Tome 2 - Chapitre 05 - partie 1

TRISTAN

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C'est quand...

Ce dimanche m'apparaît comme le plus beau des jours.

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Le soleil brille, les oiseaux gazouillent et moi je n'arrive pas à me départir de ce sourire collé sur mon visage depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin. Je chantonne un nouvel air que je m'empresse de noter sur mon carnet. Ma guitare me manque pour pouvoir poser mes accords, mais ce n'est pas grave, parce qu'aujourd'hui rien ne viendra entacher ma bonne humeur.

La matinée passe à une vitesse folle et j'enchaîne les rendez-vous médicaux sans râler. Un saut à la cafétéria pour manger un truc vite fait puis je file prendre une bonne douche et me voilà prêt. Je passe la tête dans l'entrebâillement de ma porte pour jeter un œil à l'horloge du couloir.

Treize heures une.

Encore cinquante-neuf minutes à attendre. Je tourne en rond dans ma chambre. Je vérifie pour au moins la quatrième fois ma tenue. J'ai longtemps hésité entre mon tee-shirt noir et mon tee-shirt blanc et puis je me suis décidé pour une chemise. Une envie de me faire beau, de marquer le coup. Je suis nerveux comme un adolescent à son premier rencard.

Faut que je sorte...

Une balade dans le parc me fera du bien car si je reste une minute de plus enfermé entre ses quatre murs je vais devenir fou. Un regard à l'horloge.

Treize heures treize.

Encore quarante-sept minutes à attendre. Je souffle. « Ce n'est pas le moment de perdre pied... » Le temps ne passe pas assez vite. « Les picotements dans ma nuque s'intensifient... » Il me tarde tellement de la serrer dans mes bras, de l'embrasser, de lui parler. « J'ai chaud... » Je me dirige vers mon banc. « Les premiers tremblements arrivent... » Je m'assieds, je bois un peu d'eau. « J'ai froid... » Je plonge une main fébrile dans la poche de mon jean et me saisis vite de son ruban.

Respire mec, respire.

Je ferme les yeux pour mieux la visualiser. Putain ce n'est pas le moment de flancher. « Allez reprends-toi. » Ça fait trois jours que je n'en avais pas fait et le seul manque que je ressentais c'était celui de sa présence. Mais là, entre l'excitation de la revoir, l'attente et l'angoisse face à nos retrouvailles. Mon putain de corps me trahit.

Respire mec, respire.

« De quoi as-tu peur ? »

J'ouvre les yeux, personne.

Je tourne la tête à gauche, à droite, personne. Je n'ai pas rêvé pourtant.

Je ferme à nouveau les yeux et me concentre sur mon exercice de respiration comme me l'a apprise la sophrologue.

Penser à un endroit où je me sens bien :


- La crique. « J'inspire... »

- Son sable fin. « Je bloque ma respiration... »

- Le bruit des vagues. « J'expire... »

- Le vent qui s'engouffre dans les rochers. « J'inspire... »

- Ma Princesse allongée à côté de moi. « Je bloque la respiration... »

- Elle me sourit. « J'expire... »

Au bout de trois cycles, je me sens déjà mieux. Son ruban entrelacé dans mes doigts me donne la force de vaincre à nouveau ce début de manque. Je finis ma bouteille d'eau comme un assoiffé.

« Alors ? »

De nouveau cette voix.

Pourtant j'ai su gérer mon manque, mon état de panique est terminé, ça ne peut pas être une hallucination tout de même ?

« Je te le confirme »

Respire mec. Respire !

Je panique. Mais je dois à tout prix reprendre le contrôle. Je hume son ruban pour me laisser envahir par son délicieux parfum aux fragrances de jasmin qui m'apaise...

« Tu me la présenteras ? »

Mes yeux se lèvent vers la chapelle et un rayon de soleil tape sur la statue dorée. Non ce n'est pas possible. Je ferme les yeux pour me persuader que ce n'est pas un sourire que je viens de voir apparaître sur la statue. J'ouvre un œil avec précaution puis l'autre mais le sourire est toujours là.

« Et oui, la vieille est là ! »

- Tu m'entends alors ? demandé-je hébété.

« Bien sûr »

- Pourquoi tu ne me réponds qu'aujourd'hui ? Ça fait des jours et des jours que je te parle !

« En effet. Tu es une vraie pipelette »

- Mais comment c'est possible ?

Je me prends la tête entre les mains et la remue par la négative. Ce n'est pas possible. Une statue ne peut pas sourire, ne peut pas parler, ne peut pas me répondre...

« Je vais tout t'expliquer. Mais d'abord réponds à cette question. Tu es bien Tristan Rousseau ? »

- Oui, mais comment tu connais mon nom ?

« Une dernière question d'abord. Tes parents ce sont bien Alice et Frédéric ? »

- Oui.

Même si le reconnaître m'arrache une grimace de dégoût.

« Et ta grande sœur, c'est bien Héloïse ? »

J'acquiesce de la tête.

« Alors écoute bien ce que j'ai à te dire pitchoun »

Et la voilà partie dans son récit et moi je reste là, la bouche ouverte sous le choc de sa révélation. Je n'en reviens toujours pas. Je me repasse ses mots qui résonnent dans ma tête en me disant que ça y est je suis complètement fou et que ce n'est pas dans un centre de désintox mais bien dans un asile qu'on aurait dû m'enfermer.

Le son de la cloche annonçant quatorze heures me sort de mon délire quand je lève les yeux et vois apparaître un ange habillé tout de blanc. Mais cette fois-ci, celui-ci est réel. Comme elle est belle dans cette robe fluide, la tête haute, les cheveux au vent, la démarche sûre et déterminée qui la caractérise depuis ma connerie.

Son magnifique sourire illumine son visage et me redonne tout de suite le moral. Elle accroche mon regard de ses yeux noisette et me fixe tout en avançant vers moi. Je me délecte de cette apparition que j'ai tellement rêvé, attendu, désiré... Je pars à sa rencontre pour provoquer notre étreinte. Pour savourer ce moment qui n'avait pas besoin de mots, et que dire de ce premier baiser reflétant tout ce manque, cette frustration et surtout notre amour inconditionnel.

Prendre son visage entre mes mains pour mieux me plonger dans ses prunelles noisette et m'y perdre. Tout ce dont j'ai besoin est là, tout contre moi, dans mes bras et m'insuffle toute la force qu'il me faudra pour tenir jusqu'à jeudi.

Nous sommes blottis dans les bras l'un de l'autre sans bouger, sans parler. Redécouvrant nos visages du bout des doigts. S'arrêtant sur chaque détail comme pour le mémoriser. Nos yeux se parlent sans jamais se lâcher. Je respire d'aise de la sentir tout contre moi. Sa chaleur, son odeur, sa peau, ses battements de cœur. Tout m'avait manqué.

- Mon amour, souffle-t-elle.

Sa voix si chaude et sensuelle me remplit le cœur de bonheur, tout autant que mon surnom. Je l'embrasse encore et encore, à en perdre haleine. Je pose mon front contre le sien.

- Ma Princesse, tu m'as tellement manqué.

Ses doigts qui se faufilent dans mes cheveux et qui s'y accrochent sont une réponse à eux tous seuls.

- Si tu savais comme c'est dur sans toi, ajoute-t-elle dans un souffle.

Nos lèvres se rejoignent pour elles aussi exprimer leur manque dans un baiser doux, langoureux et aimant. Je mordille sa lèvre inférieure tout en la caressant de la pointe de ma langue.

Orphélia laisse échapper un soupir alors que son épiderme se couvre de légers frissons. Toutes les sensations de bonheur et de plaisir reviennent avec elle. Et je m'aperçois qu'elle m'avait manqué encore plus que je ne le pensais. Elle prolonge notre baiser en y ajoutant elle aussi sa langue qui se délecte de caresser la mienne. Je suis en feu. Mon manche au garde à vous et je suis sûre qu'elle doit être trempée de désir de son côté. Putain j'ai envie d'elle, de m'enfoncer en elle, de la sentir frémir sous mes mains, de la voir jouir.

- Tristan...

- Oui ma Princesse, je sais...

- Fais chier !

J'éclate de rire et la questionne :

- Tu dis des gros mots maintenant ?

- Quand je suis frustrée. Oui !

- Je suis vraiment désolé mon cœur mais je ne pense pas qu'on ait le droit...

- Le droit de quoi ?

Je me tourne vers la voix et lui réponds du tac au tac :

- De baiser dans ma chambre.

Ma Princesse me regarde d'un air outré et coquelicote en moins de deux.

- Toujours aussi direct Tristan. Je pensais qu'en la présence de Orphélia, tu te tiendrais mieux mais j'avais tort.

Il se tourne vers elle et lui tend la main pour la saluer.

- Bonjour Orphélia, vous allez bien ?

- Oui Docteur Vallois et encore merci de nous accorder ce temps à deux.

- D'ailleurs en parlant de deux, ça serait bien si tu pouvais nous laisser, Doc !

- Enfin, Tristan. Tu abuses tout de même, s'offusque-t-elle en me donnant une tape sur l'épaule.

- Très bien, je vois que je dérange. C'est bête d'avoir préparé tout ça pour rien...

Il commence à partir, quand je pose ma main sur son bras pour l'arrêter. Il se retourne et me regarde.

- Attends Doc. Désolé, je me suis laissé emporter. Mais...

- Mais quoi Tristan ? demande-t-il en souriant.

- C'est bon Doc, je ne vais pas t'faire un dessin. Si ?

- Tu sais aussi dessiner ? se marre-t-il.

- Très drôle !

- Eh bien moi qui pensais que de voir Orphélia te détendrait, et...

- Bon ok, je suis désolé, tu voulais quoi Doc ?

- Juste te donner ça, me dit-il en secouant des clés.

- Tu nous fais chier pour des clés ?

- Tristan, si tu laissais le Doc nous expliquer au lieu de ronchonner.

Je la prends dans mes bras, je colle son dos à mon torse et je soupire d'aise de la sentir tout contre moi que rien que cela m'apaise.

J'inspire pour me ressaisir avant de répondre :

- Ok Doc, je t'écoute.

- Le personnel à une pièce de repos pour les gardes de nuit.

- Putain Doc, tu as fait ça ?

Je serre un peu plus ma Princesse contre moi et lui susurre à l'oreille :

- Tu as toujours envie de moi ?

Elle déglutit.

Ferme les yeux.

Resserre ses mains sur les miennes.

Les rouvres et tend sa paume ouverte au Doc qui y dépose les clés en lui souriant.

- Soyez discrets. Je compte sur vous !

- Compte sur nous Doc, ricané-je en lui tapant dans la main.

Orphélia me donne la main et me suit sans dire un mot. Sa lèvre emprisonnée entre ses dents et ses iris brillants parle pour elle. Nous traversons le parc et avant d'entrer dans le bâtiment, je lui lâche la main à regret.

- Il faut être discrets. Attends deux minutes avant de me rejoindre, c'est la troisième porte au fond du couloir. Tu verras c'est inscrit dessus.

- D'accord.

- À tout de suite mon cœur.

Elle me bouffe de ses yeux noisette et je n'arrive pas à la quitter même pour deux minutes. Je me rapproche d'elle sans la lâcher du regard. Je dépose un baiser sur ses lèvres entrouvertes. J'inspire dans ses cheveux, dans son cou, et m'imprègne de son parfum.

- Tristan... Tourne-toi. Va jusqu'à cette pièce, m'ordonne-t-elle avec une voix enrouée et basse en me claquant la fesse. J'arrive mon amour. Je t'aime...

≈ ≈ ≈ ≈

Ce chapitre est en 2 parties, je vous posterai la suite demain 👍

Mais que vont-ils faire dans cette pièce ? mdr 😉

Des retrouvailles à la hauteur de leur amour sans aucun doute 😍

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Des bisous mes Loulous 😘

Kty


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