Tome 2 - Chapitre 08
TRISTAN
C'est quand... Je les envoie toutes chier !
≈ ≈ ≈ ≈
Mon but en venant ici était de me faire le plus discret possible. De me soigner, de guérir et de vite en repartir, afin de reprendre le cours de ma vie avec mon Orphélia. Je ne faisais chier personne donc j'en attendais autant des autres.
Je suivais mes séances, mes ateliers en groupe, puis je retournais sur mon banc ou dans ma chambre pour écrire et composer. Les visites de mon coquelicot m'aidaient à tenir le coup, à vouloir m'en sortir le plus vite possible. Alors des nanas qui me tournaient autour, j'en avais rien à foutre.
Ma seule distraction ? Le Doc.
C'est le seul que j'aimais déranger. De toute façon, il était toujours seul. C'était devenu notre rituel du matin. J'apportais le café et on discutait de ma nuit et de mes cauchemars, du programme de la journée...
Mais une personne dans le centre n'était pas de cet avis et depuis que j'étais arrivé, elle me courait après.
Eryn est une toxico de vingt-cinq ans, blonde peroxydée, bien trop maigre à mon goût, sans doute dû à tout ce qu'elle a pu fumer, sniffer ou s'injecter dans les bras. Dès le premier jour, elle est venue me parler et j'ai cru que c'était l'attrait du nouvel arrivant.
Mais je me suis très vite rendu compte que son véritable intérêt n'était pas que de taper la discut'. Et malgré le fait, que je l'envoie balader systématiquement, elle tente encore et encore sa chance pour que je m'assois à sa table, pour que je lui parle ou pour qu'on passe du temps ensemble. Elle est collante et chiante au possible.
Elle me drague sans vergogne et je ne sais plus comment la repousser sans être désagréable ou grossier. J'ai beau lui dire et répéter, que je ne suis pas célibataire et qu'elle ne m'intéresse pas.
Elle insiste.
Tous les jours un peu plus.
Tous les jours sa drague monte d'un cran.
Et aujourd'hui, elle est encore plus déterminée.
- Salut beau gosse.
- Eryn laisse tomber, tu veux.
- Tu vas encore me sortir ton couplet sur Orphélia ? Ça va je suis pas conne, j'ai compris.
Ouf, je commençais à croire que la drogue lui avait bousillé tous les neurones de son cerveau, mais apparemment elle doit aller mieux.
- Putain, il était temps ! Enfin, soufflé-je d'exaspération.
Je récupère un mug et y verse ma dose de caféine.
- Hé ! Tu vas où ? me demande-t-elle en me retenant par le bras.
- Boire mon café, là où l'on ne me fera pas chier.
- Tu viens le boire dans ma chambre ? Ou je peux venir dans la tienne ! ajoute-t-elle en minaudant.
Elle s'approche encore un peu plus et en profite pour poser ses mains à plat sur mon torse. D'un regard noir, je la toise. Je fais facilement plus de vingt centimètres qu'elle. Alors quand de ma voix grave, je lui ordonne :
- Vire tes mains Eryn. Elle s'exécute sans attendre. Je croyais que tu avais compris ! m'énervé-je.
- J'ai compris Tristan, mais à ce que je vois Orphélia n'est pas là. Je pourrais m'occuper de toi en te faisant une pipe ou bien plus, si tu me laisses faire.
Cette fois-ci, c'est moi qui me rapproche d'elle et je sens déjà la fébrilité la gagner. Je penche ma tête sans la quitter du regard et ses pupilles me confirme son désir.
- Ok... Tu as gagné Eryn. J'ai un putain de barreau, lui susurré-je à l'oreille. Ce matin, j'ai pas eu le temps de me branler sous la douche. Alors une pipe ne serait pas de refus, en plus il paraît que tu es très douée !
Elle frissonne de plaisir à chacun de mes mots prononcés d'une voix suave. Eryn me sourit, humidifie sa lèvre inférieure du bout de sa langue d'une façon qu'elle pense érotique puis la mord. Ses tétons pointent à travers son tee-shirt bien trop fin, me laissant découvrir qu'elle ne porte pas de soutien-gorge. Je sais que mes mots ont fait mouche, l'ont émoustillée. Alors qu'en elle me précède dans le couloir, Eryn se déhanche exagérément pour m'allumer. Mais elle s'excite toute seule. Elle pourra faire ce qu'elle veut, elle n'arrivera jamais à la cheville de ma petite femme. Même si en tant qu'homme, je dois reconnaître, que c'est toujours flatteur.
Eryn n'a aucune chance et vient de le comprendre. Elle se stoppe devant sa porte. Elle est furibonde en s'apercevant que je ne la suis pas, en voyant que je l'ai fait marcher comme je l'ai fait avec toutes les autres.
- Tu n'as pas pu t'en empêcher, me souffle le Doc en arrivant dans mon dos.
- Que veux-tu ! Il n'y a que comme ça qu'elles comprennent, ricané-je.
- Ça en fait combien à ton tableau de « non-chasse » ?
- Une bonne dizaine, il me semble.
En livrant cette constatation, je me rends compte qu'avant je n'aurai pas refusé ce genre de proposition. Une pipe vite fait bien fait, tant qu'à faire, je ne refusais jamais.
Mais ça, c'était avant.
C'était avant mon Orphélia. Avant que je connaisse la force de l'amour. Avant que je me sente entier, comblé et chanceux aux côtés de mon coquelicot. À la fois fragile et timide mais tellement résistant et flamboyant, tout comme l'est ma douce tigresse. Une alchimie de douceur et de force, d'indulgence et de compréhension...
- Tu es incroyable Tristan, se marre-t-il.
La constatation du Doc me sort de ma réflexion. Pourtant, je serais bien resté avec ma Princesse et devoir la quitter même en pensées, me fais grave chier :
- Tu l'as bien vu ! C'est pas faute d'être sincère avec elles.
- Oui j'ai pu observer ta méthode avec application ! Ça n'empêche, que je n'avais jamais vu un patient autant convoité. Elles ont toutes essayé de t'avoir. Ça reste impressionnant, crois-moi !
- Toutes, sauf une apparemment, ricané-je. Bien joué Doc, Sophie est une chouette nana en plus. Ça fait longtemps vous deux ?
Tout en discutant, nous sommes arrivés à mon banc. Assis l'un à côté de l'autre, il crache le morceau, même s'il est un peu gêné :
- Disons que... Ça fait un moment que l'on se tourne autour, mais depuis que je fais plus de gardes de nuit à cause de toi, ça a été plus facile de se rapprocher.
- Bien content de t'avoir rendu service en te faisant chier Doc !
Après un sourire complice échangé. On boit notre café en silence, tout en contemplant la vieille chapelle blanche. Le soleil matinal réchauffe le toit de ses rayons puissants permettant à la brume de créer une aura d'une lueur si douce et si singulière. Son unique vitrail reflète sur les petits cailloux de l'allée toute une palette de couleurs, tel un arc-en-ciel après la pluie, l'emplissant d'une clarté solaire. Ce spectacle est unique et j'aime à me laisser absorber par tant de beauté.
- Souvent, de la fenêtre de mon bureau, je te vois assis sur ce banc à fixer cette petite chapelle. Je ne te pensais pas à ce point pratiquant.
- Je ne suis pas du tout croyant, Doc.
- Ben alors, qu'est-ce que tu fiches à l'observer ainsi.
- Au début, je n'en savais rien. Si ce n'est que depuis mon arrivée, elle m'attire et m'apaise, sans que j'en comprenne la raison.
- Et donc à présent tu sais ?
- Oui je sais...
Ce genre de réponse ne va pas le satisfaire, je le connais que trop bien.
- Et ?
- Et rien du tout, c'est entre la vieille et moi.
- Tu crois que je vais me contenter de cette réponse ?
- Faudra bien Doc, tu n'en sauras pas plus.
J'en étais sûr, ce mec est pire qu'un rapace, il ne lâche jamais sa proie. Et sa proposition ne me surprend pas.
- Une partie de basket ?
- Quel enjeu Doc ?
- Je gagne, tu me le dis.
- Tu perds, tu me fous la paix avec ça, riposté-je.
- OK, tope là !
Depuis le début de nos parties de basket, les scores se sont équilibrés et j'arrive même à gagner de plus en plus souvent. Alors cette fois-ci, il n'est pas question que je perde.
- On la joue en cinq, ça te va ?
- OK Doc. Le premier à cinq points à gagner !
Et tout en finissant ma phrase, je marque mon premier panier.
- Tu m'as l'air motivé ! C'est intéressant...
- Bon, tu parles ou tu joues ?
Un contre sur son attaque et je mène 2 à 0.
- Je vais finir par croire que ma révélation ne t'intéresse pas Doc.
Je n'ai pas fini ma phrase que je prends un panier.
- Tu disais Tristan ?
La partie est acharnée on est maintenant à 4 à 4 et c'est lui qui a l'engagement.
- Alors Tristan, toujours aussi certain que ça ne m'intéresse pas ?
- Tu parles trop Doc...
Au moment où il va pour me dribbler, on entend une voix féminine nous interpeller du haut de la butte :
- Patrice téléphone. Désolé d'interrompre la partie du siècle, lui dit-elle en le lui montrant.
Le Doc est vraiment accro à cette nana, vu comme il la regarde. J'en profite pour lui piquer le ballon et marquer le cinquième panier. Tout fier de moi, je lève les bras en l'air et lui clame :
- 5 à 4 Doc, tu as perdu et merci Sophie pour ton intervention.
Je monte les quelques marches en vitesse et m'approche pour lui faire une bise pour la remercier, mais elle me repousse du bout de l'ongle.
- Même pas en rêve Tristan, tu pues le fennec et tu dégoulines de transpiration. Et c'est pareil pour toi Patrice, ne m'approche pas !
- Pourtant tu aimes bien transpirer d'habitude, la nargue-t-il.
La pauvre Sophie est rouge comme une tomate et ne sait plus où se mettre.
- Allez les vieux, je vous laisse à vos échanges de transpiration.
- Tu ne perds rien pour attendre Tristan.
- C'est ça cause toujours... 5 à 4 Doc, chantonné-je en partant.
J'en profite pour faire le chemin retour en courant. Je n'aurai jamais fait autant de sport que depuis que je suis ici et je compte bien continuer à en faire quand je serais sorti.
Je file sous la douche, j'en ai grave besoin. Sophie avait raison, j'empeste la transpiration mais c'est pour la bonne cause. J'entretiens mon corps en même temps que je me vide la tête. J'ai intérêt à péter la forme pour mon retour, parce que je pense qu'avec Orphélia on ne va pas sortir de notre lit pendant plusieurs jours. Pouvoir l'avoir pour moi tout seul et rattraper le temps perdu.
L'aimer, lui faire l'amour et la baiser jusqu'à ne plus en pouvoir, j'en rêve déjà et mon barreau aussi. Je bande tellement que mon érection en est douloureuse, mais terriblement délicieuse en pensant aux courbes de ma Princesse. Je m'active sur ma queue en pensant à ses seins pointant pour moi, à ses fesses rebondies et musclées, à sa chatte trempée m'accueillant, aux coups de reins... J'ai encore une fois craché ma semence en criant son nom. Mes bras tendus en appui sur le mur, je reprends mes esprits et mon souffle sous le jet d'eau chaude.
Putain elle me manque.
Tout me manque chez ma douce et pas seulement son corps, même si j'adore m'enfoncer en elle, l'entendre jouir, crier mon nom, me regarder avec ses magnifiques pupilles dilatées par le plaisir. Cet écrin de beauté est à moi et comme un véritable con, j'ai failli la perdre. Je réfléchis à comment je vais pouvoir aborder le sujet avec Orphélia. Elle vient dans deux jours. Encore deux jours à attendre avant de la prendre dans mes bras, pour l'embrasser, la toucher, la sentir, la... Même si j'ai le droit maintenant de l'appeler tous les deux jours, ça ne remplace pas le contact physique et encore moins sa présence.
De plus, je la sens fatiguée ces derniers temps, même si elle ne m'en parle pas, je le sens bien. Entre son emménagement à Villedard où elle s'occupe de transformer cet appartement en un cocon douillet et l'ouverture imminente de sa boutique. Elle a de quoi être fatiguée. Mais je sens qu'il y a autre chose dont elle ne veut pas me parler. J'en ai même parlé avec sa mère hier.
Ça vous surprend ?
Je vous avais dit que les parents de mon Orphélia étaient géniaux. Ils n'ont pas juste été là pour me trouver un centre. Ils sont depuis le début de ma cure à m'épauler, à m'apporter leur soutien et ils me montrent à chaque fois combien mon bien-être leur est important. Alors on se téléphone faute de les voir, car vous vous en doutez bien, je préfère garder mes jours de visites pour ma Princesse. Et hier, c'est moi qui ai pris l'initiative de l'appeler.
≈ ≈ ≈ ≈
- Madeleine.
- Bonjour Tristan. Ça va ?
- Oui, pourquoi Madeleine ?
- C'est tellement rare que ça soit toi qui m'appelles, que cela m'a surprise.
- En fait, je voulais vous demander...
- Ah, je savais bien au son de ta voix, qu'il y avait un truc qui te tracassait. Je t'écoute.
- Orphélia va bien ?
- Et bien tu la vois plus souvent que moi à vrai dire.
- Justement je l'ai trouvé fatiguée et un peu absente par moments. Comme perdue dans ses pensées.
- Tu connais Orphélia, c'est une rêveuse, et puis avec l'ouverture de sa boutique elle n'arrête pas. Même Gildas a dû lui demander de lever le pied, car elle veut tout gérer toute seule. Tristan si ça peut te réconforter, elle vient passer deux jours à la maison, avant de venir te voir dimanche.
- Oui, je sais Madeleine, Orphélia m'en a parlé.
- Je sais que ce n'est pas évident à vivre pour vous deux, mais c'est une question d'une ou deux semaines tout au plus, et tout ceci sera derrière vous. Tu sais quand est prévue ta sortie ?
- Non pas encore Madeleine.
- Allez Tristan, c'est la dernière ligne droite, ce n'est pas le moment de flancher. N'oublie pas pourquoi tu es là.
- Vous avez raison, merci pour vos encouragements.
- Tu le sais Tristan que l'on tient énormément à toi et que l'on a qu'une envie, c'est que tu ailles mieux.
- Je le sais et je vous en serais toujours reconnaissant. Vous faites tellement pour moi...
- Allez, ne t'en fais pas, je vais bien m'occuper d'elle et la bichonner. À très vite Tristan.
- Merci Madeleine, à bientôt.
Madeleine raccroche et les sanglots, que je retiens, étranglent ma voix en pensant que mes propres parents n'ont pas fait un millième et surtout qu'eux, ne m'ont jamais aimé.
Triste constat qui est le mien...
≈ ≈ ≈ ≈
Tristan et ses groupies !
Où qu'il passe, où qu'il soit le pauvre est harcelé ! mdr !
Alors avez-vous trouvé ce lien si particulier avec la chapelle ?
Et d'après vous qu'arrive-t-il à Orphélia ?
≈ ≈ ≈ ≈
😍 Bon week-end mes Loulous, bisous 😘
Kty
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