Journée de la visibilité lesbienne au Canada : Historique

En mai 1981, a lieu à Vancouver la Bi-National Lesbian Conference, organisée par le regroupement Lesbian Organization of Toronto(LOOT) et plusieurs autres membres du comité organisateur de la Journée internationale des droits des femmes de Toronto. Parmi les résolutions votées dans le cadre de cette conférence, deux seront essentielles à la constitution de la Journée de visibilité lesbienne : la première étant de dédier la date du 27 mars 1982 à une journée commune d’action et de sensibilisation lesbienne à travers le Canada et la seconde, de consacrer le premier samedi d’octobre de chaque année à l’organisation d’une journée de solidarité et d’échanges entre lesbiennes.

C’est donc dans les villes canadiennes de Vancouver, Calgary, Montréal et Toronto que se tient, le 27 mars 1982, une journée d’action et de sensibilisation lesbienne. À Montréal, l’organisation de cette journée a lieu aux Ateliers d’éducation populaire de la rue Boucher sous le thème Lesbiennes et solidaires. Le regroupement Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui (AHLA) profitera d’ailleurs de cet événement pour promouvoir le lancement de sa revue éponyme[8]. On comptera, durant cette journée, près de 150 lesbiennes participant à divers ateliers et activités, puis près de 250 pour la danse de clôture. Cette journée sera également l’occasion pour les lesbiennes montréalaises de débattre de l’organisation de la rencontre du premier samedi d’octobre, c’est-à-dire la première Journée ‘’officielle’’ de Visibilité Lesbienne, alors appelée la Journée d’inter-actions lesbiennes.

Par la suite, jusqu’en 1992, la journée aura lieu en octobre à presque chaque année, excluant la période allant de 1989-1991, où aucun événement de visibilité lesbienne ne sera organisé.

S'ensuivra par après une absence des Journées de visibilité lesbienne pendant près de 13 ans. À sa reprise dans les années 2000, plus précisément à partir de 2005, elle aura majoritairement lieu le 8 mars, lors de la Journée internationale des femmes, alors que Gai Écoute (aujourd'hui Interligne) prend l’initiative de créer un comité de visibilité lesbienne, composé de diverses instances et de lesbiennes militantes, dans le but d’accroître la visibilité des lesbiennes dans la société.

De 2019 à 2021, elle sera par la suite organisée annuellement, le premier week-end de juin, par le Réseau des lesbiennes du Québec, pour faire écho aux autres Fiertés LGBT en Amérique du Nord, notamment la semaine de la Fierté à Toronto et la Pride March (en) de New York. Enfin, depuis 2022, le Réseau des Lesbiennes du Québec tient l’événement en avril, concordant ainsi avec l’organisation de la Journée de la visibilité lesbienne ayant lieu dans plusieurs pays, soit le 26 avril.

Journées d'inter-actions lesbiennes (1982-1992):

2 octobre 1982 - Lesbiennes visibles l'une à l'autre:

Fidèle à la résolution prise en 1981, soit celle de tenir une Journée de visibilité lesbienne le premier samedi d’octobre suivant, l’association Les Biennes du Québec, constituée en septembre de la même année, se charge d’organiser l’événement en moins de six semaines. La première Journée de Visibilité Lesbienne officielle se tient donc le 2 octobre 1982 au Y des femmes (YMCA) sur le boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque) sous le thème Lesbiennes visibles l’une à l’autre, en hommage à l’ouvrage du même nom publié par Ariane Brunet aux Éditions des deux goudous en 1978. Deux événements lesbiens se succèdent donc en moins d’une année.

Cette journée est également l’occasion pour les organisations lesbiennes de se faire connaître à l’intérieur d’une Foire de visibilité[20]. Cette foire est d’ailleurs marquée par le lancement de la mensuelle lesbienne Ça s’attrape !!.

Enfin, le succès ainsi que le besoin de l’événement se confirment par la présence de 650 lesbiennes. Cet engouement assurera le déroulement d’une seconde édition pour le premier samedi d’octobre de l’année suivante. En 1983, un contingent de lesbiennes sera d’ailleurs formé pour la Journée internationale des droits des femmes, reprenant l’appellation Lesbiennes visibles l’une à l’autre, en clin d’œil à la thématique de la première édition officielle de la Journée d’Inter-Actions Lesbiennes.

1er octobre 1983 - Lesbiennes visibles l’une à l’autre, en recherche d’harmonie…:

La seconde édition se déroule le 1er octobre 1983, au Cégep de Maisonneuve sous le thème Lesbiennes visibles l’une à l’autre, en recherche d’harmonie. Constatant la réussite, mais surtout le jaillissement d’organisations de lesbiennes depuis la première Journée d’Inter-Actions Lesbiennes d’octobre 1982, la thématique de 1983 visait à trouver une harmonie entre les regroupements émergents de divers horizons.

6 octobre 1984 - Visibles pour ce rejoindre:

En 1984, la thématique retenue est Visibles pour se rejoindre au Cégep de Maisonneuve. Selon un article du journal Dimanche-Matin, daté du 7 octobre 1984, 600 femmes auraient été comptées durant cette édition.

5 octobre 1985 - Créer la perspective:

En 1985, la Journée est signée sous la thématique Créer la perspective à l’École Gilford, endroit d’une importance historique pour la culture lesbienne où se regroupaient autrefois plusieurs organisations dont: la chorale lesbienne, le collectif Arts et Gestes, le Salon des Tribades (devenu par la suite Les Tribades) et Traces (aujourd’hui les Archives Lesbiennes du Québec).

L’École Gilford était une ancienne école primaire, louée à partir de l’été 1984 et utilisée comme espace communautaire par des groupes lesbiens. Cet établissement sera d’ailleurs le lieu de prédilection pour l’organisation des futures Journée d’inter-actions lesbiennes jusqu’à sa fermeture en 1993. Celle-ci portera un coup dur pour la communauté lesbienne montréalaise, privant par le fait même les femmes d’un lieu significatif d’appartenance en dehors des bars.

3-4 octobre 1986 - Créer la perspective II :

L’édition de 1986 s’organise autour d’une reprise de la précédente thématique: Créer la perspective II, à l'École Gilford. Toujours dans le but de tisser des liens entre les groupes de lesbiennes ayant émergé depuis le début des Journées d’Inter-Actions lesbiennes, un répertoire contenant les coordonnées et ressources offertes par 24 groupes lesbiens est concocté par Marie-Michèle Cholette sous le nom Let’s spin a web!/Tissons un réseau!

Cette édition est d’autant plus marquante puisqu’une plénière (sic) s’interrogeant sur le désir de créer un réseau de lesbiennes sera au centre des préoccupations de la journée, désir qui sera exaucé 10 ans plus tard, avec la constitution du Réseau des Lesbiennes du Québec (RLQ) en septembre 1996.

2-3 octobre 1987 - Mouvement des lesbiennes au Québec: passé, présent, futur :

En 1987, c’est sous le thème Mouvement des lesbiennes au Québec: passé, présent, futur que se déroule la sixième édition de la Journée d’Inter-Actions Lesbiennes au Centre St-Pierre et à l'Union Française de Montréal.

Cette thématique est choisie pour traduire le désir des organisatrices de découvrir et revivre l’histoire lesbienne, afin de permettre la prise d’une réflexion sur le présent, pour ensuite se donner le pouvoir de coordonner ses actions futures. C’est donc avec l’idée d’un retour en arrière que l’on tentait de se propulser vers l’avant.

30 septembre et 1er octobre 1988 - Culture, politique et ressources lesbiennes: où en sommes-nous?:

Pour l’édition de 1988, le jalon est Culture, politique et ressources lesbiennes: où en sommes-nous? à l'École Gilford. Comme le titre de l’édition l’indique, les objectifs principaux du groupe de travail étaient de refléter les: «préoccupations du milieu des lesbiennes à partir de notre hystoire [sic] passée et présente, et de faire en sorte que ces journées forment un tout logique, en relation avec [le] thème», sans oublier de faire un bilan politique:« un constat des intérêts des lesbiennes par rapport aux réseaux lesbiens (local, national et international) […] pour évaluer l’importance et la volonté des lesbiennes de se regrouper [entre elles] de façon à consolider [les] réseaux lesbiens (ressources, culture et luttes politiques)».

Les ateliers donnés durant cette édition sont d’ailleurs réunis autour de deux thèmes centraux, soit l’identité et l’appartenance.

20-21 octobre 1989 - 8ème Journée d'Inter-Actions Lesbiennes:

Les activités de l'année 1989 se déroulent à l'Union Française de Montréal et au Cégep de Rosemont, cette édition ne porte pas de thématique particulière, mais tente néanmoins de suivre le fil conducteur entre l’histoire passée des lesbiennes et l’histoire qui s’écrit à l’époque dans le but de définir la visibilité des lesbiennes dans la société

22, 24 et 25 octobre 1992 - Différentes, mais solidaires:

Le début des années 1990 est marqué par l’effritement des groupes et des espaces lesbiens. Il n’y aura donc pas de Journée d’Inter-Actions Lesbiennes de 1989 à 199. De plus, l’École Gilford agonise sur le plan financier et ferme définitivement ses portes en 1993, le bâtiment sera par la suite transformé par la Ville de Montréal en unités d’habitation.

« Pourquoi l’absence de Journées de Visibilité Lesbienne pendant deux ans ? Le principal motif est la difficulté de trouver des organisatrices ayant suffisamment d’énergie à investir dans l’élaboration d’un événement de cette envergure. Faut-il se questionner ? […] Pourquoi d’anciennes organisatrices se sont-elles retrouvées si épuisées au terme de leur mandat, et ce, à un point tel qu’il n’y ait plus vraiment de relève pour l’organisation de nos événements. […] Peut-être est-ce dans l’agir que nous trouverons les solutions… au risque de voir Visibilité [sic] nous tirer sa révérence de façon définitive. »

— Guylaine Lebrun, Treize (revue), vol. 3, no 9, octobre 1992, p. 5.

En revanche, en 1992, on voit poindre à l’horizon un léger regain pour la communauté lesbienne, avec notamment l’organisation de quelques événements dans le cadre des Journées d’Inter-Actions qui s’étaleront sur trois jours[38]. C’est donc les 22, 24 et 25 octobre qu’ont lieu les dernières activités de la formule initiale des Journées d'Inter-Actions Lesbiennes, divisées en trois lieux, soit à l’École Gilford, au Bar Lilith et à l’École Saint-Pierre-Claver.

Texte venant du site :
"Journée de visibilité lesbienne au Canada — Wikipédia" https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9e_de_visibilit%C3%A9_lesbienne_au_Canada

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