Tome 2 - Chapitre 11


Tristan

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C'est quand... Je me canalise !

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Le Doc constate d'un sourire satisfait que la tempête est passée et me balance :

- Ton analyse des situations me surprend de jour en jour. En effet, te faire revenir dans mon bureau, pour une séance aussi importante, fait partie du processus de guérison. Mais je dois te l'avouer, je ne pensais pas que tu passerais le cap ce matin. Je pensais, à tort, qu'il te faudrait un essai supplémentaire pour y arriver.

- Tu sais bien que j'aime contrecarrer tes plans Patrice, ajouté-je malicieusement. Mais je dois l'avouer, même si j'en ai chié depuis hier soir, je suis assez fier de moi, sur ce coup-là.

- Tu peux l'être, tu as...

Je hoche la tête avec délectation face à cette bataille que j'ai gagnée. J'ai déterminé le problème. J'ai désamorcé la crise. Et j'y ai fait face du mieux que j'ai pu. Il y a encore un mois, j'en aurais été incapable. J'aurais, sans hésitation, tout envoyé balader, et je me serais cassé. J'aurai lourdé tout ce qui se serait mis en travers de mon passage pour...

Pourquoi ?

Pour enfin de compte terminer, complètement flippé, paumé et tenté par cette putain de came...

Je sursaute en revenant à la réalité. Le Doc fait face à la fenêtre, et discourt tout seul en pensant que je l'écoute. Je me reprends juste à temps, quand il se retourne vers moi.

-... En l'occurrence, tu ne me fais pas « chier » Tristan, mime-t-il de ses doigts. Tu as su te reprendre et as été capable de te calmer. Tu te rends compte de tes progrès et de la satisfaction que je ressens ?

- C'est bon Doc, on ne va pas en faire tout un plat ! Alors tu veux savoir quoi au juste ?

Même si le Doc a raison, je suis gêné par ses mots.

Je n'ai jamais été le mec, et encore moins ce gamin, qu'on complimente pour ses bonnes actions. Je m'aperçois que je suis sur le bon chemin Et justement, je n'ai pas envie de m'arrêter en si bon chemin, je veux avancer encore, et le plus loin possible.

Je veux sortir d'ici pour retrouver ma petite femme.

Pouvoir enfin commencer, cette nouvelle vie qui nous attend et nous tend les bras. Alors, plus vite on aura réglé cette histoire de lettre, plus vite on passera à autre chose.

Mais mon changement d'attitude est trop brutal, et forcément intrigue le Doc :

- Tout à coup, tu m'as l'air bien pressé Tristan ?

- Ouais tu comprends, je ne voudrais pas rater mon train ! ironisé-je.

- Très drôle ! Tu sais que ces séances vont être déterminantes...

- Ces séances ? Tu comptes me torturer avec cette lettre combien de temps ?

- Le temps que je jugerais nécessaire.

Je soupire d'une vive amertume non feinte et balance un « tu m'emmerdes », qu'il ne relève même pas. Il enchaîne comme s'il n'avait rien entendu, tant il est habitué à m'entendre jurer.

- J'ai pris le temps de la lire et de la relire. Est-ce que tu serais d'accord pour qu'on revienne sur quelques points pour en discuter ensemble, Tristan ?

Putain il me fait chier ! Il sait pourtant que je vais céder, parce que cette phase est importante, sinon elle ne me boufferait pas autant de l'intérieur. Elle ne me ferait pas autant de mal si j'avais tout réglé.

- Vas-y, accouche Doc. Arrête de tourner autour du pot... Tu attends quoi ?

- Que tu t'assois par exemple.

Son calme, en toutes circonstances, me sidère. Cependant, il a pour effet de tempérer mon agitation.

- Tu sais que tu es un emmerdeur de première, dis-je en me laissant tomber sur le fauteuil qui couine sous l'impact.

- Oui je le sais ! Je te rends la monnaie de ta pièce pour toutes les fois où tu me fais chier la nuit, se marre-t-il.

- Tu préférerais être tranquille avec Sophie, je comprends... Je comprends tout à fait même.

J'opine du chef en arborant un sourire taquin, parce qu'à sa place, j'en aurais fait autant avec mon Orphélia, et j'aurais envoyé foutre quiconque m'en aurait empêché.

- Nous ne sommes pas là pour parler de moi, rétablit-il.

- Non, on est là pour piger, pourquoi mes putains de géniteurs m'ont fait vivre l'enfer, et pourquoi j'ai bousillé ma vie à cause de toute cette merde.

- Eh bien... On n'aura peut-être pas besoin de plusieurs séances si tu as déjà compris tout ça.

Je laisse agir le silence qui me récompense de ces nombreuses heures à me prendre la tête.

- Tu sais, écrire cette foutue lettre m'a permis de mettre des mots sur mes cicatrices et mon amertume, ça m'a fait beaucoup de bien. Mais si tu penses, qu'il est nécessaire de bosser dessus, alors pas de soucis, au boulot !

Ça me saoule grave, de revenir sur mes propos, parce que je pensais pouvoir tourner la page. Mais ça serait mal, connaître le Doc, s'il n'en profitait pas pour approfondir certaines choses. Je dois voir le côté positif de cette séance, et en tirer le maximum d'enseignement, ce qui me permettra de traiter une bonne fois pour toutes, cette merde d'alien. Du moins je l'espère...

- Je suis heureux, de te l'entendre dire, car tu l'as compris, une grande partie de tes problèmes te vient de cette période. Allant de ta conception jusqu'au départ de ta sœur.

- J'en suis conscient Doc, j'ai toujours su que je n'étais ni voulu, ni désiré. Ils ne m'ont jamais aimé et ils n'avaient qu'à me regarder pour que je leur rappelle à chaque fois leur erreur. Pour eux, j'étais la conséquence désastreuse de leur soirée de débauche. J'étais ce morveux qui s'accrochait à la vie tel un morpion, j'étais la pire chose qui pouvait leur arriver.

Sans même m'en rendre compte, j'ai avancé le haut de mon corps, déposant mes avant-bras en appui sur mes cuisses, entrelaçant mes mains entre elles et voûtant mon dos sous le poids de ces horribles souvenirs. Je triture mes doigts dans tous les sens.

Putain, ça va être dur...

Mais le Doc continue, sans me laisser le temps de trop analyser ce que je ressens.

- Ta sœur t'a beaucoup aidé, tu dis même que c'était ta petite maman. Vos rapports et vos sentiments devaient être très forts ?

Il m'observe, me scrute comme si j'étais un putain de rat de laboratoire. Le moindre de mes mouvements doit être une indication pour lui, car il n'arrête pas de noter. Il faudra que je pense à négocier la lecture de ses notes, un jour ou l'autre. Et tout en pensant à ma sœur, je me redresse avec un léger sourire qui apparaît sur mon visage en repensant à notre complicité.

- Contrairement à mes parents, Héloïse m'a tout de suite aimé. Je n'étais pas encore arrivé, qu'elle m'aimait déjà. En fait, dès qu'elle a su que sa mère était enceinte. Elle disait tout le temps, que j'étais « son amour de petit frère ».

- Tu as dit « sa mère », c'était volontaire je suppose ?

- Oui Doc. Pour moi, elle n'a jamais été la mienne. C'est ma génitrice. C'est juste une femme qui m'a sous-loué son utérus pendant huit mois. Ni plus, ni moins, ajouté-je d'une voix blanche.

Le Doc hausse un sourcil, me fixe de ses yeux agrandis par la stupéfaction de mes mots, par la sévérité de mes dires. Je sais que je le choque, pourtant c'est la stricte vérité, et il le sait. Il ne rajoute rien, mais il note encore et encore. Rajouter quoi, de toute façon ? J'ai émis un fait qu'il ne peut pas contredire, alors il enchaîne...

- Penses-tu que si tes parents...

- Mes géniteurs Doc, insisté-je après lui avoir coupé la parole. Ils ne sont rien d'autre que mes géniteurs, et n'essaie surtout pas de me convaincre du contraire.

Il lève les mains face à mon emportement, comme pour m'assurer qu'il n'en fera rien, et accompagne son geste d'une moue d'approbation.

- Donc, continue-t-il, penses-tu que si tes « géniteurs » avaient été d'accord, tu serais parti avec ta sœur et son fiancé ?

- Sans aucune hésitation.

J'en ai rêvé tellement souvent, que certaines nuits, j'étais persuadé d'avoir suivi ma sœur dans son tour du monde. Je me voyais traverser chaque pays avec émerveillement. Loin d'eux...

Et puis, il me suffisait de les entendre bruyamment baiser dans la pièce d'à côté pour comprendre que ce n'était qu'un rêve. Mon cauchemar, lui, était bel et bien réel. Et il le resterait, jusqu'à ce que je puisse me casser.

- Vous avez tout de même gardé le contact, me semble-t-il, ajoute le psy en jetant un coup d'œil rapide à ses notes. Grâce aux lettres, non ?

- Au départ, oui.

- Comment ça ?

- Elle m'envoyait des lettres, des cartes postales, des photos et je pouvais ainsi suivre leur périple à travers le monde. En rentrant chez moi, la première chose que je faisais, était de regarder si j'avais des nouvelles. Puis j'ai compris, assez vite, que mes parents me taxer mon courrier pour les garder pour eux, pour voir leur petite fille chérie. Alors j'ai demandé à ma sœur de les envoyer chez Cerise.

- Ta sœur connaissait Cerise ?

- Oui, sa grande sœur était la meilleure amie de ma sœur, donc elle n'y a vu aucun inconvénient. Et puis, le plus important à nos yeux, était que l'on pouvait rester en contact. Du coup, je passais de plus en plus de temps chez Cerise. C'était devenu ma deuxième maison. Cerise et moi, traînions tout le temps ensemble. Nous étions les meilleurs amis du monde et on était fiers de pouvoir dire que l'amitié entre fille et garçon était possible. Et puis, Cerise a été là pour me soutenir après ma première overdose...

- Ta sœur était au courant de tes problèmes ?

- Non.

- Pourquoi tu ne lui en as pas parlé ?

- Je ne sais pas ! Par honte, par fierté... Et puis, pendant ma première cure, les lettres se sont espacées, jusqu'à ne plus en recevoir.

Ma voix s'étrangle sur ce triste constat.

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😍 Coucou mes Loulous 😍

📍 La suite de cette longue, mais importante séance, sera postée dès demain 📍

😘 Bisous et bonne soirée mes T&O-Love 😘

🌸 Kty. Auteure 🌸

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