Tome 2 - Chapitre 29
Orphélia
C'est quand... On pousse la porte !
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Tarik vient de nous déposer devant l'immeuble, et nous sommes encore un peu sonnés par cette nouvelle rencontre. Décidément, cette journée n'aura été faite que de rebondissements en tout genre. Mais le principal, c'est qu'elle se termine ici, que mon homme soit là dans mes bras, et qu'on puisse enfin vivre ensemble.
Notre rêve se réalise, et j'en suis émue.
Tant de choses se sont mises sur notre route, que j'avais presque perdu l'espoir, qu'un jour on y arrive vraiment.
— Orphélia ? Mon cœur...
— Oui mon amour...
— Tu veux bien taper le code ? À part, que tu préfères passer la soirée sur ce bout de trottoir devant l'immeuble ? se marre-t-il, en resserrant ses bras sur ma taille.
Sa bonne humeur fait plaisir à voir. Il ne s'est pas départi de son sourire, depuis que nous avons franchi les grilles du centre, si seulement je pouvais être aussi détendue que lui.
Même si Tristan sait que je fais des crises d'angoisses, même s'il a assisté à l'une d'entre elle, même si le Doc nous a expliqué pourquoi je les faisais, je ne veux pas qu'elle pointe le bout de son nez et qu'elle gâche ce moment tant attendu par nous deux.
Et si je n'arrivais pas à enrayer ce mécanisme ? Et si je gâchais tout ? Et si j'étais plus atteinte que le Doc ne le pensait ? Après tout, ce n'est pas parce que je sais le pourquoi de ces crises, qu'obligatoirement elles vont se soigner en un coup de baguette magique. Je n'ai même pas pu m'y préparer, m'y habituer, ni trouver une solution, tant, tout s'est fait à la dernière minute.
Vais-je en être capable ?
Je n'ai fait que survivre en attendant son retour, en rêvant à notre vie à deux. Et maintenant que je peux la vivre, je suis effrayée, paniquée et cette boule d'angoisse insidieuse vient se loger entre nous...
— Regarde-moi ! Je suis là, ça va aller. Je vais t'aider et tu verras, tu ne feras pas de crise. Je te le promets, c'est à mon tour de prendre soin de toi.
Mon regard plongé dans le sien, je fais comme le Doc m'a conseillé, et je calque ma respiration à celle de Tristan, je me laisse guider par ces mots, par sa voix si douce et si tendre, par son amour qui m'enveloppe. Je me laisse aller aux caresses que font ses doigts sur le dessus de mes mains. Je me focalise sur les battements de son cœur, que je perçois au travers de ma paume posée à plat sur son torse.
— C'est ça, concentre-toi sur moi, et rien que sur moi.
— D'accord...
— Donne-moi le code.
— C'est... 6-3-8-1.
Tristan tape le code de l'entrée, alors qu'il me tient toujours par la taille, et qu'il continue de me parler.
— Ouvre les yeux, ma Princesse.
— J'ai peur de craquer, avoué-je honteuse.
— Je sais que tu vas te contrôler, tu es une femme forte, tu me l'as prouvé à maintes reprises. Alors ouvre tes magnifiques yeux pour moi ! J'ai besoin de te sentir relié à moi.
Je fais ce qu'il me dit, car je ne veux surtout pas le décevoir, parce que je sais qu'il sera là pour m'aider, parce que je veux lire la fierté dans son regard, parce que je veux y puiser tout l'amour qu'il me porte.
— Voilà mon cœur, ne me quitte pas du regard et concentre-toi sur ma voix, on va y arriver... Ensemble.
— D'accord, dis-je, un peu plus rassurée.
Ses prunelles intenses ne me quittent pas, elles me permettent de m'accrocher, d'y ancrer les miennes pour y puiser la force qu'il m'apporte. Son sourire en coin me fait chaud au cœur en sentant que j'arrive à dompter ma respiration. Sa main câline mon visage avec calme.
Tristan est tout en douceur, en tendresse et patience.
Il applique tout ce qu'il a appris pour m'aider, pour affronter cette situation et surmonter ma peur.
— C'est bien ma douce, tu fais tout ce qu'il faut pour te calmer.
— Merci de m'aider à...
— C'est un moment important de notre vie et je ne veux pas le vivre tout seul.
— Tu as raison mon amour, on l'a tant attendu ce jour où l'on pourrait rentrer chez nous, où l'on pourrait vivre ensemble, que je vais essayer de faire de mon mieux.
— Je n'en ai jamais douté.
— Embrasse-moi. Fais-moi tout oublier...
Tristan s'empare avec envie de ma bouche, et fait danser nos langues sur un rythme endiablé qui échauffe tous mes sens, qui me rend folle, qui me fait oublier qui je suis. Ses mains se promènent, de ma taille à mon dos en terminant sur ma nuque, qu'il bloque en l'enserrant fermement.
Me sentir ainsi, abandonnée à notre désir me procure un tel plaisir, que j'en oublie que nous sommes dans la rue, que nous devons offrir un spectacle sulfureux aux passants...
Alors, avant que cet échange ne devienne incontrôlable, Tristan ouvre la lourde porte sans me quitter des yeux. Aussitôt la lumière de l'entrée s'allume et c'est main dans la main, que nous passons le seuil de la porte. C'est ensemble et d'un même mouvement, que nous montons marche après marche.
À chaque palier, Tristan fait une pause, il me prend dans ses bras, entoure ma taille et m'embrasse en me glissant des : « je t'aime » à chaque fois que ses lèvres quittent les miennes. Nos yeux se sondent, nos respirations se synchronisent et nous gravissons ainsi les derniers segments, ceux qui mènent à notre cocon.
Arrivés sur le palier, face à cette porte, de légers tremblements prennent place dans mes mains, mes bras, mon ventre, et mes jambes, tandis que ses bras me soutiennent, et m'empêchent de m'effondrer. Je respire pourtant en cadence avec son souffle, mais les images de mon rituel me télescopent, me bombardent la tête, et me font chavirer.
Je ne vais jamais y arriver...
Ce sentiment de culpabilité ajoute, encore un peu plus, à mon angoisse. Je m'en veux tellement de gâcher ce si beau moment. Je m'en veux de ne plus être assez forte pour y faire face sans avoir besoin d'aide.
Pourtant, je l'ai rêvé tant de fois... C'est ça... Je dois me concentrer sur ce rêve si merveilleux, sur nos retrouvailles, sur notre amour, notre lien...
— Tu veux bien me donner les clés ?
— Elles sont dans mon sac, arrivé-je, à dire dans un souffle.
Tandis que mes yeux restent fixés sur le panneau de bois, sur ce numéro 4 que je n'arrive pas à lâcher du regard.
— Orphélia, pense à notre lien. Tu le sens ?
— Oui mon amour.
Et mon regard se transfère automatiquement dans le sien, dès que j'entends cette douce mélodie, qu'il fredonne...
« C'est quand je t'ai rencontré, que ma vie a changé
Pour que mon cœur réapprenne à battre
Sans que je me laisse abattre
Juste un sourire, un regard à la dérobée
Une envie de vivre, pour ne rien regretter... »
— Si tu savais à quel point j'aime ta chanson. Tous les soirs en rentrant, je l'écoute, je laisse tes mots me capturer, et ta voix m'ensorceler, juste avant de prendre ma douche, avant de te retrouver, avant de nous...
— Regarde-moi ma douce, je suis bien là, vraiment là avec toi. Je ne suis plus ce rêve, que tu t'es construit pour supporter mon absence.
Tristan se saisit de mes mains, les embrasse tour à tour, avant de les déposer sur ses joues. Instinctivement, j'empaume son visage, il me laisse faire, me laisse le temps de me réapproprier ce moment à mon rythme. Comme pour effacer mon rituel en le remplaçant par celui-là.
Alors je caresse doucement le contour de ses traits, tandis qu'il fredonne à nouveau un passage de la chanson.
Et, peu à peu :
Sa chanson remplace mes angoisses...
Son visage se pare de mes caresses...
Notre amour relie tous nos sentiments...
Et, peu à peu :
Mon corps se calme, mon cœur s'apaise, et les visions de mon ancien rituel s'évanouissent.
Alors, peu à peu :
Je continue mon parcours du bout des doigts, réanimée par les poils courts de sa barbe naissante, je passe sur ses pommettes saillantes, trace une à une ces lignes qui se trouvent au coin de ses yeux, et me stoppe face à ses prunelles si chaleureuses, si brillantes et si désireuses, qu'elles me font retomber amoureuse de lui.
Mon soupir d'aise étire ses lèvres ourlées, pour laisser apparaître son merveilleux sourire. Tristan ne quitte plus des yeux mes lèvres que je mordille, puis que je caresse de ma langue, avant que je les entrouvre peu à peu, dans l'attente d'une suite...
— Je peux ?
— Tout ce que tu veux. Mon... Amour.
Son surnom a toujours le même effet sur lui, quand je le prononce ainsi, et de ses iris malicieux, il me réchauffe le cœur, fait s'envoler une nuée de papillons dans mon ventre et quand ses dents se resserrent sur ma lèvre, je ne peux retenir ce râle de plaisir qui vient du plus profond de mon être.
Ses mains se déplacent, glissent à plat sur mon dos, plaquent ma poitrine tendue sur son torse musclé, mes hanches sur son bassin ondulant, mon intimité bouillonnante contre la sienne.
Il ne me lâche pas une seconde du regard et j'ai l'impression d'être une torche vivante, de brûler d'incandescence dans ses bras rassurants, j'ai chaud, terriblement chaud, et peu à peu, je détends un à un chaque muscle, et je capture ses souffles pour me libérer de mes dernières entraves.
Mon envie accompagnée de mon désir a pris le pouvoir, et c'est forte de cette nouvelle détermination, que j'arrive à appuyer sur la poignée, à pousser la porte de chez nous et à avancer vers notre avenir, en faisant entrer Tristan dans notre appartement.
D'une ruade maîtrisée, je claque la porte avec mon pied, et je souris en voyant Tristan fondre sur ma gorge, pour mieux m'engloutir de sa passion. Son souffle chaud sur ma nuque, ses mots glissés dans le creux de mon oreille, et ses mains qui me désirent tant, finissent de faire capituler mon corps, ma tête et mon cœur.
— Je vais te faire l'amour dans toutes les pièces...
Et Tristan accompagne ses mots d'un mouvement de bassin.
— Sur toutes les surfaces...
Tandis que son érection se frotte contre la mienne.
— Contre chaque mur...
Alors que son bassin mime une pénétration.
— Contre chacune de ces portes...
Lorsque sa bouche dévore la mienne.
Je ne sais plus qui je suis, je ne sais même pas, comment je tiens encore debout, tant l'intensité de ses mots et les graves de sa voix se sont immiscés dans chaque parcelle de mon corps. Je flotte littéralement, alors que les bras de Tristan me soulèvent telle une plume. Il marque un temps d'arrêt ne sachant plus où se rendre. Alors, je lui chuchote dans le creux de l'oreille :
— C'est la porte qui est en face de toi !
Son sourire éclatant et coquin me fait craquer, alors qu'il me transporte jusqu'à notre chambre.
Il prend appuie de ses genoux sur le matelas, avant de me déposer avec douceur sur notre lit. Avant que je ne craigne le froid de cette infime séparation, Tristan me recouvre de tout son corps. Il me couve du regard et m'enveloppe de tout son amour pour moi, en m'engloutissant dans cette volupté de sentiments mêlés.
— Je vais t'aimer, jusqu'à ce que tu ne te souviennes plus, que de mon nom.
J'en ai le souffle coupé tant ses mots éveillent mes sens. Et le seul qui arrive à passer la barrière de mes lèvres n'est autre que son prénom.
— Tristan...
— Orphélia.
Nos mains se soudent, nos doigts s'entrecroisent, nos regards se verrouillent et nos iris se font l'amour sans un geste, sans une parole, juste, nos respirations haletantes et nos prunelles dilatées suffisent à notre bonheur en cet instant de communion.
Une communion ultime qui nous transporte et nous comble, quand nos lèvres finissent par sceller notre union.
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Coucou mes T & O-LOVE 😍
Un retour chez eux tout en douceur, tout en complicité, et tout en amour.
Malgré tout, une ombre au tableau, les crises d'Orphélia...
Pensez-vous qu'elles vont perdurer ?
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On se retrouve demain pour un chapitre plutôt chaud 🔥 et accompagné d'une jolie surprise 🎁
Je tenais à vous remercier de votre soutien et de votre présence indéfectible sur cette histoire 🙏
T & O se joignent à moi pour vous remercier 💖
Gros bisous mes Loulous d'amour 😘
Kty. Auteure 🌸
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