Tome 2 - Chapitre 40
Orphélia
C'est quand... J'ai peur de me souvenir.
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Ces mots tournent en boucle dans ma tête, depuis que William les a prononcés. Ils me contrarient, me déstabilisent et me rendent faibles, car ils me perturbent plus qu'ils ne le devraient. Je me doutais bien des sentiments que William devait éprouver pour moi, mais de là, à les entendre énoncer devant nos amis, et surtout devant Tristan, c'est vraiment différent.
C'est réel et c'en est encore plus dérangeant.
Je me sens bafouée, trahie et trompée, par sa volonté de me faire croire que nous pourrions devenir amis. Je m'aperçois qu'il s'est joué de moi, de ma bienveillance, de ma volonté à faire plaisir à tout le monde, de mon envie de pacifier nos rencontres, et nos soirées avec nos amis. Il a juste voulu, que je crois en sa sincérité, en ses excuses par rapport à son mauvais comportement lors de mon anniversaire. Il est tellement persuadé, que je suis attirée par lui, que William se permet des choses qui me sont inacceptables. Tant d'hypocrisie m'est insupportable ! Tant de manigances ne sont pas pardonnables !
— Pourquoi t'appelle-t-il « Mia Dea » ?
— Je n'en sais rien mon amour. Avant ce soir, je ne l'avais jamais entendu...
Tristan resserre sa prise sur mon épaule, je sais que toute cette histoire doit lui faire mal, sans doute tout autant qu'à moi. Il doit se poser dix mille questions, et tout comme moi, ne doit pas trouver de réponses...
— Si tu savais, comme je m'en veux de lui avoir ouvert.
— Tu n'étais pas dans ton état normal, et il en a profité.
Je secoue la tête, et cette question vient et me revient depuis des jours. Jusqu'à quel point a-t-il pu en profiter ? J'essaye depuis vendredi de me repasser les événements de cette soirée, et mes nerfs lâchent encore une fois, car je n'arrive pas à me souvenir de tout le début...
— Mon coquelicot, parle-moi. Je ne supporte pas de te voir pleurer, sans savoir pourquoi.
Tristan m'attire contre lui et je ne résiste pas, quand dans d'un mouvement, il me fait basculer sur ses jambes. Je niche ma tête au creux de son épaule. Je souffle d'aise de retrouver mon endroit préféré, je m'y sens tellement à l'abri, que là je sais, que rien ne peut m'y atteindre. Il me berce, caresse mes cheveux, tandis que je replie mes jambes tout contre moi.
— On devrait rentrer, tu es gelée.
— Attends encore un peu, je suis bien là.
— Mais tu trembles, et j'ai beau resserrer mes bras autour de toi, ça ne suffit pas à te réchauffer, ni à te calmer.
Je tremble en effet de froid, mais surtout de colère, et d'incompréhension...
Une image vient de me revenir, à force de me répéter le surnom, que m'a donné William. Et cette image me terrorise. Elle me broie le cœur. Est-elle réelle ou bien est-ce mon insistance à vouloir me souvenir, qui l'a créée ? Je n'en sais rien, et je me demande si ce doute n'est pas pire, que d'avoir oublié certains passages.
« Mia Dea » ces mots tourbillonnent dans ma tête à me la faire tourner, ils me tourmentent et me rendent faible. Comment expliquer quelque chose que l'on ne comprend pas soi-même ? Je sais bien que Tristan veut des réponses, mais qu'est-ce que je peux lui dire ? Son calme, et ses caresses m'apaisent. Il est si merveilleux avec moi, que je m'en veux encore plus, de ne pas pouvoir lui en parler.
— Désolé de vous déranger. Tiens Elya, me dit Lina, en me tendant un plaid.
Tristan me recouvre rapidement avec cette couverture, qui me protège de l'humidité, qui se fait ressentir en même temps, que la nuit prend toute sa place.
— Ma douce, on devrait rentrer...
— Elya ! Tristan a raison, tu vas tomber malade à rester là... Avec Dimi, on a préparé la chambre d'amis si vous voulez rester.
Je relève la tête vers mon homme pour savoir ce qu'il veut faire, et son regard triste me fend le cœur.
— On va rentrer chez nous, on a besoin d'être que tous les deux.
— Oui, rentrons. Désolé Lina pour...
— Ne sois pas désolée Elya, tu n'y es pour rien.
— Ne faisons pas plus attendre Tarik, vu qui doit nous ramener.
Nous nous relevons et suivons Lina jusqu'au dedans, quand des voix nous parviennent.
— Tarik ! Explique-moi ce qu'a foutu ce connard avec notre coquelicot ?
— Je n'en sais pas plus que vous sans doute. Il m'a juste confirmé l'avoir embrassé...
À ces mots, je sens les doigts de Tristan se resserrer contre mon bras. Ça doit être affreux pour lui, de se demander si c'est vrai ou pas. William a essayé de m'embrasser, mais je l'ai repoussé, j'en suis certaine, je me vois encore lui dire non, l'éloigner de mes mains, et même lui claquer une gifle. Alors pourquoi insiste-t-il en disant que je ne l'ai pas rembarré, que j'ai répondu à son baiser, alors que clairement c'est faux.
Je vais pour répondre à Tarik quand cette image revient avec force accompagnée d'une autre. Je pose mes mains sur ma bouche pour m'éviter de crier, mais les haut-le-cœur qui l'accompagnent, me vrille le ventre et je me précipite vers les toilettes. J'arrive juste à temps, pour déverser le contenu de mon estomac dans la cuvette. Je sens les mains de Tristan sur mon dos, il me cajole le pauvre, il essaye de son mieux de m'aider, et sa gentillesse me donne encore plus envie de gerber. Je suis à bout de forces, et s'il n'avait pas été là pour me retenir, mon corps aurait terminé sur le carrelage froid.
— Orphélia...
Sa voix me déchire.
Mais je n'arrive pas à lui parler ni à le rassurer, et encore moins à le convaincre que ça va aller, et qu'il ne doit pas s'inquiéter, que tout ceci ce ne sont que des mots lancés pour nous faire mal, j'aimerais tant lui dire tout ça... Mais ces images me martèlent le contraire. Elles ne peuvent pas être vraies. Ce n'est pas possible.
Je n'ai pas pu...
— Tu te sens mieux ?
Il essuie ma bouche avec une serviette humide, alors que je tente de me relever pour me la rincer. Ce goût de vomi sur ma langue est juste horrible, mais pas autant que mes pensées...
Tristan me porte jusqu'au canapé et Lina s'empresse de me tendre une tisane, qui d'après elle, devrait calmer les spasmes de mon ventre. Il m'en faudrait plutôt une pour oublier. Mais pour le moment, elle a le don de me réchauffer les mains. Je tente une gorgée sous leurs yeux inquiets, et mon estomac à l'air de la supporter. Alors je tente une deuxième, et je me détends un peu en voyant que j'arrive à l'avaler.
— Ça à l'air de te faire du bien. Tu reprends des couleurs ma douce.
— Oui, arrivé-je à lui répondre.
— C'est déjà ça...
— Dans le genre soirée de merde, on a fait fort ! râle Dimi, en balançant un coussin à travers la pièce et qui termine son vol sur l'autre canapé.
— Désolée...
— Mais non mon coquelicot, ce n'est pas après toi que je râle.
— C'est clair, que tu nous avais habitués à mieux, tente Tarik pour dérider l'ambiance.
— Tu peux être sûr, que c'est la dernière fois, qu'il sera invité chez moi. Je ne sais même pas, comment vous arrivez à le supporter au bureau !
— Il n'était pas comme ça, avant...
— Avant moi, c'est ça ?
— Tu n'y es pour rien Elya, c'est lui qui agit comme un petit con !
— Il n'est pas habitué à ce qu'on lui dise non, et encore moins une nana.
— Mais là Tarik, ça va au-delà d'un simple non ! Il a dépassé les bornes et est devenu incontrôlable ! lance Lina.
— Tu as vu ses yeux Tarik ? lui demande Tristan.
— Oui mec, je sais à quoi tu penses...
— On pourrait savoir nous aussi ? nous questionne Dimi.
Tristan et Tarik se regardent et se demandent sans doute, qui va répondre des deux, quand Lina les prend de court.
— Il n'avait pas que bu, c'est ça ?
— Oui Lina, il avait aussi consommé.
— Je lui ai posé la question quand on était sur le parking, et il n'a même pas nié !
— William se drogue ? cherché-je confirmation.
— Oui, avec Tarik on connaît que trop bien les symptômes.
— Tu crois qu'il l'était aussi vendredi soir ?
— Dimi, je ne saurai te le dire, nous renseigne Tarik, quand on est parti de devant l'immeuble, il avait l'air clean. Mais après avoir tourné à moto pendant plus d'une heure, il est revenu chez Orphélia.
— Ça lui a largement laissé le temps de se fournir, ajoute Tristan, et même d'en prendre avant de revenir.
— L'as-tu trouvé bizarre Elya ?
— Lina, dois-je te rappeler que Orphélia était en pleine crise ?
— Putain, lâche Dimi en se levant, c'est vraiment la merde.
— Comme tu dis mec !
Un silence de plomb a pris place dans le salon, chacun perdu dans ses pensées et cherchant sans doute à comprendre ou à envisager ce qui a bien pu arriver. Tarik est assis en face de nous et regarde ses mains, Lina suit des yeux les allers-retours de Dimi qui ne tient pas en place et Tristan ne me quitte pas des yeux, espérant sans doute découvrir ce qui peut bien lui échapper.
Est-ce que William dit vrai ?
C'est la question que tout le monde doit se poser, vu qu'apparemment je n'étais pas en état de m'en rendre compte... Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère : que William cherche à mentir ou si c'est le manque de réaction, que j'aurai pu avoir pendant ma crise.
— Tarik, est-ce que tu as entendu parler de cette nouvelle drogue, qui circulerait depuis quelques semaines ?
— La poudre rose ?
— Oui, comme celle-là !
Tristan sort de son portefeuille un petit sachet rose et le dépose sur la table du salon sous nos yeux ébahis.
— Tristan ! Après tout ce que tu as passé, m'agacé-je, tu te balades avec une dose de drogue sur toi ?
— Je te rassure tout de suite, je l'ai juste gardé pour pouvoir en parler avec Tarik ce soir. Au centre, j'ai vu un flash info, qui mentionnait que cette nouvelle drogue faisait de sacrés dégâts. Les jeunes la prennent pour son côté hallucinatoire. Mais le dosage est apparemment instable, et la « Speed » ou « Life in Pink » est dangereuse, pas moins de douze adolescents ont terminé aux urgences en moins d'une semaine.
— Où l'as-tu eu ? lui demande Dimi en grimaçant.
— C'est Don qui me l'a filé cet après-midi !
— Tu l'as vu en même temps que Cerise ?
— Oui ma douce, figure-toi que le Doc avait raison, Cerise et Don sont bien en couple !
— Putain de couple maudit ! lance Lina en écarquillant les yeux.
— Comme tu dis, je n'en revenais pas, mais le doute n'est pas permis, vu comment il l'embrasse ou comme il la regarde en la couvant, bon d'un regard bien vitreux, mais tout de même.
— Et donc, tu penses que Don et Cerise inondent les rues de cette merde ? m'inquiété-je en pensant aux dégâts que cela peut causer.
— Souviens-toi Tarik avant que tu partes chez ta mère, Don avait voulu qu'on le fasse pour le lancement des pilules ! lui rappelle Tristan. Je suppose qu'il doit toujours employer les mêmes méthodes.
— La tête qu'il avait faite quand on l'avait envoyé chier !
Tarik et Tristan sont plongés dans leurs souvenirs, en souriant sans doute à ce qu'ils avaient dû faire, pour éviter de distribuer les pilules.
— Donc, vous pensez que ça expliquerait son changement d'attitude, de ces derniers temps ?
— Oui Lina. Du coup, est-ce que tu pourrais, toi ou Tarik, l'interroger pour savoir qui lui vend sa came ?
— T'imagines mec, si c'est bien Cerise, qui l'a lui vend ?
— En effet Dimi, ça craint vraiment !
— Mon amour, tu crois donc qu'il s'imagine qu'on a fait des trucs ? Et que c'est pour ça, que moi je n'en ai aucuns souvenirs ?
— Tu as tout compris ! Même si ça me fait chier, de le reconnaître, il pourrait ne pas être entièrement responsable de son comportement ! On sait trop avec Tarik, ce que la drogue peut faire comme dégâts, et encore plus, quand elle est instable et au stade des essais, comme cette poudre rose !
Pendant qu'ils regardent sur l'ordinateur de Lina, le flash info, dont Tristan vient de parler. J'essaye de comprendre à mon tour si les bribes d'images qui me reviennent en flashs sont réelles ou si c'est juste mon esprit, qui essaye de combler les manques...
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Orphélia entre peurs et réminiscences d'images 😱😨
Images vraies, ou juste une réponse de son esprit face à ses tourments, face à ces moments dont elle ne se souvient pas 😲🧐
Des mots qu'elle n'ose pas mettre sur ce qui la torture, faute de ne pas s'en souvenir, elle n'arrive pas à partager son mal-être avec Tristan 😢😰
Il est d'une patience d'ange avec son coquelicot. Mais la peur de ce qu'aurait pu faire William ne le quitte pas, mais il sait que Orphélia n'aurait jamais pu faire tout ce que William clame haut et fort 💖💖
Un moment tendre, de complicité et d'amour partagé sur le toit terrasse 💖😍
Une discussion entre potes qui pourrait expliquer "en partie" les agissements de William !
Vous y croyez ? 😲🧐😎
Cette drogue qui donne des hallucinations pourrait-elle être la clé à cette énigme ? 😲🧐🤯
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📍 On se retrouve mercredi pour la suite !
Et demain, un nouveau chapitre de "Colocation et plus si affinités !"
Bonne soirée et gros bisous mes T&O-LOVE 😘😍
Kty. Auteure 🌸💖
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