Tome 2 - Chapitre 41

Héloïse

(Comme certaines me l'ont demandé, en ne se souvenant pas de qui elle était, je vais préciser que c'est la sœur de Tristan)

C'est quand... Je découvre sa lettre !

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Les murs sont aussi gris que le temps, aussi cotonneux que mon esprit embrumé. J'entends le bébé pleurer, mais je n'ai pas la force de me lever, je n'ai pas envie de regarder l'heure qu'il est non plus. J'ai passé une partie de la nuit à le bercer, il avait pourtant mangé, avait les fesses propres, mais Kenneth a continué de brailler.

Il doit faire ses dents...

Je me tourne pour enfouir ma tête sous l'oreiller. J'en peux plus de l'entendre pleurer, jour et nuit, il ne fait que ça. J'ai tout essayé, mais rien de ce que j'ai pu appliquer, comme méthode avec mes deux aînés, ne marche avec lui...

Je suis épuisée et n'ai même pas la force de me lever.

Pourquoi le ferai-je d'ailleurs ?

Pour affronter cette vie de merde qu'est devenue la mienne, depuis son départ, depuis qu'il nous a abandonnés, depuis qu'il a décidé de refaire sa vie avec cette plantureuse rousse, âgée d'à peine vingt ans.

— Maman... Tu dors ?

C'est une bonne question ma fille. Est-ce que je fais semblant de dormir, comme ça, je n'aurai pas besoin de lui répondre ou bien je prends mon courage à deux mains, et je lui...

— Arrête de faire semblant, je sais que tu ne dors pas !

— Alors pourquoi tu poses la question ? Tu es chiante...

Je pose mes mains sur ma bouche, tant je suis horrifiée par ce que je viens de lui dire.

— Non, ma puce, ce n'est pas ce que je voulais dire... Je suis juste fatiguée... Le bébé...

— Je sais... Kenneth a pleuré, tu sais plus quoi faire, et tu es triste.

— Je suis désolée. Viens...

Manon se blottit dans mes bras sans rien dire.

Ma grande ne devrait pas subir ma mauvaise humeur, ma tristesse ou bien ma fatigue. C'est une gamine formidable, qui m'aide du mieux qu'elle peut, et je ne sais pas comment j'y arriverais sans son aide.

— Je sais que c'est dur pour toi aussi.

— Papa me manque, tu sais...

— Oh ma chérie... À moi aussi, il me manque.

Les sanglots me serrent la gorge, et je n'arrive plus à parler.

Ce salaud, nous a plantés là, tous les quatre. Il est parti sans même se retourner, juste un « je me casse », mes pleurs et mes cris n'ont rien changé à sa décision. Cette nana lui a retourné la tête, avec ses formes généreuses, avec son audace, avec sa jeunesse. Pendant un temps, j'ai fermé les yeux en me disant, que c'était une passade, qu'il était attiré par la nouveauté, par de la chair fraîche. Je n'ai jamais pensé, qu'il me quitterait, pas après, tout ce que nous avions vécu ensembles. Mais voilà, il avait suffi qu'il perde son boulot, pour que tout ce que nous vivions, s'effondre : notre amour, notre mariage, notre famille, notre avenir...

Depuis deux ans, nous n'avions plus de vie de couple, malgré que Jeff ait retrouvé du travail, quelque chose s'était cassé entre nous. Il rentrait tard, partait tôt, ne s'occupait plus des enfants ou de moi. Tout ce qui comptait pour lui, c'était les sorties entre potes, les parties de cartes, les soirées à boire, à fumer, et bien sûr à baiser.

Dans ces cas-là, il ne se donnait même pas la peine de rentrer, ou de me téléphoner, pour éviter que je m'inquiète. J'en avais pris mon parti, car il revenait à chaque fois. Les enfants étaient contents de revoir leur père après quelques jours. J'expliquais ses absences, par des déplacements dus à ce nouveau travail. Mais je n'en pouvais plus de cette situation.

Cependant, quand il restait quelques jours avec nous, je voulais y croire, en me disant que cette fois-ci, tout ceci serait derrière nous, mais chaque fin de semaine, sa paye tombait, et il allait se changer les idées au pub. Mes supplications, mes efforts, et mes petites tenues sexy, n'y faisait rien. Il avait changé, et ne voulait plus redevenir l'homme, que j'avais aimé et pour qui j'avais tout lâché. J'étais seule, malheureuse, sans autre famille que mes enfants...

Quatre mois.

Quatre mois sans nouvelles, sans revenus, sans courage pour avancer, sans forces pour faire face aux factures qui s'accumulent, et que je ne pourrais bientôt plus payer... Quatre mois auront suffi pour anéantir toute notre vie, pour finir de foutre notre famille en l'air, pour nous mettre dans une précarité, que je n'aurai jamais envisagé.

Juste quatre mois...

— Mam'... Keth pleure...

— Marius va finir de t'habiller, le sermonne ma grande.

— Bébé... Pleure...

— Oui je sais, je vais m'en occuper, mais viens me faire un bisou d'abord.

Marius saute sur le lit, et se loge, sans demander son reste, dans mes bras, alors que j'embrasse le dessus de sa tête et caresse son dos...

— Tu as bien dormi mon grand ?

— Non ! Bébé...

Depuis le départ de son père, Marius a des problèmes pour s'exprimer, il ne trouve plus ses mots. Il a peur de bégayer, encore et encore, alors il en dit le moins possible. Je devrais l'emmener chez un orthophoniste, mais je n'ai pas l'argent pour ça, alors j'essaye d'être la plus douce possible avec lui, mais je sais qu'il se sent mal...

— Tiens !

Manon vient de revenir dans la chambre, avec son petit frère dans ses bras. Elle me le tend et sans même me laisser parler, attrape le téléphone posé sur ma table de chevet, et appui sur une touche rapide.

— Salut Lauryn, c'est Manon, tu peux venir ?

— Manon, ne la dérange pas, ça va aller...

Elle raccroche sans me regarder, replace le téléphone avant de me dire :

— Lauryn sera là dans trente minutes. Tu crois que tu vas y arriver ?

— Manon ! la sermonné-je face au ton que ma grande fille emploi envers moi.

— Allez Marius, lève-toi, on doit aller à l'école et tu es encore en pyjama.

— Veux pas...

— Ne fais pas le bébé, et viens !

— Mam' !

— Écoute ta sœur mon amour, va t'habiller.

Marius ne montre pas plus de résistance, et laisse sa sœur le tirer par la main, jusqu'à leur chambre. Je regarde mon bébé, et j'essaye, encore une fois de comprendre, ce qu'il peut bien avoir. Je vérifie s'il n'est pas chaud, sa couche est toute propre. Manon a dû la lui changer avant de me l'emmener. Son dernier biberon remonte à une heure. J'essaye tant bien que mal de l'installer à mon sein, qui ne lui donne plus assez de lait. Il prend goulûment mon sein en bouche, commence à téter et se remet à pleurer.

— Allons Kenneth, chut mon bébé, le bercé-je pour le calmer. Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu pleures autant ?

Il me regarde de ses grands yeux verts encore tous larmoyants, ses joues sont toutes rouges, et contrastent avec sa peau si claire, et ses boucles d'un blond vénitien qui lui retombent sur le front.

— Plus tu grandis, et plus tu lui ressembles, « mo pàisde » (mon bébé en écossais)

Un sanglot serre ma gorge, je détourne les yeux et Kenneth se remet à pleurer de plus belle.

— Arrête-toi bébé, je suis fatiguée...

Les pleurs augmentent et je ne sais plus quoi faire. Pourtant, je le berce, je le garde dans mes bras, je l'embrasse, lui dis que je l'aime, mais rien n'y fait.

— Kenneth, sois gentil...

Comptine Écossaise

« Einíní, Einíní, Codalaígí, Codalaígí,

Einíní, Einíní, Codalaígí, Codalaígí,

Codalaígí, codalaígí, cois an chlaí amuigh,

Codalaígí, codalaígí, cois an chlaí amuigh,

Petits oiseaux, petits oiseaux, dors, dors,

Petits oiseaux, petits oiseaux, dors, dors,

Dors, dors, par-delà le mur extérieur,

Dors, dors, par-delà le mur extérieur »

— Dors, mon bébé, « codalaígí... »

La mélodie m'est revenue sans que j'y réfléchisse, j'en étais moi-même surprise, et pourtant cette comptine écossaise venait de calmer mon bébé, tout comme elle l'apaisait dans mon ventre en l'entendant.

Mais surtout en entendant son père la lui chanter...

Je sursaute en voyant mon amie entrer dans la chambre.

— Elo ! Cette chanson ?

— Elle m'est revenue d'elle-même.

— Kenneth l'a reconnu tu crois ?

— Il s'est arrêté de pleurer, alors oui, je pense que la mélodie l'a calmé.

Je n'ose pas la regarder, ni relever les yeux. Je n'arrive pas à lui demander, et pourtant je voudrais tellement savoir...

— Lauryn...

— Non, Elo ! Je n'ai pas de nouvelles.

— Pourtant sa mission est terminée, lui rappelé-je la voix serrée.

— Oui, mais tu connais Duncan...

— Je sais, il a pris peur en me sachant enceinte. Puis, il est parti en mission, et je n'ai pas pu lui dire qu'on avait un fils.

Les sanglots reprennent, ma gorge se serre à nouveau, et je berce Kenneth comme si ce mouvement pouvait me calmer, moi aussi.

— Donne-le moi, je vais le coucher, « Mo aingeal ». (mon ange)

Elle lui embrasse le front, avant de le déposer dans son petit lit. Elle recouvre son neveu en remontant les couvertures sur lui, elle lui caresse la joue, avant de se retourner vers moi.

— Il lui ressemble tellement...

— Tu crois que Duncan ne rentre pas à cause de Kenneth ?

— Mon frère est un militaire, la vie de famille, ce n'est pas pour lui...

— Quand tu l'as eu au téléphone, tu as pu lui dire qu'il avait un fils ?

— Oui, il le sait maintenant. Mais ça ne change rien, il doit rester sur la base, pour encore trois mois...

Le silence nous gagne, et toutes les deux, nous regardons mon fils dormir.

Ce petit être n'a pas demandé à venir au monde, et pourtant, son arrivée a précipité le départ de mari Jeff avec sa maîtresse, et a éloigné mon amant d'un soir Duncan, qui n'a pas repoussé cette mission de six mois sur ce navire militaire. Au contraire, il y a vu là sa porte de sortie, n'arrivant pas à se faire à l'idée de devenir père. Il a essayé pourtant... Mais Duncan a fait passer son devoir avant notre bébé, et s'est engagé pour cette nouvelle mission, avant même sa naissance.

— Tu devrais profiter qu'il dort, pour te prendre une bonne douche, et t'habiller. Vire-moi ce jogging informe ! J'en peux plus de voir dépérir un peu plus chaque jour.

Je hoche la tête, je sais qu'elle a raison, mais quand notre univers s'effondre en un claquement de doigts, nous ne réagissons pas tous de la même façon.

— Je t'ai apporté le courrier...

— Encore des factures, je suppose ?

— Oui, mais il y a aussi une lettre venant de France.

— Tu es sûre ?

— Regarde par toi-même.

Elle me la tend et mon cœur s'arrête de battre, quand je reconnais l'écriture de Tristan.

— C'est lui ?

— Oui.

C'est le seul mot que j'arrive à prononcer. Je regarde la lettre, la caresse du bout des doigts, sans oser l'ouvrir.

— Tu attends quoi ?

— Trois ans... Que j'attends sa réponse.

— C'est bien pour ça, tu attends quoi encore !

— Et si...

— Oh arrête Elo, ouvre-là, sinon je le fais !

_______

Villedard, le 19 septembre

Salut,

Je ne sais pas par où commencer, alors je vais débuter par des excuses.

Je suis désolé de t'avoir laissé, depuis 3 ans, sans nouvelles.

Tu dois te demander pourquoi, j'ai arrêté de t'écrire...

Ma vie n'a pas été simple pendant plusieurs années, et j'ai pris peur en découvrant cette lettre. J'étais persuadé que tu ne m'écrivais plus déjà depuis plus d'un an. J'étais en colère après toi, et je me suis mis à flipper devant ta lettre. Alors je ne l'ai pas ouverte, je l'ai précieusement gardé sur moi, pendant ces trois années.

J'ai trouvé l'amour de ma vie, elle s'appelle Orphélia, et elle m'a donné la force de l'ouvrir. J'ai pu lire que tu m'aimais toujours, et que j'étais encore « ton petit frère d'amour ».

Sache que tu m'as énormément manqué, que je t'aime très fort et que je voudrais reprendre contact.

J'espère que l'adresse que tu as notée est toujours valable, que tu liras ma lettre, et que tu voudras bien me pardonner...

J'attends de tes nouvelles, je t'ai noté mes nouvelles coordonnées, je t'embrasse fort, ainsi que Manon et Marius, et passe le bonjour à Jeff.

À très vite, j'espère...

Ton petit frère d'amour qui t'aime.

TRISTAN

Nouvelle adresse

Orphélia de Saint Péone et Tristan Rousseau au :

16, rue des églantines

Appartement n° 4

11000 Villedard

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Les larmes coulent encore et encore, sans que je ne puisse les contrôler.

Tristan a enfin répondu à ma dernière lettre, à ma dernière bouteille à la mer. Je n'avais plus de réponse de sa part, depuis un an, et pourtant je continuais à lui écrire, malgré tout, malgré les invectives de Jeff, qui me disait que mon frère n'était qu'un petit con, et qu'il était bien content qu'il ne soit pas avec nous, ou bien que c'était pas plus mal, que mes parents l'ont empêché de nous suivre. Je lui en voulais de parler ainsi de mon « amour de petit frère »

— Alors ? s'impatiente Lauryn.

— Il va bien.

— Mais encore ?

— Il a une petite amie, Orphélia. C'est beau, tu ne trouves pas ?

— Je trouve ça très vieillot surtout. Encore une nana qui doit être de bonne famille...

— Comment tu peux la juger sans la connaître ?

— Ah tu vois, que j'avais raison, clame-t-elle après avoir jeté un regard à la lettre. « Orphélia de Saint Péone », putain si ça, ce n'est pas « bourgeois » chez vous les « frenchis », je ne sais pas ce qu'il te faut.

— Tu as peut-être raison, mais je m'en fous un peu là. Tu vois !

Kenneth a entendu nos sons de voix un peu trop forts et recommence à pleurer.

— J'y vais, file à la douche, avant qu'on aille faire des courses.

— Mais...

— Contrairement à Jeff, mon frère lui ne te laisse pas dans la merde.

— Comment ça ?

— Un virement, tu connais ?

— Arrête de me prendre pour une conne Lauryn.

— Il m'a fait un virement pour le bébé.

Je ne sais même pas quoi lui répondre, c'est la première fois en six mois, qu'il fait un geste envers nous, mais surtout envers son fils...

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Hello, mes T&O-LOVE 💖💖

Je sais, vous vous attendiez à retrouver Tristan et Orphélia après leur soirée de merde !

Mais la lettre de Tristan est enfin arrivée en Écosse, où l'on retrouve sa sœur dans une drôle de panade. 📧😢😲

Entre un mari qui l'a abandonnée pour une barbie de 20 ans, un nouveau bébé, qu'elle a eu avec son voisin et qui n'arrête pas de pleurer...😲😰😞

Elle est au bord du gouffre, contrairement à ce que pouvait imaginer Tristan !

Comment voyez-vous la suite pour elle ? 🧐🤔

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On se retrouve sur la planète wattpad, pour répondre à vos commentaires ou pour vous lire à mon tour ! 📚📄

Pensez à cliquer sur l'étoile ⭐

Bonne soirée mes Cam'Love. Je vous Kiss 😘💖

Kty. Auteure 🌸💖

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