Tome 2 - Chapitre 21
Tristan
C'est quand... Je ne fuis pas.
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Un regard à mon téléphone m'indique qu'il ne nous reste qu'une heure avant que le Doc débarque. Hein ? Déjà ? Eh merde ! J'ai l'impression que les heures défilent à la vitesse de la lumière quand ma Princesse est là.
Ça me gave grave, pour ne pas dire plus et rester poli. Devoir rationner notre temps, réprimer nos envies, réduire nos discussions à leur strict minimum.
J'en ai marre. Ras-le-bol d'obéir à ces putains de règles, d'horaires, de contraintes, de questions, de jours de visite... Je n'ai qu'une envie, folle sans aucun doute, c'est de repartir avec ma petite femme ce soir.
Après tout, pourquoi pas ?
Qui peut m'en empêcher après tout ?
Il suffirait que je signe la décharge et puis voilà. Je vais bien, je ne fais plus de crises de manque, mes séances avec le Doc arrivent à leurs termes.
Alors pourquoi laisser les autres décider à ma place ? Ils veulent que je reprenne ma vie en main. Eh bien, je vais leur montrer que je suis plus sûr de moi, de mes choix. Je vais le leur prouver et mettre tout ce qu'on m'a appris en application. Maintenant que je sais pourquoi j'agissais de la sorte, que j'ai pu tout raconter à ma douce, je n'ai plus rien à foutre ici.
J'inspire à pleins poumons et recrache mon air en une fois.
Ce souffle est vivifiant.
J'ai l'impression de renaître et de pousser mon premier cri.
Putain que ça fait du bien, de se dire qu'enfin, on a le pouvoir sur sa propre vie. Qu'on est maître de son destin, de ses décisions, et même si cette idée me donne un peu le vertige, elle ne me fait plus peur.
Venir dans ce centre était une bonne décision, mais en partir, en est une, tout aussi bonne.
Je suppose que c'est pour ça que le Doc voulait faire cette séance à trois. Il avait déjà capté, que mon séjour ici arrivait à son terme.
Mais oui, quel con ! J'aurais pu le comprendre plutôt, mais obnubilé par la venue d'Orphélia, je n'ai même pas pris le temps d'y réfléchir. Pourtant je connais ses méthodes et il devait même se demander, quand j'allais percuter, quand j'allais comprendre, que cette séance serait la dernière et que ce soir, je dormirais chez nous, avec ma petite femme. Il était temps...
Je me tourne vers ma douce. Elle dort. Nue, allongée sur ce matelas, ses cheveux recouvrant son épaule et une partie de son sein. Elle est belle. Tellement belle. Si j'avais eu mon bloc à dessin, j'aurai adoré la croquer. Dessiner les courbes de son corps que je connais par cœur. Capturer cet air comblé qu'affiche son visage, accompagné de ce léger sourire.
Cependant, mon Orphélia à l'air épuisée.
Je n'avais pas remarqué ces petites ridules qui se sont formées aux coins de ses yeux, ou même sur son front, est-ce dû à nos parties de jambes en l'air ? Ou bien à notre balade, à nos discussions, à mes aveux et à la tristesse qu'elle a ressenti pour moi, ou pour ce que j'ai vécu ?
Elle s'en fait pour moi, je le sais. Surtout depuis qu'Orphélia connaît mon secret. Depuis qu'Orphélia l'a compris. Et surtout, depuis qu'Orphélia a accepté cet état de fait.
Elle connaît toutes mes blessures, mes anciens vices et démons, mon mauvais caractère même si avec ma douce, il se tempère et s'apaise.
Je sais qu'elle saura me dire si je venais à faire une connerie. Parce qu'à bien y réfléchir à part le Doc, mais lui, c'est normal c'est son métier, il n'y a que ma petite femme pour me comprendre. Pour savoir si je vais bien ou pas. Pour détecter, ce que dès fois j'essayais de lui cacher. Il suffisait que j'ouvre la bouche pour qu'elle sache mon état d'esprit.
Ma belle et douce Orphélia a un caractère bien trempé, quand il s'agit de défendre ce à quoi ou à qui elle tient, ou quand elle devient tigresse au lit ou mon tendre coquelicot, dès que je parle de sexe ouvertement avec elle.
Orphélia est un savant mélange de douceur, de gentillesse, de naïveté, de fougue, d'impétuosité et de convictions.
Nous sommes reliés par notre lien, Orphélia est mon tout et je suis le sien. Et ça, personne ne pourra ni le changer ni nous l'enlever.
Je lui caresse la joue pour la réveiller en douceur. Ma main câline sa peau si fine et si douce.
— Mon coquelicot, réveille-toi.
— Hum, laisse-moi tranquille, bougonne-t-elle.
— Comme tu voudras, mais ne viens pas te plaindre si le Doc te voit à poil.
Je me marre en voyant sa réaction, alors qu'elle se redresse immédiatement et que mes yeux n'en perdent pas une miette. Ma Princesse cherche sa robe afin de vite se couvrir. Et je me marre de plus belle.
— Quand tu auras fini de te bidonner, tu m'aideras à chercher !
— T'aider à quoi ?
— Ma robe Tristan ! Tu ne vois pas que je la cherche ?
— Ah c'est pour ça, que tu agites ton sublime corps nu, dans tous les sens ?
J'éclate de rire, alors que ma Princesse sort les griffes et que ses sourcils plissés me disent d'arrêter, mais je suis un sale gamin et plus elle va râler, plus je vais rire, pourtant elle le sait.
— Arrête tout de suite Tristan !
— Sinon quoi ?
— Sinon rien, on n'a pas le temps de jouer et j'aimerais prendre une douche avant que le Doc arrive.
Je m'approche d'elle, alors que je cache toujours sa robe derrière mon dos. Je commence à sentir son cou, à l'effleurer de mes lèvres, à l'embrasser, à le lui mordre et lui susurre à l'oreille, comme elle l'avait fait à son arrivée :
— Pourtant tu sens si bon ma tigresse. Cette odeur de baise torride te va si bien !
Je continue mes baisers humides, alors que ma Princesse passe ses mains sur mon torse. Je me vois déjà allongé sur ma petite femme, entre ses jambes pour lui donner du plaisir, mais c'est bien mal la connaître. Je me suis fait avoir. Mon esprit déjà parti en live, elle en a profité pour récupérer sa robe, pour me balancer sur le matelas et pour le coup, c'est ma Princesse qui se marre maintenant.
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Après avoir pris une douche rapide, et m'être changé de jeans et de tee-shirt, j'attends ma Princesse, assis sur mon banc. Elle a dû se doucher dans la pièce de repos, car forcément le règlement interdit aux personnes extérieures de venir dans nos chambres. Orphélia me surprend, alors que je parle, sans doute pour la dernière fois à la statue de la chapelle.
— Tristan ?
Orphélia a-t-elle prêté l'oreille à mes paroles ?
« Tu devrais lui parler ».
Je fais les gros yeux à la statue, pour qu'elle se taise, car je ne sais pas si je suis le seul à l'entendre.
— Tristan ? répète Orphélia.
— Oui ma Princesse. Ta douche a été bonne ?
— N'essaye pas de te défiler, tu veux. J'ai entendu une femme parler !
— Ce n'est pas une femme...
— Mais bien sûr ! Prends-moi pour une conne en plus, rage-t-elle.
« Elle a du caractère ».
Orphélia se tourne vers la chapelle, puis vers moi.
— Tu as entendu ? me questionne-t-elle.
Oh oui, je l'ai entendu, putain elle ne pouvait pas se taire.
« Dis donc, jeune homme ».
— Tristan, vas-tu m'expliquer à la fin ! dit-elle en colère.
— Si tu y tiens vraiment. Je te présente ma grand-mère, avoué-je en haussant les épaules.
— Ta... Grand-mère ?
« Bonjour Orphélia ».
Ma petite femme se tourne vers la statue totalement ébahie.
— Comment c'est possible ?
— Que la statue parle ou que ça soit ma grand-mère ?
— C'est une plaisanterie. Un truc que vous avez mis au point avec le Doc.
— On aurait pu en effet. Mais je t'assure que le Doc n'y est pour rien et moi non plus d'ailleurs.
« Orphélia et Tristan ».
— C'est bon Granny, nous connaissons nos prénoms tout de même.
Orphélia s'est assise à côté de moi et n'a toujours pas refermé sa bouche. Elle n'en revient toujours pas et comme je la comprends.
« Je trouve que vous formez un joli couple ».
— Merci, lui répond ma douce, toujours aussi polie, quelles que soient les circonstances.
« Tu peux m'appeler grand-mère ou Granny ».
— Tristan c'est vraiment la statue qui parle ?
— Oui ma douce.
— Mais tu sais que c'est totalement irrationnel.
— Oui, et c'est pour ça que je n'en ai parlé à personne, de peur qu'ils me gardent à vie dans le centre.
— Et tu es sûr que c'est ta grand-mère ?
— Elle connaît mes parents, ma sœur, et même certaines choses, que toi ou le Doc, êtes les seuls à savoir.
Je comprends que ça soit déstabilisant pour ma douce, mais elle voulait la vérité. On s'est promis que l'on aurait plus de secret l'un pour l'autre. Donc je lui raconte l'histoire de cette statue telle que ma grand-mère me l'a raconté :
— Comme tous les jours, je buvais mon café et un rayon de soleil est venu illuminer la statue qui comme par « magie » a pris vit. Elle a commencé à me parler, à me poser des questions, sur ma sœur, sur mes parents, puis elle m'a avoué qu'elle était ma grand-mère.
« Tristan n'en revenait pas ».
— Tu me laisses terminer Granny ?
— Tristan, ça t'embête si c'est ta grand-mère qui me le raconte ?
« Je l'adore de plus en plus. Avec plaisir ma jolie »
— C'est gentil Granny.
« Déjà, laisse-moi me présenter. Je m'appelle Nati, j'ai 74 ans, et je suis la mère de Frédéric, le père de Tristan ».
— Granny, c'est ton fils, mais ce n'est pas mon père.
« Je sais pitchoun, mais si on veut que ta petite femme sache et comprenne, il faut bien qu'elle apprenne, qui est qui ».
— Elle sait que tu m'appelles comme ça ? me susurre Orphélia.
« Jeune fille, je suis vieille mais pas sourde ». « J'entends même les pensées ».
— Je ne voulais pas vous...
« Je le sais pitchoune. Donc je disais, heu je disais quoi déjà ? »
— Granny tu perds la tête. Le soleil tape trop fort, m'amusé-je.
— Tristan, me réprimande ma petite femme.
Orphélia vient de me donner un coup d'épaule. Son éducation stricte et respectueuse remonte à la surface dans ces cas-là, alors que moi, je ne suis qu'un sale morveux. Et je me doute, que Granny ne va pas laisser passer ça.
« Tu devrais prendre exemple sur la pitchoune ».
— Que veux-tu Granny, ton fils était nul à chier. Et il a dû être sourd à ton éducation.
Orphélia me fusille du regard.
« Tu ne m'apprends rien pitchoun. Malheureusement j'aurai préféré le savoir et t'apporter mon aide. Mais même avec nous, il était... »
— Désolé Granny, je ne voulais pas te faire de la peine, m'excusé-je.
« Tu sais pitchoun, il est devenu comme ça au contact de ta génitrice. Elle l'a détourné du droit chemin, l'a entraîné vers ce côté sombre et chimique ».
— Granny ça va ? m'inquiété-je en voyant la statue perdre son sourire.
« Ça me fait mal de savoir, ce qu'ils t'ont fait et dire qu'il a fallu que je te vois ici, pour le savoir. Tu sais, je n'oublierai jamais le jour où ton grand-père s'est disputé avec Frédéric, parce qu'ils nous empêchaient de vous voir, Héloïse et toi. Dire que je ne t'ai vu que deux fois... Si tu savais, comme je m'en veux pitchoun, de n'avoir pas pu te sortir de leurs griffes ».
— Granny, tu n'aurais rien pu faire. Personne n'a jamais vu ou compris à quel point, ils m'étaient néfastes.
— Tu n'as donc jamais vu tes grands-parents ?
— Non, réponds-je tristement.
« À l'accueil, ils ont nos coordonnées et ton grand-père Victor serait tellement heureux de te voir. De vous voir ».
— Tes grands-parents sont toujours en vie ? me souffle Orphélia.
— Ben oui apparemment.
« Nous sommes vieux mais toujours vivants, en effet ».
— Comment pouvez-vous être dans cette statue alors ?
« Mon mari, Victor est menuisier. Et c'est lui qui a fait les rénovations de la chapelle et la statue. Il y a de ça 25 ans ».
Granny nous raconte cette réalité, comme étant forcément une évidence.
— Tu veux dire que la rénovation a été faite l'année de ma naissance ?
« Et même plus pitchoun. La statue a été remise en place le 25 octobre 1993. Pure coïncidence, vu que nous ne savions même pas qu'Aline était enceinte ».
Ma princesse est aussi troublée que moi, par cette révélation. Je n'ai jamais connu mes grands-parents. Et pourtant, ils ont l'air, tellement bons et aimants, que je n'arrive pas à admettre d'avoir vécu comme une bête, alors qu'avec eux à mes côtés, ma vie aurait sans doute été plus douce.
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Coucou mes T & O-LOVE 💖
Tristan a pris une grande décision !
La trouvez-vous raisonnable ?
Et que pensez-vous de Granny ?
On se retrouve demain avec un autre chapitre de Tristan 📍
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Bonne soirée et bisous mes Loulous d'amour 😘
Kty. Auteure 🌸
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