Tome 2 - Chapitre 10


Tristan

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C'est quand... Je flippe !

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Autant nos séances en extérieur avec le Doc se passent bien et me permettent d'être moi-même, autant celles se déroulant dans son bureau ont toujours été une torture et un vrai supplice pour moi.

Alors, quand hier soir en sortant du réfectoire, j'ai trouvé bien en évidence sur mon lit, cette note déposée par Patrice :

« Rendez-vous demain à 8 h 30 dans mon bureau »

J'ai carrément pété un câble.

Le Doc est devenu dingue ou bien complètement siphonné du ciboulot à mon contact, ce n'est pas possible autrement.

Comment peut-il me réclamer un truc pareil ? Il me connaît depuis le temps, il sait qu'il ne tirera rien de bon de moi dans ces conditions !

- Fais chier ! Rien à foutre, je n'irais pas ! vidé-je mon sac en boudant à la manière d'un gamin colérique.

La fureur grimpe en moi à la vitesse de la lumière, alors que je déchire avec rage ce bout de papier, qui a lui seul me fait flipper. Je m'empresse de balancer les morceaux dans les chiottes, avant de tirer la chasse, pour être sûr qu'ils disparaissent pour de bon. Je ne veux plus voir, cette suite de mots, pourtant si inoffensive à première vue, mais qui pour moi signe mon arrêt de mort.

Putain ! Je traverse les couloirs à fond tant la trouille me ronge et me bouffe les entrailles. Je hais de me retrouver à nouveau dans cet état de nervosité profond, que je n'arrive pas à contrôler, malgré les nombreuses séances. Je me précipite vers l'extérieur, claquant avec force toutes les portes au passage, et évitant de peu le chariot de l'infirmière qui fait sa tournée de médocs.

Ma chambre a beau être spacieuse, j'étouffe.

J'ai besoin d'air frais, de calme, de ne plus entendre tous ces cinglés hurler. Comme tous les soirs, ils s'agitent et s'impatientent, en attendant qu'on leur apporte leur méthadone !

Je dois m'échapper de cet asile, avant qu'ils ne me rendent fou. Je ressens ce besoin impérieux, de m'évader au plus vite de cette cage dorée, qui pourtant s'apparente plus à une prison, pour moi.

Je cours à en perdre haleine.

L'envie de vomir me tenaille, tant l'effort désespéré, que je demande à mon corps est surhumain.

J'accélère ma foulée jusqu'à la plage, avant d'y écraser mes genoux, comme une pauvre merde sur le sable humide et salé. Les vagues lèchent mon corps à chaque fois, qu'elles viennent s'écraser inlassablement sur la grève argentée reflétant le halo de la lune.

Le Doc a pété un câble ?

Il sait pourtant, que dans ces conditions cette séance va être une vraie catastrophe.

Qu'est-ce qui lui prend ?

Un rendez-vous, un bureau, être assis en face de lui, alors qu'il prendra des notes... Tout ce que j'exècre !

Son chef le lui a-t-il imposé ?

Remarque, il est tellement con, que ça ne m'étonnerait même pas ! Et dire, que ce psychiatre en chef ne sait toujours pas comment je m'appelle. Pour lui, je suis juste un mec dépravé de plus, qui lui permet de remplir son établissement. Pourtant au prix du séjour, il pourrait au moins faire des efforts !

J'appréhende tant de me rendre à son rendez-vous et me pose tant de questions, que je ressasse toute cette merde pendant toute la nuit.

Est-ce qu'il a un truc important à m'annoncer ?

Est-ce qu'il veut me parler de la fameuse lettre sur mes parents ?

Forcément...

Je sens que je n'ai pas fini d'en entendre parler. Bien évidemment que cette lettre est importante, mais sans doute plus à ses yeux qu'aux miens.

À vrai dire, elle ne représente rien de plus pour moi, que quelques mots couchés sur une feuille.

Parce que tout ce qu'elle contient je le connais déjà, et même beaucoup trop à mon goût. Je l'ai vécu, enduré, subit, donc aucune surprise quant à la fin de l'histoire. C'est comme regarder le film : Titanic. Tout le monde connaît la fin, et ce n'est pas un scénario édulcoré qui empêchera ce paquebot de couler.

Pourtant à chaque fois, on s'attend à un miracle.

On espère que Jack ne gèlera pas, qu'il ne lâchera pas la main de Rose, ou qu'il ne va pas mourir... Mais en vain.

Ma vie est semblable à ce paquebot.

J'ai sombré à pic à chaque fois qu'un obstacle se dressait devant moi.

Putain d'icebergs...

Comment pourrais-je oublier ou chasser de ma mémoire tous ces traumatismes ? Ils ont fait de ma vie un enfer. Le Doc veut vérifier, sans aucuns doutes, si de griffonner ces mots sur cette feuille m'a réellement fait du bien...

À vrai dire, je n'en sais strictement rien. Je pensais, peut-être naïvement, qu'une fois cet alien identifié et retiré de mes tripes, je me sentirais mieux. Mais ce n'est franchement pas le cas. Je suis assez lucide pour comprendre, que je serais toujours ce gamin terrorisé, rejeté et abandonné.

L'absence de sentiments parentaux, leur désinvolture à mon égard, l'inertie de leurs corps, et leur laisser-aller ont fait de moi cet être torturé, tourmenté qui n'a jamais eu confiance en lui.

C'est bien ça le problème !

L'abandon, le rejet... Ces mots tournent dans ma tête et il m'est impossible de dormir, de fermer les yeux, de penser à autre chose.

8 h 40

Cela fait dix minutes, que je fais les cent pas dans le couloir. J'ouvre la porte sans frapper. À quoi bon de toute façon, il sait bien que c'est moi son rendez-vous de 8 h 30.

Je m'assois face à lui tout en croisant les bras sur mon torse, signifiant ainsi le refus envers cette séance, mais aussi en protection, tant je l'appréhende.

Son bureau en formica érige une frontière entre nous, une distance qui n'existait plus. Cette cession dresse une barrière qu'il nous impose, et donne le ton de cette consultation : de docteur à patient.

Je suis mal à l'aise dans ce fauteuil en velours marron, dont les accoudoirs sont élimés, et pourtant à l'apparence si confortable. Je suis tendu, comme je pouvais l'être au tout début de nos séances. J'ai la boule au ventre. Les mains moites, et je redoute à l'avance ses questions.

Le Doc ne me quitte pas du regard, il examine chacun de mes gestes, de mes souffles, de mes manœuvres afin de me sentir moins mal à l'aise.

Son regard ne me quitte pas, alors qu'il pose ses avants bras sur un calendrier qui lui sert de sous main, et se contente de passer son stylo en le faisant tourner de sa main droite à sa main gauche, en attend patiemment, que je trouve ma place, et que j'arrête de gigoter.

Il me fixe avec insistance, et mon mal-être grimpe en flèche face au silence qu'il nous impose. Je n'ai jamais supporté d'être au centre des attentions. J'ai intégré pendant toute mon enfance, le sentiment de devoir me faire le plus petit possible, de me planquer, d'être transparent et surtout de ne pas attirer l'attention. Alors là, je n'ai qu'une envie, celle de m'enfuir loin de cette cage, et de me soustraire à cette pression, afin de disparaître face aux emmerdes. De prendre...

- Tristan ! Que t'arrive-t-il ?

- Tu le sais, Doc !

- Je pensais, que tu avais dépassé ce stade.

- Ben faut croire que non ! m'emporté-je face à cette stupide constatation.

Moi aussi, je pensais en avoir fini.

Je crache ma haine en shootant de mon pied dans cette maudite poubelle, qui répand tout son contenu sur le sol carrelé.

Je tempête.

Je rage avec force face à mes réactions débiles.

Je deviens fébrile face à mon agitation excessive.

Face à cette situation qu'il m'impose et m'inflige.

Il m'assène là un véritable uppercut, que je n'arrive pas à esquiver.

Putain, j'en sortirais jamais, j'ai l'impression d'avoir atteint mes limites. D'être là, me tenant en équilibre au bord de ce gouffre, sans possibilité d'avancer, sans savoir quoi faire.

Marche arrière ? Impossible. Je ne m'autoriserais pas un nouvel échec. Je ne veux plus que l'on décide à ma place, que l'on m'oblige à faire des choses...

Je n'abdique pas.

Je n'abandonne plus.

Je ne céderais plus jamais.

Je lui montre mes mains que je n'arrive pas à contrôler.

Elles tremblent. Beaucoup. Même trop.

Elles s'agitent toutes seules sans que je ne puisse les contrôler. Continuer à me blâmer ne servirait à rien. Je dois stabiliser ma respiration, calmer mon angoisse.

Me canaliser.

C'est ça la solution.

C'est ce que le Doc m'a appris.

Mes yeux partent à la recherche d'un point fixe.

Ils font rapidement le tour de la pièce quand ils verrouillent leur cible.

- C'est d'être dans le bureau qui te dérange ou le fait qu'on va parler de la lettre ?

- Les deux !

- Tristan, je ne veux t'obliger à rien...

- C'est pourtant ce que tu fais Doc ! enragé-je en soufflant comme buffle.

Mes jambes battent un rythme nerveux, alors que j'essaye de contenir ma colère. Je dois le faire. Je dois lui prouver, que je peux mettre en pratique tout ce qu'il m'a déjà appris. Le Doc est en train de me pousser dans mes derniers retranchements. Il me tente de renoncer, me malmène, me met à l'épreuve.

Pourtant tout au fond de moi, une petite lumière vient de s'allumer. J'ai décrypté le sens de sa manœuvre de déstabilisation, je dois maintenant désamorcer cette situation de crise. Je suis dans l'obligation de dominer mon état de stress. Je sais que j'en suis capable, et je vais le lui prouver.

Mes yeux se braquent sur cette cible attirante trônant sur le dessus de la cheminée ancienne. C'est un petit buste en bronze dont les courbes sont si bien dessinées, que j'imagine que le modèle devait être magnifique. Ces lignes m'envoûtent, me captivent, m'hypnotisent et c'est ce dont j'ai besoin à l'instant pour faire le vide.

- Veux-tu sortir Tristan ? me tente-t-il.

Le Doc doit vraiment penser que je vais péter un câble, pour m'inciter ainsi à me défiler, avec cette nouvelle proposition, quitte à saboter cette séance !

- Non, ça va aller ! lui réponds-je avec un certain aplomb et un petit sourire narquois.

Je vois bien que je le prends de court.

Que je le surprends, mais cette fois-ci positivement.

J'ai tapé en plein dans le mille.

- J'ai compris ta stratégie Doc. C'est un test, et je ne veux pas le rater. Alors vas-y, pose tes questions, lui assuré-je après avoir pris une grande inspiration.

Mon regard est toujours rivé sur ce sensuel buste en bronze.

Je ne vois plus qu'elle.

Elle et ses seins fermes en forme de poire.

Elle et ses lèvres douces et entrouvertes.

Elle et sa beauté, elle et son...

Elle...

Mon Orphélia.

Elle seule peut me faire cet effet, et ce buste n'est qu'un support. Ma petite femme est la seule à être capable de canaliser l'anarchie qui ravage tout en moi, et la seule à régner dans mes pensées telle la princesse qu'elle est.


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😍 Coucou mes Loulous d'amour 😍

💖 Tristan et Orphélia sont enfin de retour ! 💖

😉 Alors contente de les retrouver ? 😉

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📍 Et pour fêter dignement leur come-back, ainsi que leur 100K de lectures🎉🍾💃🥂

🎁 On se retrouve demain pour un nouveau chapitre 🎁

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⭐ N'oubliez pas de voter si ce chapitre vous a plu⭐

😘 Gros bisous et bonne soirée 😘

🌸 Kty. Auteure 🌸

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