Tome 2 - Chapitre 36

Tristan

C'est quand... On s'explique ! 

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Mon sang vient de se glacer en reconnaissant cette voix grave. Je n'arrive même plus à respirer... Il embrasse fougueusement Cerise, en la maintenant tout contre lui de ses bras bodybuildés, en lui malaxant les fesses de ses mains sans aucuns ménagements, et je n'en crois pas mes yeux.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— Ça s'voit pas ? J'roule une pelle à ma meuf. Putain, détente, mec, me balance-t-il totalement défoncé. C'est cool t'voir !

Il s'approche de moi pour exécuter le check de la bande, mais je refuse de le lui rendre, me reculant pour l'esquiver. Il sort un petit sachet transparent de sa poche, contenant une poudre rose, et me le tend, voyant que je ne réagis pas, il me nargue d'une voix traînante :

— Devrais test the new came, ça t'ferait du bien « GB » ! Tiens, cadeau, ajoute-t-il, en glissant le sachet dans la poche de ma chemise.

Le Doc avait raison encore une fois.

Cerise et Don sont bien ensemble, il n'y a pas de doutes, et si j'en avais encore, ils se sont vite envolés, à la façon qu'il a de l'embrasser, de la serrer contre lui ou de la bouffer des yeux et elle de le bader. Totalement abasourdi, je les ai suivis du regard, en les voyant partir main dans la main, jusqu'à ce qu'il tourne à l'angle de la rue, me laissant au milieu du trottoir, les bouquets serrés contre ma poitrine, complètement paumé, et sans réactions, aucunes.

Mon téléphone vibre, sonne.

Je sais que c'est ma princesse.

Je sais que je devrais lui répondre.

Je sais qu'elle s'inquiète de ne pas me voir revenir.

Ça doit faire plus d'une heure que je suis parti.

Ce n'est rien, me direz-vous, mais malgré tout, c'est la première chose, que je fais tout seul, depuis plus de deux mois, et sans cette rencontre de merde, je m'en serais sorti haut la main.

Seulement voilà, il a fallu que je tombe sur Cerise.

J'aurai voulu lui parler calmement, lui montrer que je n'étais plus ce mec qu'elle pouvait manipuler à sa guise, mais en la voyant, toutes mes bonnes résolutions se sont envolées. Je voulais une discussion avec elle, pour qu'on s'explique, pour qu'elle me dise pourquoi elle nous a fait tout ce mal, mais ça ne sera jamais possible. Car même si j'arrive à me calmer, elle sait trop bien où appuyer pour me faire dégoupiller et me faire mal.

Cette nana est toxique pour mon coquelicot et pour moi.

Le téléphone sonne à nouveau, je regarde le beau visage de Orphélia qui apparaît sur l'écran, sur cette photo elle me souffle un baiser, ses yeux sont rieurs, et je sais bien que Orphélia m'aime, que je suis l'homme de sa vie, et pourtant la phrase de Cerise tourne comme un manège fou dans ma tête...

Son venin fait son œuvre dans mon sang insidieusement.

J'ai beau repousser cette image, cette phrase de toutes mes forces, elles reviennent, s'incrustent, et me font si mal, que si je lui réponds, si je décroche, je sais que je ne vais pas savoir retenir ces mots qui me brûlent les lèvres. Je sais que je ne vais pas savoir me contenir.

Alors je laisse sonner, encore et encore... Je dois me calmer.

Après avoir marché et déambuler sans but, ce banc devrait faire l'affaire pour que je maîtrise mes pensées, pour que je réfléchisse, pour que j'analyse... Pour que je finisse de boire cette putain de bouteille d'eau qui pour le coup ne m'a pas apporté de réponses ni le calme, dont j'aurai besoin, pour analyser cette putain d'info...

Est-ce que ma douce aurait pu embrasser William ?

À bien y réfléchir, non ! Je ne le pense pas... Par contre, que William ait essayé de l'embrasser, ça oui ! Putain, déjà son histoire de vouloir devenir son ami me gonflait, mais je voulais faire un effort, pour faire plaisir à ma princesse, lui démontrer que grâce à la psychothérapie, je pouvais y arriver, mais là il n'est pas question que j'accepte cette mascarade, s'il l'a touché ou embrassé...

Putain, je dois savoir !

Je prends rapidement mon téléphone et l'appelle.

— Princesse !

— Tu vas bien ? J'étais inquiète...

— Je sais, je t'expliquerai.

— Tu es où Tristan ?

— Sur un banc, face à une fontaine, sur la place du marché.

— Ne bouge pas, j'arrive !

— OK...

Même pas cinq minutes après, ma petite femme arrive, les joues rouges d'avoir trop couru, ses cheveux détachés et un peu emmêlés, qui lui donne un côté plus sauvage.

Elle est si belle et je l'aime tellement, que c'en est douloureux.

— Qu'est-ce qui t'arrive mon amour ? me demande-t-elle, avant de m'embrasser.

— Tiens mon cœur...

— Oh, merci, coquelicote-t-elle en les prenant et les respirant. Elles sont trop belles.

— Tu les aimes ?

— Comment tu peux poser la question Tristan ? Bien sûr, que je les aime. C'est tellement adorable, en plus, tu t'es souvenu de mes fleurs préférées.

Ses paroles se terminent sur ma bouche et son baiser est une réponse à lui tout seul. Je ne sais pas, comment je peux douter d'elle et de son amour ? Comment je peux laisser tourner les mots de Cerise dans ma tête, au lieu d'écouter mon cœur ?

Je l'embrasse à mon tour avec envie, avec fureur, avec tous les doutes qui me bouffent la tête. J'ai tellement besoin d'effacer l'image de cet hypothétique baiser, qui me ravage l'esprit...

— Qu'est-ce qui t'arrive ? me demande-t-elle, essoufflée et inquiète. Tu as eu un souci à la poste ?

— Est-ce que tu as embrassé William vendredi ?

Je la vois pâlir, fermer les yeux et là mon monde s'effondre. Elle n'a même pas besoin de me répondre. Je broie la bouteille vide de mes mains, avant de la balancer et qu'elle ne s'échoue, au bas d'une poubelle publique. Je sens cette colère insidieuse gagner du terrain, et envahir mon corps propagé par cet afflux de sang. Alors je me lève, marche jusqu'à la poubelle, ramasse le bout de plastique écrasé et le jette avec fureur, avant de claquer avec force le couvercle en fer, ce qui fait sursauter Orphélia, qui ne m'a quittée du regard. Je reprends ma place, pas plus calmé par cet intermède, ce geste n'aura servi à rien.

Je suis toujours aussi furax.

— Comment l'as-tu su ?

— Cerise...

— Tu étais avec elle ? me questionne-t-elle, tout en pivotant vers moi. C'est pour ça que tu ne m'as pas répondu ?

— Ne retourne pas la situation Orphélia. protesté-je avec véhémence. Moi, je ne l'ai pas embrassé !

— Moi, non plus ! réplique ma tigresse sur le même ton.

— Alors tout va bien ! hurlé-je en me levant du banc.

— Exactement ! explose-t-elle à son tour en se levant pour me faire face.

Après s'être crié à la figure nos réponses, c'est un silence de plomb qui s'installe. Nous nous défions du regard, avant que cet affrontement visuel laisse la place à l'incompréhension, puis aux questions.

— Hein ? Quoi ? demandé-je abasourdi. Tu ne l'as pas embrassé ?

Tout en revenant m'asseoir sur ce foutu banc, je me prends la tête entre les mains, et j'essaye de décrypter sa réaction, ses mots, ses cris, son ton dur si rarement employé...

Putain qu'est-ce qui nous arrive ?

— Bien sûr que non, mon cœur !

— Ben alors pourquoi tu as réagi comme ça quand je t'ai posé la question ?

— Parce j'étais arrivée à gérer la situation toute seule, et que je ne voulais pas que tu te mettes...

— Explique-moi alors ! la coupé-je.

Je dois et je veux lui faire confiance, si elle me dit qu'elle ne l'a pas embrassé. Alors oui, je la crois, elle, et pas cette vipère de Cerise qui a encore inventé, je ne sais pas quoi comme connerie pour me faire mal. Je ne supporte plus cette barrière invisible entre nous. Je vois bien que ma petite femme est aussi mal que moi. Alors même si je ne sais pas encore, ce qu'il s'est vraiment passé, je ne veux pas que Cerise arrive encore une fois à ses fins.

Je ne veux pas d'un tel combat entre nous.

Je dois lutter contre cette jalousie qui me bouffe les tripes, pour lui laisser le bénéfice du doute. Alors, au lieu de continuer à s'opposer, je préfère lui prendre les mains, les lui embrasser, et me calmer en la sentant se détendre légèrement.

Je sais que Orphélia ne l'a pas embrassé et c'est le plus important.

— William, reprend-elle tout en ne quittant pas nos mains jointes du regard, en partant de l'appartement vendredi, a essayé de m'embrasser effectivement, mais je l'ai repoussé.

— Tu ne l'as pas embrassé... répété-je, pour finir de m'en convaincre. Tu es sûre ?

— Oui je suis sûre mon amour. Je l'ai même giflé de colère.

Je souffle de soulagement, - bruyamment par le nez -, mais aussi de colère, parce que ce connard a encore tenté sa chance.

— Tu as été troublé ?

— Non Tristan... Dois-je te rappeler, que je venais de faire une crise, tu étais encore présent dans toutes mes cellules. On venait de se donner du plaisir à travers nos téléphones, je venais de te retrouver dans la salle de bains, et tu crois que j'aurais pu être tenté par lui ?

— Dis comme ça, non. Mais je connais la détermination de William, et jusqu'où il est capable d'aller pour t'avoir.

— Je comprends Tristan... Mais, même pas une seconde, je ne me suis laissée aller. Je n'avais qu'une envie, c'est qu'il parte et c'est ce que je lui ai dit. Je l'ai raccompagné à la porte, et c'est là qu'il a...

— Et tu tiens à être ami avec un mec comme ça ? constaté-je en secouant la tête. Et en plus, tu veux que moi, je tolère que l'on puisse le côtoyer ?

— Je voulais juste y croire, et essayer de rendre les choses plus faciles pour Lina.

— Comment ça pour Lina ?

— Elle est partagée entre nous et William, et quand elle fait un apéro comme ce soir, elle est obligée de choisir... Alors, je me disais, qu'on aurait pu faire un effort pour notre amie, en mettant de côté nos différends.

Je caresse ses mains du bout des doigts, en faisant des allers-retours, sur ses longues et fines phalanges. Retrouver ma concentration et mon calme, passe par ces gestes répétitifs, et c'est ce que j'essaye de faire, en braquant mon attention, sur cette petite tache rouge, que je gratte machinalement du bout de mon ongle.

— C'est du glaçage... Celui du cupcake coquelicot. J'étais en train de faire les dernières finitions, avant de les mettre en vente, quand tu m'as appelé.


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19 h 00

On est largement dans les temps.

Je finis de lacer mes baskets, tout en regardant Orphélia, qui termine sa tenue par la parure de bijoux coquelicot, que je lui ai offerts pour son anniversaire. Elle a choisi de porter une création de cette fameuse styliste, rencontrée avant son anniversaire. C'est une robe recomposée, avec tout le haut en jeans jusqu'aux hanches, elle est sans manche, boutonnée sur l'avant, et le bas se termine à moitié cuisse par des voiles de tissus superposés, ses cheveux sont relevés en un chignon, d'où s'échappent quelques mèches, et elle s'est légèrement maquillée.

— Tu es prête ?

— Oui, me répond-elle, après avoir passé ses escarpins qui lui font de plus longues jambes encore.

Je passe mes bras autour de sa taille et la serre tout contre moi, afin de pouvoir mieux l'embrasser. Depuis notre discussion sur la place, je sens comme une distance entre nous et je n'aime pas ça. Tant que nous étions à la boutique, je pouvais le comprendre, mais depuis que nous sommes rentrés chez nous, c'est tout juste si on s'est échangé quelques mots. Certes, nous sommes pressés par le temps, mais j'ai besoin de savoir que tout va bien entre nous, avant d'affronter cette foutue soirée.

— Tu es très belle, tu sais.

— Merci, me dit-elle, en me souriant, alors qu'elle arrange le col de ma chemise. Tu n'es pas mal non plus.

Elle se détache de mon étreinte, récupère sa pochette, et marche vers l'entrée sans même m'attendre. Mais j'ai bien vu cette petite étincelle de malice briller dans ses yeux. J'aime quand elle devient joueuse et qu'elle me taquine.

— Tu crois, que tu vas t'en tirer comme ça, ma tigresse.

— Oui, car il est temps de descendre, si on ne veut pas être en retard.

— Alors là, je m'en tape royalement.

— Tu ne veux pas faire attendre Tarik, tout de même, se marre-t-elle, en faisant tinter son rire.

C'est la main sur la porte que je la stoppe, en encerclant sa taille, en la guidant vers mes hanches, en semant des baisers dans son cou, en le lui mordillant. Je sais qu'elle ne pourra pas résister.

Et l'abandon de son corps, contre le mien en est la preuve.

— Tu sens merveilleusement bon, me délecté-je. Ton parfum envoûtant, ta peau si réactive, ton pouls qui tape avec force dans ta veine...

— Arrête Tristan, on n'a vraiment pas...

— Tu es sûre de vouloir passer ces quelques minutes à négocier.

Mes mains descendent le long de ses côtes, elle frémit.

Mes doigts s'agrippent à ses hanches, elle se colle à moi.

Mes dents se plantent dans son cou, elle place ses mains derrière ma nuque, et verrouille sa prise.

J'apprécie son abandon, ses courbures, mais je veux la voir.

— Tourne-toi !

Elle ne discute plus et me fait face.

Ses bras reprennent leur place autour de mon cou. Je remonte ses volants, la soulève et lui intime :

— Ne me lâche pas !

— D'accord, accepte-t-elle d'une voix éraillée par le désir, alors que son souffle se fait irrégulier.

La porte nous reçoit et accueille en grinçant mes gestes vifs, précis et puissants. Notre délivrance est fulgurante, telle une lame de fond, silencieuse et vive. Nos regards toujours verrouillés, nous reprenons notre souffle, front contre front.

Un passage à la salle de bains, pour faire une toilette rapide, pour réajuster nos tenues, et nous voilà enfin prêts.

Cette touche de couleur manquait aux joues de ma tigresse.

— On peut y aller maintenant ! annoncé-je avec le sourire aux lèvres.

J'ouvre la porte de l'immeuble, au moment où le pick-up apparaît au bout de la rue.

— Timing parfait !

— Tu avais plutôt intérêt, me taquine-t-elle.

— Tu en doutais ?

— Si peu !

Notre fou rire est tout aussi libérateur, que ce moment de sexe, que nous venons de nous accorder, et c'est totalement détendu, que nous nous avançons vers le pick-up de Tarik.

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😍 Hello, mes T&O-LOVE !

Me revoici enfin, avec la suite de la rencontre de Tristan avec Cerise, et c'est bien Don qui les a rejoints !

Tristan a beau avoir travaillé sur son comportement, il est et restera toujours Tristan !

Orphélia ne s'est pas laissée démonter face aux allégations de Cerise !

Vous a-t-elle convaincue ? 

Si oui, alors pourquoi William soutient-il le contraire ?

💖 J'aimerais bien avoir votre avis mes Loulous !

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😘 Gros bisous et bonne soirée mes T&O-Love !

🌸 Kty. Auteure

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