qu'il était de retour ! Alors la moindre des choses serait de m'activer pour le rechercher !

- Calme-toi, Ichi. Je suis navré de t'avoir laissé de côté, ainsi qu'Aomine-san. Venez donc vous joindre à nous. Après tout, vos avis seront sûrement très utiles. Vous êtes ceux qui les connaissent le plus, après tout.

- Kuchiki-sama a raison. Nous étions tellement pris dans nos recherches que nous vous avons laissés seuls face à vos inquiétudes.

Les deux jeunes hommes rejoignirent leurs aînés et regardèrent les documents posés sur le bureau. Ils se sentirent plus utiles pour Kuroko et cela apaisa légèrement leurs craintes.

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De son côté, le petit bleuté encaissait les coups. Son ravisseur était revenu le voir et l'entêtement qu'il avait en soutenant que jamais plus il ne l'aimerait et que jamais il ne lui appartiendrait avait fait péter les plombs au brun. Il se défoulait sur le pauvre étudiant qui ne pouvait que subir.

- Alors comme ça, tu préfères l'autre vieux aux cheveux rouges ?! C'est parce qu'il est friqué ?! Ou alors il est meilleur que moi au lit ?! Réponds-moi !

- Rien de tout ça. Je l'aime, tout simplement.

- Mais lui, jamais il ne pourra t'aimer plus que moi !

- Si. La preuve, il ne me frappe pas et ne me fait pas pleurer. Il ne m'empêche pas de voir mes amis ni d'aller en cours.

- Justement, c'est parce qu'il s'en fout de ta gueule ! Tu peux partir, il s'en bat les couilles !

- Non, c'est parce qu'il m'aime. Il veut que je sois heureux.

Makoto le frappa une dernière fois avant de sortir de la pièce, tout en crachant quelques mots.

- Alors prépare-toi à mourir. Je t'ai prévenu. Si tu ne peux pas être mien, alors tu ne seras à personne.

La pauvre victime avait le visage tuméfié par les coups. Il avait mal aux bras, surtout le gauche qui devait probablement être cassé. Il avait mal aussi à d'autres endroits de son corps, mais il n'eut pas le temps de faire le point, car il sombra dans l'inconscience.

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