Tome 2 - Chapitre 24
Tristan
C'est quand... Orphélia accepte de me revenir !
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Mais que peut-elle me cacher qui la terrorise à ce point ? Je sais que ça n'a rien à voir avec mon retour. Tout comme moi, elle n'attendait que ça.
Alors c'est quoi ?
Nous sommes assis sur ce matelas de fortune. Ma petite femme est blottie dans mes bras protecteurs. Et je patiente... J'attends qu'elle me dise ce qui ne va pas, ce qui l'empêche de me parler, de m'expliquer son blocage ou de m'ouvrir son cœur. Sa réticence à ne pas se confier à moi me fait mal, mais je sais que ce n'est pas volontaire, alors je patiente...
Mais mon cerveau n'est pas de cet avis. Ce mot tourne dans ma tête à m'en faire gerber. Les questions s'enchaînent, se percutent et s'entrechoquent. Il carbure à fond et veut comprendre pourquoi.
Pourquoi a-t-elle peur ? Pourquoi se met-elle dans un état pareil ? Pourquoi se mure-t-elle dans un tel mutisme ?
Alors je la regarde, inspectant le moindre détail. J'ai envie de toucher ses taches de rousseur, une à une, de suivre la ligne de ses sourcils si joliment dessinés à petit coup de pince à épiler. J'aime tant sa beauté naturelle, ma douce n'a pas besoin d'artifices pour être la plus belle, surtout à mes yeux.
Perdu dans ma contemplation, je n'avais pas ressenti que ses tremblements avaient l'air de se calmer un peu, ainsi que sa respiration, tant elle reste accrochée à moi, comme à une bouée. Comme pour ne pas couler ou sombrer.
Je suis paumé...
Si j'en étais la cause, elle ne s'accrocherait pas à moi de la sorte ? Si cette peur venait de moi, elle me repousserait de toutes ses forces ?
Mais il n'en est rien.
Au contraire.
L'annonce de mon retour l'a surprise. J'avoue que c'était soudain et qu'elle n'y était pas préparée. Ça a dû la chambouler, mais à ce point, je n'aurais jamais cru !
J'étais pourtant certain que ça lui ferait plaisir, qu'elle serait heureuse que je rentre enfin... Que nous puissions nous retrouver. Être enfin chez nous.
Que tous les deux.
Pourtant sa première réaction allait dans ce sens. Elle m'a sauté au cou, de joie, de plaisir, d'envie... Et puis, je l'ai vu se décomposer, me donner des raisons, certes valables, mais pas importantes au point d'avoir un tel comportement.
Elle tremble encore un peu.
Elle essaye de se redresser mais n'ose pas me regarder de ces yeux mi-clos.
Putain mais elle a quoi ?
Je vais me calmer, je souffle.
Je dois me reprendre, j'inspire.
Je me dois de le faire pour elle, pour nous, pour moi. Je dois la soutenir, l'épauler et ne pas la laisser tomber.
Ne pas l'abandonner. Plus jamais !
Mais pour l'aider, il me faut des réponses.
- Princesse ?
Elle ne bouge pas, ne réagit pas, son regard reste vissé au sol. Mes doigts effleurent sa pommette humide, son front plissé par l'anxiété, ses yeux froncés par le doute et ses longs cheveux emmêlés...
Mais rien. Pas de réactions. Pas de réponses.
Pour essayer de renouer le contact, je pose ma main en coupe sur sa joue afin qu'elle vienne s'y nicher.
Je pousse un ouf de soulagement, quand enfin, elle dépose sa joue dans le creux de ma main.
Les yeux clos, elle pleure en silence.
C'est une vraie torture de la voir ainsi. J'ai envie de la secouer, de lui crier de réagir, de répondre, mais je ne peux pas lui faire ça, alors qu'elle est aussi mal.
- Qu'est-ce qu'elle a ?
- Je n'en sais rien Doc ! Fait quelque chose, le supplié-je.
Il s'approche d'elle, mais elle ne réagit pas plus. Il soulève ses paupières et m'annonce :
- Tu te sens capable de la porter jusqu'au centre ?
- Bien sûr, mais dis-moi d'abord ce qu'elle a !
- C'est une crise de panique due à l'angoisse, au stress, à la peur ou au manque très souvent !
- Hein ? Mais pourquoi elle panique ? Je lui annonce que je rentre et elle fait une crise ?
- Porte-la Tristan, je vais t'expliquer.
- Tu as intérêt, parce que là je suis largué !
Je prends ma petite femme dans mes bras et la soulève bien trop facilement. Elle est plus légère qu'avant... Comment j'ai fait pour ne pas m'apercevoir qu'elle avait maigri ? Instinctivement, elle place sa tête dans le creux de mon épaule et se laisse faire. Je lui parle doucement. J'ai peur pour elle, mais j'essaye de ne pas lui montrer. De ne pas flipper.
Une crise d'angoisse ? Le Doc a l'air sûr de lui. Mais une crise peut-elle plonger ma douce dans un tel mutisme, dans de tels abîmes. J'ai l'impression de transporter son enveloppe vide de tout ce qui fait que je l'aime. Vide de sensations, de réactions, d'elle.
- Doc ? Elle souffre ?
- Oui !
Sa réponse me glace le sang.
- Mais elle n'a aucune réaction, ne bouge pas, ne crie pas...
- Elle cache tout au fond d'elle. C'est fondamental pour Orphélia si elle ne veut pas totalement s'effondrer.
- Mon Dieu.
Je resserre mon étreinte puis j'embrasse son front. J'ai besoin de la cajoler, alors instinctivement, je fredonne ma chanson. Celle que j'ai écrite rien que pour elle, pour son anniversaire. J'ai l'impression qu'elle me la réclame. Qu'elle me hurle de la lui chanter. Alors pour la calmer, la rassurer et lui montrer que je suis là, que je ne l'ai pas abandonné. Je chante.
Je chante pour qu'elle sache que je l'ai entendu, que notre lien m'a bien transmis sa demande. Dès les premiers mots, je sens un léger, mais très léger frémissement. Sa peau se couvre d'infimes frissons.
Un bruissement me conforte dans l'idée que c'était la chose à faire. Qu'elle avait besoin de l'entendre. Je ne sais pas pourquoi encore. Mais je m'en fous. L'essentiel c'est qu'elle se calme. Que cette tempête intérieure s'apaise. Qu'elle me revienne. Qu'elle redevienne ma Princesse, ma douce, ma petite femme... Simplement, celle que j'aime.
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Couchée sur le lit de la salle de repos, Orphélia est aussi pâle que les draps blancs qui la couvrent. Le Doc a pris sa tension, a écouté son cœur, a vérifié ses pupilles. Elle remonte tout doucement à la surface. Mais ce moment n'a rien de paisible.
Si tout à l'heure je tenais à ce qu'elle réagisse, là je prie pour qu'elle reprenne conscience le plus vite possible. Car les cris, les traits de son visage déformés, et la façon dont elle me broie les os de la main ne peuvent que me prouver à quel point elle a mal.
Elle a mal et je ne sais pas quoi faire pour l'aider, pour prendre cette souffrance à sa place. Je ferais n'importe quoi pour que ça s'arrête.
- Elle n'est plus très loin. Parle-lui Tristan. Elle doit entendre ta voix qui la guidera jusqu'à la sortie.
- Je lui dis quoi Doc ?
- N'importe quoi mais parle !
- Ma Princesse, tu m'entends ?
Mais quel con elle tremble de mal, de peur, de frayeur et moi j'attends comme un idiot une réponse.
- N'attends pas de réponse. Elle en est incapable pour le moment. La perfusion l'hydrate, calme ses douleurs musculaires mais pour le reste, c'est à toi de faire le boulot.
Je ferme les yeux. Je visualise la crique. Et je l'emmène comme pour notre première fois.
« Ma Princesse, écoute ma voix, on est à la crique. Je t'aide à descendre de la moto. Tu retires ton casque. Nous observons cette vue magnifique, sauvage et unique, comme toi. Je me presse contre ton dos, mes bras encerclent ta taille et nous regardons cette merveille qui s'offre à nous. Nous descendons le chemin caillouteux, puis nous sommes allés nager. Je t'ai porté parce que le sable chaud te brûlait les pieds. Tu étais là tout contre moi, tout contre mon cœur et j'ai su que mon amour pour toi serait éternel. Je t'avais enfin trouvé. Je ne te méritais pas mais il m'était impossible de te rendre ta liberté. Tu étais mon tout et je te voulais mienne. Ta peau si douce contre la mienne. Ton regard qui ne quittait pas le mien... »
- « J'en étais incapable. »
J'ouvre les yeux, stupéfait. Orphélia vient de parler. Plus exactement, elle vient de murmurer cette phrase comme si elle était en train de parler en dormant. Le Doc me fait signe de continuer. Je déglutis fortement pour déloger la boule qui s'est installée dans ma gorge. Car même si elle a prononcé ces quatre mots, elle est encore engloutie dans sa terreur. Le Doc claque des doigts pour que je me ressaisisse, et fait tourner sa main pour que j'enchaîne...
« J'avais aménagé le coin de la crique pour nous faire un endroit douillet à l'ombre pour notre première fois mon cœur. Tu te souviens de...
- « Je me souviens mon amour. »
Je marque une nouvelle pause, vérifie ses yeux : pas de changement. Je n'attends pas le signe du Doc et je reprends aussitôt.
« Tu étais tellement belle, radieuse et comblée. Je n'oublierai jamais ce moment... »
- « Moi non plus... Je t'aime Tristan. »
- Je t'aime. Je t'aime tant ma Princesse.
- « Pourquoi tu m'abandonnes ? »
- Je suis là Orphélia.
- « Non je suis seule. »
- Écoute ma voix.
- « Tous les soirs je t'écoute, et tous les matins, tu disparais. »
- Touche-moi, tu verras que je suis bien là, à tes côtés. Ouvre les yeux mon cœur.
- « Non. »
- Pourquoi ?
- « Parce qu'à chaque fois tu me fausses compagnie. »
- Je te promets mon cœur que je ne me défilerai pas. Je suis là, bien présent.
Je prends sa main et la dépose sur mon cœur, sur notre tatouage. Je veux qu'elle ressente les battements de mon cœur.
- Je suis bien là ma Princesse.
- « Non. Tu n'es pas réel. »
Elle veut retirer sa main mais je l'en empêche. Il n'est pas question que je la lâche.
- Princesse, je t'ai fait une promesse...
- « Et tu ne l'as pas tenue. Alors laisse-moi à mes souvenirs de nous deux. Je suis bien là. »
- Non tu n'es pas bien mon cœur, tu souffres.
- « Oui je souffre... Mais je m'en fous puisque je suis avec Tristan. »
- Ma Princesse, je suis là, reviens-moi.
- « Tu n'es pas Tristan, tu n'es pas mon amour. Tu n'es pas celui qui devait m'aimer pour la vie entière, ni celui qui devait faire de moi sa femme. ».
Sa voix se brise remplacée par des sanglots. Elle se débat, me donne des coups de poing sur le torse. M'insulte. Mais je la laisse faire. Le Doc me fait signe de me taire et de la laisser vider son sac.
J'ai mal... Oh, pas des coups donnés par ma douce, mais de ses mots. Elle est terrorisée, en colère et perdue. Elle m'en veut. Elle ne me l'avait jamais dit, ne me l'avait jamais hurlé.
Ses mots crachés, comme ça à la gueule, sont autant de poignards qu'elle me plante.
C'est de ma faute si elle est dans cet état. Si elle souffre, si elle a peur, si elle me déteste, et si elle m'en veut autant.
Je n'ai qu'une envie, celle de partir, de fuir, pour ne plus sentir son regard accusateur peser sur moi. Pour ne plus entendre ses reproches, ses accusations, ses mots qui m'achèvent, qui me tue et me détruisent.
Je relâche mon souffle bruyamment afin de me recentrer. Je ne suis plus ce mec. Je ne fuis plus et je veux que ma Princesse le comprenne. Elle a été là pour m'aider et me soutenir. C'est à mon tour de lui renvoyer l'ascenseur. Pas parce que je me sens redevable et obligé, mais parce que je l'aime et que je ne supporte pas d'être impuissant face à sa souffrance.
- Ma Princesse je n'abandonnerais plus jamais. Je suis venu au centre pour ne plus fuir. Alors tu pourras dire ce que tu veux, hurler tout ton mal-être, m'insulter, me taper. Je resterais là et je t'aiderai à revenir de ce cauchemar. Je t'aime ma petite femme. Ton Sweetie à besoin de toi.
Et je fredonne à nouveau les paroles de la chanson tout en la prenant dans mes bras pour finir de la convaincre et quel bonheur de voir qu'elle ne me repousse pas.
- Tristan ?
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Coucou mes T & O-LOVE 😍
Voici enfin les réponses aux questions que vous vous posiez.
Orphélia fait des grosses crises d'angoisses depuis la tentative d'overdose de Tristan (voir chapitre entre tome 1 et tome 2).
J'ai bien compris que vous ne vous en souveniez plus et comme j'ai dit à certaines, vous voyez c'était plus simple que vous ne le pensiez !
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On se retrouve demain pour un chapitre de Tristan 💖
Gros bisous mes Loulous d'amour 😘
Kty. Auteure 🌸
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