Chapitre 11


C'EST TOI QUE J'ATTENDAIS.

Chapitre 11- Fin.

Deux mois qu'il était à l'hôpital. Enfin, il n'avait pas vu passer les deux premières semaines, étant dans le coma. Mais tout de même, même un mois et demi dans cet endroit aseptisé aurait donné le cafard à n'importe qui. Il n'avait qu'une envie, sortir de là et rentrer chez lui. Il savait qu'il avait besoin de repos et de quelques soins quotidiens, mais il pouvait très bien se reposer chez lui et faire venir une infirmière à domicile ! Il n'en pouvait plus de ces murs blancs et de cette nourriture infecte !

Il avait réussi à négocier avec Akashi. Il ne lui manquait plus que l'accord du médecin. Et justement, le rouge était en train de discuter avec Midorima-sensei pour voir s'il serait possible au bleuté de continuer sa convalescence hors de ces murs. Kuroko attendait le résultat des négociations avec beaucoup d'impatience. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il serait déjà en train de faire sa valise.

Près de 45 minutes s'étaient écoulées depuis qu'Akashi l'avait quitté, afin de discuter avec le praticien. Le blessé n'en pouvait plus d'attendre. Il n'était pas d'un naturel impatient, mais sur ce coup-là, il sentait ses limites bien plus restreintes que d'habitude.

Un bruit de porte qui s'ouvre et l'entrée de son amant mirent fin à son insoutenable attente.

- Alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ? C'est bon ?

- Tu m'a l'air bien impatient, Tetsuya.

- Ça se voit que ce n'est pas toi qui viens de passer deux mois enfermé dans cet endroit déprimant ! Et cloué au lit, en plus.

- Tu seras cloué au lit aussi, à la maison.

- Oui, mais je pourrai voir autre chose que des murs blancs et il n'y aura pas d'heures de visites. Mes amis pourront venir me voir beaucoup plus librement et surtout...

Kuroko rougit légèrement, n'osant pas finir sa phrase.

- Oui, Tetsuya ? Surtout quoi ?

- Surtout toi. Tu pourras venir quand tu le voudras.

- N'as-tu pas entendu ce que je t'ai dit ?

- Hein ?

Le bleuté réfléchit un instant aux derniers mots qui avaient été prononcés par le rouge et il sursauta.

- Tu as dit "à la maison". Ça veut dire qu'il a accepté ?

- Oui. Mais à la condition que ce soit chez moi, afin que tu ne sois pas seul. Même lorsque je serai au travail, il y aura toujours mes domestiques pour te porter assistance si besoin. Cependant, ta sortie devra attendre deux jours, le temps que je fasse aménager une chambre avec un lit médicalisé et tout le matériel médical dont tu auras besoin. Il faut aussi que j'engage une infirmière à domicile. Et Midorima-Sensei passera tous les deux jours dans un premier temps, puis une fois par semaine. Penses-tu que tu pourras supporter deux jours de plus en ces lieux ?

- Chez toi ? Mais... mais... je ne veux pas déranger.

- Tu ne me dérangeras pas, sois-en sûr. De toute façon, je préfère cela. Je pourrai ainsi te garder sous surveillance et cela m'évitera de m'inquiéter inutilement. Alors pourras-tu patienter ?

- Oui. Merci, Seijūrō-kun.

____________________________________________

Les deux jours étaient passés plutôt vite pour Akashi. Entre la commande du lit et du matériel, son travail et ses visites à l'hôpital, il n'avait plus une minute à lui. Par contre, pour Kuroko, ce fut les deux jours les plus longs de sa vie. Sa seule consolation fut qu'il avait obtenu son diplôme. Il regrettait quand même de ne pas avoir pu assister à la cérémonie. Il avait été déclaré major de sa promotion, en raison de ses excellents résultats, et Ichigo lui avait ramené son diplôme, ainsi que sa distinction. Sa thèse avait été plus que remarquée et il avait été relancé par les entreprises qui voulait l'embaucher. Il ne l'avait encore dit à personne, mais sa décision était prise. En un mois et demi à ne rien faire, il avait largement eu le temps de réfléchir et de se décider.

Il avait téléphoné à la société et avait expliqué qu'il serait honoré de travailler pour eux, mais qu'étant hospitalisé, il ne pourrait pas se déplacer pour l'entretien. Pas dans l'immédiat, en tout cas. Le directeur des ressources humaines, bien conscient du potentiel du jeune homme, lui assura que rien ne pressait et lui demanda de le recontacter une fois remis sur pieds. Il ne voulait surtout pas qu'il change d'avis et qu'il aille travailler pour la concurrence. Il lui assura que tel serait le cas et raccrocha, ravi de savoir qu'un emploi l'attendait quand il serait guéri. Cela ne devrait prendre guère plus de deux mois, tout au plus, s'il respectait les consignes du médecin. Il comptait bien être un patient exemplaire, afin de ne pas repousser son entrée dans la vie active. Il avait vraiment hâte de commencer à travailler.

____________________________________________

Il n'avait pas d'ordinateur dans sa chambre d'hôpital et cela lui manquait énormément. Peut-être pourrait-il demander à Seijūrō d'aller chercher le sien et de lui apporter au manoir ? Rien que de penser à sa future sortie, il s'était senti encore plus impatient.

Mais maintenant, le grand jour était arrivé. Une infirmière l'avait aidé à rassembler toutes ses affaires et il attendait sagement son amant qui l'emmènerait loin d'ici. Il regarda sa montre et se dit qu'Akashi ne tarderait plus. Il ne restait plus que quelques minutes avant l'horaire annoncé par son petit ami et celui-ci était toujours très ponctuel. Il avait dit qu'il serait là en milieu de matinée, alors il serait forcément à l'heure.

- Bonjour, Tetsuya. Je vois que tu es prêt.

- Oui. Je t'attendais. Une infirmière m'a aidé à boucler ma valise.

- Bien.

Le millionnaire aida le blessé à s'asseoir dans le fauteuil roulant qu'on lui avait confié et le poussa vers la sortie. Une fois dehors, le jeune diplômé inspira fortement, heureux de se retrouver enfin à l'air libre. Le plus âgé aida le plus jeune à entrer dans la voiture et le chauffeur se mit en route pour le manoir des Akashi.

Kuroko n'en crût pas ses yeux en découvrant la chambre que son amant lui avait fait préparer. Elle ressemblait à une chambre d'hôpital, mais en plus gaie. Le lit trônait au milieu du mur de droite, avec une table de chevet sur son côté droit. Sur la gauche du lit se tenait un porte-perfusion. Une immense baie vitrée s'étalait sur le mur face à la porte et une armoire se situait sur le mur de gauche, coincée entre deux portes. La porte de gauche menait à un petit cabinet de toilettes et celle de droite s'ouvrait sur une salle de bain fonctionnelle et adaptée à une personne physiquement diminuée. Le millionnaire avait vraiment pensé à tout.

Le bleuté s'installa dans le lit préparé pour lui. L'air de rien, les quelques efforts qu'il avait fourni l'avaient pas mal fatigué et il ne s'en rendait compte que maintenant qu'il pouvait enfin de reposer. Il s'endormit sous un sourire bienveillant de son amant.

Ce dernier quitta la pièce en silence, ne voulant pas réveiller le convalescent. Il donna ses consignes à ses domestiques pour qu'ils prennent soin de son amant correctement, tout en respectant les ordres du médecin, et partit travailler.

Il avait des affaires importantes à régler et ne pouvait pas être absent trop longtemps du bureau.

Kuroko se réveilla en début d'après-midi, aux alentours de 13h, quand le majordome d'Akashi vint lui apporter son déjeuner, comme le lui avait ordonné son maître.

- Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous avoir réveillé, Kuroko-san, mais Akashi-sama m'a demandé de vous apporter votre repas à cette heure-ci, que vous soyez réveillé ou non. Il a dit que vous ne deviez rater aucun repas, sous aucun prétexte.

- Oh, ce n'est rien. Je comprends. Je vous remercie, ça sent vraiment très bon.

- Je transmettrai vos compliments à la cuisinière. Je suis sûr que cela lui fera très plaisir. Je vous souhaite un bon appétit, Kuroko-san. Je repasserai dans une heure, afin de vous débarrasser.

- Attendez ! Vous pouvez me dire comment vous vous appelez ?

- Appelez-moi Tanaka, Kuroko-san.

- Merci pour tout, Tanaka-san.

- Je vous en prie.

Et le majordome quitta la chambre, laissant l'invité de son patron déjeuner seul.

Ce dernier dévora avec appétit tous les plats qui se trouvaient sur le plateau. Enfin de la vraie nourriture ! Il en avait rêvé ! Ce qu'ils osaient appeler "nourriture" à l'hôpital n'était vraiment qu'un amas de choses immondes, innommables et surtout immangeables.

Pour la première fois en un mois et demi, il ne se força pas à manger. Il se régalait réellement et bénissait presque son amant d'avoir engagé une telle perle en cuisine. Il regretta même que les assiettes ne soient pas plus fournies. Il n'était pas un gros mangeur, mais pour une fois, il se serait bien resservi. Il savait cependant qu'il devait se montrer raisonnable encore un moment, le temps que sa blessure au ventre guérisse. Soigner les blessures qu'il avait subies au niveau de son appareil digestif, et donc lui sauver la vie, n'avait pas été une mince affaire et la convalescence serait longue, il en était parfaitement conscient. Il soupira, mais se rappela la promesse qu'il s'était faite à lui-même d'être un patient modèle, afin que sa guérison soit la plus rapide possible.

Il poussa le plateau sur le lit, à côté de lui, et se repositionna sur ses oreillers si confortables. Bien trop confortables d'ailleurs, puisque quand Tanaka revint pour débarrasser le plateau, Kuroko s'était rendormi. Il récupéra les vestiges du repas le plus silencieusement possible. Son patron avait été clair, le bleuté devait se reposer le plus possible jusqu'à nouvel ordre.

Ce fut d'ailleurs un patient encore endormi que trouva l'infirmière à domicile que le millionnaire avait embauchée. En bonne professionnelle, elle vérifia les constantes de son patient et lui posa les perfusions dont il avait besoin sans le réveiller. Bien sûr, cela lui avait pris plus de temps qu'avec un patient conscient, mais elle savait qu'il avait besoin de beaucoup de repos. Elle repartit donc silencieusement une heure plus tard.

Ce fut donc très étonné que Kuroko se réveilla en fin d'après-midi, en constatant qu'on lui avait posé un cathéter qui était relié à deux perfusions.

Il regarda l'heure et là encore, il fut étonné de voir qu'il avait dormi quasiment toute la journée, ne se réveillant que pour manger. Il se demanda alors à quelle heure rentrerait Akashi. Il se rendit compte qu'il ne connaissait rien du quotidien et des habitudes de l'homme qu'il aimait. Il pensa que c'était la bonne occasion pour le découvrir dans sa vie de tous les jours, dans son intimité, même s'il aurait préféré le faire dans d'autres circonstances.

Tout à ses pensées, il n'entendit pas la porte s'ouvrir.

- Bonsoir, Tetsuya.

Le dénommé sursauta, surpris.

- Oh, bonsoir, Seijūrō. Je ne t'avais pas entendu entrer.

- J'ai crû remarquer. Répondit le rouge, un sourire amusé sur les lèvres.

- Tanaka m'a dit que ta journée s'était bien passée. Ne t'es-tu pas trop ennuyé, seul ?

- Eh bien, à vrai dire, j'ai beaucoup dormi, je n'ai donc pas eu le temps de m'ennuyer.

- Tant mieux. De toute façon, tu dois te reposer le plus possible. Mais peut-être voudrais-tu un peu de lecture pour les prochains jours ?

- Oui, j'apprécierais beaucoup. Merci.

- Mais je t'en prie. C'est tout à fait normal.

Après une petite pause calculée, le plus âgé, avec un petit sourire en coin, demanda :

- Le déjeuner était-il à ton goût ?

- Oh oui ! C'était vraiment absolument délicieux.

L'enthousiasme du plus jeune le fit sourire plus franchement. Son majordome avait dit vrai quand il lui avait parlé de l'expression faciale de son amant lorsqu'il lui avait apporté son plateau-repas.

- Ta cuisinière est vraiment exceptionnelle. Une vraie perle.

- C'est bien pour cela que l'ai embauchée.

- J'ai hâte d'être au dîner, rien que pour pouvoir goûter à nouveau à sa cuisine. Les repas à l'hôpital étaient tellement horribles.

Le maître de maison étouffa un petit rire.

Ils continuèrent de discuter quelques minutes jusqu'à ce que le majordome vienne les prévenir de l'arrivée de Midorima-sensei.

Akashi lui demanda de conduire le médecin jusqu'à la chambre du blessé. Tanaka s'inclina et s'exécuta.

Le médecin pénétra dans la chambre de Kuroko et dût reconnaître qu'elle avait été parfaitement aménagée et qu'elle n'avait rien à envier à une chambre d'hôpital.

- Bonsoir, Akashi-sama, Kuroko-san.

- Bonsoir, Midorima-sensei. Répondirent-ils d'une seule voix.

Le chirurgien ausculta son patient méticuleusement, vérifia ses constantes et ses perfusions et laissa une note à l'intention de l'infirmière à domicile. Il salua les deux hommes et quitta le manoir, en précisant tout de même qu'il repasserait le surlendemain, ainsi qu'un soir sur deux pendant toute une semaine. Si tout allait bien, il espacerait ses visites pour ne venir qu'une fois par semaine, puis plus du tout étant donné que le blessé devrait être suffisamment rétabli pour pouvoir venir faire ses visites de contrôle à l'hôpital.

_____________________________________________

Les jours passaient et se ressemblaient. L'infirmière venait chaque jour vérifier et changer les pansements et les perfusions. Ichigo et Aomine passaient dès qu'ils le pouvaient. Leur entrée dans la vie active leur laissait moins de temps libre que leur ancienne vie d'étudiants.

Le jeune homme alité s'occupait en lisant des magazines sur l'informatique, se tenant ainsi au courant des dernières avancées dans le domaine, et des livres en tout genres. Akashi avait refusé de lui apporter son ordinateur, invoquant le fait qu'il devait se reposer et que ce ne serait sûrement pas le cas s'il avait son clavier sous les doigts. Il devait quand même bien reconnaître que le moment de la journée qu'il attendait avec impatience était le retour d'Akashi. Ce dernier était déjà parti quand Tetsuya se réveillait le matin et ne rentrait jamais déjeuner le midi. Le soir, lors de son retour, était donc le seul moment où ils se voyaient. L'état de Kuroko s'améliorait de jour en jour et le chirurgien en était très satisfait. Il l'avait même félicité en lui disant que si tous ses patients étaient aussi obéissants que lui, son travail en serait grandement facilité.

_____________________________________________

Au bout d'un mois, Kuroko eut le droit de sortir de son lit et même de se promener, à condition de ne pas être seul. Le week-end venu, Akashi l'emmena visiter le parc qui entourait la propriété. Le printemps était bien avancé et le jardin entier était fleuri. Les couleurs parfaitement assorties entre elles laissèrent le bleuté bouche bée. C'était encore plus magnifique que ce qu'il avait imaginé en regardant par la fenêtre depuis son lit.

- Ce doit être agréable de pique-niquer ici. Ce jardin est vraiment magnifique, Seijūrō-kun.

- Je te remercie du compliment. C'est ma mère qui l'a aménagé. À sa mort, un jardinier a été engagé, afin de continuer à l'entretenir de la même manière qu'elle l'aurait fait.

- Ta mère avait très bon goût et aussi beaucoup de talent.

- Elle avait une vraie passion pour les fleurs.

- Ça se ressent rien qu'en regardant tout autour de nous.

- Ce que tu dis lui aurait fait très plaisir.

Le chef d'entreprise avait un sourire nostalgique sur les lèvres et son petit ami comprit à quel point il avait dû tenir à sa mère et à quel point elle devait lui manquer. Ayant perdu lui-même ses parents, il comprenait parfaitement.

_____________________________________________

Un mois supplémentaire était passé et Kuroko avait été officiellement déclaré guéri. Il pouvait reprendre des activités normales et retourner chez lui. Cependant, après deux mois de vie commune, cette perspective lui serrait le cœur. Et sans qu'il ne le sache encore, elle perturbait également sa moitié qui se refusait à laisser repartir celui qu'il aimait.

Alors qu'il choisissait avec soin les arguments qu'il exposerait à son amant le soir venu, Kuroko, lui, se préparait pour son entretien d'embauche. Il avait téléphoné au DRH, afin de le prévenir de la fin de sa convalescence et lui dire qu'il était prêt à travailler et opérationnel. Il devait le rencontrer à 10h ce matin et il était 9h. Il se regarda une dernière fois dans le miroir, histoire d'être sûr d'être présentable. Il n'avait pas de vêtements de grande marque, mais son costume lui allait parfaitement et sa cravate était simple et sobre. Sa chemise d'un blanc immaculé lui évitait toute faute de bon goût. Il avait ciré ses chaussures, sous le regard alarmé de Tanaka qui lui avait répété maintes et maintes fois qu'il pouvait le faire à sa place et même qu'il était là pour ça. L'informaticien avait refusé. Il n'avait pas grandi dans le luxe et se sentait mal à l'aise avec l'idée de donner des ordres à un homme bien plus âgé que lui.

N'ayant pas d'argent liquide sur lui, il accepta néanmoins la voiture avec chauffeur. Il donna l'adresse à l'homme assis derrière le volant, mais lui demanda de le déposer un peu avant. Il ne voulait pas qu'on le voie descendre d'un véhicule aussi luxueux. Il était quelqu'un d'ordinaire et souhaitait passer cet entretien en tant que tel.

Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour arriver à destination. Il parcourut les derniers mètres à pied et pénétra dans l'immense building, se dirigeant vers l'hôtesse d'accueil.

- Bonjour, mademoiselle. J'ai rendez-vous à 10h avec Ukitake-san.

- Vous êtes ?

- Kuroko Tetsuya.

- Oui, en effet. Ukitake-san va vous recevoir dans un instant. Vous devez prendre l'ascenseur jusqu'au septième étage. La salle d'attente sera sur votre droite.

- Merci et bonne journée.

- À vous de même, Kuroko-san.

Le bleuté se dirigea vers les ascenseurs situés à la gauche du hall et appuya sur le bouton d'appel. Quand les portes métalliques s'ouvrirent devant lui, il entra dans la petite cabine et appuya sur le bouton du septième étage. Il y parvint en quelques secondes, une voix pré-enregistrée lui annonçant l'étage atteint. Il sortit et tourna à droite, comme le lui avait indiqué l'hôtesse d'accueil. Il s'assit sur un siège et commença à patienter.

Moins de deux minutes plus tard, un homme plutôt grand aux longs cheveux blancs et au sourire sympathique vint le saluer.

- Vous êtes Kuroko-san ?

- Oui.

- Ukitake Jūshirō. Soyez le bienvenu. Si vous voulez bien me suivre.

Le plus petit, qui s'était levé à l'arrivée de l'autre homme, serra la main qui lui était tendue et suivi son interlocuteur jusqu'à un bureau spacieux et lumineux. Il remarqua que le DRH était quelqu'un de très ordonné et de très simple. Chaque chose était à sa place et la décoration était très épurée, bien que personnalisée.

Chacun s'assit de part et d'autre du bureau et l'entretien commença. Il ne fut qu'une simple formalité, les deux parties réussissant merveilleusement bien à s'entendre sur les termes du futur contrat. Ce fut donc ravis qu'ils se quittèrent, en se serrant à nouveau la main et avec un léger sourire aux lèvres, une fois le contrat signé par les deux hommes. L'entreprise venait d'embaucher un nouvel employé très prometteur et l'ancien étudiant venait de trouver un travail qui s'annonçait passionnant et dont le salaire dépassait ses espérances. Il n'aurait aucun mal à rembourser son prêt étudiant, et plus rapidement qu'il ne l'aurait crû.

Il retrouva le chauffeur qui lui avait été attribué là où il l'avait laissé une heure plus tôt. Il monta dans la voiture et rentra au manoir.

_____________________________________________

Kuroko se précipita dans l'entrée quand il entendit Akashi rentrer.

- Seijūrō-kun ! Je suis content que tu sois rentré.

- Moi aussi, je suis content de te revoir, Tetsuya.

- Il faut que je te parle.

- Oh, cela tombe parfaitement bien. J'ai aussi besoin de te parler. Mais mon estomac criant famine, notre discussion pourrait-elle attendre que nous ayons dîné ?

- Oui, bien sûr. Répondit le plus jeune, un tendre sourire aux lèvres.

Ils se régalèrent des talents de la cuisinière et après le dessert, ils décidèrent d'aller prendre le thé dans le petit salon.

Installé confortablement devant une tasse de thé fumante, Akashi prit la parole le premier.

- Tetsuya, j'aimerais que tu emménages ici, au manoir, définitivement.

Le bleuté resta un instant sans rien dire, ne s'attendant pas à ce genre de demande. Aussi, le chef d'entreprise reprit.

- Peut-être penses-tu que cela est un peu rapide, étant donné que nous sommes ensemble depuis moins d'un an, et je comprendrais tout à fait. Cependant, tu dois avouer que ces derniers mois de cohabitation se sont plutôt bien passés et même très bien, je dirais. Et rien qu'à l'idée que tu quittes cette demeure, je me sens déjà seul.

Entre-temps, le plus jeune avait retrouvé l'usage de la parole et son cerveau avait enfin traité l'information. Il afficha un grand sourire.

- Moi non plus, je ne voulais pas te quitter. Tu ne sais pas à quel point ta demande me fait plaisir. Moi aussi, je me sentirais bien trop seul sans toi. Je... je t'aime, Seijūrō.

Étonné d'entendre son prénom sans suffixe, mais plus que ravi de la réponse de son aimé, le millionnaire entoura ce dernier de ses bras et se saisit fougueusement de ses lèvres en un baiser plus que passionné. Kuroko ayant entrouvert ses lèvres de lui-même, le baiser s'approfondit rapidement. Les mains se firent vite baladeuses et les chemises se retrouvèrent très vite au sol.

Akashi délaissa la bouche de son amant pour déposer des baisers papillons tout le long de sa mâchoire. Il alla ensuite lécher l'oreille et mordiller son lobe, s'attaquant aussi à la peau fine se trouvant derrière, la suçotant doucement.

Il dévia ensuite sur le cou pâle qu'il couvrit de baisers, le léchant de temps en temps, se souvenant qu'il s'agissait d'une zone hautement érogène chez son compagnon.

Après s'être attardé sur le cou, il continua de descendre, jusqu'à atteindre le torse bien dessiné. Il taquina les grains de chair dressés par le désir tantôt avec la langue, tantôt avec ses doigts.

Bien qu'il n'ait pas encore atteint la moitié inférieure de ce corps sensuel, il pouvait déjà se délecter des soupirs de plaisir de son partenaire, dont le corps tremblait autant d'excitation que d'anticipation.

Partenaire qui ne restait pas passif. Il caressait la moindre parcelle de peau qu'il pouvait atteindre et avait provoqué une douce friction entre sa jambe et le membre érigé du rouge.

Quand Akashi arriva au niveau de ses abdominaux musclés et qu'il inséra sa langue dans son nombril, son corps s'arqua et ses mains s'agrippèrent à la chevelure couleur de feu. Il ne put s'empêcher de gémir le prénom de son aimé.

- Ah, Seijūrō !

Un sourire aux lèvres, le susnommé continua sa douce torture, après s'être débarrassé des derniers vêtements gênants, évitant soigneusement le membre gorgé de sang. Il déposa des baisers légers sur toute la longueur de sa jambe droite, en commençant par l'intérieur de la cheville. Il en fit de même sur la jambe gauche, frustrant un peu plus son amant qui n'était plus que gémissements, dans un état entre l'excitation et la frustration.

- Seijūrō, je t'en prie, plus !

Le dénommé se décida enfin à satisfaire son jeune amant et apposa des baisers sur sa verge, avant de la lécher sur toute sa longueur, de bas en haut. Il répéta l'opération plusieurs fois, avant de se décider à engloutir le membre entièrement.

Tout aux sensations de plaisir qu'il ressentait, le bleuté ne vit pas le rouge se saisir d'un tube de lubrifiant dans le tiroir de la table basse. Il ne le vit pas non plus en enduire trois de ses doigts. Il ne sentit pas non plus le premier appendice s'introduire en lui. Cette bouche autour de son membre lui faisait bien trop perdre la tête. Il sentit le second doigt, mais n'y prêta pas attention. Il se sentait si proche de la délivrance. Trop proche.

- Ah, Sei, je vais... aaaaahhhhh !

Akashi inséra un troisième et dernier appendice au moment même où son amant se libéra dans sa bouche.

Il fit entrer et sortir les trois intrus, les écarta, les fit tournoyer comme s'ils exécutaient une danse. Comme ils frôlaient la petite glande sensible de Kuroko, ce dernier cria de nouveau en sentant un courant électrique remonter le long de sa colonne vertébrale. Il sentit son membre reprendre un peu plus de vigueur à mesure que les doigts en lui touchaient et caressaient sa prostate.

Quand il estima son compagnon suffisamment prêt, le rouge retira ses doigts et se redressa, positionnant sa verge devant l'entrée qu'il avait minutieusement préparée à sa venue. Il pénétra doucement l'antre chaud et serré, jusqu'à la garde. Il patienta, le temps que son partenaire s'habitue à sa présence. Quand il sentit les chairs se détendre autour de lui, il enclencha un mouvement du bassin. Le gémissement qu'il entendit l'incita à renouveler le geste. Il instaura tout d'abord un rythme lent et profond, voulant faire durer cet acte d'amour le plus longtemps possible. Mais quand il entendit son amant supplier pour avoir plus, il ne pût se retenir plus et accéléra la cadence.

Leurs souffles étaient devenus erratiques et leurs mouvements désordonnés, mais le plus âgé allait de plus en plus vite et de plus en plus profond, tout en touchant la petite glande magique de Tetsuya à chaque fois. Les gémissements et les bruits érotiques se répercutaient sur les murs de la petite pièce. Leurs deux corps transpiraient la luxure et la passion.

Akashi se saisit du membre de Kuroko et y appliqua des coups de poignet au même rythme que ses coups de boutoirs, tant et si bien que ce fut en un dernier râle commun, chacun criant le prénom de l'autre, qu'ils se libérèrent. Le plus petit entre leurs deux corps en sueur et le plus grand dans ce corps qu'il avait tant aimé faire sien.

Dans les bras l'un de l'autre, ils récupéraient doucement de leurs orgasmes, leurs respirations se calmant peu à peu.

Ils s'essuyèrent rapidement avec des mouchoirs en papier et se rhabillèrent, afin de pouvoir traverser le manoir jusqu'à la chambre du roux et surtout la salle de bain attenante.

Alors qu'ils sortaient tous les deux de la douche, le plus âgé sembla se rappeler de quelque chose.

- Au fait, Tetsuya, n'avais-tu pas dit que tu voulais me parler ?

- Si. Avec tout ça, j'avais presque oublié.

- Et de quoi s'agit-il ?

- J'ai passé un entretien d'embauche, aujourd'hui. Et il a été plus que concluant. J'ai signé le contrat.

Akashi garda le silence, les yeux toujours rivés sur son compagnon, semblant attendre la suite du discours.

- C'est officiel. À partir de lundi prochain, je serai un employé à part entière d'Akashi corp.

- Tu es intelligent. Ça ne m'étonne même pas de toi. Tu as fait le meilleur choix possible.

- Je sais.

Et se souriant encore une fois, ils s'embrassèrent tendrement.

Bien sûr, le PDG était au courant. Le DRH et lui avaient discuté des éventuels candidats et avaient été tous les deux d'accord pour dire que le bleuté serait une recrue de choix. Ne restait plus qu'à l'approcher et le convaincre. Alors forcément, quand il fut certain que le petit génie travaillerait pour eux, Akashi avait été mis au courant. Il n'en dit cependant rien, voulant laisser la joie au plus jeune de lui annoncer la nouvelle.

_____________________________________________

Cela faisait quatre mois qu'il avait commencé à travailler pour la compagnie de son amant, mais c'était la première fois qu'il était convoqué dans son bureau. Il se demanda quelle attitude il devait avoir. Puis pensant qu'en ces lieux, il n'était pas son conjoint, mais son employeur, il décida de rester professionnel.

- Vous m'avez demandé, Akashi-sama ?

- Oui, Tetsuya. J'ai besoin de te parler. Mais je t'en prie, assieds-toi.

Sans vraiment comprendre la situation, le bleuté s'assit en face de son employeur/amant, attendant qu'il continue de parler.

- Le 6 du mois prochain, tu seras en congés et ce, pour une période de deux semaines.

- Mais pourquoi ? Je ne comprends pas.

- Le procès d'Hanamiya débutera à cette date et durera toute la semaine. Je pense qu'une fois cette épreuve terminée, tu auras besoin de quelques jours pour te remettre de tes émotions. Nous partirons donc quelques jours, loin d'ici et de la folie médiatique que provoquera ce procès, sans aucun doute.

Kuroko resta silencieux, se contentant de hocher la tête. Le fait de savoir qu'il allait revoir Hanamiya l'avait secoué, comme s'y était attendu Akashi.

Il prit note des rendez-vous qu'il aurait avec les avocats de son compagnon, afin de préparer au mieux son témoignage et aussi qu'il sache à quoi s'attendre. Après tout, il n'était jamais entré dans un tribunal, alors assister à une audience, encore moins.

Il travailla en mode "automatique" jusqu'à la date fatidique et lorsque le jour J arriva, il fut encore plus pâle que d'habitude.

_____________________________________________

Bali était vraiment une île de rêve, méritant grandement son surnom "d'île des dieux". Les paysages avaient été époustouflants. Il avait vraiment crû se retrouver au milieu d'un décor de carte postale. Akashi avait vraiment bien choisi. Il avait parfaitement réussi à se remettre du stress causé par le procès.

Ils étaient maintenant revenus depuis une dizaine de jours, mais les souvenirs qu'ils avaient emmagasinés là-bas lui revenaient sans cesse en mémoire. Il était heureux d'avoir rencontré Akashi et de lui avoir laissé sa chance. Et aussi, il se sentait en sécurité depuis l'annonce de la sentence requise à l'encontre de Makoto. Comme on s'y attendait de sa part, ce dernier avait été très virulent tout le long de son procès et avait tout fait pour perturber le plus possible son déroulement. Il avait même menacé publiquement Tetsuya de mort. Cela avait encore alourdi sa peine. Il avait écopé de prison à perpétuité, sans espoir de liberté conditionnelle, dont 35 ans de sûreté. Il ne sortirait pas de prison avant d'avoir au moins soixante ans. D'ici là, Kuroko savait qu'il pourrait vivre sereinement sa vie et son amour.

Tout avait commencé par une annulation à un dîner et une faveur qu'il avait accordée à son meilleur ami. Ichigo lui avait dit qu'il lui en devait une et qu'il payait toujours ses dettes. Et en effet, il l'avait fait le soir même du dîner, lorsqu'il avait transmis le numéro de Kuroko à Akashi. Il lui avait payé sa dette au centuple. Grâce à cet imprévu, Tetsuya Kuroko était aujourd'hui le plus heureux des hommes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top